Parmi les actes purificateurs que les gens ont le plus délaissé, il y a l’invocation alors qu’elle est, selonune tradition célèbre, le cerveau de l’adoration! Le prophète disait : « Voulez-vous que je vous indique la nature d’une arme qui vous sauvera de vos ennemis et engendrera vos subsistances ? Oui ! S’écrièrent les compagnons. Invoquez votre Seigneur nuit et jour car l’arme du croyant c’est l’invocation. » C’est pourquoi Allah a dit : « Invoquez-moi et je vous répondrai. Ceux qui par orgueil se refusent à m’adorer entreront bientôt dans l’Enfer, humiliés. »[1] Dans ce verset Allah attribue l’orgueil à ceux qui ne l’invoquent pas car effectivement ceux qui n’invoquent pas Celui qui n’a besoin de rien et par qui tout le monde subsiste pensent illusoirement se passer de Dieu en attribuant à autrui des mérites qu’il ne possède pas. C’est pourquoi une tradition relate que : « Allah se met en colère contre son serviteur qui ne demande pas à Allah ! »[2] En effet, par l’invocation on exprime notre besoin de Dieu, et simultanément notre connaissance de Sa richesse infinie. Il est déplorable de constater qu’aujourd’hui, beaucoup de musulmans se dispensent de cet acte, qui même s’il n’est pas engendré par une croyance ferme est l’une des causes de son intensification. Reste bien évidemment à faire un effort pour donner une âme à nos supplications car il arrive souvent que nos implorations soient sans suite du fait de l’insouciance de notre coeur lors de la demande. Il faudra donc prendre garde de ne pas être sujet à une invocation de forme au détriment de son fond. A ce sujet le prophète nous demandait de nous réfugier auprès de Dieu contre la dévotion de l’hypocrite, c’est-à-dire lorsqu’au cours de nos supplications nos yeux se larmoient alors que notre cœur est insouciant. Ainsi, l’invocation n’est profitable que pour un coeur qui palpe la proximité divine. Un verset énonce à ce sujet : « Et quand mes serviteurs t’interrogent sur Moi alors je suis tout proche : je réponds à l’appel de celui qui me prie quand il me prie. Qu’ils répondent à Mon appel et qu’ils croient en Moi afin qu’ils soient bien guidés. »[3] Ainsi, il y a des conditions à l’exaucement d’une invocation et la présence du coeur en est une. Le prophète disait en effet : « Invoquez Allah, en ayant la certitude d’être exaucé et sachez qu’Allah n’accepte pas une invocation provenant d’un coeur insouciant. »[4] Parmi les autres conditions qui permettent l’exaucement de l’invocation, il y a aussi la licité de la nourriture, de la boisson et des vêtements car l’on rapporte : « Allah est bon et n’accepte que ce qui est bon et il a ordonné aux croyants ce qu’il a ordonné aux envoyés : « Ô messager ! Mangez de ce qui est permis et agréables et faites du bien car je sais parfaitement ce que vous faites »[5] et : « Ô les croyants ! Mangez des (nourritures) licites que Nous vous avons attribués. Et remerciez Allah, si c’est Lui que vous adorez. »[6] Et, ensuite, il a mentionné le cas d’un homme qui allonge son voyage, ébouriffé, plein de poussière, élevant ses mains au ciel pour dire : « Ya Rabb, ya Rabb, ya Rabb » alors que sa nourriture est illicite, sa boisson est illicite et ses vêtements illicites. Comment peut-il être exaucé après cela ? Reste aussi à prendre soin du coeur en l’embellissant de patience. Le prophète n’a-t-il pas dit : « Les meilleures armes du croyant sont la patience et l’invocation. » Dans une autre tradition : « L’exaucement est dû tant qu’il n’y a pas précipitation en disant par exemple, j’ai invoqué et je n’ai pas été exaucé. »[7] Nous devons invoquer notre Seigneur dans l’aisance comme dans la difficulté afin de ne pas ressembler à ceux qui sont visés dans le verset suivant : « Quand le malheur touche l’homme, il fait appel à Nous, couché sur le côté, assis, ou debout. Puis quand nous le délivrons de son malheur, il s’en va comme s’il ne nous avait point imploré pour un mal qui l’a touché. C’est ainsi que furent embellies aux outranciers leurs actions. »[8] De même que les actes d’unification d’Allah purifient le coeur, de même les actes associationnistes détériorent ce dernier. L’invocation est le témoin de notre pauvreté et de la dépendance totale au Créateur puisque l’on invoque uniquement celui qui est capable de subvenir à nos besoins. Ainsi l’invocation purifie le coeur dans la mesure où invoquer c’est reconnaître notre pauvreté à son égard et notre entière dépendance de Lui tout en affirmant la richesse et la subsistance par soi d’Allah. C’est contempler Dieu dans tous ses attributs seigneuriaux et constater notre entière indigence et notre perpétuel besoin de Lui. Ainsi, c’est celui qui invoque le plus son Seigneur qui révèle qui Le connaît le mieux car ce dernier sait que pas un de ses mouvements ne se fait sans le concours de Dieu. N’y a-t-il pas de force et de puissance qu’en Dieu ? C’est pourquoi le prophète énonça d’une manière pertinente : «L’invocation, c’est l’adoration, c’est l’adoration. » [9]Ajoutons aussi, que rien ne repousse mieux le destin que l’invocation comme le révèle cette tradition : « Nul ne repousse le destin si ce n’est l’invocation. »[10]
Pour finir, soulignons le caractère obligatoire de l’invocation d’une manière générale et que le mérite est fonction de l’abondance et de la sincérité des invocations car ne l’oublions pas, il se peut que l’invocation coïncide avec le moment où Allah exauce toute demande. Le prophète soutenait au sujet de ce temps : « N’invoquez pas du mal contre vous-mêmes ou contre vos enfants ou contre vos biens de crainte que votre invocation ne coïncide avec une heure où Dieu exauce toute demande. »[11] Reste à répertorier les moments propices à l’invocation comme le vendredi, le dernier tiers de la nuit ou tout simplement pendant la prosternation. Le prophète déclara en effet : « C’est quand on est prosterné en prière que l’on est le plus proche de son Seigneur. Aussi faites de nombreuses invocations dans cette position. »[12]
Mahdy Ibn Salah
