Salam alaykoum,
Suite a un commentaire d'une femme sur une de vos publication sur votre compte facebook, il m'est venu une question que je m'étais déjà pose auparavant et pour laquelle je n'ai toujours pas de réponses aujourd'hui parce que je n'en ai pas cherche tout simplement mais surtout je ne sais pas comment trouver réponses a certaines de mes questions parfois précises. Il est écrit que Dieu azawajel éprouve ceux qu'Il aime. Mais je sais (en français pas en arabe malheureusement) que quand on voit une personne ... handiapé par exemple, on doit dire "Oh mon Dieu je te remercie de m'avoir épargne ce que tu lui as éprouve et de m'avoir préféré parmi bon nombre de tes créatures". Je vois donc en ces deux propos que j'ai cite une contradiction. Pouvez vous m'éclaircir ? Ps: Ce message n'est pas urgent je préfère le signaler car je me doute que d'autres attendent patiemment vos réponses. Baraka ou fik.
Alaykom salam cher frère,
Ta question est intéressante à plus d’un titre car elle soulève de nombreux points souvent incompris par bon nombre de croyants. En effet, à travers l’exemple que tu donnes, en l’occurrence le cas des personnes handicapées, nous pouvons mettre en relief :
- la question du destin
- le sens des épreuves
- la gratitude envers Allah.
Allah, le très haut, a dit : « Nulle calamité n'atteint la terre ni vos personnes qui ne soit consignée dans un Livre, avant que Nous la fassions survenir. En vérité, cela est aisé pour Dieu ». [1] Ainsi, croire au destin, qu’il soit bon ou mauvais fait partie de la foi, au même titre que croire en Allah, en Ses anges, en Ses Livres, aux prophètes et au jour dernier. Une personne éprouvée doit donc accepter le décret de Son seigneur car le contraire reviendrait à se rebeller contre Lui. Et c’est en réalité reconnaître l’omnipotence de Dieu que d’être satisfait de son sort car Allah est Celui qui «réalise parfaitement tout ce qu’Il veut » [2] et nul ne peut s’y opposer sans tomber dans la mécréance.
Je souhaiterais m’attarder davantage sur le sens des épreuves. L’Homme a tendance à considérer les épreuves avec fatalité. Lorsqu’elles perdurent et que l’éprouvé ne trouve pas d’issue face aux difficultés qu’il rencontre, il commence à perdre espoir et finit par se mettre en colère et se lamenter sur son sort. Au lieu de faire de la patience et de l’endurance ses alliés, il considère les autres responsables de son malheur !
En réalité, les épreuves révèlent la force de caractère et le degré de foi d’une personne… « Est-ce que les gens pensent qu'on les laissera dire: "Nous croyons !" sans les éprouver? ». [3] Le prophète (alayhi salat wa salam) et les compagnons ont été accablés d’innombrables épreuves, plus difficiles les unes que les autres et malgré cela, ils faisaient preuve d’une endurance exceptionnelle car la foi était ancrée dans les cœurs !
Rappelle toi l’histoire de Sa’d ibn Abî Waqqâs (qu’Allah l’agrée) qui, en vieillissant, perdit la vue. Se rappelant de ce que le prophète (alayhi salat wa salam) a dit à propos des invocations de ce noble compagnon, un jeune homme lui suggéra d’invoquer Dieu afin qu’Il lui rende la vue. Voici ce qu’il lui répondit : « ô mon fils, Dieu (Exalté soit-Il) a décrété pour moi mieux que ma vue. Dieu Tout Puissant m’a destiné la cécité. Je patiente et j’entrerais au Paradis si Dieu le veut, pour ma patience et je préfère cela à ce qu’Allah me rende la vue ».
Voici l’exemple d’un homme clairvoyant
Qui a accepté d’être éprouvé par la cécité pour un temps
Afin de gagner l’agrément
De Celui qui accorde la félicité éternellement !
Il est triste de constater l’écart dans la façon d’appréhender les épreuves, entre les premières générations et les musulmans du 21ème siècle. En effet, nous vivons dans une société qui a fait des hommes et des femmes, des êtres psychologiquement et mentalement instables. Les cœurs n’étant pas éduqués à l’islam authentique, car la foi et le spirituel étant relégués au dernier plan, ils ne trouvent pas la force nécessaire pour accepter la douleur et comprendre le sens du sacrifice. Ainsi lorsqu’une épreuve les atteint, ils sont désemparés et finissent par chercher secours auprès de créatures sans même avoir le réflexe de se tourner vers Celui qui les éprouve, alors qu’Il n’attend que leur retour à Lui. Cela en dit long sur notre compréhension du sens de l’épreuve en Islam…
« Lorsque Allah aime quelqu'un, Il le soumet aux épreuves. Non pas pour le rendre malheureux, mais pour le purifier et le rapprocher de Lui. »[4] Allah, par sagesse, prescrit aux Hommes des épreuves comme moyen de purifier leur âme de tout péché et l’élever en degré afin qu’ils se rapprochent de Lui car sans épreuve l’Homme ne changerait malheureusement pas.La douleur est en réalité un excellent remède car elle permet d’adoucir les coeurs par l’humilité, l’indigence, l’abandon en Dieu et de débarrasser l’âme de toute forme de suffisance.
On ne combat la douleur qu’en la laissant nous envahir
Alors que la résistance ne fait que la retenir
Ne crois pas que le fort est celui qui la combat
Mais celui qui l’accepte en l’annihilant avec sa foi !
Pour enfin répondre à ta question, il n'y a pas de contradiction dans la religion musulmane mais uniquement un manque de compréhension de la part des Hommes. Etre aimé de Dieu parce qu’éprouvé et remercier Allah de nous avoir épargnés une épreuve, n’est aucunement contradictoire. Il faut comprendre l’invocation que tu as citée comme un moyen de témoigner de notre gratitude envers Dieu. « L'homme est, certes, ingrat envers son Seigneur. [5] « (…) Il vous a assigné l’ouïe, les yeux et le cœur. Que vous êtes peu reconnaissants! » . [6] Allah, nous apprend, à travers l’épreuve du handicap que subissent certains parmi nos frères et soeurs, ce qu’est la reconnaissance, en nous faisant prendre conscience qu’Il nous a créés de façon parfaite et que nous devons utiliser à bon escient ses bienfaits car nous serons interrogés sur la manière avec laquelle nous les avons utilisés.
Par ailleurs, chaque créature possède ses propres forces et ses propres faiblesses. Allah aurait pu nous éprouver en ne tenant pas compte de nos capacités mais par Sa grande miséricorde, Il « n’impose à aucune âme une charge supérieure à sa capacité (…)». [7] Ainsi le croyant ne doit jamais implorer Allah de l’éprouver mais bien au contraire de le préserver de toute calamité et cela ne fait pas de celui qui souhaite être préservé de l’épreuve, un être détesté de Dieu.
Enfin, les personnes éprouvées par le handicap sont parfois beaucoup plus capables que certaines en bonne santé car elles arrivent, pour la plupart, à développer d’autres capacités et une force de caractère incroyable. En effet, lorsqu’Allah prive une personne de quelque chose, elle la lui remplace toujours par autre chose !
Et à bien réfléchir, le véritable handicap n’est-il pas l’absence de foi ?! « Nous avons destiné beaucoup de djinns et d’hommes pour l’Enfer. Ils ont des cœurs, mais ne comprennent pas. Ils ont des yeux, mais ne voient pas. Ils ont des oreilles, mais n’entendent pas. Ceux-là sont comme les bestiaux, même plus égarés encore. Tels sont les insouciants. » [8]
Raja d’Aix-en-Provence
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[1] Sourate 57 verset 22
[2] Sourate 85 verset 16
[3] Sourate 29 verset 2
[4] Rapporté par Tirmidhi
[5] Sourate 100 verset 6
[6] Sourate 32 verset 9
[7] Sourate 2 verset 286
[8] Sourate 7 verset 179
