Salam aleykoum Cher Frère de foi,
Je suis désolée d’encombrer votre messagerie pour vous parler de ma situation au lieu d’invoquer notre Maître tout Puissant en ce mois béni. Peut-être par votre intermédiaire comprendrais-je mieux les messages du Créateur ou alors mes invocations et mes prières restent vaines, et ce serait un grand malheur. Il y a quelques semaines j’ai décidé que je ne pouvais pas continuer de vivre avec un homme (connu en nov.2010 et mariée en fev.2011) et avec lequel je ne partage pas grand-chose et encore moins mon amour de Dieu (nous nous sommes déjà entretenus avec Samia à ce sujet). Il dit qu’il a besoin de moi, et c’est ma faute puisque je fais l’assistante sociale pour le sortir de ses difficultés mais quoi de plus normal en même temps. Il m’a expliqué que c’était le diable qui voulait nous séparer (je n’aimerai pas médire mais c’est la seule chose qu’il a retenu dans l’Islam…); je suis allée quelques jours chez mes parents puis nous nous sommes remis ensemble. On se dispute fréquemment, c’est difficile à dire mais c’est souvent moi qui en est l’origine d’ailleurs je rattraperai un jour de jeûne car j’ai haussé la voix et je m’en veux, Dieu va me punir pour cela. Je pense tout simplement qu’on ne se correspond pas, si ce n’était moi cet homme serait le meilleur des maris. Au moment même où je vous écris Dieu sait que je place en Lui tous mes espoirs je ne me sens pas le droit d’être triste, cette situation est celle que Dieu m’a donné pour l’instant et je répète el hamdoullah. Tout cet exposé pour vous amener à la question suivante : Pensez-vous, que Dieu teste ici ma patience, car si c’est le cas je ferais alors mon possible pour lui plaire ? Je vous souhaite un bon programme pour ce mois de Ramadan en espérant que Dieu puisse nous garder en vie pour retrouver ce mois sacré l’année prochaine.
Saha Ftorek
Sb.
Wa ahléikoum salam, orti al ‘aziza,
Rassurez-vous, vous n’encombrerez jamais ma boîte, que dis-je ! Bien au contraire, j’apprends de vos questions puisque la première personne qui profite de celles-ci est bien celui qui, avant tout, y répond.
Cela dit, pour répondre à votre question, il est important de savoir si votre incompatibilité avec votre époux porte préjudice à votre équilibre spirituel ? Et, surtout si vous vous consumez pour aider une personne qui ne se réforme pas et ne montre aucun signe de bonne volonté ! Je vous renvoie à ma réponse[1] à la question de la sœur Fatima sur le divorce pour incompatibilité caractérielle. Dans cet article, j’énonce justement que le divorce peut être invoqué quand l’incompatibilité est idéologique et porte, par déduction, sur les objectifs et les finalités du mariage. Mais quand il s’agit d’une incompatibilité physique, ou caractérielle alors celle-ci dépend de votre aptitude à patienter. En effet, « Allah n’impose à aucune âme une charge au-delà de sa capacité. »[2] Et, l’on ne doit pas chercher à s’engager par le mariage dans une épreuve insurmontable !
Ainsi, la réponse que vous cherchez, à savoir, si Allah éprouve votre patience par votre alliance avec un homme qui ne vous correspond pas dépend justement de la nature de votre incompatibilité et de votre capacité à la supporter.
Si cette incompatibilité est idéologique et que votre époux est un frein à votre épanouissement religieux dans la mesure où il vous empêche volontairement d’avancer vers Allah, alors là, il ne fait aucun doute que votre mariage est un piège satanique, par lequel Satan, au moyen de votre conjoint, aspire à vous enchaîner car il fait partie justement des stratagèmes sataniques que de nous contraindre à faire une œuvre plus au moins bonne au détriment d’une meilleure afin de minimiser les effets de notre potentialité spirituelle et de générer une forme frustration déstabilisante, surtout quand la compensation ailleurs est interdite, ce qui est le cas pour la femme que vous êtes !
Par contre, si l’incompatibilité est physique ou caractérielle, celle-ci peut être invoquée comme une raison légale pour la demande du divorce quand le mariage vous ruine, au lieu de vous embellir intérieurement et de vous élever. Ainsi, tout dépend de votre capacité à patienter, et cette capacité dépend à son tour de votre conception du couple ! Vous posez donc une très bonne question et la réponse à celle-ci se trouve, je pense, dans votre conception du mariage et dans votre nature à vous rapprocher meilleurement du divin. Me revient à l’instant présent cette parole d’une sage femme très belle qui était mariée avec un homme pieux mais très laid : « Sois je suis un cadeau de la part de mon Seigneur à cet homme en raison de sa piété, sois cet homme est une punition de la part de mon Seigneur, en raison de mes péchés. »[3] Elle interprétait son mariage comme une épreuve divine par laquelle elle devait patienter et ce quelque soit l’issue de l’interprétation. Il y a donc deux manières de nous rapprocher d’Allah, soit par les bienfaits et la reconnaissance, soit par l’épreuve et la patience. Certains aspirent, par conséquent, par l’entremise du mariage à la jouissance afin de se rapprocher de leur Seigneur moyennant le bonheur consécutif de leur alliance d’avec une personne complémentaire et d’autres aspirent à ce même rapprochement par le choix volontaire d’une personne incompatible mais moyennant la patience face au malheur consécutif de l’inadéquation d’avec l’autre élément du couple.
Les gens de la seconde catégorie sont très rares et quand ils existent, ils sont de manière générale plus des hommes que des femmes car la femme aspire intrinsèquement à un homme supérieur et non à une personne qu’elle doit assister à longueur de journée… Mais, bon j’ai connu des couples de ce genre qui fonctionnait très bien car les époux malgré leur manque naturel d’autonomie étaient plein de bonnes volontés et n’étaient pas des paresseux cloués à la maison à atteindre la délivrance en provenance de leur épouse.
Ainsi, tout est une question de frustration. On peut donc reformuler, par déduction, ta question, en disant : est-ce que ta frustration est légitime ou pas ? Et, est-ce qu’elle te renforce ou est-ce qu’elle t’affaiblit ? Est-ce que ta conception du couple peut te conduire à l’acceptation de celle-ci ?
Une frustration légitime est une frustration causée par un besoin nécessaire dont le non assouvissement génère un mal être justifié par la Loi comme la frustration d’une femme qui aspire à avoir des enfants et dont le mari est stérile. Le renforcement et l’affaiblissement consécutif de ta frustration dépend par conséquent de ta conception du mariage !
Si j’ai un conseil à te donner, ma sœur fillah, c’est bien celui de tendre vers ce qui peut t’épanouir et te rendre heureuse. As-tu mis, dans ta conception du mariage, ton bonheur dans la souffrance en raison de la recherche volontaire de l’inadéquation en vue de l’amélioration de l’autre, ou plutôt dans la jouissance en raison de la recherche de la parfaite adéquation avec ton mari ? Car la décision que tu dois prendre orti al ‘aziza, personne ne doit la prendre à ta place puisque nous sommes tous différents de nos conceptions du couple et l’adéquation parfaite n’existe pas! Personne n’a donc le droit de te dire de quitter ton époux tant que l’incompatibilité n’est pas manifeste c’est-à-dire qu’il refuse de pratiquer l’islam ou qu’il t’empêche de le pratiquer... Et, entre l’incompatibilité tolérable et l’incompatibilité intolérable se trouve une limite que seule toi peux connaitre ! Et cette limite se détermine par le sentiment qu’est l’amour ! Et, il y a une différence à opérer entre l’amour et la pitié puisque par le premier tu attends un retour, tandis que par le second tu donnes pour donner, pour te libérer de la douleur de voir l’autre souffrir, sans toi. Si toi tu donnes sans recevoir ce que tu recherches alors ton amour va se transformer en pitié, surtout si ton conjoint te fait du chantage, en te disant que sans toi, il n’est rien ! La frustration qui va découler de ta relation risque de générer de naturelles disputes bouc-émissaires causées par des détails et dont l’origine se trouve en réalité dans cette même frustration. Est-ce ainsi, que tu concevais ton alliance avant de te marier? Un couple dont le lien est de pitié et point d’amour ? Seule toi connais la réponse ! Sache, que le bonheur ne peut exister quand l’un des deux éléments du couple aime passionnément l’autre ! Et je crains que ta pitié et la disparition de ton amour découle justement du fait que ton conjoint t’aime à te vénérer ! Si c’est le cas, alors tu peux songer sérieusement à la séparation car ton mariage n’aidera pas ton conjoint s’il ne décide pas de te prendre comme un moyen plutôt qu’une fin ! Et, la preuve se trouve dans le hadith selon Ibn ‘Abbas, dans lequel l’épouse de Thabet ibn Qais est arrivée chez le Messager d’Allah, en voulant se séparer de son époux : « Ô Envoyé d’Allah ! Je ne reproche à mon mari ni sa piété ni sa conduite. Mais j’ai peur de commettre un sacrilège en vivant avec lui. » - Et-tu prête à lui restituer son verger dit le messager d’Allah- Tout à fait, répondit-elle. L’apôtre d’Allah se tourna vers son époux et lui dit : « Reprend ton verger et répudie-la. »[4]
Je conseille, pour ma part, les jeunes célibataires à chercher une personne la plus compatible possible, et ce à tous les niveaux. Car après le mariage, le conseil devient complexe surtout quand l’époux ne veut pas divorcer, malgré la répugnance de son épouse et réciproquement!
Si tu invoques ton Seigneur,
Par rapport à ton cas,
Et ce, en toute profondeur,
Sache ma sœur Sabrina, qu’il te répondra !
La réponse se trouve donc à l’intérieur de toi,
Cherche là, avant que par un sage malheur,
Ton Seigneur ne te contraint à faire un choix,
Et ce, dans l’intérêt seul de ton cœur …
Mahdy Ibn Salah