Salam alayka frère Mahdy,
je reviens vers vous, car je ne sais pas vers qui d'autre me tourner si ce n'est vous. Je vais essayer de faire court en gros ça part d'une discussion qui va finir en remise en question. Alors j'ai parlé avec une personne concernant les études. Elle m'a fait savoir que ça ne servait à rien ici (pas en terre d'islam), qu'une femme devait rester à la maison en attendant le mariage, qu'il y a aussi la mixité. Et moi, je me sens tellement loin de ça, "j'ai vraiment baigné dans cette vie à l'occidental", pour moi la mixité ça me passe au-dessus dans le sens où je n'y pense même pas, je comptais faire mes études, travailler puis, c'est aussi une sorte de protection au cas où je me retrouve seule... ou divorcer (fléau de notre époque). Oui, je ne connais pas mon destin, aurais-je forcément un époux qui subviendra à mes besoins, etc. ? Seul Allah sait. Quand je vois la vie que mènent certains de mes proches, être femme de ménage (salaire de misère) pour nourrir ses enfants... Ça me fait peur de finir comme ça (je sais bien qu'il n'y a pas de sous-métier, mais ce n'est pas facile et je parle en connaissance de cause). Puis, après avoir réfuté mes arguments, elle m'a fait comprendre que je n'avais pas confiance en Allah... Après ça, j'ai réfléchi et réfléchi (prise de conscience) et effectivement, je n'ai pas confiance en Lui et ce n'est pas du tout volontaire, je ne m'en rendais même pas compte. Et ça me fait trop mal d'être comme ça. J'ai l'impression que je ne serais jamais pieuse d'autant plus que je ne porte pas le voile (ma mère est contre, c'est ça ou la porte, et encore une fois, j'ai peur de me retrouver à la rue, ça prouve encore que je n'ai pas confiance en Lui, puis d'un côté, l'école, le travail fera que je ne vivrais plus chez elle et donc je pourrais le porter sans problème, c'est une solution finalement non ?). Je me sens si loin des croyants, ça m'attriste énormément. Que me conseiller vous ? Je sais bien qu'il y a pire dans la vie, mais vraiment ça me tient à cœur, j'ai si mal d'être comme ça, j'ai l'impression que je n'arriverais jamais à être comme ses sœurs pieuses, je ne serais jamais vraiment croyante sans le voile sans tant de choses... C'est vraiment difficile de mettre des mots sur ce que je ressens, mais ne pas se rendre compte du manque de confiance envers son créateur, c'est très grave ! Ai-je le cœur totalement noir, ou une foi malade ? J'aime Allah, c'est une certitude, mais est-ce que je le crains vraiment ? Je ne sais pas, j'ai honte.J'aimerais aussi si possible des conseils pour apprendre (la base, l'unicité d'Allah...), pas lire pour lire, mais lire avec le cœur, la foi... Comment faites vous ? Franchement, je pense très très souvent à Lui, mais parfois, je n'agis pas comme une musulmane devrait agir dont dans ma façon de penser, exemple : je ne voyais pas le mal qui résidait derrière les études en France... Pourtant, je ne suis pas aveugle, mais voilà, je suis comme ça, et au bout du compte, je réalise ENFIN que je n'ai pas confiance en Lui...(je ne médite pas assez aussi, c'est peut-être un facteur)
PS : Si vous jugez utile de ne pas répondre à ma lettre, il n'y aucun souci car je sais bien qu'il y a pire malheureusement et en plus, j'ai déjà écrit une lettre y a un moment, je ne veux pas abuser de vous !! Simplement, si vous avez des vidéos à propos du cœur (ou plutôt la foi) malade ou des lettres qui correspondent à mon cas, dirigé moi vers elle, c'est amplement suffisant !! Qu'Allah vous récompense pour l’intérêt que vous portez à la communauté, à la religion... Salam alaykoum
Wa 3aleik salam, Okhti al karima,
Sachez que la mixité n’est pas interdite en islam puisque rien ne prouve explicitement son interdiction ni dans les textes scripturaires, ni dans l’exemple du prophète durant son vivant.
Cela étant, étudier est une bonne chose pour la femme voire un devoir car notre communauté a besoin de compétence, et en France il est indéniable qu’il y a des compétences et des disciplines que nous ne trouverons pas aussi développées ailleurs.
C’est pourquoi, s’il faut étudier, il faut le faire en vue de servir la communauté. D’où la nécessité de regarder avant tout l’utilité du savoir que l’on veut étudier. Ainsi, nul doute que la médecine, l’informatique, la chimie, la mécanique, l’agriculture sont des domaines à maitriser impérativement !
Concernant votre propos à l’endroit du manque de confiance en Allah, ceci est une autre question car il est vrai que si vous devez étudier, c’est en vue d’apporter une valeur ajoutée à la communauté, et non pas en vue d’assurer votre subsistance, comme si sans vos études vous ne pourrez pas vous en sortir !
En effet, la peur de la pauvreté est une ruse du diable par laquelle, il a empêché beaucoup de gens de cheminer dans la voie de l’islam en leur insufflant justement le fait que sans une assurance et des garanties dans le système de résidence par une étude et des promesses d’embauche, leur avenir serait sombre financièrement parlant !
C’est pourquoi Allah dit : « Satan vous fait craindre la pauvreté et vous invite à commettre des turpitudes, alors qu'Allah vous promet pardon et faveurs, Allah est Immense et Omniscient » (C2/268) Ainsi, le manque de confiance en Allah est mis en évidence quand par peur de l’avenir, d’une peur focalisée dans le confort matériel, vous vous refuser de cheminer spirituellement dans la voie de la satisfaction divine par des sacrifices et des saines privations !
En réalité, le confort est une épreuve et nous nous devons, si nous avons la foi authentique, de ne pas nous leurrer de croire que notre cheminement spirituel sans garanties matérielles risque d’accentuer notre déchéance avenir !
Le présent est une chose et l’avenir en est une autre,
Se refuser d’agir dans le présent en raison d’une éventualité future
Est un piège de Satan par lequel son état devient le nôtre
De sorte de nous priver de cheminer vers Allah le cœur pur
Ainsi, il est impératif de peaufiner notre cheminement spirituel par la conviction qu’indépendamment d’Allah rien ne peut nous nuire ou nous profiter ! Or, chercher des garanties est le contraire de la foi quand justement Allah demande de notre part un engagement par lequel nous prouvons qu’il passe avant tout ! C’est pourquoi, nous devons prouver à Allah qu’il est le seul dans notre cœur, ne craignant donc pas de cheminer vers Lui quitte à tout perdre…
Et sois convaincue que si tu chemines vers Lui quitte à tout perdre alors il te donnera tout, en premier lieu ce que tu craignais de perdre, car ce qu’il exigeait de toi à la base, c’était justement l’acte de sacrifice par lequel tu prouverais qu’il est unique en ta poitrine !
Par contre, si tu refuses de cheminer vers Lui, en faisant des sacrifices, alors sois certaine que tout ce que tu as refusé de perdre pour Lui, tu le perdras ou tu l’a déjà perdu même si tu le possèdes aujourd’hui car ce qui reste après la mort, c’est uniquement ce que l’on sacrifie pour Allah, pas ce que l’on conserve pour assurer notre confort ici-bas !
Médite ce que je viens de te dire et tu auras une bonne piste pour cheminer dans la voie du Tawakoul, la voie où tu reconnais en Allah son attribut al Wali, attribut par lequel tu dois lui obéir en fermant les yeux, même si l’avenir est incertain, car il sait ce que tu ne sais pas et t’inviter à suivre la voie de l’islam dans ton intérêt à toi, même si par ta vue instantanée: tu observes de la ruine...
Ta certitude vis-à-vis de ton Créateur
Doit anéantir tes doutes à l’endroit de ton avenir
Car l’avenir peut être une idole rivale de ton Seigneur
Si à cause de lui : la peur t’envahit dans le présent et t’empêche d’obéir
Cela étant le Tawakoul ne t’interdit pas d’anticiper et de te projeter vers le futur car il n’y a pas de tawakoul correct dans l’action de cheminer sans une vision globale et sans l’usage des causes secondes. Il te faut être à équidistance entre les deux extrêmes : le fait de reposer entièrement sur la cause et pas sur Allah et le fait de reposer sur Allah sans faire usage des causes !
Fais les causes mais ne pense pas un instant que c’est par elles que tu obtiendras l’effet souhaité car entre la cause et l’effet se trouve Allah, notre Maître sans lequel le feu ne brûle pas…
Mahdy Ibn Salah