
Après quelques jours de pause, je reprends l'écriture en plein milieu de ce chapitre car il me semble que je n'ai pas traité l'essentiel, à savoir, la définition même de la notion de pouvoir. Les idées pertinentes, il est vrai, peuvent traverser votre esprit à n'importe quel moment, et il fut un temps où j'avais la tradition de les noter immédiatement sur un calepin, de sorte de ne pas les oublier, et de les développer par la suite...
Concernant la notion de pouvoir, il m'est venu à la conscience l'idée de méditer le pouvoir d'un tyran afin de cerner avec plus de précision cette notion. En effet, le pouvoir est un plaisir en raison du fait qu'il offre énormément d'avantages, étant donné qu'avoir le contrôle offre l'opportunité d'une certaine exploitation que cette dernière soit saine ou malsaine, c'est-à-dire respectivement quand le bénéfice est partagé ou, à l'opposé, qu'il profite à l'un au détriment de l'autre. A partir de là, nous pouvons définir le pouvoir comme étant cette aptitude à avoir le contrôle sur quelque chose.
Il y a évidemment quelque chose de jouissif dans le pouvoir, et ce plaisir est vérifiable dans toutes les activités où l'homme exerce un certain contrôle sur quelque chose d'externe que cela soit à travers la conduite d'un véhicule, les jeux vidéos, ou la manière de penser ! Le sujet du pouvoir est primordiale, car après tout, n'est-ce pas là : l'une des quêtes de Satan, à savoir : posséder ! Il va de soi qu'il faille, dorénavant, revoir la notion de possession car à partir du moment où vous perdez le contrôle sur vous-même au point où votre volonté devienne impuissante à contrecarrer une emprise vis-à-vis de laquelle vous ne vous reconnaissez pas, et bien là on peut effectivement parler de possession !
Être possédé ne signifie pas seulement perdre le contrôle et la conscience, car la possession peut être partielle ou complice, quand respectivement c'est seulement le corps qui est vaincu par une pulsion alors que le cœur souffre de faillir à chaque fois, ou que le cœur se complaît à s'identifier à cette pulsion comme il peut exister des gens qui se complaisent, à se voiler la face, de continuer à servir des bourreaux ! A bien réfléchir, le Tawhid ne consiste-t-il pas à redonner l’entièreté du pouvoir à Allah, en œuvrant à faire tomber tous les tyrans...
C'est facile à comprendre quand on regarde la télévision quand justement cette dernière axe sur les tyrans du monde à l'échelle collective : ceux qui exploitent leur peuple de manière directe ! Mais il est important de souligner que la tyrannie existe aussi en occident où cette exploitation s'opère indirectement par la « fabrication du consentement» à même de maintenir un système qui profite à des gens qui se situent au dessus des tyrans ! Elle est donc plus subtile étant donné qu'elle repose sur une stratégie de création de dépendances qui rendent le citoyen complice de sa propre servitude ! Mais ne sautons pas les étapes, avant de parler de tyrannie collective : penchons-nous sur la tyrannie à l'échelle individuelle, celle de notre Qarin, de notre ego, ou d'un bourreau qui veulent tous exercer une emprise sur notre personne au détriment de notre confort spirituel !
Je parle de confort spirituel ici car parfois c'est moyennant le confort temporel qu'un tyran aspire à exercer son emprise, à l'exemple de ces nombreuses personnes qui vendent leur âme pour des plaisirs passagers : notoriété, argent, statut etc... Ainsi, il est important de mettre en relief le fait qu'un tyran n'est pas automatiquement quelqu'un qui aspire à vous soumettre sans vous offrir un retour en plaisir ! J'ai envie de dire que ce tyran là est moins tyrannique que celui qui aspire à vous soumettre en vous rendant dépendant de sa servitude car le premier tyran ne touche pas à votre image le concernant tandis que le second vous fait oublier la tyrannie en raison de la réalisation d'un intérêt à travers votre servitude, de sorte que vous ne voyez même plus la servitude dans votre propre servitude !
Prenons l'exemple, de ces musulmans qui sont invités dans des médias : très souvent, leur présence est utilisée pour légitimer une certaine ouverture qui ne profite pas à l'islam, en réalité, car mélanger le vrai et le faux profite toujours au faux quand ce mélange n'a pas pour vocation de faire triompher la vérité ! Ainsi, en invitant des musulmans en mal de notoriété, on joue sur un vice de l'ego, pour faire triompher un média qui dans sa ligne globale est hostile à l'islam ! C'est là où même les intentions saines individuelles peuvent contribuer à des finalités malsaines et plus globales !
Il en va de même des réseaux sociaux où la poursuite d'une da3wa dite islamique par certains prédicateurs participe du renforcement d'une plate-forme hostile à l'islam dans sa globalité, de sorte que cela soit par notre « virtuelle dévotion » que le mal puisse se nourrir ! Ne sommes-nous pas revenu à cette notion de sorcellerie et de pouvoir maléfique quand ici le rappel est utilisé pour servir un système reposant sur le Koufr ! C'est là où la question des avantages et des inconvénients se pose légitimement car ne rien faire n'est-il pire que de mal faire ? Sans doute que oui, il vaut mieux faire quelque chose même si on ne peut pas tout bien faire !
L'essentiel, c'est d’œuvrer tant que faire se peut à faire les choses de la meilleure des manières : la manière qui produit de la consistance et non de la superficialité ! Car la superficialité dans l'identité, c'est pas ce qui manque à cette communauté qui s'est malheureusement habitué à voir mourir des gazaouis, tous les jours sans que le cœur et le corps ne vibrent du désir de Justice !
"Extrait des mémoires"