Salam ahlikoum,
Je me permets de vous envoyer ce message car je suis pleine de doutes et j'aimerais avoir un avis extérieur, réfléchi et surtout religieux quant à ma situation. Voilà je vais me marier religieusement cette année inshaAllah, cependant moi et mon futur mari nous sommes encore étudiants et donc n'avons pas les moyens de vivre ensemble, ni même de faire de fête. Nous avons donc souhaité en attendant nous mettre droit aux yeux de Dieu inshaAllah en faisant le mariage religieux. Nous n'allons vivre ensemble et nous marier civilement que d'ici 2 à 3 ans si dieu le veut. Je me pose donc une question, je ne souhaite pas consommer le mariage tant que je n'aurais pas une vie conjugale normale donc vivre avec mon mari au quotidien et être aussi mariée civilement. J'aimerais savoir si je suis en droit de refuser la consommation du mariage et la reporter. J'aimerais savoir si il existe des hadith fiables à ce sujet et si par exemple il existe un temps donné pour consommer le mariage car j'ai peur que de ce fait il puisse être considéré comme nul. De plus, j'aimerais vous demander si vous pourriez me renseigner sur des livres à lire concernant la vie maritale et les bonnes attitudes à avoir en islam. J'espère avoir été claire et que vous pourriez répondre à mes interrogations. Je vous remercie par avance. Salam ahlikoum.
Wa ahleikoum salam, orti al karima,
Vous êtes en droit de retarder la consommation du mariage, tant que ce retardement est justifié et qu’il s’opère d’un commun accord car la mésentente à ce niveau est très dangereuse pour votre couple dans la mesure où une frustration entretenue longtemps chez un homme peut le mener à un point de non retour. C’est le cas des maris qui ne se voient plus construire un avenir avec leurs épouses, et ce, même si le problème se réglerait, des conséquences de blocages sexuels qui ont duré trop longtemps !
Comprenez que le début d’une relation est primordial ! Si cette dernière commence mal, à l'instar de celle qui débute par des mensonges ou des trahisons, alors il est peu probable qu’elle résiste aux épreuves incontournables de la vie conjugale car en effet l’être humain est stimulé par l’intensité d’un plaisir passé qu’il aspire à redécouvrir, et généralement, il a du mal à oublier les mauvais départs, surtout quand ceux-ci sont susceptibles de continuer à influer dans sa vie future !
C’est pourquoi, il serait intéressant de stipuler votre condition lors de la conclusion du contrat de mariage.
Cela étant, j’aimerais que vous sachiez que ce retardement peut être légitime pour plusieurs raisons comme l’âge, l’instabilité professionnelle, le doute à l’endroit du conjoint mais pas pour la raison du mariage civil car ce mariage n’a aucune valeur aux yeux de l’islam et agir par rapport à celui-ci est un entorse évidente à l’endroit de votre identité musulmane.
Je vous invite à lire mes nombreux articles sur le sujet dont celui-ci (http://www.mahdyibnsalah.fr/mariage/relation-haf/mariage/reponse-dun-frere-a-propos-de-larticle-sur-le-mariage-civil-et-solution-a-la-problematique-de-leventuel-abandon-des-responsabilites-de-la-part-de-lepoux-apres-une-separation).
Ainsi, considérer la réalisation du mariage civil comme une condition pour vivre une vie « conjugale normale » est un signe de dépersonnalisation car cela indiquerait que la norme selon vous consiste à s’inclure dans votre système de résidence.
Or, le seul système qui mérite de valider et de reconnaître les affaires liées à votre religiosité est l’Etat islamique et puisqu’une identité se définit par une pratique individuelle et une inclusion collective alors tous ceux et toutes celles qui se disent musulman(e)s sans voire la contradiction de leur normalisation par rapport à leur état de résidence sont, en quelque sorte, dépersonnalisés !
En effet, considérer vrai ce qui est validé par le système, et faux ce qui ne l’est pas, et ce, malgré la réunion des conditions qui permettent une validation aux yeux d’Allah, est une très grave erreur, voire un acte de mécréance comme ces nombreux imams égarés qui considèrent presque le halal, non accompagné par le mariage civil, comme une forme dérivée de la fornication !
Sinon, pour finir, je le répète, votre condition est tout à fait légitime selon le Cheikh al Othéimine car le prophète a consommé son mariage avec Aicha 3 ans après celui-ci, et une preuve se trouve par ailleurs dans cette tradition par laquelle certains savants, à l’instar d’Ibn Taymiyya, autorisent à la femme de poser toutes les conditions à son époux qu'elle désire comme celle de ne pas prendre de coépouse : « Les conditions les plus en droit d’être respectées sont celles qui rendent licite le rapport sexuel. »[1] A la condition bien évidemment que ces conditions soit légitimes car dans une autre tradition, le prophète a dit : « Les musulmans sont tenus de respecter les conditions qu'ils concluent, à moins qu'il ne s'agisse d'une condition qui rende le licite illicite ou l'illicite licite. »[2]
Concernant les livres, je vous conseille « Le mariage bienheureux » de Mahmoud al Istambouli, le « adab zifaf » du cheikh Albani, de même que « Le livre du mariage » de l’imam Ghazali, additionné à mon séminaire sur les relations h&f et la vie de couple que je vous recommande fortement aussi (http://www.mahdyibnsalah.fr/mariage/relation-haf/mariage/seminaire-sur-le-mariage).
Qu’Allah bénisse votre alliance !
Mahdy Ibn Salah
[1] Boukhari
[2] Tirmidhi