Un mouvement est composé de deux dimensions: « dogmatique et méthodologique. » La partie dogmatique concerne les objectifs et la partie méthodologique comprend la voie qui mène à la réalisation de ces objectifs. Ces deux dimensions se partagent à leur tour en deux catégories: « essentielles et accessoires. » La différence entre le caractère essentiel et accessoire d'une croyance se réalise en fonction de leur importance dans la réalisation de l'objectif. Ainsi, une croyance essentielle est une croyance mentionnée par Allah et le prophète dans le coran et la sunna et qui apporte directement à la réalisation du but, tandis qu'une croyance accessoire est une croyance qui n'est pas mentionnée clairement dans les sources et n'apporte pas directement voire peut s'avérer contre productive ou nuisible.
A partir de là, il existe deux voies par lesquelles une secte peut voir le jour au sein de l'islam. La voie de « l'altération et de la falsification » et la voie de la « focalisation », et ce a deux niveaux: « celui du dogme et de la voie ». En effet, l'islam est la religion de vérité, ce qui implique qu'elle forme un bloc compact et unifié ou aucune de ses parties ne contredit une autre. Or, le sectarisme est synonyme de fausseté, ce qui implique la « contradiction, la falsification, et la focalisation » en son sein. Le témoin, par déduction, de l'authenticité est donc la « concorde » et celui de l'erreur la « contradiction »!
Les sectes issues de la première voie sont des sectes qui n'ont rien à voir avec l'islam car toute altération, falsification ou négation de la vérité n'est plus la vérité, que cette action se réalise au niveau du dogme ou de la voie. Les sectes issues de la seconde voie sont des sectes musulmanes égarées quand la focalisation implique la négation du reste ou la focalisation sur un point de l'aspect accessoire de la religion. En effet, on appelle « spécialisation » l'action de « focaliser sans renier le reste » et cette dernière est encouragée par l'islam puisqu'elle permet l'unité par la complémentarité.
A partir de là, nous pouvons dire que le « groupe sauvé » que le prophète définissait « la jama'a » est composé de tous les musulmans qui ne divergent pas au niveau des essentiels de la religion! Toute divergence, en effet, qui ne concerne pas l'aspect essentiel de la religion et qui n'est pas sujet à la « falsification, l'altération » ou à la « focalisation » doit être respecté tant qu'elle est justifiable par la « raison » ou les textes scripturaires de notre religion. Les sectaires, en effet, se lient et désavouent en fonction de leur groupe et de leur spécificité et non de la vérité. Ainsi, ce qui va dans leur sens, ils acceptent et confirment, et ceux qui les contredit, ils les renient et les excommunient. Les gens de la «division » sont donc tous ceux qui s'unissent sur autre chose que la vérité, tandis que les musulmans authentiques sont ceux qui s'unissent sur les essentiels de la religion et qui sont tolérants vis-à-vis des questions accessoires dont la divergence est légitime puisque justifiée!
Mahdy Ibn Salah