Le site « al Kanz » a lancé une polémique en critiquant le calcul selon l’angle 12 dans l’élaboration du calendrier des horaires de prière.
J’aimerais rebondir sur cet incident en soutenant qu’il est contradictoire de promouvoir « la vision » pour établir le début du jeûne du mois de Ramadan, et simultanément faire du « calcul » pour les horaires de prière, alors que notre prophète a bien montré la voie de l’établissement des horaires de prière : en l’occurrence la voie sensible.
En effet, dans une tradition authentique, il a dit : « Le temps de la prière du midi commence dès que le soleil quitte le méridien, alors que l'ombre de l'homme atteint la longueur de sa taille jusqu'à l'horaire de la prière de l'après midi qui s'étend jusqu'à ce que le soleil jaunisse. Le moment de la prière du coucher du soleil s'étend jusqu'à la disparition du crépuscule. Le temps de la prière du soir s'étend jusqu'à minuit. Le temps de la prière de l'aube commence à l'apparition de l'aube et se termine avant l'apparition nette du soleil. Une fois apparue, cesse de prier car il se lève entre les deux cornes de Satan. »[1]
Ainsi, les horaires de prière s’établissent selon la « voie sensible » et non « le calcul ». Et si une personne riposterait en disant que : « le calcul est nécessaire pour mettre tout le monde sur la même longueur d’onde afin de permettre la prière collective à la mosquée ! » Je répondrai qu’à l’époque du prophète, la manière de mettre tout le monde sur la même longueur d’onde était encore la « voie sensible », c’est-à-dire « l’adhan » (l’appel à la prière) et que, par conséquent, les mosquées où l’adhan est interne à celles-ci commettent une innovation car l’appel à la prière est une adoration, et il doit s’accomplir, par déduction, selon la norme prophétique.
Mais bon, concentrons-nous sur le sujet car nous risquons de déplacer le débat vers la question du statut des mosquées en terre non musulmane...
Ainsi, que ce soit pour prier ou pour jeûner, il faut s’appuyer sur « la vision », avant tout, et non sur « le calcul » et cela même s’il y a un doute quand à l’apparition de l’aube car selon une tradition authentique rapportée par Ibn Abi Chayba : « Un homme est venu chez Ibn Abbas –qu'Allah soit satisfait de lui et de son père– et lui a dit : « quand dois-je arrêter le Sahour ? ». Un homme présent chez lui répondit: « Mange jusqu’à ce que tu doutes (de l’apparition de l’aube), puis arrête », Ibn ‘Abbas dit alors : « Mange tant que tu doutes jusqu’à ce que tu ne doutes plus. »[2]
Cet article n’a pas pour but de vous pousser à mettre de côté, de manière absolue, les calendriers de prière mais de vous inviter à privilégier la voie sensible dans l’établissement de ses horaires, et cela même si vous commettez des erreurs car Allah a dit :«Nul blâme sur vous pour ce que vous faites par erreur, mais (vous serez blâmés pour) ce que vos cœurs font délibérément. »[3]
En effet, une tradition rapportée par Abdel Razaq énonce que Zayd Ibn Wahb a dit : « Du temps de ‘Umar Ibn Al-Khattâb, les gens rompirent un jour le jeûne et je vis d’énormes récipients que l’on faisait sortir de chez Hafsa et dont les gens burent. Peu après, le ciel se dégagea et le soleil réapparut. Alors, les gens en furent accablés et désirèrent réparer le jeûne de ce jour-là plus tard. ‘Umar intervint alors et dit : « Pourquoi donc le jeûner ? Par Dieu, je jure que nous n’avons opté pour le péché. »
Dans une autre tradition rapporté par Boukhari, Asma Bint Abi Bakr a dit : « Du temps du Prophète, nous rompîmes le jeûne un jour de Ramadan alors que le ciel était couvert de nuages. Peu après, le soleil réapparut. »
Ces deux récits prouvent que l’erreur basée sur la vision n’invalide pas le jeûne, ni n’impose son rattrapage. Et, cette dernière opinion est l’avis d’Ibn Taymiyya concernant la question !
Wa bilahi ta’ala taoufiq
Mahdy Ibn Salah
[1] Moslim
[2]Ibn Abi Shayba, 9158, avec une chaîne de transmission authentique
[3] C33/5