Vous avez parlé de situations où la mixité est autorisée. Auriez-vous des références bibliographiques me permettant d'en savoir un peu plus sur le sujet ? Avez-vous des hadiths ? Des dalils concernant l'amitié homme&femme et la mixité ?
Beaucoup pensent à tort que se rapprocher du sexe complémentaire, est un péché ou que cela mènera indubitablement vers le péché ! Certains pensent avancer dans la religiosité et la piété par la multiplication du respect des interdits alors qu'en réalité ils ne font que rétrograder par le rétrécissement de leur esprit ! Je te renvoie à mon article sur les différents principes de base qui peuvent régir notre relationnel avec le sexe opposé, dans lequel j'expose les trois types de principes qui existent aujourd'hui :
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L'hédonisme occidental qui pousse à rapprocher les hommes des femmes dans la finalité de facilité l'accès à la jouissance illégitime
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L'extrémisme religieux, qui par réaction à la philosophie occidentale, veut impérativement écarter les hommes des femmes afin d'empêcher tout accès à la jouissance illégitime
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Et enfin, l'attitude de juste milieu qui consiste à adopter une posture neutre, modifiable relativement aux contextes
Par rapport, aux arguments que tu demandes, il te suffit de lire la vie de notre noble prophète dans laquelle les hommes et les femmes à l'époque du prophète vivaient ensemble au sein de la société médinoise, allaient à la mosquée ensemble sans qu'une barrière ou un étage ne sépare les hommes des femmes, s'entraidaient lors des expéditions, se soignaient lors des blessures de guerre, se visitaient fraternellement, discutaient et échangeaient, débattaient autour des questions religieuses, partageaient des festivités, se donnaient le « salam », s'enjoignaient à la bienfaisance... (Boukhari 6085, Boukhari 1861, Boukhari 6248, Boukhari 5254, Boukhari 98, Boukhari 2661, Boukhari 4071, Boukhari 5236, Boukhari 5679, Boukhari 5182, Boukhari 2595, Boukhari 3818, Boukhari 5147, Boukhari 2788, 2880, Boukhari 2156, Boukhari 7310, Boukhari 873, Boukhari 980, Boukhari 5234, Boukhari 989).
En réalité, ce n'est pas à moi de prouver la légalité de la mixité mais bien à ceux qui prétendent qu'elle est interdite de prouver son interdiction car rien, que ce soit dans le Coran ou la Sunna, n'interdit explicitement la mixité ! Les savants qui ont interdit la mixité l'ont fait par le « principe de précaution » (sad al darai') qui est une règle jurisprudentielle par laquelle le savant peut « interdire tout ce qui peut mener à un interdit ».
La question qu'il est en droit de nous poser ici est : « Est-ce que cette règle a été appliquée par le Prophète durant son apostolat ? Est-elle valable absolument? » La réponse est, de toute évidence, non car Allah a dit : « Il vous a détaillé ce qu'il vous a interdit. »1 Et le prophète a dit : « Le halal est évident et le haram est aussi évident. »2 Donc, il ne peut, ni ne doit, exister des interdits non mentionnés explicitement par les sources sinon cela reviendrait à dire qu'Allah est un menteur ! Qu'Il nous préserve de cette monstrueuse accusation ! Si vraiment cette règle était légitime alors elle contredirait le caractère parachevé de la religion puisqu'elle ouvrirait la porte à de nombreuses « interdictions intermédiaires », non mentionnées clairement dans les sources, aux libres opinions des juristes ! C'est pourquoi Ibn Hazm dit à propos des partisans du principe de précaution : « Ils sont tombés, sans contestation, dans ce qu'ils craignaient (c'est-à-dire l'illicite)... parce qu'ils ont interdit ce qu'Allah n'a pas interdit, et celui qui interdit le permis est comparable à celui qui rend licite ce qui est interdit »3 Ajoutons qu'en poussant cette règle à l'extrême, il faudrait autoriser la castration puisque c'est la testostérone, avant la mixité, qui pousse l'homme à tendre vers l'illicite. Or, le prophète a explicitement interdit la castration, dans une tradition authentique, dans laquelle des compagnons voulaient se castrer pour s'amputer de leur libido, ce qui implique que la règle est interdite dans son application à l'extrême. Si cette règle est interdite dans son application à l'extrême alors: « Qui peut la rendre permise à une certaine limite, à une juste mesure ? » Si ce n'est le Législateur Suprême qui fixe lui-même les limites de son domaine, c'est-à-dire celui du « haram »! Ceux qui placent, par conséquent, des limites divines là ou il n'y en a pas se normalisent et s'associent à Allah dans son pouvoir législateur ! Et Allah a dit : «Chercherai-je un autre juge qu'Allah, alors que c'est Lui qui a fait descendre le Livre bien exposé? »4 Ainsi que : « Ou bien auraient-ils des associés [à Allah] qui auraient établi pour eux des lois religieuses qu'Allah n'a jamais permises ? »5
En somme, il ne faut pas déplacer le débat, et hélas les étroits d'esprit ne voient pas que pour résoudre cette question, il faut parler avant tout de « ousoul » (principologie) et non des « ramifications »! Et un poète avait raison de stipuler en substance : « Qu'il est inutile de prouver la véracité d'une thèse à une personne pour qui la clarté du jour n'est pas évidente ! » Avant de condamner une personne pour ses opinions, il est impératif, par déduction, de comprendre le raisonnement qui l'a mené à de ses conclusions. C'est donc une belle démarche que tu entreprends, en me posant directement des questions et me demandant des arguments, là où d'autres se contentent de « ont dits » pour se faire une opinion d'autrui !
Pour revenir sur le sujet, un verset du coran énonce: « Les croyants et les croyantes sont alliés les uns des autres. Ils commandent le convenable, interdisent le blâmable accomplissent la Salat, acquittent la Zakat et obéissent à Allah et à son Messager. Voilà ceux auxquels Allah fera miséricorde car Allah est Puissant et Sage. »6 Ce verset est une preuve de la légalité de l'amitié entre un homme et une femme si l'on définit, bien évidemment, l'amitié par le partage d'un objectif et d'une voie commune. Soulignons que le verset s'adresse aux croyants et donc pas à tout le monde car il y a effectivement une différence de degrés à opérer entre l'Islam (soumission) et l'iman (foi). Il faut donc écarter les personnes perverses ou mal intentionnés de l'application de ce verset ! Le terme arabe utilisé dans le verset précité pour désigner « l'alliance » entre les croyants et les croyantes dans la bienfaisance est « aouliya », et nous savons que la signification du nom divin al Waliy est : « le maître proche qui par amour se substitue à son serviteur pour que celui-ci s'épanouisse. » En effet, la racine WLY veut dire en arabe « être proche », et le «mutawwali » est celui qui est investi des affaires, y est préposé comme le tuteur pour l'orpheline ou pour la femme dans le rite du mariage. Ainsi, Allah et le Waliy des croyants dans le sens où il se substitue à eux, par amour en les guidant vers la lumière, et les croyants et les croyantes doivent être des « aouliya » les uns envers les autres par l'entraide, le partage d'un objectif, d'un cœur et d'une voie commune, ce qui ne peut être réalisé sans une proximité des cœurs, une unité d'amour et de confiance autour d'une cause et d'un engagement unique !
C'est à cette amitié que je fais allusion dans mes cours et à laquelle j'aspire de toute mon âme au sein de l'association Hayat, contre ceux qui ayant trop regardé la télévision me jugent sur la base de leur mauvaise définition de « l'amitié. » Avant de parler avec ces derniers, il faut encore déconstruire, au préalable, en leur conscience le sens des mots qu'ils utilisent ! Il est triste et désolant de constater que certains musulmans veulent défendre la pureté de la religion mais avec des valeurs et des significations empruntées à l'Occident et à ses séries télévisées ! Triste de les voir limiter l'Islam à la barbe, au Qamis, au Niqab et aux interdits de la musique et de la mixité...
Pour les autres questions je te répondrai une prochaine fois inchaAllah
Wa bilahi ta'ala taoufiq
Mahdy Ibn Salah