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Written by Mahdy Ibn Salah  •  Category: Jurisprudence  •   •  Hits: 2913

 

 

L'examen de conscience est l’un acte qui fait le plus défaut aux musulmans, et c'est la première des choses à accomplir. Il consiste à faire un état des lieux en comparant ce qu’on a, de ce que l’on doit. Il s’agit concrètement de faire un tableau qui mettra en relief nos actes quotidiens ainsi que les intentions qui les accompagnent dans la finalité de découvrir les idoles et les maladies qui habitent notre coeur et de faire la part des choses entre les obéissances et les désobéissances à Dieu. Il faudra ensuite rectifier progressivement les défaillances par l’aspiration vers l’idéal du musulman au niveau de ses idées et de ses intentions et de son comportement, en acquérant la science susceptible de susciter la pratique d'actes d’obéissance. Parmi les questions utiles à l'examen de conscience nous avons : « Quelles sont les obligations divines que j'accomplis et qui me manquent ? Ai-je délaissé une obligation ? Ai-je accompli une obligation délaissée ? Ai-je accompli une nouvelle obligation ? Quels sont les péchés illicites que j'accomplis et qui me restent ? Ai-je accompli un péché délaissé ? Ai-je délaissé un péché que j'accomplis ? Ai-je accompli un nouveau péché ? Ai-je accompli toutes mes obligations vis-à-vis de Dieu ? Quels sont les oeuvres surérogatoires qui me manquent parmi les bonnes actions à accomplir ? Quels sont les oeuvres réprouvées qui me restent parmi les mauvaises actions à délaisser ? Ai-je un programme déterminé de pratiques cultuelles à accomplir ? » Le signe de la maîtrise de cet acte par l’itinérant se traduit par la présence d’un scrupule dans l’accomplissement de toutes ses affaires. A ce sujet, Younes Ibn ‘Abid disait à propos du scrupule : « Le scrupule, c’est de quitter tout ce qui est douteux et d’exiger des comptes à l’âme à chaque clin d’oeil. »

La première étape de l'examen de conscience est le diagnostic de l’idolâtrie et des péchés obstacles. Selon Soulaymane Ibn Habib : « Quand Allah veut du bien pour son serviteur, il lui fait craindre son péché et s’il lui veut du mal, il le lui embellit. » C’est parce que le péché est, en quelque sorte, une forme d'incroyance qu’il doit être à craindre car tout être humain qui pèche, oublie en quelque sorte son Seigneur Éternel pour la focalisation sur le plaisir éphémère que regorge le péché. L'accomplissement d'un péché témoigne ainsi de l’annulation de la croyance au châtiment divin. C'est pourquoi, il existe deux types de péché, le premier type est de l’associationnisme (chirk) car découlant de l'élévation continuelle d'une idole sur Allah par légitimation doctrinale, tandis que la seconde forme n’est pas de l’associationnisme tant que le péché est considéré comme tel, et a été commis par ignorance ou faiblesse, mais constitue toutefois un épais obstacle à la réalisation du but. C’est pourquoi le prophète a dit : « N’est pas croyant, celui qui fornique au moment de la fornication, n’est pas croyant le voleur au moment du

vol et n’est pas croyant le buveur d’alcool au moment où il boit. »[1] Les péchés se partagent donc en deux degrés, les péchés capitaux et les péchés mineurs. Les péchés mineurs s’effacent par les prières et les bonnes actions car le prophète a dit : « Les cinq prières, la prière de deux vendredi successifs, le jeûne de deux ramadan successifs effacent les fautes commises entre ces périodes tant qu’on évite les péchés capitaux. »[2] Le prophète disait en ce qui concerne les péchés capitaux : « Évitez les 7 dangers ! C’est-à-dire l’associationnisme, la magie, le meurtre, le fait de s’accaparer les biens d’un orphelin, de fuir au jour du combat et d’accuser injustement les femmes mariées du péché de la fornication. » Dans une autre tradition, il ajoute: « Voulez-vous que je vous informe des plus grands péchés capitaux : ce sont l’associationnisme, l’ingratitude envers les parents, le parler mensonger et le faux témoignage. »[3] Le but de l'examen de conscience est de purifier par ordre de priorité nos actes des péchés qui font sortir de l'islam, des passions divinisés, des péchés capitaux, des passions obstacles, des péchés mineurs, et des pertes de temps et d'énergie. En effet, selon Ibn Qayyim : « Sache que lorsque nous n’associons rien à Allah, nous ne pouvons continuer longtemps dans la désobéissance. Il est impossible pour quelqu’un qui n’associe rien à Allah d’être un accoutumé d’un grand péché ou même d’un petit. L’unicité d’Allah ne serait pas pure dans ce cas.

Celui qui ne contrôle pas son coeur et ne purifie pas constamment son fond, est loin de croire profondément à l’unicité d’Allah. Son coeur ne pourra que s’endurcir pour devenir comme une pierre ou même devenir plus dur qu’elle. Si quelqu’un est accoutumé à un quelconque péché, c’est parce que son coeur demeure lié à quelque chose d’autre qu’Allah, c’est parce qu’il aime et craint autre chose, c’est parce que son espoir est porté sur autre chose, c’est parce qu’il se rabaisse devant autre chose, et parce qu’il a confiance en autre chose. Nous pourrions nous éterniser à énumérer les désobéissances qui peuvent exister. Les péchés proviennent de la soumission, de la crainte et de l’amour d’autres choses qu’Allah. L’association à Allah est ce qui se passe lorsque les oeuvres ne sont plus faites ni pour Allah, ni avec Allah. La foi de ce genre de personne est identique à celle d’Abou Jahl et de ceux qui adoraient des divinités façonnées avec de la pierre. Ils savaient que c’était Allah qui était le Créateur et que c’est Allah qui leur donnait leur subsistance mais ils ne le prenaient pas pour une divinité. C’est en quelque sorte accepter l’unicité d’Allah en tant que Seigneur et non en tant que divinité. De plus, celui qui n’associe rien à Allah n’osera pas se présenter devant Lui avec des péchés qu’il ne cessait de commettre ou qu’il refusait d’éliminer avec le repentir. Le témoignage de l’unicité pure d’Allah est celui qui génère l’amour, la crainte, l’humiliation, la soumission et l’espoir en Lui. »[4] Pour parfaire son examen de conscience, il est vivement recommandé de rechercher un guide afin d'avoir un regard extérieur est objectif de notre état spirituel. Effectivement, l’imam Ghazali soutenait : « Sache qu’à celui qui suit la voie de Dieu, il faut un maître pour guide et éducateur, qui, par sa bonne éducation, corrigera les mauvais penchants et leur substituera de bonnes habitudes. L’éducation ressemble, en effet, au travail du laboureur qui déracine les épines, sarcle le blé afin qu’il pousse mieux et donne une abondante moisson. Tout homme donc qui désire suivre la vraie voie ne peut se passer d’un maître pour l’éduquer et le guider dans la voie de Dieu. »[5] Le guide aura pour fonction de faire un diagnostic des maladies qui affectent ses disciples puis de procéder à la purification progressive de leur âme, en les éclairant par des principes et des connaissances puisés du coran et en leur imposant un programme de conduites purificatrices à accomplir tout en tenant compte de leur capacité. Le guide ressemble ainsi au docteur, à un confident, qui prescrit des médicaments en vue de la guérison lointaine de son patient. La confiance en la capacité du guide devient, par conséquent, primordiale et celui-ci doit être choisi en fonction de la pureté de son coeur et de ses actes. Il est donc nécessaire de suivre une personne digne de confiance, en avance sur notre spiritualité, susceptible d'améliorer notre état car selon le même Ghazali : « Il n’est pas souhaitable que ton temps reste sans programme ! Tu risques, sinon, de l’occuper à n’importe quelle fin et de n’importe quelle manière, au hasard. Non, tu devrais te contrôler ! Il est noble que tu organises ta part d’activité pieuse de la journée et de la soirée, et que tu précises pour chaque moment une occupation qui ni ne sera augmentée ni ne sera influencée en cours d’exécution par autre chose. C’est seulement par une telle attitude que les bénédictions du temps se manifesteront. Mais, si tu te laisses aller tel un bétail sans savoir de quoi t’occuper à chaque moment, la plupart de ton temps sera perdu, alors que ton temps c’est ta vie ! Et ta vie est ton capital sur lequel est fondé ton commerce. Par ton temps, tu arriveras à la belle vie de la demeure éternelle auprès d’Allah. Chacune de tes respirations est une prière précieuse sans prix puisqu’elle ne pourrait être rattrapée une fois passée. Ne sois donc pas comme ces imbéciles voilés qui sont contents de voir tous les jours leurs biens augmenter alors que simultanément l’échéance de leur vie se rapproche d’eux ! Qu’y a-t-il de bien dans une richesse qui s’agrandit au cours d’une vie qui diminue ? Ne sois heureux que de l’augmentation d’une connaissance, ou d’une bonne action car ces deux choses-là seront tes compagnons dans la tombe au moment où ta femme, tes biens et tes enfants te délaisseront. »[6] L'examen de conscience est donc une obligation de l'islam selon la parole divine : « Ô vous les croyants! Craignez scrupuleusement votre Seigneur! Et que chaque âme voit ce qu'elle a préparé pour demain! »[7] Cette obligation est vitale puisque d'elle dépend la globalité de notre pratique! C'est pourquoi, al Hassan disait dans une expression qui met en relief l'importance de l'examen de conscience : « Le poids d’un atome de scrupule est meilleur que le poids de mille atomes de jeûne et de prière. »[8]

Mahdy Ibn Salah



[1] Boukhari

[2] Moslim

[3] Boukhari

[4] 4 « Le sentier des itinérants », Ibn Qayyim

[5] « Lettre au disciple », p. 32

[6] « Initiation à la foi »

[7] C59/18

[8] « Le sentier des itinérants », Ibn Qayyim, p. 284

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