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Written by ok  •  Category: Parents&enfants  •   •  Hits: 2703

Salem Mahdi, 


Tout d'abord, je tenais à te remercier vraiment pour tous les efforts que tu as fait afin de me joindre... Et je m'excuse encore de ne pas t'avoir répondu plus tôt. Je ne suis pas vraiment moi-même ces derniers mois, j'ai beaucoup de mal à rester debout, je me sens faible comme  ébréchée de partout !

J'ai repris une activité professionnelle depuis Juillet et ça m'a fait basculer complètement dans une sorte de fatigue constante. Psychologiquement et physiquement, je tiens à peine debout. J'ai beaucoup de sauts d'humeur que j'appelle parfois pour en rire "crises de schizophrénie". Je veux tout et son contraire en l'espace de 5 minutes ! Du coup, je me sens vite perdue et déboussolée, comme si j'avais deux personnalités très distinctes en moi. Une bonne Siham et une mauvaise. Je sais qu'on a tous notre part d'ombre, mais chez moi j'ai vraiment l'impression que depuis ces trois dernières années, je ne suis plus la même ! J’ai fait des choses que je ne me serais jamais cru capable de faire, de par mes principes, ma religion et ma personnalité. J'ai fait du mal à des gens alors que je n'ai jamais blessé qui que ce soit dans ma vie. Bref, tu m'as demandé de t'écrire ce qui m’a "détruite", c’est assez difficile à expliquer. J’essaye de m'auto-analyser et de ne pas tomber dans le "je rejette la faute sur les gens et je cherche des prétextes pour moins culpabiliser quand je fais des bêtises".

Mais bon, en  gros oui tu l'auras compris mon père est la première grosse cause de mes chutes. Bref je vais essayer de résumer :  

Mon père m’a abandonnée quand j'étais petite [...] Je ne me souviens plus d’où m'est venue cette idée stupide la première fois mais bon quoiqu'il en soit j'ai commencé très jeune à me scarifier. C'était plus un "appel au secours" comme la plupart des ados font et pas de réelles tentatives de suicides. La seule façon pour moi de contrôler mon mal-être psychique était de me donner physiquement une douleur plus intense. A force, la seule vue de mon sang coulant me calmait, et je me sentais déjà plus apaisée. Je sais bien que ça va te paraitre fou, mais c'est ce que je ressentais et ressens encore aujourd'hui. Je voulais que ma mère me voie et je la détestais parce qu'il ne restait qu'elle et qu'il fallait bien que je déteste quelqu'un. Puisqu'elle s'était mariée avec lui, c'était sa faute. Puisqu'elle m'avait mise au monde, c'était sa faute et si je souffrais autant c'était sa faute. Bref, je ne savais pas ce qu’il m'arrivait. La vie à la maison était très difficile. Ma mère s'était donc retrouvée avec plusieurs enfants à charge, toute seule. Sa patience n'étant pas sa première qualité, j'ai donc souffert de l'absence de mon père comme si on me brulait la peau chaque seconde de chaque minute de chaque jour que Dieu faisait. Plus tard, je compris que ce que je traversais avait un nom : la dépression ! J'ai continué comme ça jusqu'au jour ou retrouver mon père est devenu une obsession. Un besoin vital. A l’âge adulte, je l'ai donc recherché […] Je crois que mon réel problème est donc ma famille. Le fait que je me sente isolée d'eux, même si el hamdoulillah j'ai un mari merveilleux et des enfants en parfaite santé. On m'a élevé avec le genre de valeurs où les parents sont sacrés, quoiqu'ils fassent quoiqu'ils disent, il faut toujours leur témoigner du respect et pardonner. J’ai bien entendu retrouvé mon père depuis. J’ai retourné toute la Tunisie et mené mes investigations d'arrache-pied et j'ai finalement réussi à le retrouver. Mon père est dans une sorte de déni (je préfère penser cela) - tout le mal qu'il nous a fait (il me battait également quand j’étais petite) et qu'il a pu faire à ma mère, il ne l'a jamais reconnu. Il a réponse à tout. Il a une excuse pour tout. Et il se cache derrière le "destin" et la "volonté" d'Allah pour se dédouaner. J’ai été dans cette attente ou il m'aurait demandé pardon de m'avoir fait souffrir autant, de m'avoir frappée, abandonnée, humiliée et détruite...

 

 

 Maintenant, je suis lucide et je sais que je n'aurais jamais cette délivrance. Tout ce que je sais c'est que je ne peux pas couper les ponts avec lui car il  me fait de la peine, qu'il est vieux et que s'il meurt sans que je l'aie revu, j'en deviendrais folle. J'essaye donc de m'accrocher à cela pour continuer à être forte et me dire que je fais le bon choix. Il est mon père après tout et je ne peux pas l'abandonner. Plus aucun de ses enfants ne lui adresse la parole.

 

 

Enfin, mon histoire est compliquée, mon parcours l'est aussi, et il me faudrait des pages et des pages pour t'expliquer ce qui m'a "détruite" mais voici un résumé, et je t'assure avoir tout fait pour qu'il soit le plus court possible !! Je pense pour finir, qu'il n'y a pas de solution pour moi. La seule chose que je pourrais faire pour m'en sortir est d'avoir assez de courage et de volonté pour laisser tout cela derrière moi et avancer dans la voie qu'Allah Soubhanahou Wa Ta’ala nous a recommandé. La seule chose possible est de laisser le passé au passé, ne plus en vouloir à ma mère à mon père et aux gens qui ont pu me blesser. Le problème, c'est que je n'ai plus cette force, le problème, c'est que les épreuves de la vie, je n'arrive pas à les surmonter pour la plupart car je n'ai pas les bagages pour. Je me sens faible face aux tentations et je vois bien que Chetan fait tout ce qu'il peut pour que je bascule. Je suis sur un fil car j'ai l'impression de passer ma vie à courir, courir et le temps passe tellement vite. Et je ne veux pas me retrouver à 50 ans comme ces personnes vidées par la vie, par leur cœur et leur âme, à me demander ce que j'ai fait pour mon Seigneur ? Je ne veux pas me réveiller à 50 ans et voir que j'ai gâché ma vie et qu'il ne me reste que peu de temps avant de me retrouver au fond d'une boîte à répondre de mes actes. J’ai peur du temps qui passe. Il est comme une épée de Damoclès qui plane au dessus de ma tête et qui me rappelle qu'encore un jour vient de s'écouler, encore un jour de perdu ou je n'ai rien fait que des banalités de la vie et pourtant je me sens fatiguée de vivre…

 

 

 

 

wa ahleik salam Siham,

 

Je te demande pardon si je ne t’ai pas répondu plus tôt mais sache que ton récit est bouleversant ! Tu relates avec une telle précision les événements qui t’ont détruite, que tu révèles simultanément par cette précision, l’intensité de leur impact sur ton cœur et ta conscience ! Sache que beaucoup de sœurs sont victimes du mal qui t’affecte et qui consiste à aimer obsessionnellement un père injuste et mauvais ! Certaines, par exemple, ne peuvent se défaire de l’amour d’un père incestueux, et ont sombré dans la folie ! Il n’y a rien de plus douloureux, en effet, que de vivre la dualité, d’aimer et de détester une même personne. A ce sujet, j’ai écrit :

 

De l’amour, naît la dépendance,

Et de la haine, découle la destruction,

Satan aspire à notre déchéance,

Par l’être, qui permet, en notre cœur, leur fusion !

 

Sache, par conséquent, que par l’amour que tu portes vis-à-vis d’une personne injuste, tu ouvres la porte de ton cœur au démon de celle-ci, de sorte que tu sois affectée par son mal, et ce, même à distance, et que tu deviennes dépendante de ce qui te détruit. C’est pourquoi, comme tu le soulignes d’ailleurs, la voie de la guérison consiste à « laisser le passé au passé ! » En effet, c’est un péché que d’être indifférent vis-à-vis de l’injustice des gens car par cette indifférence on devient, en quelque sorte, complice de cette injustice ! C’est aussi un péché que d’aimer une personne qui ne mérite pas notre amour, surtout quand elle profite de celui-ci pour intensifier son injustice et multiplier ses crimes comme l’argument diabolique de ce père incestueux qui utilise son statut paternel et protecteur pour justifier ses attouchements par sa prétention « de vouloir protéger ses filles de l'influence des garçons, de cette manière ! » C’est donc une faille que d’aimer injustement comme cette sœur qui aime un incroyant et qui, en raison de cet amour, souffre de l’opposition de ses principes d’avec ses agissements !

 

Ainsi, il faut savoir arrêter une personne dès qu’elle commence à s’égarer, et ne pas tomber dans le piège des « entourloupeurs » qui changent de sujet ou menacent de couper la relation, si l’on rentre dans les sujets qui risquent de mettre en évidence la profondeur de leur personnalité ! C’est même une preuve évidente de la laideur intérieure, utile pour ceux qui désirent déceler l’hypocrisie chez quelqu’un car effectivement une personne hypocrite s’énerve pratiquement toujours quand l’on focalise sur les thèmes susceptibles de faire tomber son masque !

 

Cela dit, la maladie qui t’affecte ressemble à celle de l’amour passionnel, sauf qu’elle est plus périlleuse, en raison de la proximité du lien sanguin, d’avec la personne aimée ! Et tu dois pour te délivrer, te défaire de cet amour par la réalisation d’une coupure spirituelle. En effet, la coupure spirituelle s’avère être le remède efficace pour ceux qui souffrent de maladies relationnelles comme toi, et qui n’avancent pas dans la vie des conséquences de la relation sinusoïdale, où s’alternent l’amour et la haine, les disputes et les réconciliations, avec une personne proche comme c’est le cas entre une mère et une fille dont la relation se rapproche plus d’une rivalité de deux copines, que d’une relation entre une mère de famille, qui par amour sincère, place les intérêts de ses propres enfants avant les siens…

 

La coupure vis-à-vis d’une personne proche suppose plusieurs étapes. En effet, il faut :

- Identifier la personne et l’observer à travers sa réalité profonde c’est-à-dire sa laideur afin de lui destituer de son statut temporel si cette laideur a franchi certaines limites

- Déconstruire les arguments qui permettent d’entretenir la liaison susceptible de générer les flux ténébreux comme l’argument du lien sanguin par la mise en évidence de la gravité de la complicité avec l’injustice

- Et enfin, couper spirituellement ou temporellement avec la personne par l’amputation de son autorité spirituelle c’est-à-dire son emprise sur le cœur, les choix et les activités

 

Signalons qu’une coupure spirituelle n’implique pas nécessairement une coupure absolue, c’est le cas par exemple des convertis qui doivent couper spirituellement avec leurs parents tout en conservant un lien respectueux. A la différence, de certaines relations qui demandent quant à elles une coupure absolue comme la relation d’une fille avec un père incestueux ou ennemi de la religion musulmane ! Cet article est d’une importance capitale car beaucoup de personnes ont un besoin impérieux de couper spirituellement avec des membres dont ils sont dépendants par le lien du sang !

 

Attention, aux liens du sang,

Ils ne sont pas toujours sacrés,

Et sont souvent utilisés par Satan,

Pour faire accepter l’injustice dans la durée

 

Ne perds pas espoir ma sœur fillah, car la délivrance est proche pour celui qui croit qu’après toute difficulté se trouve la facilité !

 

Mahdy Ibn Salah

 

 

 

   

 

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