J'ai remarqué que certaines personnes multipliaient les roqyas, en pensant que la guérison se trouve, avant tout, à l'extérieur de leur être! Ces dernières personnes ressemblent ainsi à un individu qui cherche une clé perdue mais pas à l'endroit où celle-ci a été perdu, de sorte que l'effort de chercher ne fait qu'amplifier le mal-être, la fatigue et la désolation! Il en va de même dans le domaine de la roqya, où certains pensent que la guérison dépend du guérisseur et multiplient, par conséquent, les guérisseurs sans comprendre que la solution à leur problème se trouve, avant tout, en eux! C'est même une forme d'associationnisme que de reposer notre guérison ou notre bien être sur des facteurs extérieurs à notre spiritualité!
Le raqy qui accepte de faire une roqya sans comprendre et analyser son patient par une longue discussion fait, par déduction, preuve d'une profonde incompétence! J'accorde, en effet, une grande importance, pour ma part, à l'aspect psychologique du patient lors de mes thérapies car certaines possessions sont consécutives d'une faille mentale que les djinns veulent impérativement entretenir pour conserver leur emprise sur l'être.
C'est pourquoi, il est inutile de pratiquer une roqya à une personne qui, au préalable, n'aspire pas à résoudre la faille psychologique qui alimente son démon, de la même manière qu'il est inutile de vouloir remplir une bouteille sans, au préalable, boucher ses troues! D'ailleurs, l'inefficacité de la roqya sera mis en évidence par le fait que le patient ne supportera pas la thérapie par la douleur qui indique justement la supériorité de la volonté du démon sur le patient! Dans un tel cas, la patient doit avant de re-pratiquer une nouvelle roqya se renforcer par le cicatrisation de ses failles.
Il existe, effectivement, trois types de faille qui justifient l'emprise du démon sur l'être:
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la plaie psychique
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l'alimentation
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la complicité
La plaie psychique consiste en une faille mentale aboutissant sur le remord, la tristesse, la pensée obsessionnelle, la culpabilisation, le manque de confiance en soi, ou la phobie... Elle est très souvent liée à un choc ou à un fait passé qui doit impérativement être cicatrisé afin de permettre la thérapie car le démon va s'appuyer sur l'entretien de cette faille mentale par la pensée constante et focalisatrice afin de conserver son emprise sur l'être. La thérapie passe indubitablement par un renforcement de la confiance en soi au moyen de la consolidation de la croyance authentique en la toute puissance divine. Sans une cicatrisation de la plaie mentale, la roqya s'avérera de toute évidence inefficace!
L'alimentation consiste, quant à elle, à aller dans le sens du démon en succombant à sa volonté, que ce soit par la colère, le péché, l'isolement ou la paresse. En effet, aller dans le sens du démon, amplifie l'influence du démon, si bien que la thérapie consiste ici à contredire la volonté et l'émotion démoniaque après la réalisation de la dualité, bien évidemment. Ainsi, en s'appuyant sur la faille mentale, le démon aspire à passer au second degré de l'emprise par l'incitation de l'être possédé à l'alimenter en émotions et en actes comme l'entretien de la déprime par l'écoute de chansons mélancoliques! Il est inutile de pratiquer une roqya à une personne qui n'aspire pas à s'opposer à ses démons en émotion et en actes!
Dans le prolongement de l'alimentation, le troisième degré est la complicité, et elle consiste à consentir la présence du démon en soi par le partage d'émotion. C'est un degré supérieur, en gravité, à l'alimentation car il implique une sorte de conscience et d'acceptation de la présence du démon en soi tandis que l'alimentation peut se faire par impuissance et faiblesse sans saisir la nature de l'obstacle. La complicité est d'autant plus grave lorsqu'elle est accompagnée d'un pacte liant l'homme à son démon. Le pacte implique un contrat sur la base d'intérêts comme « Je te laisse dans mon corps et tu me laisses tranquille » pouvant déboucher parfois sur l'associationnisme et l'obéissance au démon! C'est le cas de ceux qui noue une relation affective « consciente » avec leur démon dans le sens où ils ressentent un bien être à s'aimer, à se contempler dans un miroir, voire à se toucher, tout en fuyant une relation réelle avec un humain! Il est inutile de pratiquer une roqya à une personne qui obéit à ses démons dans des ordres illogiques comme ne pas s'asseoir aux endroits utilisés par d'autres membres de la famille.
À partir de ces trois degrés de faille, le démon aspire à étendre sa domination sur l'être jusqu'à créer une véritable bulle par laquelle l'homme se coupera du monde. Il est donc capitale de revenir à la source de l'emprise afin de permettre une thérapie efficace!
Mahdy Ibn Salah