Un jour, quand j'étais enfant, je m'amusais à faire des petits feux ici et là dans mon quartier, et je me souviens qu'une fillette n'arrêtait pas de me poursuivre, en m'avertissant de l'éventuelle gravité des conséquences de mes gestes. Ce n'est qu'une fois après avoir incendié une cave, et que les pompiers soient venus en raison de l'ampleur des dégâts, et que ma mère m'ait corrigé par la suite, que j'ai compris les enseignements de cette sage instructrice...
J'ai médité cette anecdote et je suis arrivé à la conclusion suivante:
Vous ne trouverez pas de meilleur instructeur que l'expérience! En effet, il existe trois types d'instructeur: « le livre, le maître et l'expérience. » Or de ces trois instructeurs, l'expérience est le plus proche de nous, et donc le plus digne de notre confiance, d'où sa prédominance en chacun d'entre nous.
Ainsi, apprendre est une affaire de confiance, de confiance envers notre instructeur, si bien que nos incertitudes vis-à-vis de celui-ci, risquent de nous voiler par rapport à son enseignement. C'est pourquoi, le terme « imane », dérive en arabe de la racine « amana » qui signifie « sécuriser, croire dans la tranquillité.»
Si l'expérience enseigne certes, elle ne peut pas de toute évidence tout enseigner ! De la même manière que les livres et les maîtres à penser ne peuvent pas nous apprendre ce que l'expérience peut nous instruire ! Pour un bon enseignement, il est donc capital de puiser notre science des trois instructeurs de la connaissance c'est-à-dire : « le Coran, la Sunna et notre pratique religieuse. »
Or, l'expérience n'enseigne pas à tous avec les mêmes résultats car il faut croire que certains réitèrent toujours les mêmes erreurs ! Ainsi, posséder un maître à penser s'avère nécessaire quand nous ne pouvons extraire par nous-mêmes le sens des livres ou les principes de l'expérience. En effet, celui qui ne possède pas de maître à réguler la pensée et l'action, sera plongé dans une anarchie intellectuelle et pragmatique en raison de l'adoption inconsciente de Satan comme maître ! En réalité, Allah doit être notre Maître absolu, mais étant inaccessible, son Prophète sws devient par conséquent son vicaire (Khalif). Après la mort du Prophète sws, c'est le gouverneur qui devient le maître dans la temporalité et le savant dans la spiritualité à défaut de réunir les deux qualités de la science et du pouvoir.
Reste à choisir celui-ci avec soin car apprendre de quelqu'un, ce n'est pas seulement prendre de lui des connaissances mais c'est aussi prendre de lui une manière de penser ! Et de cette manière de penser, découle une manière d'agir ! Notre identité dépend, par conséquent, de notre instructeur ! En effet, nous nous imprégnions naturellement des caractéristiques de ce dernier, et plus celui-ci ressemble au Prophète sws, que ce soit dans la dimension spirituelle ou pragmatique, plus il est proche de Dieu, et donc plus son enseignement nous purifiera !
Apprendre, par exemple, de quelqu'un qui ne vit pas sa science, c'est apprendre simultanément l'hypocrisie ! C'est pourquoi Ibn Sirine nous demandait de nous méfier de qui nous puisons notre science ! Il faut donc choisir son instructeur avant de choisir les sciences que nous voulons étudier.
Mahdy Ibn Salah