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Written by Mahdy Ibn Salah  •  Category: Croyances  •   •  Hits: 2603

 

 

Une idée préconçue circule au sein de la communauté musulmane de France et aspire à écarter tous les musulmans de la sphère politique. En effet, nous rencontrons dans notre communauté une opposition qui se généralise vis-à-vis de ceux qui parlent ou font de la politique comme si ces derniers commettaient une erreur grave ou un péché aux yeux de l'islam! Particulièrement chez nos parents de la seconde génération, pas encore tout à fait décolonisés en leur conscience, qui voient effectivement d'un mauvais œil ces jeunes, fiers animés par un désir sincère de lutter contre toutes les discriminations qui les affectent au sein de la société française! Cette opposition vis-à-vis de la politique est aussi alimentée par les courants traditionalistes tels que le « salafisme » et le « tablighisme » qui opèrent, par conséquent, chez leurs adeptes respectifs une coupure entre eux et le sort de leur cité de résidence. Quand une posture idéologique fait le sourire des ennemis de l'islam, il y a de quoi s'inquiéter puisqu'il y a de forte chance qu'elle n'est pas islamique!

 

Et, en effet, celui qui sépare le religieux du politique n'est pas un musulman authentique, voire il peut être mécréant s'il ampute l'islam de cette composante car la politique fait partie de l'islam, si l'on entend, bien évidemment, par celle-ci « la discipline qui s'intéresse à l'administration de la cité ». Le prophète était effectivement, avant tout, un politicien dans son opposition aux dirigeants Qouraïchites, dans sa gestion de Médine, et dans ses relations diplomatiques avec les tribus et les états voisins....

 

Ce n'est pas sans raison qu'Allah use de deux discours dans son livre sain, un discours pour les individualités et un autre pour la communauté! Ainsi, un musulman doit faire de la politique dans le sens où il doit s'intéresser à la santé de sa société et de son groupe social. Celui qui ne fait pas de politique devient, en quelque sorte, un laïc dans sa séparation conceptuelle entre le pouvoir temporel et le pouvoir spirituel! Et, l'islam ne régit pas uniquement l'aspect privé c'est-à-dire le côté cœur et la pratique individuelle du fidèle musulman mais doit aussi englober l'aspect public et législatif de son État! C'est pourquoi, les ennemis de notre religion nous combattent principalement au niveau de ce second aspect, en appelant « islamiste », le croyant qui aspire à la constitution de l'État musulman, « l'espace terrestre où la loi divine domine »! Il y a donc une forme subtile d'associationnisme et de mécréance dans l'indifférence vis-à-vis de l'infériorisation de la parole d'Allah au sein d'un système non-islamique qui inclut des résidents musulmans fixes! C'est pourquoi, les médias alimentent subtilement cette appellation « islamiste » de connotations négatives jusqu'à ce que le musulman du commun ne pense plus par lui même mais pense par la télévision pour se dépersonnaliser, par sa crainte et sa considération de « l'islamisme » c'est-à-dire « l'islam politique » comme une chose étrangère à l'islam!

 

Ainsi, la politique fait partie intégrante de la religion et elle possède une importance de premier plan dans la mesure où le sort des individualités d'une société dépend étroitement des dirigeants de cette dernière. En effet, il en va de la santé spirituelle de chacun que de veiller à celle de l'autorité car il existe un rapport de réciprocité entre le peuple et son gouverneur, si bien que s'occuper de l'éducation des âmes c'est, en quelque sorte, faire de la « politique précoce. »

 

Là, où sans doute nous pouvons rencontrer des divergences légitimes est la question de la « manière » de faire de la politique car nous devons toujours calquer celle-ci sur le meilleur des exemples! Or, la manière est relative au contexte et le contexte de l'époque prophétique est différent de celui de notre génération. En effet, le but n'est pas de diriger un peuple mais de l'orienter et toute direction contre l'approbation du peuple n'est que tyrannie. C'est ce qui explique d'ailleurs le refus de notre prophète vis-à-vis de son accès au pouvoir en contrepartie de l'abandon de sa mission! Ainsi, la politique authentique passe par l'éducation du peuple et sa réunification autour de la bonne parole « la ilaha ilal lah », mais cela ne doit pas impliquer notre indifférence voire notre opposition vis-à-vis d'une méthode différente de celle de notre prophète1! En effet, nous trouverons des points de convergence entre hier et aujourd'hui car dans une société imparfaite, il y a toujours les gens d'en haut, les dirigeants et la bourgeoisie qui les voisinent, et ceux d'en bas, le peuple qui subit la direction des gens d'en haut et qui va très souvent dans le sens des intérêts des plus riches. Ainsi, grandira certainement l'opposition entre les politiques et le peuple quand la pauvreté gagnera du terrain pendant que l'état s'enrichira jusqu'à ce que le peuple se révolte et renverse le régime en place! C'est ce qui est arrivé en Tunisie, récemment, où les familles Ben Ali et Trabelsi se sont partagées les richesses du pays au détriment du confort des tunisiens jusqu'à ce que la colère du peuple les renverse, malheureusement sans être animé par un désir de faire triompher la parole d'Allah! Quoique la liberté acquise par cette révolution risque fort probablement de profiter à l'islam car si l'islam ne culmine pas en terre arabe c'est uniquement en raison de la tyrannie des gouverneurs, qui emprisonnent tout « islamiste » potentiel!

 

Nous ne pouvons pas laisser inaperçu le soutien des autorités françaises à l'égard de la dictature du régime de Ben Ali quand MAM a proposé l'aide de la France à celui-ci par crainte de la naissance d'un État musulman aux portes de l'Europe! Et, ils ont raison de craindre la constitution d'un tel État, ici ou ailleurs d'ailleurs, car les populations musulmanes locales risquent fort probablement de connaître une stimulation et un éveil spirituel relatif à une victoire terrestre de l'islam. En effet, l'État protège, par principe, l'identité des individualités et la communauté musulmane ne se fragmente pas car tous les musulmans sont animés par la même foi ! Un musulman ici est donc le frère du musulman là-bas! Aussi, la constitution d'un État musulman même s'il ne concerne pas notre territoire de résidence est l'État de tous les croyants du monde et il protège de manière symbolique et physique l'identité et l'intégrité de tous les musulmans de la planète! C'est pourquoi la France a connu un éveil de l'islam dans les années 90 en relation avec les événements qu'a connu l'Algérie.

 

A partir de là, on comprends que faire de la politique est capitale car c'est par la politique que l'on empêche la lumière de culminer! Et les ténèbres se doivent, par principe, d'être intolérantes vis-à-vis de la lumière, s'ils tiennent à rester en place, d'où toutes ces discriminations législatives à l'encontre de la pratique de notre religion. Et, la France nous offre, à la différence des pays arabes, une égalité avec nos concitoyens dans le choix de nos dirigeants, d'où l'importance de peser à ce niveau surtout quand dans certaines villes la population musulmane est majoritaire mais est dirigée par des autorités qui ne partagent pas leurs intérêts, voire s'y opposent sans que notre communauté ne se révolte comme c'est le cas à Montfermeil où le Maire Xavier Lemoine a fait un parallélisme entre Israël et sa Mairie face à ses cités de palestiniens!

 

J'aborderai dans un prochain article la légitimité religieuse et l'intérêt de faire de la politique au sein d'un régime démocratique comme celui de la France afin de réfuter les postures de mes coreligionnaires concernant cette question.

 

Mahdy Ibn Salah

 

1 Une horrible fatwa pseudo-salafiste, émise par rapport à la révolution du jasmin, veut décourager les peuples arabes à se rebeller contre leurs autorités comme si l'auteur voulait défendre la tyrannie!

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