De l’institution divine du langage
Le langage est d'institution divine car Allah a dit : « Et il a appris à Adam tous les noms. »1 Il est du devoir de retrouver la pureté du langage si nous tenons à comprendre la parole divine, et ce, par une lutte contre le conventionnalisme humain, qui par l'évolution ou la passion, altère la pureté originelle de la langue. A la base, il n'existait qu'une seule langue2 puis celle-ci se ramifia naturellement tout comme le principe s’étouffe et se voile par sa ramification en branches.
Preuve de l'existence de Dieu par le langage
Il n'existe pas d'homme qui puisse être ou subsister sans langage. Or une langue est le fruit d'une composition et toute composition est le fruit d'une action. Et puisque que tout acte possède un début et que les hommes ne se rencontrent jamais sans la langue alors cela implique que la langue a un agent antérieur à l'homme et donc qu'il est impossible que l'homme ait appris une langue sans un maître. Ce maître est nécessairement soit :
- L'éternel en personne
- Un sujet de l'éternel c'est-à-dire un ange
Car de deux choses l'une, soit le maître tire son existence de lui même, et donc sait d'une science absolue, soit ce maître tire son existence d'un autre et dans ce cas, il a appris d'un autre maître et ce jusqu'à remonter au Maître par excellence qui est Allah, puisqu'il est impossible que cette chaîne soit sans fin car dans ce cas, pris chacun en particulier aucun des éléments de cette chaîne ne saurait par lui-même et pris dans la globalité tous ces maîtres aurait appris à partir de rien, ce qui est impossible. Donc la première créature de Dieu a nécessairement appris de Lui. Et la preuve se trouve dans le coran : « Le miséricordieux, a enseigné le coran, créé l'homme, et lui a appris à s'exprimer clairement. »3
Le but du langage
Le but du langage est la compréhension de la connaissance. En effet, Allah a dit : « Nous avons fait descendre vers toi le Rappel afin que tu expliques clairement aux hommes ce qui leur a été révélé. »4 Ainsi, une langue sert à véhiculer des connaissances moyennant la compréhension. Sans la compréhension, une langue n'est donc plus une langue puisqu'elle ne réaliserait plus sa fonction. Et la savoir qui découlerait de cette langue serait un savoir de forme et non de fond. Ainsi, le langage est d’une importance fondamentale car c’est par celui-ci que nous pensons et que nous pouvons exercer notre pensée et notre intelligence puisque sans les concepts désignés par les mots, nous ne pouvons penser.
Apprendre une langue, c'est la comprendre et l’utiliser
Apprendre une langue, c'est avant tout la comprendre afin de pouvoir permettre la communication de la connaissance authentique. A ce sujet, Allah a dit : « Nous n'avons envoyé aucun prophète qui n'ait utilisé la langue de son peuple pour les éclairer »5 Il est donc fondamental de joindre à l'apprentissage, la compréhension si l'on tient à réaliser la fonction du langage.
De l'existence des deux sens et des deux niveaux d'une langue
Or, il peut exister deux sens que l'on peut prêter à un mot:
- le sens figuré
- le sens propre
Le sens figuré et le sens propre ne doivent entrer en opposition, ni se séparer mais l'un doit servir l'autre. Le risque quand l'apprentissage est dépourvu de compréhension est la production d'une connaissance purement temporelle, et incapable de dépasser la forme des mots, c’est-à-dire le sens propre. Ainsi, les significations conventionnelles ne doivent pas étouffer les significations originelles quand celles-ci sont accessibles. Et la preuve de ceci se trouve dans le coran : « Ce ne sont pas les yeux qui s'aveuglent mais ce sont les cœurs dans les poitrines qui s'aveuglent. »6 L'aveuglement du cœur, n'est autre que l'incompréhension, par laquelle nous ne dépassons pas l’apparent des mots ! Ainsi, des arabophones peuvent ne pas comprendre un texte en arabe alors qu’un non arabophone peut le comprendre, grâce à sa sincérité et à la globalité de sa vue ! A partir de là, nous pouvons partager une langue en deux niveaux :
- la langue temporelle liée à la matière, et aux besoins de la vie de tous les jours
- la langue spirituelle, un peu plus complexe, qui est liée, quant à elle, aux idées et à leur extériorisation
De la supériorité de la langue adamique sur les autres langues
La langue adamique est nécessairement plus parfaite que les langues actuelles car étant la première et l’origine de toutes les langues. La perfection d’une langue se mesure à la réalisation de son but soit de communiquer des significations avec précision, par l’entremise de peu de mots. Ainsi, si nous tenons à mesurer une langue avec une autre langue il faut comparer le nombre de mots utilisés pour exprimer un même concept. Etant la première langue, il ne fait aucun doute que la langue adamique est supérieure à toutes les autres car possédant les mots originels desquels ont dérivés tous les mots des langues actuelles !
De l’évolution des langues
La langue adamique a évolué jusqu’à arriver au nombre actuel de langue que nous connaissons et ce en raison du facteur géographique, du conventionnalisme et de l’absence de l’écriture. En effet, la géographie influe sur la forme des mots puisque pouvant altérer sa sonorisation. Ainsi, en l’absence d’une écriture susceptible de conserver la forme originelle du mot et la manière de composer une phrase, les mots peuvent changer d’une région à l’autre et des dialectes naîtront indubitablement. En plus, de l’évolution temporelle de la vie humaine qui implique le conventionnalisme, c’est-à-dire l’invention de mots par convention afin de répondre au besoin de nommer des choses nouvelles, une langue peut évoluer jusqu’à devenir étrangère à ses propres ancêtres. Sans oublier que les langues peuvent s’accoupler aussi avec d’autres pour devenir une synthèse accentuant le processus d’évolution.
De la supériorité de la langue littéraire sur la langue dialectale
La langue littéraire est supérieure au dialecte dans la mesure où elle s’acquiert par la lecture, l’écriture et l’apprentissage de la grammaire tandis que le dialecte s’acquiert par l’environnement. Ainsi, le littéraire est une langue qui répond à des règles tandis que le dialectal ne s’étudie pas ! Le littéraire est donc une langue qui n’évolue pas, à la différence des dialectes qui peuvent évoluer jusqu’à la totale incompréhension des tenants d’un dialecte dérivé de la même langue source ! C’est pourquoi, d’une manière générale, l’arabe des informations est un arabe dépouillé de dialectisme afin que l’information soit accessible à l’ensemble ! Cela dit, cet arabe dépouillé de dialectisme n’est pas naturel car une langue est nécessairement liée à un environnement qui l’entachera, par conséquent, de dialectisme ! C’est pourquoi, l’arabe coranique fut, avant tout, un arabe de la tribu des Qoraich. Ainsi, nous pouvons distinguer l’arabe littéraire de l’arabe dialectal, par la grammaire qui est pour l’élocution ce que la théorie est pour la pratique. L’arabe dialectal est, par déduction, une pratique sans théorie de l’arabe.
Du rapport entre la langue et l’identité
Il existe une étroite corrélation entre la langue et l’identité, si bien qu’apprendre une langue efficacement implique de s’imprégner d’une partie de l’identité associée. En effet, le langage est lié à la pensée et à la manière d’agencer des idées, et une identité justement se définit à partir de la pensée, de l’action, et d’un groupe social. A partir de là, nous pouvons comprendre l’arabisation du Maghreb berbère, opérée par les musulmans, grâce à l’islam, au califat et à la domination des arabes. En effet, une arabisation n’est possible que si les arabes dominent, ce qui explique pourquoi les turcs ne se sont pas arabisés, bien que la langue ottomane se soit énormément accouplée avec la langue arabe. La francisation de l’Algérie en raison de la domination française durant plus d’un siècle nous permet de conclure qu’il y a un rapport entre la langue et l’autorité. En effet, l’autorité impose des normes et la langue est, en réalité, un ensemble de normes. C’est pourquoi, vous pouvez trouver, de nos jours, des arabes francisés c’est-à-dire parlant l’arabe mais conceptualisant d’abord, dans la conscience, la phrase en français, c’est-à-dire qu’ils pensent français, tout en parlant l’arabe ! Apprendre l’arabe est donc une obligation capitale pour tout musulman s’il tient à parfaire son identité musulmane !
De la manière d’apprendre une langue
Afin de parfaire et d’assurer l’efficacité d’un apprentissage, il est important de l’organiser. En effet, la qualité est liée à l’ordre. Ainsi, pour commencer, il faut établir des niveaux, des étapes et des objectifs, et il faut tendre du global vers le précis dans l’évolution de ces derniers. Il est important de souligner qu’il ne faut pas passer à un échelon supérieur, si le précédent n’est pas acquis. Il convient ensuite, de s’exercer régulièrement, et ce, sur toutes les facultés de l’apprentissage, qu’elles soient passives comme l’écoute et la lecture ou actives comme l’élocution et l’écriture. Il faut aussi s’imposer des interdictions et des obligations comme l’interdiction de la traduction du mot à mot, la vérification de l’usage adéquat d’un terme, l’obligation de l’apprentissage des tournures propres à la langue, et l’interdiction de l’apprentissage de l’arabe à partir d’une autre langue, par exemple.
De l’importance de la spiritualité dans l’apprentissage d’une langue
Il est important de souligner l’importance de la spiritualité dans l’apprentissage d’une langue car effectivement sans une confiance en soi, la qualité de l’élocution sera remise en cause. C’est pourquoi, une personne qui a appris l’arabe, le parlera mieux avec une personne qui ne connait pas sa langue maternelle. A la différence, de celui qui a peur de mal s’exprimer ou de faire des fautes face à son interlocuteur et qui, des conséquences de son manque de confiance en soi, va affaiblir énormément la qualité de son élocution. Ainsi, l’importance de la spiritualité est fondamentale dans l’apprentissage d’une langue, et cette dernière consiste à s’unifier avec la langue par la confiance, visible dans la spontanéité de l’élocution, de telle sorte que le doute vis-à-vis de sa propre capacité ne provoque pas les hésitations à craindre!
Les deux voies de l’apprentissage
De la même manière que l’on réforme une société de deux manières, on peut apprendre une langue soit par le haut, soit par le bas. Le haut, c’est la théorie c’est-à-dire l’apprentissage des règles de la grammaire, liées à la formulation d’une phrase, ensuite l’apprentissage du vocabulaire, en décomposant son apprentissage par thèmes, puis l’exercice. Et le bas, c’est la pratique c’est-à-dire la fixation d’un thème et l’apprentissage du vocabulaire associé, et ensuite l’apprentissage des règles de la formulation de la phrase, puis l’exercice.
1C2/31
2La langue adamique
3C55/1-4
4C16/44
5C14/4
6C22/46