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Written by Mahdy Ibn Salah  •  Category: Jurisprudence  •   •  Hits: 2116

 

La prédication est l’un des actes accompli par ceux qui avoisinent les sommets de la réalisation du Tawhid puisqu’il témoigne que le fidèle a réalisé son Tawhid individuel et se consacre dorénavant au Tawhid collectif. De plus, c’est un ordre divin car Allah a dit : « Par la sagesse et la bonne exhortation appelle (les gens) au sentier de ton Seigneur. Et discute avec eux de la meilleure manière. Car c’est Ton Seigneur qui connaît le mieux celui qui s’égare de son sentier et c’est lui qui connaît le mieux ceux qui sont bien guidés. »[1] Dans une tradition le prophète a dit : « Par celui qui détient l’âme de Mohammed dans sa Main, vous commanderiez le bien et interdirez le mal ou bien vous ne serez certainement pas loin de voir Dieu envoyer sur vous un châtiment venant de Lui. Vous l’invoqueriez alors et Il ne répondra pas à votre appel. »[2] Dans un autre verset, Allah commande à son prophète : « Dis : voici ma voie, j’appelle les gens à Allah, moi et ceux qui me suivent, nous basant sur une preuve évidente. Gloire à Allah ! Et jene suis point du nombre des associateurs. »[3] Allah, magnifié soit-il a dit : « Vous êtes la meilleure communauté qu’on ait fait surgir pour les hommes. Vous ordonnez le convenable, interdisez le blâmable et croyez en Allah. »[4] Dans un autre verset, Il ajoute : « Les croyants et les croyantes sont alliés les uns des autres. Ils commandent le convenable, interdisent le blâmable, accomplissent la Salat, acquittent la zakat et obéissent à Allah et à Son messager. Voilà ceux auxquels Allah fera miséricorde, car Allah et Puissant et Sage.»[5] A partir de ces deux versets, Ibn Taymiyya déduit que cela est une obligation qui incombe à l’ensemble de la communauté et c’est cela que les savants appellent « Fard kifaya » : c’est-à-dire que lorsqu’un groupe d’entre eux se charge de cette tâche, l’obligation tombe pour les autres. Ainsi toute la communauté est visée par cette obligation, mais si une partie se charge de cette fonction, l’obligation tombe sur le reste. Et Allah exalté soit-il a dit : « Que soit issue de vous une communauté qui appelle au bien, ordonne le convenable et interdit le blâmable. Car ce seront eux qui réussiront. »[6] Ibn Taymiyya ajoute dans sa fatwa : « Et chaque membre de la communauté doit accomplir cette tâche ; d’appeler et cela selon ses capacités, si personne ne se charge de cet effort. »[7] Appeler est une disposition naturelle de l’être humain. Tous les êtres humains appellent à quelque chose ! Il n’y a pas d’inertie dans ce domaine : si on appelle pas à Allah, on appelle forcément à un autre que Lui ou bien l’on subit l’appel d’un autre! Afin d’élucider ce principe : il faudrait définir ce qu’est l’action « d’appeler.» Appeler connote l’idée d’un déplacement d’un lieu vers un autre. Or les âmes sont disposées à aimer ce qui leur apporte du plaisir et à détester ce qui leur apporte de la peine, et donc l’on appelle toujours à ce que l’on aime et en contrepartie, on appelle à l’éloignement de ce que l’on déteste. A partir de cela, il dévient patent que tout appel à un autre qu’Allah va engendrer l’injustice car seul Allah peut étendre ses dons sans diminution de ses richesses, alors qu’en dehors de Lui, tous les plaisirs se partagent et donc engendrent chez ses demandeurs une concurrence, le plus souvent déloyale. Combien se sont entretués pour des plaisirs limités comme celui des femmes, de l’argent ou du pouvoir ? Et cela est suffisant pour démontrer que seul l’appel à Allah peut unir les coeurs et que tout appel à un autre que Lui, même si ce dernier dans l’apparence l’est à Allah divise et dressent les uns contre les autres ! A cause de l’intérêt personnel qui pousse chaque être humain à tendre vers la jouissance supérieure et cela au détriment de la jouissance inférieure de l’autre, que dis-je : du malheur de l’autre ! Appeler à un autre qu’Allah, c’est appeler à l’injustice ! Appeler à la voie de Dieu est donc nécessaire car si l’on appelle à ce que l’on aime, on sera forcé de lutter contre ceux qui appellent à ce que l’on déteste car l’appel contraire à l’appel individuel nous procure de la peine car il lutte contre nos plaisirs ! Ainsi, si nous appelons pas à Allah, soyons certains que d’autres s’opposeront à l’islam et appelleront au culte des passions, qui symbolisent, ne l’oublions pas : les portes de l'enfer! Et donc si l’appel à Allah ne se diffuse pas, les identités musulmanes disparaîtront une à une car la goutte réintègre toujours la flaque du décors. Les prénoms des nouvelles générations ne sonnent-ils pas à l’occidentale ? En effet, l’âme répugne à être différent des modes de son environnement. La dépersonnalisation que subissent nos frères et soeurs trouve sa raison dans le fait que l’appel à Allah s’est répandu de façon fragmentaire, sans une organisation solide et sincère, à tel point que l’on trouve des Mohammed et des Malika qui ne savent pas prononcer la parole : La illaha Illa llah ! Et que celui qui désobéit devient le modèle et celui qui obéit : l’archaïque ! Qu’on se le dise : c’est une obligation des plus fondamentales que d’appeler à Allah ! La prédication est le signe de la santé du coeur tout comme l’insouciance vis-à-vis de l’éloignement de nos frères et soeurs est le témoin de sa maladie. Le souci pour les autres reflète la prééminence de la vérité dans le coeur. C’est la marque du dépassement individuel, c’est-à-dire de la réalisation spirituelle de l’âme lorsque bien évidement la prédication est le fruit d’un souci sincère et pas celui d’une contrainte planifiée ou mécanique. La prédication permet de lutter contre l’une des plus grandes idoles actuelles, celle du regard des gens ! En supportant les blâmes, les moqueries et les regards haineux, le prédicateur témoigne de la fierté qu’il porte à son identité et du non impact du regard des gens sur son adoration et la voie qu’il a décidé de suivre. Reste à préciser les conditions pour pouvoir prêcher. Les savants en répertorient trois ; « le savoir, la douceur et la patience. » Et, Jounayd al Baghdadi de nous exhorter de la manière suivante : « Sache que conseiller loyalement les hommes et t’attacher à ce qui est le plus convenable pour eux est pour toi la meilleure des oeuvres durant ta vie, et celle qui te rapproche le plus de ceux qui sont tes contemporains et tes amis. Sache aussi que la meilleure des créatures dans l’estime de Dieu, et celle qui a le rang le plus grand en tout temps et à toute époque, en tout lieu et en toute région, est celle qui accomplit le plus parfaitement l’obligation qui lui incombe envers elle-même et qui met le plus d’empressement à exécuter ce qu’Il aime, et qui, après cela, est la plus utile à Ses serviteurs. Remplis donc en priorité la tâche qui t’est impartie, et (ensuite seulement) tourne toi vers ce qui pourra être profitable à autrui. Sache également qu’il ne te sera pas possible de te comporter convenablement envers les autres, tant qu’il te restera à accomplir une obligation qui te concerne. Sache encore que ceux qui ont été rendus aptes à la charge de guider dans la bonne voie, dont le destin est d’être utiles aux créatures, et qui ont été préposés pour avertir les hommes (de l’Enfer) et leur annoncer la bonne nouvelle (du Paradis) sont fortifiés par « l’affermissement spirituel » (tamkin) et secondés par l’enracinement solide de la « science de la certitude ». Les difficultés qui jalonnent le parcours de la religion leur sont dévoilées et la compréhension du « Livre qui cherche à éclairer » (Kitab al moustabin) leur est ouverte. Les faveurs qu’Il leur accorde et les dons grandioses dont Il les gratifie leur permettent d’accomplir parfaitement ce qui leur a été confiée et de répandre l’appel à Dieu en vertu des pouvoirs dont ils ont été invertis. Telle est la règle pour les prophètes, à l’égard des nations auxquelles ils ont été envoyés et en ce qui concerne la communication des sagesses dont ils ont été instruits. Et telle est également la règle pour les saints et lesjustes qui suivent leurs traces, ainsi que pour tous les croyants vertueux qui appellent à Dieu. »

Mahdy Ibn Salah



[1] C26/125

[2] Tirmidhi

[3] C12/108

[4] C3/110

[5] C9/71

[6] C3/104

[7] « Majmouh al fatawa », Ibn Taymiyya, L15, t7, p. 96

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