Salam alaykoum Mahdy,
J'ai lu l'article du jour sur ton site et il m'a émue aux larmes. Je dois dire que le manque de cœur, de compassion et d'empathie qui régie le monde dans lequel nous survivons est une des choses qui me fait le plus souffrir depuis mon plus jeune âge. De cette réalité, je tire ma force car n'ayant d'autres choix, j'ai appris à survivre seule contre ou au milieu de tous et à ne rien attendre des autres. Mais inévitablement cette force se retourne souvent contre moi car les personnes fortes suscitent souvent jalousie ou animosité sans fondement mais rarement compassion et amour. Ainsi souffrir en silence est souvent le prix à payer lorsque l'on refuse de vivre dans l'apitoiement sur soi, que l'on sait dire hamdoullah et patienter dans la difficulté. Alors voilà, aujourd'hui je voulais te dire merci encore une fois pour ce que tu as fait pour moi:
- entendre ma souffrance ce jour ou je n'ai rien dis de mes blessures et de mon désarroi à côté de celui qui aspirait à attirer toutes les attentions
- merci d'avoir parlé sans détour et dis les vérités qui m'ont données le courage d'affronter l'évident échec de mon mariage, la nécessité vitale de m'éloigner de celui qui jour après jour m'éloignait de moi-même et de mon créateur,
- merci de m'avoir fait rencontrer ces belles personnes Nadia, Sarah, Fatima, qui m'ont soutenues et se sont assurées de mon bien-être et de celui de mes enfants quand la plupart de mes soi-disant amis se contentait de me dire "appel si t'as besoin" sans réaliser que le besoin était évidemment là et qu'un simple "bonjour comment ça va?" venant d'eux aurait mille fois plus de valeur que tous leurs mots dès lors qu'ils ont attendus que j'appelle pour "pleurer" mon malheur.
- et enfin merci, pour cet article qui pourrait paraître anodin et qui pourtant porte un message d'une importance capitale pour tout musulman, si ce n'est pour tout être humain.
Tous mes mots ne traduiront jamais ce que je ressens sur cet épisode de ma vie. Mais à la lecture de ton article, j'ai eu envie d'essayer. Comme tu le sais maintenant, je n'ai pas vraiment l'habitude de me confier à qui que se soit alors sache que puisqu'Allah guide les pas de chacun d'entre nous je Le remercierai longtemps de t'avoir mis sur ma route à ce moment de ma vie et puisqu'Allah tiens les comptes c'est Lui qui détient la récompense pour toi de cette bonne œuvre. Néanmoins, il me semblait important de te témoigner ma reconnaissance et puisqu'Allah a voulu que je sois auprès de ta famille lorsque tu traversais cette terrible épreuve, j'espère vous avoir à mon tour, apporter un peu de réconfort.
PS: je me permis de te tutoyer dans ce message. J'espère que tu n'y verras pas un manque de respect mais plutôt la marque d'une proximité fraternelle et de ma sincérité.
Salam wa alaykoum wa rahmatouLahou wa barakatou
Wa ahléik salam, orti al ‘aziza,
Tu peux me tutoyer, cela ne me dérange pas car comme tu le précises, c’est plus une marque de proximité fraternelle que d’irrespect car le vouvoiement est, en effet, une barrière de pudeur matérialisant une certaine « forme » de distanciation entre des gens.
Pour rebondir sur ta lettre, je confirme avec toi que l’article sur l’importance de la solidarité, fut certes court mais porteur d’une profondeur capitale ! Et, j’aimerais ajouter à celui-ci l’importance de la miséricorde entre nous car c’est la miséricorde qui permet à l’être de partager des douleurs et de découvrir le malheur caché des autres. Notre prophète disait à propos de cet état spirituel capital : « Ceux qui sont miséricordieux, Allah sera miséricordieux envers eux. Soyez miséricordieux envers les habitants de la terre, Celui qui est dans le ciel sera miséricordieux envers vous. »[1] Dans une autre tradition, il a dit : « Celui qui n’est pas miséricordieux envers les gens, Allah ne sera pas miséricordieux envers lui »[2] On raconte dans une autre tradition : « Un bédouin est venu voir le messager d'Allah et dit : « Vous embrassez les enfants et nous ne les embrassons pas ». Le messager d'Allah dit alors : « Que puis-je faire pour toi, si Allah a enlevé la miséricorde de ton cœur ! » »[3]
A partir de ces récits, nous pouvons mettre en évidence le sens de la miséricorde qui consiste à excéder dans la bonté vis-à-vis d’une personne ou d’un être, sans une équivalence, c’est-à-dire une cause ou un retour provenant de la part de son récepteur. C’est l’acte d’être bon, de venir en aide, à l’opprimé, à la personne en détresse, et ce, à partir d’une bonté intérieure, issue d’une miséricorde causatrice d’un partage de la douleur, sans attendre la satisfaction d’un intérêt mondain, comme ce fut le cas pour la prostituée juive dont fait allusion le récit suivant: « Cependant qu'un chien tournait autour d'un puits mourant de soif, voilà que le vit l'une des prostituées des enfants d'Israël. Elle ôta sa chaussure, la remplit d'eau du puits et l'en abreuva. Cela lui valut l'absolution de ses péchés. »[4] La miséricorde peut pousser aussi quand elle est immense à répondre au mal par le bien et à pardonner à l'injuste comme ce fut le cas pour le prophète Jésus et notre prophète lors des événements de Taif!
Il n’y a que les gens miséricordieux qui peuvent donc lire la souffrance des autres même si cette dernière est cachée et refoulée ! Combien je sais qu’il est dur pour un enfant de grandir sans ses deux parents soudés car la miséricorde est justement mis en relief dans le rapport avec les enfants car, en effet, une mère porte une miséricorde naturelle à l’égard des siens! Les parents qui abandonnent leurs enfants, ou qui se séparent de manière égoïste, sans tenir compte de l’équilibre de leurs enfants, sans ressentir la douleur de ces êtres à l’innocence intrinsèque, sont, par conséquent, malheureusement et évidemment dépourvus de miséricorde ! Et s’explique pourquoi, ils ne connaissent pas la stabilité et le bonheur dans cette vie car notre prophète disait : « La miséricorde n'est enlevée que d'une personne vouée au malheur ! »[5] J'invite en conséquence, les parents à réfléchir longuement avant de songer à divorcer surtout quand il y a des enfants en jeux!
Qu’il est magnifique Celui qui
Par sa miséricorde et sa bonté infinie
Nous récompense par un éternel paradis
Alors que nos bonnes œuvres proviennent de Lui
Je clos cet article en soulignant que le seul manquement des êtres miséricordieux, c’est de ne pouvoir l’être avec toutes les personnes malheureuses qu’ils connaissent car l’individu est certes limité par son temps et ses devoirs essentiels. Invoquons Allah, par déduction, pour qu’il nous pourvoie de sa miséricorde, et qu’il soigne notre communauté de l’égoïsme et de la méchanceté qui nous éloignent de la foi ! En ce qui te concerne, je suis prêt à t’écouter et je t’invite à t’ouvrir même si tu l’a jamais fais auparavant, sur la base du principe qui gouverne la voie des sincères:
Si vous ne rencontrez, dans votre vie, que des méchants,
Alors, ne généralisez pas, en raison de votre déception,
Car l’espérance, même par un seul exemple, est pour le croyant,
Tel un bouclier qui le protège du pessimisme qui donne force aux démons.
Remercie abondamment ton Seigneur, Celui qui remplace les parents quand un enfant devient orphelin, car s’il m’a utilisé pour te comprendre et panser tes plaies ! C’est parce qu’il a entendu et partagé ta douleur, qu’il a vu ton courage et ta force à surmonter seule tes difficultés, qu’il a placé l’un de ses serviteurs miséricordieux sur ta voie. Je n’ai donc été qu’une marionnette par laquelle il a réalisé sa volonté de te délivrer… Qu’Allah puisse multiplier les soldats de son armée de miséricorde, composée de ceux qui donnent à manger aux pauvres, visitent les personnes seules dans la détresse, soignent les attristés, et viennent en aide aux opprimés…
La louange lui revient dans toute son entièreté…
Mahdy Ibn Salah