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Written by Mahdy Ibn Salah  •  Category: Jurisprudence  •   •  Hits: 2301

 

 

Le jeûne est l’un des actes purificateurs qui illustre le mieux l’application du Tawhid car il consiste à sacrifier les dépendances, les attaches pour plaire à Allah. C’est en quelque sorte un exercice de réalisation du Tawhid, un exercice qui n’a, sans nul doute, pas son pareil ! Selon Abou Houraïra, le messager de Dieu a dit : « Dieu a dit : « Tout ce que fait le fils d’Adam est pour lui-même sauf le jeûne, il est pour Moi et c’est Moi qui en donne la récompense. Le jeûne est un bouclier. Quand l’un de vous jeûne qu’il s’abstienne de dire des choses obscènes et d’élever la voix. Si quelqu’un l’insulte ou le provoque au combat qu’il se contente de dire : « Je suis en état de jeûne. » Par celui qui tient l’âme de Mohammed entre ses mains, la mauvaise haleine du jeûneur a certainement pour Dieu une meilleure odeur que le musc. Le jeûneur connaît deux joies : quand il rompt son jeûne il se réjouit et quand il rencontre son Seigneur, il se réjouit de son jeûne. »[1] Dans une autre version Allah dit : « Il renonce pour Moi à sa nourriture, sa boisson et ses désirs charnels. Le jeûne est pour Moi et c’est Moi qui en donne la récompense. » Le prophète a dit en outre : « L’une des portes du paradis s’appelle « Rayan » c’est par elle qu’entrent les jeûneurs au jour de la résurrection. Nul autre qu’eux ne passe par cette porte. Quand tous les jeûneurs seront passés par cette porte, on l’a ferme pour que personne ne l’emprunte après eux. »[2]

Le jeûne est un acte purificateur quand il est accomplit convenablement. En effet, beaucoup ne récoltent de leur jeûne que la faim et la soif comme le précise une tradition que rapporte l’imam Ahmed. Le jeûne véritable ne consiste pas uniquement à priver notre ventre de la boisson et de la nourriture, ni à nous priver des rapports charnels mais consiste aussi à priver nos membres des désobéissances à Dieu. Une tradition affirme dans ce sens : « Celui qui ne délaisse pas le parler mensonger pendant son jeûne et bien Dieu n’a que faire de la privation de sa nourriture et de sa boisson. »[3] Par le jeûne nous devons donc aussi priver notre langue des paroles illicites, nos yeux des regards illicites, nos oreilles des écoutes interdites… L’imam Ghazali ajoute un troisième degré celui du jeûne du coeur qui consiste à priver ce dernier des pensées qui ne concernent pas Dieu. Le jeûne est un excellent moyen pour lutter contre la gourmandise et le rassasiement qui obscurcissent le coeur, interdisent ce dernier de savourer l’adoration, empêchent la réflexion et l’élévation de l’âme, et engendrent la paresse. On rapporte à ce sujet ces paroles de Jésus : « Privez votre âme de nourriture, de boisson et de vêtements et peut-être que vos coeurs verront Dieu Magnifié soit-Il ! » Le célèbre Hassan al Basri disait quant à lui : « Celui qui veut que son coeur s’humilie et que ses larmes coulent en abondance qu’il ne se sert que de la moitié de son estomac pour manger ! »[4] Ainsi, le jeûne est une protection, et un stimulant vers l’élévation spirituelle car ce sont les excès dans l’assouvissement des besoins corporels qui voilent le coeur de Dieu et empêchent la stimulation de la volonté de tendre vers Dieu. En effet, les réflexions intellectuelles éloignent des attaches corporelles. Ainsi sans l’éloignement par rapport à ces attaches corporelles, la réflexion ne serait point possible, et sans réflexion pas de méditation sur la beauté et la perfection des noms et attributs divins, et qui dit absence de méditation dit absence du désir de Lui obéir ! Précisons que le but du jeûne n’est pas d’anéantir les dépendances mais de les régler et de les maîtriser afin de faire triompher la partie raisonnable de l’homme sur sa partie bestiale.

Le jeûne obligatoire est celui du mois de Ramadan, et le jeûne surérogatoire est celui du lundi et du jeudi, des trois jours de la pleine lune, du jour d’Arafat, des 6 jours de Chawal, du mois de Sha’ban et Mouharram, et peut aller jusqu'à un jour sur deux… Les personnes dispensées du jeûne de ramadan sont la femme en période de menstrues ou de lochies. Le voyageur. Le malade. La plupart des savants, y compris les quatre imams, soutiennent que le malade n’est autorisé à rompre son jeûne que si la maladie est grave. Par maladie grave, on entend : la maladie qui s’aggrave à cause du jeûne, la maladie dont le jeûne retarde la guérison, la maladie avec laquelle il est très difficile de supporter le jeûne, même si celuici ne l’aggrave pas et ne retarde pas la guérison. Les savants ajoutent le cas où l’on craint que le jeûne provoque la maladie. S'il est possible et sans trop de peine de poursuivre le jeûne, quand on est malade, on jeûne, sinon on le rompt. Si on espère la guérison, on l'attend pour accomplir le jeûne manqué. Autrement, on fait l'aumône pour chaque jour manqué à raison d'un 1/2 litre de blé (ou l'équivalence en nourriture). Le vieillard. Quand on prend de l'âge, ou que l'on n'a plus la force pour jeûner, on donne alors en contrepartie une aumône d'un 1/2 litre de blé pour chaque jour de jeûne manqué. Ibn 'Abbas a dit : « Le vieillard est autorisé à renoncer au jeûne, en cas de difficulté, moyennant un repas au pauvre, sans plus d'obligation[5]

Les actes qui annulent le jeûne sont : manger et boire volontairement. Celui qui s’alimente involontairement, ou par oubli, n’encourt rien. Une tradition rapporte effectivement : « Si par oubli le jeûneur mange et boit qu’il maintienne son jeûne car c’est Allah qu’il l’aura nourri et abreuvé. »[6] Le rapport sexuel, les menstrues et les lochies, le vomissement provoqué. Celui qui vomit involontairement n’encourt rien. Une tradition rapporte : « Celui qui vomit involontairement n’a pas de jour de jeûne à acquitter. Quant à celui qui provoque le vomissement, il doit s’acquitter du jeûne passé. »[7] Les injections nutritives. Il s'agit de faire parvenir des substances nutritives à l'intestin dans le but d'alimenter le malade. Cette injection annule le jeûne car elle consiste à faire entre des substances dans le tube digestif. Outre ces interdictions, le brossage des dents est permis, le baiser de son conjoint, de même que goûter la nourriture par la langue.

L’acquittement compensatoire concerne toute personne qui se doit de récupérer un jour de jeûne. C’est le cas du malade souffrant d’un mal passager, de la femme ayant ses menstrues et du voyageur. Cet acquittement n’est pas exigé immédiatement mais il est préférable de le faire assez rapidement. Il n’est pas obligatoire de compenser le jeûne sans interruption. L’expiation, quant à elle, est nécessaire dans deux cas :dans le cas d'un rapport sexuel volontaire, sans contrainte, dans le cas ou l’on a bu ou mangé sans motif valable. Une tradition énonce : « Un homme vint dire au Prophète : « J'ai rompu volontairement mon jeûne. » Le Prophète lui ordonna d'affranchir un esclave, ou de jeûner deux mois consécutifs, ou de donner à manger à soixante pauvres. » La compensation matérielle concerne le vieux ou la vieille, le malade atteint d’une maladie incurable, la femme enceinte ou la nourrice. Les personnes appartenant à ces catégories doivent nourrir un pauvre pour chaque jour non jeûné et ne sont pas tenus de rattraper leurs jours manqués. Un verset coranique énonce : « A ceux qui ne peuvent jeûner qu'avec difficulté, incombe, en expiation, la nourriture d'un pauvre. »[8] La quantité de nourriture doit être équivalente a un demi sa' de nourriture, ce qui équivaut à environ 2,5 euro.

Mahdy Ibn Salah

 



[1] Authentique

[2] Authentique

[3] Ahmed

[4] Ibn Jaousy

[5] Daraqoutni, al Hakim

[6] Boukhari

[7] Abou Daoud

[8] C2/184

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