Salam ahléikoum Mélanie,
Je viens de finir ton autobiographie et je tenais à t’écrire pour te faire part de mes ressentis concernant sa lecture. Ton parcours est passionnant tout comme ta vie est passionnée. En effet, tu es une personne passionnelle qui vit les choses qu’elle aime intensément, engendrant quand tu te passionnes pour quelque chose, une énergie telle, que peu de personnes peuvent te rivaliser ou te freiner respectivement dans tes succès et tes ambitions ! C’est le cas de toutes les personnes passionnelles d’ailleurs, qui lorsqu’elles se totalisent réussissent souvent les challenges qu’elles se fixent ! Et, c’est, par conséquent, ta sincérité dans l’extériorisation d’un sentiment ou d’une pensée qui t’a propulsée au sommet et qui a fait de toi : une célébrité !
Cela étant, s’il est vrai que la réussite est plus accessible pour les personnes passionnelles, la douleur de l’échec se fait hélas plus sentir chez ces dernières que chez les autres. C’est pourquoi, généralement quand ils sont victimes d’une dépression, celle-ci peut, en effet, déstabiliser leur mental et les plonger dans des souffrances paralysantes !
Mais, el hamdoulilah, ta dépression était angélique dans le sens où ton être était dominé par le bien, te contraignant à revenir ainsi vers l’Unique afin de retrouver du sens, de la saveur et du goût à ta vie. En effet, tu étais musulmane sans le savoir depuis longtemps par les sourates que tu connaissais, par le jeûne que tu pratiquais, et par l’interdiction du porc que tu t’imposais… Il ne manquait plus que l’attestation de foi et ton adhésion, cette fois-ci, rationnelle à la religion musulmane pour compléter ton identité originelle. Et c’est ce que tu as fais, après de merveilleuses lectures du Saint Coran, livre de la saine nature, par lesquelles tu as retrouvé Celui que beaucoup ont perdu ou oublié : Ton Créateur !
En réalité, la vie des gens ressemble à ton parcours. Les gens sont musulmans à la base selon leur nature, mais beaucoup ne le savent pas, et c’est à eux de confirmer cette identité de manière rationnelle, en revisitant leur fausse identité par l’analyse des contextes d’enfance qui ont fait d’eux, ce qu’ils sont devenus à l'âge adulte ! C’est dans ce sens qu’il faut comprendre cette parole de notre prophète : « Tout enfant naît selon la saine nature ce sont ensuite ses parents qui feront de lui un chrétien, un juif ou un mage. »[1] Ainsi, l’identité profonde des gens est musulmane et il appartient, à l’âge de la raison, soit :
- - De la confirmer pour les musulmans de naissance
- - De la redécouvrir pour les personnes ayant grandi dans des contextes étrangers à l’islam
Or, certaines personnes renient cette identité, en l’occurrence les mécréants car refusant de perdre des croyances ou des intérêts mondains, et d’autres l’oublient par insouciance, perdus par des passions néfastes et des occupations futiles ! C’est pourquoi, Allah par compassion, nous prend en pitié au moyen d’épreuves par lesquelles, il nous appelle à Lui, et nous rappelle à sa religion !
Il y a dans la souffrance un bienfait
Si nous comprenons que par la douleur
Nous sommes contraints à revenir vers l’être Parfait
Le Seul, en effet, à même de sécher nos pleurs
Reste à surmonter l’épreuve convenablement en extrayant, par une vue absolue, la sagesse de celle-ci ! En effet, un échec n’est pas un mal en soi, si par la somme d’échecs nous parvenons à atteindre une victoire globale ! C’est l’enseignement d’ailleurs que l’on doit tirer de la défaite des musulmans à la bataille d’Uhud. Ainsi, si par 1000 échecs nous parvenons à comprendre l’adversaire et l’ennemi qui veut notre perte, alors à travers la globalité, l’échec local, participe en réalité de la victoire globale !
Gloire à celui qui par l’échec
Donne une victoire à ses serviteurs
Qui grâce à leurs regards circonspects
Gagnent en ne réitérant pas leurs erreurs
Bref, pour revenir à ton ouvrage, qui m’a fait rire à certains endroits comme celui où tu décris l’introduction de l’un de tes concerts en Afrique, par un effet fumé, qu’un individu caché derrière les platines provoquait en brulant du papier... Cela mérite un bon « lol » voire un super « mdr »…
Plus sérieusement, j’ai apprécié certains passages, très riches d’enseignements, comme celui-ci : « Si les jours se ressemblaient, moi, je changeais. J’étais rentrée dans cette clinique les nerfs à vif, sensible et instable ; désormais, peu à peu, je m’éteignais, émotionnellement j’étais comme morte, incapable de sourire ou de pleurer. J’étais rentrée perturbée et perdue, j’avais maintenant l’apparence d’un zombie, mais d’un zombie stable. Un zombie qui ne se pose plus de questions et qui n’en pose pas davantage aux autres. J’acceptais d’avaler tous les médicaments qu’on me tendait, et qui baissaient le volume de les pensées au point d’en anéantir tous les réglages, j’étais incapable de me fâcher, incapable d’être satisfaite, j’étais passée : « en mode veille ». Beaucoup diront que, d’un œil extérieur, mieux vaut être éteint que déséquilibré. Ce n’est pas faux mais… je vivais certes dans le danger mais au moins je vivais, je pouvais exprimer mes sentiments, exploser au besoin, je pouvais hurler, pleurer et rire. Mais voilà, j’étais devenue une morte-vivante, incapable de la moindre envie. Pire, je n’étais même plus capable de guérir. »[2] Dans ce passage, vous nous montrez bien que les médicaments antidépressifs ne sont pas la solution et qu’au contraire, à une certaine dose régulière, ils peuvent tout simplement rendre impossible la guérison. C’est d’ailleurs pourquoi, selon notre méthode, nous ne pratiquons pas de roqya chez les personnes sous neuroleptiques ! Nous ne savons pas encore la relation qu’il y a entre ces médicaments et les djinns mais ce dont nous sommes sûrs et certains, c’est que nous ne pouvons pas extraire de djinns chez une personne qui prend ces médicaments à fréquence régulière ! C’est comme si ces médicaments jouaient le rôle d’anesthésiant pour l’âme. Or, pour guérir, nous avons besoin de combattre, et sous anesthésie, nous ne pouvons effectivement pas lutter !
Un autre passage est aussi intéressant : « Mon entourage ne se doutait pas du vide créatif que j’étais en train de traverser. Je flippais devant cet état de fait car je prenais conscience que quatre-vingt-quinze pour cent des gens que je fréquentais n’étaient liés qu’à mon activité professionnelle et, très sincèrement, hormis Seb, Charlotte (Vitaa), Hélène, Lucrèce et Michel, rares était ceux avec qui j’échangeais en dehors du cadre professionnel. Bien sûr, je connaissais des centaines de personnes et il nous arrivait même de nous écrire régulièrement des messages ou des mails, mais toujours dans le cadre de « je suis et reste Diam’s. » Je savais pertinemment qu’une fois la notoriété éteinte, il ne resterait pas grand monde. Vous nous auriez vus, pourtant, sur les routes ou en famille, tous très proches et liés. Certes, nous nous aimions et nous respections beaucoup, mais hors de la tournée, on ne se voyait pas trop, même pas du tout. On s’appelait peu et on reprenait tous plus ou moins le cours « normal » de nos existences. Comme s’il y avait tournée et, à côté, la vie. C’était bizarre car, même si sur les routes nous échangions beaucoup à la maison, loin du speed et des paillettes. A cette période de mon histoire, cela me paraissait banal, mais j’en souffrirai énormément lors de la tournée SOS. Avant que ne sonnent l’année 2009 et son lot de bouleversements, j’étais habituée à ces relations en demi-teintes, jamais saines à cent pour cent, jamais totalement franches puisque imprégnées d’intérêts. »[3] Dans cet extrait vous mettez en évidence la plupart des relations que les gens vivent actuellement : des relations d’intérêts où les unités ne sont que de façade. Hélas, même, à l’intérieur de notre communauté musulmane, nous vivons d’ailleurs ce type de relation où l’on peut se côtoyer pour des actions collectives, sans partager une même âme et un même cœur, partage sans lequel nous ne pourrons évidemment jamais pratiquer le hadith suivant : « Vous ne serez jamais véritablement croyant tant que vous n’aimerez pas pour votre frère ce que vous aimez pour vous-même ! »[4] C’est d’ailleurs l’un de mes combats que de lutter contre les unités de façade par la constitution de familles spirituelles, unifiées par le cœur, la croyance et l’action ! Et combien le chantier est grand !
J’en arrive à ce qui a motivé l’écriture de ma lettre à savoir les mots avec lesquels vous clôturez votre ouvrage : « Aujourd’hui, je n’attends ni gloire, ni honneur, je ne suis plus qu’une brindille d’herbe dans le champ. Mais si un jour, nous pouvons partir en récolte et nous retrouver autour d’une lettre échangée, d’un puits à Bamako, ou au chevet d’un enfant malade, alors rien n’est fini, les amis ! Au contraire, tout commence ici… In cha Allah. »
Ma sœur fillah, vous avez de la notoriété et vous pouvez, consécutivement, communiquer de manière très performante pour faire accéder la masse à la Vérité[5] et je vous sais très intelligente à ce niveau ! Ne gaspillez pas votre potentiel et votre énergie, n’étouffez pas votre intelligence et votre lumière en puisant votre science auprès de personnes étroites d’esprit ! Je ne vous blâme pas, je vous rappelle uniquement qui vous êtes réellement, une personne sincère qui doit tendre par conséquent toujours vers le meilleur, et ce, afin de relever le défi que vous vous êtes fixée vous-même, lorsque vous avez écrit : « Je me disais que l’ultime but serait d’atteindre dans l’humanitaire ce que j’avais atteint dans la musique. S’il m’était possible d’agir pour autant d’orphelins que j’avais vendu de disques, alors j’aurais le sentiment d’avoir réussi à m’accomplir. »[6]
On estime à plus de 350 000 le nombre d’orphelins syriens ! C’est dire combien nous avons besoin de mobiliser !
Je sais que vous êtes une personne sincère et que ces paroles vous toucheront car la vérité réunit toujours ses partisans. Retrouvons-nous donc à travers une action commune pour les enfants syriens au Moyen-Orient. Je vous signale au passage, que la sœur Nadia que vous avez rencontrée, il y a peu de temps dans un restaurant fait partie de notre association Hayat, et c’est à partir de cette rencontre que me sera venue l’idée de vous écrire, bien que je fusse déjà en train de vous lire. Le hasard n’est pas!
Il est préférable, à mes yeux, de vivre une vie risquée
Par laquelle nous devenons courageux
Plutôt que de que vivre, dans le confort, une vie sécurisée
Par laquelle nous devenons des lâches et des peureux
Fi amani lah
Mahdy Ibn Salah
[1] Boukhari
[2] Diam’s, autobiographie, p. 139
[3] Ibid, p. 150
[4] Moslim
[6] Ibid. p. 242