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Written by Mahdy Ibn Salah  •  Category: Croyances  •   •  Hits: 3513

 

L’attestation de foi : « La ilaha illa lah Mohammed rasouloulah » qui signifie en français : « Il n’y a pas de divinité en dehors de Dieu et Mohammed est le messager de Dieu » est devenue, à l’heure actuelle, une parole vide de sens. Le nombre de musulmans est impressionnant et ne cesse d’augmenter alors que, dans la réalité, rares sont ceux qui parmi ces derniers, saisissent la portée réelle de leur identité.

« La ilaha illa lah » est une parole qui doit, si elle est prononcée avec conviction, transformer la vision de celui qui la prononce, réformer sa conduite et le guider vers la voie de la construction de l’édifice idéal, édifice que notre prophète a peiné à parachever en 23 années. La prononciation de cette attestation qui ne produit aucune connaissance, aucune revivification, aucune ambition, témoigne de la faiblesse de la croyance et de surcroît de l’ignorance de sa portée réelle. Nous traversons, hélas, une époque où l’identité musulmane se perd. Beaucoup de nos frères et sœurs, en France, ne savent pas les implications de l’identité musulmane et prononcent l’attestation de foi sans une réelle assimilation de sa signification. Ils parcourent la vie sans se rendre compte qu’ils ne vérifient pas les caractéristiques d’un authentique musulman et réfléchissent les valeurs d’autrui comme des lunes. En effet, c’est par une compréhension profonde de l’attestation de foi : « La ilaha illa lah » que se réalise l’identité musulmane. C’est pourquoi, nous avons jugé nécessaire d’écrire une épître destinée à donner aux musulmans de France les ingrédients de la réalisation de leur identité.

En effet, l’identité musulmane, tout comme n’importe quelle autre identité, se compose de deux dimensions : une conception de la vie et un mode de vie associé à cette conception. Nous demandons, l’aide et le soutien de Dieu afin de réaliser cet ouvrage qui, nous l’espérons, aidera le lecteur à saisir la portée de son identité et à agir en conséquence.



La divinité



La signification de la première composante de l’attestation de foi n’est accessible sans une assimilation de la notion de divinité. Le sens du terme « ilah » que l’on traduit par « divinité » signifie en arabe : « al mourad li nafsihi » c’est-à-dire : « ce qui est voulu en son soi. » Ainsi, notre divinité est le but final de notre agissement. En effet, dès que l’on désire une chose on la désire soit pour elle-même soit pour une autre chose. On peut vouloir l’argent pour l’argent ou bien vouloir l’argent pour dominer. Dans le premier cas c’est l’argent qui est divinisé alors que dans le second cas c’est la passion de dominer. Dans une fatwa, Ibn Taymiyya met en évidence que toutes les créatures ont nécessairement un but qui est convoité et aimé par ces dernières et un anti-but qui est détesté. De même, les créatures ont nécessairement besoin d’un moyen permettant d’atteindre leur but et d’une protection permettant de les éloigner de l’anti-but. Toute existence repose sur ces quatre principes. Dans le cas du duel entre deux ennemis, la vie représente ici le but, la mort l’anti-but, l’épée le moyen de parvenir au but et le bouclier le moyen de se protéger de l’anti-but. Il en va de même, de notre existence sur cette Terre. Nous recherchons forcément, à chaque instant, à atteindre un but par la soumission aux moyens qui nous permettent d’accéder à ce dernier et simultanément nous recherchons les moyens de nous protéger de l’anti-but. C’est donc vers la fin de notre volonté que se localise notre divinité. Diviniser, ne signifie rien d’autre que finaliser. Et l’être humain ne finalise par nature que ce qu’il pense être la cause première de sa béatitude. En effet, tout être humain recherche le bonheur et c’est à partir de la source de notre bonheur que se constitue notre norme des plaisirs et des peines. Notre divinité est en quelque sorte notre repère dans la détermination de ces dernières. Ainsi, tout ce qui nous rapproche de notre divinité nous apporte du plaisir et tout ce qui nous éloigne de cette dernière nous apporte de la peine. De ce qui précède, découle le principe de la soumission intermédiaire c’est-à-dire la soumission aux moyens nous permettant de nous rapprocher de notre but ou de nous éloigner des anti-buts. C’est pourquoi l’on a dit que la divinité est ce qui oriente notre agissement. La divinité donne ainsi un sens à notre existence car elle constitue le but de notre mouvement et son espace est le cœur. En effet, plus l’homme se rapproche de sa divinité plus il est heureux et plus il s’éloigne de cette dernière plus il est malheureux. De là, découlent l’amour de notre divinité, l’espérance de l’atteindre et la crainte de son éloignement. En conclusion, une divinité n’est pas nécessairement une statue mais peut être une femme, un homme, de l’argent, une nation, un travail, une passion, un regard extérieur ou même intérieur. Réalise, mon frère ou ma sœur dans la foi, qu’à chaque instant de ton existence tu as forcément une divinité qui habite ton cœur et qui oriente tes agissements !



La spécificité de l’homme



Il existe dans la réalité une seule et unique divinité qui est Dieu, en dehors de qui il n’y a que des créatures qui ne profitent ni ne nuisent par elles-mêmes. Cela dit l’homme a la spécificité de diviniser ce qu’il entend au moyen de sa croyance. C’est ce qui le distingue, d’ailleurs, de l’ensemble des créatures. Il peut effectivement idéaliser une chose quelconque en croyant que cette chose est à l’origine de son bien être pour ensuite l’adorer. C’est à cette spécificité que fait allusion le verset coranique suivant : « Nous avons proposé aux cieux et à la terre et aux montagnes le dépôt. Ils ont refusé de le porter et ont eu peur, alors que l’homme s’en est chargé car il est très injuste (envers lui-même) et ignorant. »[1] Ce « dépôt » est, selon les exégètes, celui de « l’obéissance ». L’homme se distingue de l’ensemble de la création par son aptitude à obéir à Dieu en toute volonté, à la différence des autres créatures qui adorent Dieu par contrainte. En effet, un verset énonce : « Les sept cieux et la terre et ceux qui s’y trouvent, célèbrent Sa gloire. Et il n’existe rien qui ne célèbre Sa gloire et Ses louanges. Mais vous ne comprenez pas leur façon de Le glorifier. Certes, c’est Lui qui est Indulgent et Pardonneur. »[2] Pour élucider la raison du refus, par les cieux, la terre et les montagnes, de porter le « dépôt », Ibn Qayyoum nous aide en partageant la servitude en deux : l’une générale qui est une servitude de contrainte et l’autre particulière qui est une servitude de liberté. Par conséquent, c’est l’obéissance en toute volonté que les cieux, la terre et les montagnes ont refusés car la volonté implique forcément la mise à l’épreuve, qui se situe dans l’institution de plaisirs et de peines naturelles qui peuvent désorienter l’homme vis-à-vis de la quête de la réelle divinité et peut le mener au châtiment éternel. En effet, toute chose dont l’existence dépend d’une autre chose risque de mourir si elle s’éloigne de la chose dont elle est dépendante. En acceptant le dépôt, nous avons donc pris le risque de nous éloigner de Celui dont nous avons besoin pour nous rapprocher d’une illusoire dépendance qui nous mènera à notre perte éternelle ; car l'injustice consiste à ne pas respecter le droit d'une chose. Ainsi, l'injuste est celui qui prive un être de son droit. Nous pouvons hiérarchiser les injustices en fonction de la douleur résultant de la privation du droit qui elle est relative à la différence entre le degré de convenance. Prenons l’exemple de celui qui enlève un enfant à sa mère. Le degré d’injustice est plus fort quand l’enfant à 7 ans que quand il en a 15 car l’enfant de 7 ans a plus besoin de sa mère et pareillement pour notre corps qui souffrira si l’on ne respecte pas ses droits sur nous comme celui de l’alimentation, du repos ou de la sexualité. Il en va de même avec le droit que Dieu a sur nous. Mou’ad Ibn Jabal raconte : « Je montais derrière le prophète quand il me dit : « Ô Mou’ad ! Sais-tu ce que les créatures de Dieu, Lui doivent et ce qui leur est dû ? Je répondis : « Dieu et son prophète savent mieux. » Il continua : « Ce que les créatures de Dieu lui doivent, c’est de ne jamais Lui associer quoi que ce soit. Ce qui leur est dû, c’est de ne punir aucune personne qui ne Lui donne pas d’associé. »[3] L'association d'une divinité à Allah, qui consiste à Lui donner des égaux en confondant les attributs du Créateur avec ceux des créatures est effectivement une énorme injustice car par cet agissement nous réduisons, par la croyance, le besoin que nous avons de Dieu, Riche par soi, pour augmenter celui que nous avons des créatures incapables par elles-mêmes de produire un bienfait ! C’est donc la plus grande des injustices, dans la mesure où Allah n'a point de semblable et que l'infini en grandeur et en perfection Le sépare de ses misérables créatures qui n’ont d’existence que par Lui. C’est pourquoi : « Certes Allah ne pardonne pas qu'on lui donne quelque associé. A part cela il pardonne à qui il veut. Mais quiconque donne à Allah quelque associé commet un énorme péché. »[4] Si l'injustice doit être punie puisque entraînant la douleur de la victime de l'injustice alors l'homme n'est injuste qu'envers lui-même en déformant en lui la nature de Dieu, qui dans l’absolu est parfaite, et doit subir pour cette déformation le châtiment éternel à cause du caractère infini de son péché : « C’est n’est pas à Nous qu’ils firent du tort, mais il se firent tort à eux-mêmes.»[5] En effet, l’éternité du châtiment est destinée à celui qui sera mort alors que son cœur contenait une divinité supérieure à Dieu car cet état témoigne qu’il a privé Dieu de son droit pour l’octroyer à ce qui n’est, sans Dieu, que pur néant. La douleur est ici infinie et le châtiment doit par conséquent l’être aussi. Je fais, bien évidemment, allusion à la douleur absolue, fruit de l’éloignement par rapport à l’unique divinité et pas aux douleurs relatives d’ici-bas fruit de l’éloignement par rapport à une illusoire divinité ou à une douleur conséquence d’une détérioration corporelle. L’écart est de taille ! C’est ce voilement par rapport à cette douleur absolue, conséquence de l’acceptation du dépôt d’obéir en toute volonté à Dieu, qui a suscité cette crainte des cieux, de la terre et des montagnes. Les cieux, la terre et les montagnes ont préféré garder la représentation parfaite qu’ils avaient de Dieu que de se lancer dans un chemin où cette dernière doit s’acquérir par la croyance et l’effort. L’homme a donc pris, en acceptant le dépôt, le risque d’altérer par sa croyance la vérité et de s’éloigner en conséquence de la voie qui mène vers Dieu. C’est l’éternité du châtiment qui a suscité la crainte des cieux, de la terre et des montagnes ! L’éternité du châtiment se justifie par le fait que le retour en arrière dans la demeure de l’épreuve est inutile dans la mesure où il y a une différence entre la connaissance et la capacité. C’est pourquoi Allah dit : « Si tu les voyais quand ils seront placés devant le feu, ils diront alors : « Hélas ! Si nous pouvions être renvoyés (sur la terre) nous ne traiterions plus de mensonge, les versets de notre Seigneur et nous serions du nombre des croyants. Mais non ! Voilà que leur apparaîtra ce qu’auparavant : ils cachaient. Or s’ils étaient rendus (à la vie terrestre) ils reviendraient sûrement à ce qui leur était interdit. Ce sont vraiment des menteurs. »[6] En effet, admettons qu’un retour en arrière soit possible pour un athlète qui a perdu une compétition, et bien ce retour en arrière de l’athlète, au départ de la compétition, ne lui serait d’aucune utilité dans la mesure où le changement qu’a pu produire ce retour ne se situe qu’au niveau de la connaissance et non au niveau de la capacité, et la connaissance seule ne permet pas l’action. Il faut joindre à la connaissance la croyance afin que l’action se produise. Combien ont mécru aux messagers malgré leurs miracles ? Notre épreuve ici-bas consiste justement à perfectionner notre croyance; ainsi, celui qui ira en Enfer une fois, s’il revenait infiniment sur terre agira toujours identiquement, d’où l’importance primordiale de cette courte vie sur laquelle repose notre éternelle destination. Un autre extrait du coran énonce : « Et ceux qui ont mécru auront le feu de l’Enfer ; on ne les achèvera pas pour qu’ils meurent, on ne leur allègera rien de ses tourments. C’est ainsi que Nous récompensons tout négateur obstiné. Et là, ils hurleront : « Seigneur, fais-nous sortir ; nous ferons le bien, contrairement à ce que nous faisions. » « Ne vous avons-Nous pas donné une vie assez longue pour que celui qui réfléchit réfléchisse ? L’avertisseur, cependant, vous était venu. Et bien, goûtez (votre punition). Car pour les injustes, il n’y a pas de secoureur. Allah connaît l’inconnaissable dans les cieux et la terre. Il connaît le contenu des poitrines. »[7] Ajoutons, d’ailleurs, que tous les êtres humains ont attesté avant leur venue ici-bas que Dieu était évidemment leur Seigneur comme le précise un verset coranique et pourtant cette attestation n’a pas été profitable à beaucoup comme nous le constatons de nos yeux. Ainsi, c’est à partir de l’état de notre coeur à la fin de notre vie que se dessine notre éternelle destination. Soixante année ou mille années d’existence ne changent en rien le problème. C’est une question de proportion de l’espace occupé par la divinité adorée. Cette proportion reste la même quelque soit la durée de l’épreuve. Cette voie nous permet d’éclaircir la question de la prédestination. En effet, si à la fin de notre vie nous sommes dans un état où prédomine le culte des fausses divinités sur celui de Dieu alors nous aurons pour demeure éternelle : l’Enfer. Et la prise de conscience lors du châtiment ne nous serait d’aucune utilité car si un retour sur terre était possible nous agirions identiquement puisque étant prédisposé pour l’Enfer. En fait, la croyance en la prédestination nous permet de justifier l’éternité de la demeure finale. En effet, si l’on sait qu’untel réitérera infiniment ses erreurs alors il est préférable de le châtier éternellement. Une tradition énonce à ce sujet : « La première chose que Dieu créa fut la calame. Il lui dit : « Ecris ! » « Que faut-il écrire ? » rétorqua-t-elle. « Ecris le décret ! » Elle écrivit alors ce qui fut et ce qui aura lieu jusqu’à la fin des temps. »[8] Dans un autre récit il est dit : « Dieu a décrété le destin des créatures cinquante mille ans avant de créer les cieux et la terre et son Trône était sur l’eau. »[9]Ainsi, Dieu connaît la destinée de chacun d’entre nous dans la mesure où il est notre Créateur. En effet, Il connaît nécessairement les mouvements futurs de sa création tout comme les ingénieurs peuvent prévoir la trajectoire d’une fusée. Un verset du coran énonce : « Nous avons créé toute chose avec mesure. »[10] Cette connaissance par Dieu de notre future destination ne doit cependant pas nous mener à l’inaction. Beaucoup effectivement sont tiraillés par les doutes sataniques concernent cette fameuse question de la prédestination. Ils disent : « Si notre destinée est déjà écrite alors à quoi bon œuvrer ? » ou « Si c’est Dieu qui contraint les hommes à l’action alors il est injuste que des hommes souffrent pour des actes dont ils ne sont pas les auteurs. » Une tradition mentionne que lorsque que Omar fut questionné à propos du verset : « Et lorsque ton Seigneur tira des reins des fils d’Adam leur descendance… » Il répondit qu’il entendit l’envoyé de Dieu dire à ce sujet : « Dieu créa Adam puis il lui passa Sa main droite sur les reins et il en fit sortir une descendance en disant : « J’ai créé ceux-ci pour le Paradis et ils accompliront les actions de ceux qui vont au Paradis. Il lui passa ensuite Sa main sur les reins et Il en fit sortir une descendance en disant : « J’ai créé ceux-là pour l’Enfer et ils accompliront les actions de ceux qui iront en Enfer. Un homme demanda : « quelle est alors l’utilité de l’action ô Envoyé de Dieu ? Celui-ci répondit : Quand Dieu crée le serviteur pour le paradis ; il lui fait accomplir les actions des gens du paradis, de sorte qu’il meurt en accomplissant une action des gens du paradis et par cette action, Il le fait entrer au paradis. Mais quand il crée le serviteur pour l’Enfer, Il lui fait commettre les actions de ceux qui vont en Enfer, de sorte qu’il meurt en commettant une action des gens de l’Enfer et par cette action, Il le fait entrer en Enfer. »[11] A travers ce récit nous avons une réponse pertinente à la première interrogation à savoir : « Pourquoi agir si notre destin est déjà écrit ? » Notre prophète nous montre que le Paradis et l’Enfer sont les conséquences de nos actions, il est alors autant dans notre destin d’aller au Paradis que d’agir pour ce dernier de la même manière qu’il est autant dans notre destin d’aller en Enfer que d’agir pour ce dernier. Or nous sentons que nous sommes libres de choisir d’agir pour le Paradis ou pour l’Enfer alors pourquoi négliger d’agir pour le paradis sous prétexte que notre destin est déjà écrit ? Sachant que cette négligence nous précipite en Enfer ! Si nous avons la capacité d’agir dans l’obéissance à Dieu alors il est déraisonnable d’agir dans sa désobéissance sous prétexte que notre destination est déjà connue de Dieu. Serait-il raisonnable pour celui qui invoque le destin de la manière suivante : « Que je me marie ou que je ne me marie pas j’aurai des enfants si mon destin est d’en avoir » de refuser à cause de cette conclusion le mariage ! Gardons à l’esprit que nous ignorons notre destination future et qu’en être intelligent nous devons toujours tendre vers le meilleur de nous-mêmes. En fait, l’intérêt de la croyance en la prédestination doit à l’opposé transformer le croyant car elle implique que ce dernier prend conscience que ses actes sont éphémères et uniques c’est-à-dire que l’on ne peut pas revenir sur leur accomplissement et qu’ils ont par déduction des conséquences éternelles. Pour répondre à la seconde interrogation, pour justifier la rétribution selon les œuvres, et pour montrer aussi que la Justice divine est parfaitement conciliable avec la science qu’a Dieu, de toute éternité, des actions humaines, l’illustre réformateur Ibn Badis propose l’image suivante : « Un homme ayant deux fils, et connaissant leur tempérament, leur caractère et leur comportement, leur ordonne, pour leur bien, de faire telle chose. Par la connaissance qu’il a de ses fils, il sait que l’un d’eux obéira, et que l’autre agira autrement. Les choses s’étant déroulées selon les prévisions du père, celui-ci récompense le fils obéissant, et sanctionne l’autre. Ce père a sans nul doute agi en bon père, qui recherche le bien pour ses enfants. La connaissance qu’il avait de (la nature de) ses enfants n’enlève rien à ses sentiments paternels à leur égard. Chacun des deux enfants ayant été traité selon ce qu’il mérite, le fils désobéissant ne peut invoquer, comme excuse de sa désobéissance, la connaissance antérieure que pouvait en avoir son père. »[12] Nous touchons là, à un sujet qui a fait couler beaucoup d’encre et que nous ne pouvons boucler par ces quelques lignes. Retenons l’essentiel, à savoir que l’homme se distingue de l’ensemble des créatures par sa liberté de confirmer ou de s’opposer à sa nature propre et il prend le risque de séjourner éternellement en Enfer s’il ne réalise pas cette dernière.



La vérité et la fausseté



On définit populairement la vérité par ce qui est conforme à la réalité. Dire la vérité, c’est ne point mentir c’est-à-dire ne pas déformer au moyen de la parole la réalité. Quand on entend : « Je recherche la vérité », il faut comprendre par là que l’individu aspire à ce qui est réel en ce qui concerne la vie après la mort et non pas illusoire. Combien s’attristent de constater que ce qui faisait la joie de leur vie s’est éteint et que le bonheur authentique n’était pas où ils pensaient qu’il se trouvait ? Nous traversons une époque où les dépressions et les douleurs morales, dont la cause est la poursuite de la fausseté, se multiplient. En effet, puisque le faux est assimilable à ce qui n’est vrai que dans l’apparence mais qui, au fond, n’est que pure illusion alors les gens vont souffrir de constater qu’ils ne pourront atteindre leur finalité. Ainsi, le constat de l’inaccessibilité d’un but va engendrer une inévitable souffrance. De là, découle le principe qui stipule que celui qui s’attache à une chose éphémère va, tôt ou tard, souffrir de sa séparation et que celui qui s’attache à ce qui est éternel ne souffrira jamais. La quête de la vérité apparaît donc essentielle à l’homme car ce dernier ne se rassasie pas des plaisirs terrestres puisqu’ils ne durent pas et s’éteignent dès qu’ils sont acquis. Ainsi, l’homme se doit de rechercher La Vérité, le bonheur véritable, que l’on définit ici par ce qui procure par soi de la jouissance éternellement à la différence de la fausseté qui procure de la jouissance que précairement car n’étant pas la cause première du plaisir qu’il engendre. A partir de là, nous devons prendre conscience que rechercher la vérité c’est rechercher La Véritable Divinité car c’est notre but qui fait notre bonheur. La Vérité, c’est donc Allah car Il est le seul à subsister par soi, donc le seul capable de nous procurer une jouissance éternelle. En effet, selon Ibn Hazm : « Quand nous constatons qu’une chose a sa cause en elle-même, cette chose-là est assurée de durer éternellement. Mais au cas où nous trouvons qu’une chose a sa cause dans une autre, différente d’elle, cette chose périra dès que nous constaterons la disparition de sa raison d’être. »[1] Une ombre n’existe pas par soi et disparaîtra dès que le soleil se couchera. De la même manière, rien de ce qui est sur terre ne subsiste par soi et tout dépend de l’Administrateur qui préside seul à l’ordre de l’univers. En effet, un verset du coran énonce : « Mais ils ont adopté en dehors de Lui des divinités qui, étant elles-mêmes créées, ne créent rien, et qui ne possèdent la faculté de faire ni le mal, ni le bien pour elles-mêmes, et qui ne sont maîtresses ni de la mort, ni de la vie, ni de la résurrection. »[2] A travers ce verset, on peut déduire qu’étant le Créateur, Allah subsiste nécessairement par Soi car le Créateur ne peut être une créature dans la mesure où la contradiction n’existe pas. Ainsi, les créatures ne peuvent pas être les causes des effets qu’elles produisent mais c’est uniquement celui qui les maintient en existence qui en est l’Auteur. Il est par conséquent la cause première et s’attacher aux causes secondes en pensant que ce sont ces dernières qui profitent ou nuisent c’est, inévitablement, s’exposer à la souffrance de constater, tôt ou tard, qu’elles n’étaient par elles-mêmes que pur néant. C’est pourquoi, le prophète a confirmé la véracité de la citation du célèbre poète Labid qui disait : « N’est-t-il pas vrai que tout ce qui est en dehors de Dieu est vain et illusoire. » C’est par le cœur que l’homme peut aboutir à cette conclusion. En effet, par la méditation sur la création l’homme déduit qu’Allah est la Vérité, car Seul Lui subsiste par soi et par qui toutes les créatures subsistent ! Pourquoi donc s’orienter vers des choses au détriment de l’orientation par Allah alors que ces choses sont elles-mêmes orientées par Allah car dépendantes de Lui. C’est pourquoi Allah nous interpelle dans son Livre : « Dis : « Est-ce qu’il y a parmi vos associés un qui guide vers la vérité ? » Dis : « C’est Allah qui guide vers la vérité. Celui qui guide vers la vérité est-il plus digne d’être suivi, ou bien celui qui ne se dirige qu’autant qu’il est lui-même dirigé ? Qu’avez-vous donc ? Comment jugez-vous ainsi ? »[3] En effet, la vérité est ce qui profite dans l’absolu. Et la fausseté est, par déduction, ce qui n’existe pas par soi et qui ne profite absolument pas. Et, ce qui ne profite pas dans l’absolu nuit forcément s’il est finalisé, car en finalisant quelque chose qui ne profite que passagèrement, on s’expose à la souffrance résultante de cette finalisation de l’illusoire. Ainsi, le faux peut profiter dans l’instant tout comme la vérité peut nuire. Et, c’est par l’œil absolu que l’on peut distinguer le vrai du faux. Je fais allusion à l’œil éternel, l’œil de la croyance, l’œil du Coran. C’est pourquoi le prophète disait : « Le sage est celui qui se demande des comptes et qui agit en vue de ce qui est après la mort et l’incapable est celui qui poursuit ses passions et qui nourrit au sujet de Dieu de vains espoirs ».[4] Ainsi, l’être humain se doit de tendre vers la Vérité en délaissant la fausseté et ceci n’est possible que par la croyance, par la substitution de notre œil éphémère avec celui du Coran. Ainsi, le but de l’homme se situe dans l’effort à tendre vers Dieu par la croyance et le respect de Ses révélations et l’obstacle à son but se situe dans les plaisirs illicites. En effet, ne pas considérer l’avenir par la désobéissance à Dieu, c’est rendre absolument bon le plaisir instantané alors que dans la réalité un châtiment douloureux attend, après la mort, les transgresseurs. Fuir la fausseté pour tendre vers la vérité est une nécessité primordiale ! Car les choses naissent de leurs contraires. Aller vers l’Est, c’est s’éloigner de l’Ouest. Tendre vers la vérité, c’est par déduction surmonter le faux et le faux est un plaisir passager qui cache derrière lui une souffrance éternelle. La différence entre le mécréant et le croyant se situe dans le fait que le mécréant poursuit un mirage alors que le croyant poursuit ce qui est réel mais qui est invisible pour ses yeux de chair. La parabole qu’Allah utilise dans le coran pour mettre en évidence ce principe est la suivante : « Quant à ceux qui ont mécru, leurs actions sont comme un mirage dans une plaine désertique que l’assoiffé prend pour de l’eau. Puis quand il y arrive il s’aperçoit que ce n’était rien, mais y trouve Allah qui lui règle son compte en entier, car Allah est prompt à compter. »[5] Comprends, cher ami, que si tu ne t’armes pas de la foi tu ne pourras cheminer en direction de la vérité.



La repentance



Le témoignage sur lequel repose l’édifice entier de l’islam : « J’atteste qu’il n’y a pas de divinité en dehors de Dieu et j’atteste que Mohammed est le messager de Dieu » consiste pour le musulman à prendre conscience d’une certaine réalité, à savoir celle de l’unicité de la divinité de Dieu. La descente d’Adam et d’Eve du Paradis devait amoindrir cette prise de conscience de l’unicité de Dieu au point que l’intervention de messagers s’imposa. Ainsi, l’attestation de foi est une mise à l’épreuve de l’homme car cette dernière consiste à réaliser intérieurement ce qui est vrai extérieurement. Cette prise de conscience n’est point possible sans un péché de la part de l’homme car sans la souffrance résultant de l’éloignement par rapport à Dieu on ne pourrait prendre conscience du caractère véritable et unique de sa divinité. Toute l’affaire se résume par conséquent à parfaire la repentance car sans la repentance, la réalisation de l’unicité divine serait impossible, la repentance se traduisant par le retour vers la véritable divinité après le constat du caractère illusoire de la fausse divinité qui nous a mené à désobéir à Dieu. C’est pourquoi une tradition énonce : « Si vous ne péchiez pas, Allah vous anéantirait, pour faire venir une autre création qui pécherait et demanderait pardon et qui serait pardonnée. »[1] Ainsi, celui qui ne regrette pas son péché est injuste dans la mesure où il associe subtilement une divinité à son Seigneur puisque celui qui ne regrette pas la désobéissance a forcément dans son coeur une fausse divinité qui est supérieure à Allah car le regret est un sentiment qui exprime la sensation d’avoir manqué ce qui nous était essentiel. Le regret permet ainsi de hiérarchiser les fausses divinités que l’on a dans le cœur. Si l’on regrette d’avoir fait la prière qui a causé la perte de notre travail, c’est que l’argent est dans notre cœur supérieur à Dieu. De la même manière, si nous regrettons d’avoir transgressé une limite de Dieu comme le baiser d’une femme, c’est que dans notre cœur Dieu est supérieur à notre petite amie. C’est pourquoi Allah a dit : « Ceux qui ne se repentent pas voilà ceux qui sont injustes. »[2] Injuste, car celui qui ne se repent pas préfère la désobéissance à l’obéissance. Il est donc injuste dans la mesure où il s’oriente par ce qui ne mérite pas d’orienter au détriment de celui qui Le mérite réellement ! Toute la réussite se localise, par conséquent, dans le perfectionnement de la station de la repentance : « Et repentez-vous tous à Dieu. Peut être serez-vous heureux ! »[3] C’est pourquoi l’un des attributs divins est Al Tawab celui qui revient vers le pécheur repentant. Le prophète disait en effet : « Certes Dieu se réjouit du repentir de Son serviteur plus que ne se réjouit l’un de vous lorsqu’il retrouve par hasard son chameau après l’avoir perdu dans une terre désertique. »[4] Dans une autre version : « Dieu se réjouit certainement du repentir de Son serviteur quand il revient à Lui plus que se réjouit l’un de vous qui était sur sa monture dans une terre désertique. Elle s’échappe tout à coup en emportant sa nourriture et sa boisson. Il désespère de la revoir et s’allonge à l’ombre d’un arbre n’ayant aucun espoir de retrouver sa monture. Cependant qu’il était ainsi, voilà que sa monture se tient débout devant lui. Il la saisit par la bride et dit sous l’effet de la joie excessive : « Seigneur Dieu ! Tu es mon esclave et je suis Ton Seigneur » s’étant embrouillé tellement il était joyeux. » »[5] Cette parabole illustre pertinemment ce désir divin de voir l’homme, qu’Il a préféré à l’ensemble des créatures, revenir de son propre gré vers Lui, le cœur plein de remords après avoir renoncé à ce qui n’était pas Lui. C’est dans ce sens que l’on peut comprendre qu’Allah pardonne les péchés, même répétés, tant que chacun de ces derniers est suivi d’une repentance sincère qui humilie et brûle le cœur de regrets. Une sublime tradition fait état de cela : « Ô fils d’Adam ! Tant que tu m’invoques et espère en Moi ? Je te pardonnerai et ne m’en soucierai pas. Ô fils d’Adam ! Même si tes péchés atteindraient les nués du ciel et que tu me demanderais de te pardonner, Je te pardonnerai et ne m’en soucierai pas. Ô fils d’Adam ! Si tu venais à Moi avec la contenance de la terre en péché et que tu me rencontres sans m’associer une fausse divinité, je viendrai à toi avec sa contenance en pardon. » [6]Une épreuve est donc proposée à l’homme sur deux niveaux : au niveau de la croyance et au niveau de l’action. L’homme se doit de rétablir cette réalité à l’intérieur de lui-même par la croyance en Dieu et en ses plus beaux noms, ainsi qu’au niveau de l’action par l’obéissance à son prophète tout en sachant que cette vie sur terre tend à l’empêcher de réaliser son unicité divine. Son épreuve consiste ainsi à résister à l’orientation par des choses visibles qui s’opposent à son orientation par sa croyance en l’invisible, de même qu’il devra renoncer aux plaisirs instantanés illicites pour l’accomplissement d’actes d’adoration dont les plaisirs qui en découlent sont lointains. De ce qui précède nous pouvons déduire que la vie est une épreuve si elle est finalisée car Dieu a dit : « Ceux qui veulent la vie présente avec sa parure, nous les rétribuerons exactement selon leurs actions sur terre, sans que rien leur soit diminué. Ceux-là qui n’ont rien dans l’au-delà que le feu. Ce qu’ils auront fait ici-bas sera un échec et sera vain ce qu’ils auront œuvré. »[7] Dans un autre verset Allah dit : « Sachez que la vie présente n’est que jeu, amusement, vaine parure, une course à l’orgueil entre vous et une rivalité dans l’acquisition des richesses et des enfants. Elle est en cela pareille à une pluie : la végétation qui en résulte émerveille les cultivateurs, puis elle se fane et tu la vois donc jaunie ensuite elle devient des débris. Et dans l’au-delà, il y a un dur châtiment et aussi pardon et agrément d’Allah. Et la vie présente n’est qu’une jouissance trompeuse. »[8] Ainsi, le but de l’homme consiste à ne pas poursuivre ce qui est faux au détriment de la vérité en éternisant des plaisirs éphémères qui engendreront une souffrance éternelle. C’est d’ailleurs l’objectif de Satan que de nous emprisonner par les plaisirs illicites d’ici-bas: « Quand tout sera accompli, le diable dira : « certes Allah vous avait fait une promesse de vérité, tandis que moi je vous ai fait une promesse que je n’ai pas tenue. Je n’avais aucune autorité sur vous, si ce n’est que je vous ai appelés et que vous m’avez répondu. Ne me faites pas de reproches ; mais faites-en à vous mêmes : je vous renie de m’avoir jadis associé (à Allah). » Certes, un châtiment douloureux attend les injustes (les associateurs). »[9] Ainsi, nous devons vaincre nos besoins illusoires pour la satisfaction de notre besoin réel qu’est la quête du bonheur véritable et cela par la croyance en la vérité qu’est la vie après la mort. Percevoir le temps, c’est-à-dire agir en fonction des conséquences d’une action, a toujours été la clé de la réussite. Le mécréant qui ne croit pas en la vie après la mort ne voit pas l’intérêt de maîtriser ses désirs d’où l’échec cuisant qu’il subira outre tombe. Corneille chante la philosophie de la mécréance dans l’une de ses chansons : « vivre chaque jour comme le dernier. » Et le prophète de poursuivre avec pertinence : « Ce bas monde est la prison du croyant ainsi que le paradis du mécréant. »[10] Nous savons, par exemple, que l’homme ressent le besoin de satisfaire ses exigences primaires que sont : l’alimentation, le repos et la sexualité. Mais ces besoins ne doivent aucunement constitués des finalités car ils ne sont que des moyens par lesquelles nous devons tendre vers la fin qu’est le bonheur suprême. Une tradition divine énonce à ce sujet : « Ô fils d’Adam ! J’ai tout créé pour toi et je t’ai créé pour Moi. J’ai donc un droit sur toi : celui de ne pas te consacrer pour ce que j’ai créé pour toi au détriment de l’adoration que tu me dois. » De par ce récit nous pouvons soutenir que tous ce que la création contient ne sont que des moyens pour parvenir à la fin qu’est l’adoration de Dieu. C’est par la finalisation des moyens que l’on caractérise la voie par laquelle Satan égare les hommes. Se nourrir, se reposer et se reproduire ne sont pas des fins en soi mais uniquement des moyens pour assurer la pérennité de la vie. Et le moyen est toujours inférieur à la fin dans la mesure où l’intensité du plaisir est fonction de la proximité du but. C’est pourquoi vivre est supérieur à manger et si l’on devait choisir entre vivre en se privant de manger quelques jours ou mourir après un repas : on choisirait sans hésitation la vie à moins que l’on soit dépourvu de raison car une vie regorge d’une grande quantité de repas. Il en va de même, de celui qui néglige son au-delà pour poursuivre les plaisirs d’ici-bas car la vie est comparable à un pont qui ne va pas tarder à s’écrouler et que l’on doit traverser. De même que l’on ne construit par sa maison sur un pont, de même nous ne devons pas fonder nos espoirs en cette vie limitée car comme le rapporte une tradition : « Celui qui aime son au-delà nuit à sa vie présente et celui qui aime sa vie présente nuit à son au-delà. » Réalise, mon frère ou ma sœur dans la foi, que cette vie est une épreuve que tu dois surmonter au moyen de ta croyance et de l’action qui en découle. La sourate 103 mentionne effectivement : « Par le Temps ! L’homme est certes, en perdition, sauf ceux qui croient et accomplissent les bonnes œuvres, s’enjoignent mutuellement la vérité et s’enjoignent mutuellement l’endurance. » L’imam Shafi’i a dit, en ce qui concerne cette sourate, que si uniquement cette dernière aurait été révélé elle aurait suffit pour compenser le reste du coran !



La raison contre la passion



Il n’existe pas d’être humain qui n’aspire pas au plaisir en fuyant la souffrance, car le plaisir et la peine sont contraires. Aller vers une extrémité, c’est s’éloigner de l’autre. L’exercice des sens est déjà un plaisir dans la mesure où l’aveugle et le sourd souffrent de leurs déficiences respectives. La vie en soi est donc déjà un bienfait : « C’est Ainsi qu’Allah parachève sur vous son bienfait, peut être que vous vous soumettrez. »[1] De la sorte, l’homme aime ce qui procure de la jouissance à sa vue par sa beauté, ce qui procure de la jouissance à son ouïe par sa sonorité, ce qui procure de la jouissance à son odorat par son parfum et ce qui procure de la jouissance à son intelligence par sa véracité. En effet, l’intelligence est un sens qui permet à l’homme de jouir de choisir le meilleur de ce qu’il sait mais le meilleur des uns n’est pas forcément le meilleur pour les autres. C’est pourquoi, les gens se sont divisés dans la détermination du bonheur véritable. Le bonheur véritable est ce qui procure éternellement du plaisir à nos sens et le bonheur illusoire est ce qui n’en procure que passagèrement. Les gens varient donc dans la détermination des meilleurs plaisirs. Les uns pensent qu’ils se localisent dans la satisfaction des plaisirs corporels, les autres dans le pouvoir et la domination et enfin certains dans la contemplation et les réflexions intellectuelles. Il existe de toute évidence une norme dans la détermination du plaisir suprême car deux créatures identiques ont, par essence, la même finalité qui est de satisfaire leur auteur de la même manière que deux voitures ont pour but de transporter leur conducteur. Cette norme n’est accessible que par la raison qui a pour fonction de distinguer le vrai du faux, l’éternel de l’éphémère, l’infini du limité. C’est par la raison que l’homme peut donc hiérarchiser les plaisirs. En effet, sans la raison l’homme ne pourrait tendre vers le meilleur en abandonnant l’inférieur. N’est pas raisonnable celui qui préfère la pierre à l’or ! Encore faut-il posséder l’or pour pouvoir le préférer à la pierre. C’est, à mon avis, ce qui explique que la masse ne tend point vers Dieu car ayant oublié le plaisir de la foi. En effet, nous avons tous reconnu au cours du pacte pré existentiel Notre Seigneur et notre but n’est réalisable ici-bas qu’en opérant en nous même une effort de réminiscence : « Et quand ton Seigneur tira une descendance des reins des fils d’Adam et les fit témoigner sur eux-mêmes : « Ne suis-je pas votre Seigneur ? » Ils répondirent : « Mais si, nous en témoignons ». Afin que vous ne disiez pas, au jour de la Résurrection : « Vraiment, nous n’y avons pas fait attention. »[2] Une tradition énonce à ce sujet : « Au jour de la résurrection on dira au damné de l’Enfer : « Si tu possédais ce que la terre renferme comme richesse, t’en rachèterais-tu ? Certes, oui répondit-il. Dieu lui répliquera : « Je t’ai demandé une chose qui est plus simple que cela alors que tu te trouvais dans les reins d’Adam : celle de ne rien m’associer mais tu as préféré me reconnaître un égal ! »[3] Une autre tradition énonce : « Tout enfant naît selon la prime nature, ce sont ensuite ces parents qui font de lui, un juif, un chrétien ou un mage. »[4] C’est la focalisation sur les plaisirs d’ici-bas qui a fait oublier à l’homme son but. L’homme, de part son essence, tend vers le plaisir le plus intense. Et s’il devait choisir entre contempler un paysage ou écouter une mélodie et qu’il choisit d’écouter une mélodie, c’est que pour lui le plaisir d’écouter la mélodie est supérieur à celui de contempler un paysage. L’esprit ne peut pas se concentrer sur deux objets en même temps, c’est ce qui explique que l’homme délaisse toujours l’acte associé au plaisir inférieur afin de tendre vers l’accomplissement de l’acte associé au plaisir supérieur. Si l’écoute de la mélodie est supérieure au plaisir de la lecture alors on ne pourra pas saisir le sens d’un texte qu’on lit si notre voisin a mis de la musique. C’est pourquoi nous n’accordons pas d’importance aux exhortations et aux avertissements coraniques ! C’est parce que nous sommes trop préoccupé par la poursuite de nos passions ! En effet, ces dernières nous détournent de Dieu car elles sont sans fin puisque l’âme, incontestablement, ne se rassasie pas des plaisirs éphémères car ayant déjà connu l’infini. C’est pourquoi l’on a comparé l’âme à un tonneau percé que l’on peine à remplir. Un verset justifie cette thèse : « Ô toi, âme apaisée, retourne vers ton Seigneur, satisfaite et agréée ; entre donc parmi Mes serviteurs, entre dans Mon Paradis. »[5] Ainsi, la caractéristique de l’âme est qu’elle désire jouir des plaisirs instantanés sans se soucier des conséquences futures. C’est par la raison que l’homme peut vaincre son âme car la raison lui permet effectivement d’agir en fonction des conséquences d’une action. C’est pourquoi notre prophète a dit : « Nul d’entre vous ne sera véritablement croyant tant que ses passions ne seront pas soumises à ce qui m’a été révélé. »[6] Raison et passion sont donc contraires et l’âme obéira au vainqueur de ce perpétuel combat. Se confirme la parole du sage qui affirmait que l’homme possède une part angélique et une part bestiale lorsque sa raison l’emporte sur ses passions par l’obéissance à Dieu, il devient supérieur aux anges et lorsque ses passions l’emportent sur sa raison par la désobéissance à Dieu, il devient inférieur aux animaux. Ainsi, l’homme possède au plus profond de lui, cette inclination vers la transcendance car le fini ne peut le satisfaire. C’est pourquoi la finalisation des plaisirs limités l’asservira au point qu’il tournera en rond jusqu’à vider son existence de toute signification car les plaisirs sur terre sont éphémères. Ainsi, faire de la poursuite des plaisirs terrestres le but de notre vie c’est courir perpétuellement derrière ce qui dès qu’on l’attrape, disparaît ! Et l’on souffre naturellement de ne pouvoir saisir notre idéal. En effet, il y a deux formes de plaisir : un plaisir matériel cyclique qui disparaît après acquisition comme celui, par exemple, de manger qui disparaît après le rassasiement et un plaisir spirituel continu, qui, lui, s’intensifie après acquisition comme celui qui aspire à dominer et qui par l’enrichissement veut toujours étendre sa soif du pouvoir. Le prophète disait à ce sujet : « Si le fils d’Adam avait une vallée pleine d’or, il en souhaiterait une deuxième. »[7] Aucune de ces deux formes de plaisir n’apaisent le cœur de l’homme car insaisissables dans le sens où ils emprisonnent son quémandeur qui les poursuit jusqu’à sa mort sans jamais connaître la sérénité. Le but de l’homme est plus noble que de se confiner à saisir une ombre et il consiste à gérer ses deux dimensions, matérielle et spirituelle, qui le composent par la maîtrise de ses désirs illicites au moyen de la connaissance et de la croyance en la vérité. Ainsi, la voie qui mène vers Dieu consiste à s’opposer à l’âme bestiale par une lutte contre sa convoitise des plaisirs illicites. Un verset justifie ce principe : « Et pour celui qui aura redouté de comparaître devant son Seigneur et qui aura préservé son âme de la passion, le paradis sera son refuge. »[8] Ainsi, toute l’adoration est contenue dans l’opposition à la passion : « Ne suis pas la passion sinon elle t’égarera du sentier d’Allah. Et ceux qui s’égarent du sentier de Dieu auront un dur châtiment pour avoir oublié le Jour des comptes. »[9]



Le sacrifice de l’âme



La voie de la réalisation de l’unicité divine est donc une voie de sacrifices. En effet, celui qui décide de cheminer vers Dieu se doit de sacrifier ces attaches terrestres pour plaire à Dieu. Unifier Dieu consiste à placer l’intérêt de Dieu avant celui d’un autre, qui en notre intérieur ou extérieurement à nous, rivalise avec Lui. C’est exactement à ce niveau que se départagent les sincères et les hypocrites, les réformateurs et les beaux parleurs ! En effet, il y a une différence de taille entre une réalité extérieure et la réalisation de cette réalité à l’intérieur de nous-mêmes. Ce sont nos actes du cœur et du corps qui doivent témoigner de l’unicité divine et pas uniquement notre langue. La connaissance de l’unicité divine ne suffit donc pas, à elle seule, pour prouver la réalisation de cette dernière. Hassan al Basri disait à ce sujet : « La science est double : une science dans le cœur et c’est la science profitable et une science dans la langue et c’est elle qui témoignera contre le fils d’Adam si ce dernier ne l’a pas mise en pratique. » Ce n’est pas sans raison que le prophète a dit : « Certes, Allah ne regarde pas vos corps et vos images mais il regarde vos cœurs et vos actions. »[1] Ainsi, ce que Dieu veut de nous c’est que nous vérifions notre attestation de foi par nos actes et la purification de notre cœur. Allah est absolument parfait dans la réalité mais la particularité de l’homme est sa capacité à déformer la réalité des choses qui l’entourent. Ainsi, l’homme peut déformer la réalité de Dieu en l’imperfectionnant par sa croyance. Dieu est effectivement le seul digne d’être imploré, le seul digne d’être aimé, le seul digne d’être craint etc., et pourtant nous ne l’invoquons presque pas et nous aimons ou craignons des créatures plus que Lui ! Tout ceci révèle, quand bien même nos langues soutiendraient le contraire, que Dieu n’est pas véritablement l’unique divinité en nous-même et que d’autres idoles occupent la place qui lui revient de droit dans notre cœur ! On peut donc répéter n fois : « Il n’y a pas de divinité en dehors de Dieu » ou discourir des heures sur la connaissance du Tawhid sans pour autant être considéré comme un unificateur de Dieu. L’unificateur de Dieu est celui qui unifie Dieu par la négation de la divinité d’un autre que Lui et par l’affirmation de l’exclusivité de la Sienne et ceci n’est possible sans le sacrifice de l’âme. En effet, la première composante de l’attestation de foi : « Il n’y a pas de divinité en dehors de Dieu » consiste à renier la divinité d’un autre que Dieu et à affirmer simultanément l’exclusivité de cette dernière à Dieu. La jonction de la négation de la divinité d’un autre que Dieu et de l’affirmation de celle de Dieu est donc nécessaire à la réalisation de l’unicité de la divinité de Dieu. Prenons l’exemple de celui qui désire réaliser l’unicité d’une performance. Il faut non seulement qu’il ait réalisé cette performance mais il faut aussi s’assurer que personne en dehors de lui ne l’ait réalisé. De la même manière, nous devons adorer Dieu en s’assurant que rien, ni personne ne s’associe au culte qu’on lui doit. Et le témoin de cette unification se localise par conséquent dans le sacrifice. Le jeûne du mois de ramadan illustre mon propos. En effet, en se privant de la nourriture, de la boisson et des plaisirs charnels, le jeûneur témoigne que la volonté divine prédomine sur celle de son âme bestiale. C’est pourquoi Dieu a dit : « Il abandonne sa nourriture, sa boisson et ses désirs charnels pour Moi ! Le jeûne est pour Moi et c’est Moi qui le récompenserai. »[2] Un verset coranique met en évidence que le mérite est fonction du sacrifice : « C’est lui qui vous fait aller sur terre et sur mer, quand vous êtes en bateau. (Ce bateau) les emporta, grâce à un bon vent. Ils s’en réjouirent jusqu’au moment où, assaillis par un vent impétueux, assaillis de tous côtés par les vagues, se jugeant enveloppés (par la mort), ils prièrent Allah. Lui vouant le culte (et disant) : « certes, si Tu nous sauves de ceci, nous serons parmi les reconnaissants ! » Lorsque Il les a sauvés, les voilà, qui sur terre, transgressent injustement. Ô Gens ! Votre transgression ne retombera que sur vous-mêmes. C’est une jouissance temporaire de la vie présente. Ensuite, c’est vers Nous que sera votre retour, et Nous vous rappellerons alors ce que vous faisiez. »[3] En effet, il n’y a pas de mérite à revenir vers Dieu quand nous n’avons pas d’autre recours si ce n’est d’être plus méritant que celui qui dans une telle situation s’entête à espérer en la créature ! Ce que Dieu veut de nous, c’est qu’on le place avant tout, dans l’aisance comme dans la difficulté, et ceci n’est point possible sans le sacrifice qui témoigne de cette valorisation car on sacrifie toujours ce que l’on amoindrit par rapport à une autre chose qu’on élève. Le sacrifice d’Abraham illustre élégamment mon propos : « Puis quand celui-ci fut en âge de l’accompagner, (Abraham) dit : « Ô mon fils, je me vois en songe en train de t’immoler. Vois donc ce que tu en penses ». (Ismaël) dit : « Ô mon père, fais ce qui t’es commandé : tu me trouveras, s’il plaît à Allah, du nombre des endurants. »[4] Dans ce verset, nous voyons que Dieu a éprouvé son ami intime Abraham afin de vérifier si réellement il unifiait son Seigneur. C’était une épreuve pour Abraham ainsi que pour son fils Ismaël qui a su patienter d’une belle patience. Les exégètes mentionnent qu’Abraham est allé jusqu’à déposer la lame du couteau sur le cou de son fils mais ce dernier, par la volonté divine, ne coupait plus et l’on mentionne aussi qu’Ismaël a même demandé à son père de se servir de sa chemise comme linceul ! Voilà, des actes qui révèlent que Dieu est l’unique divinité ! C’est donc par le sacrifice que se réalise l’unicité divine et l’imam Ghazali a raison de poursuivre : « Sacrifie ton âme, l’essence est dans le sacrifice ! Si tu n’humilies pas ton âme par une lutte sincère contre ses caprices : tu n’illumineras pas ton cœur par les lumières de la connaissance. » En effet, le sacrifice n’est effectif qu’en la présence de l’obstacle qui a une attache dans notre cœur et qui peut donc obstruer la réalisation de l’unicité divine c’est-à-dire la conquête totale de notre coeur par Dieu. C’est pourquoi Allah a dit : « Et par l’âme et celui qui l’a harmonieusement façonné ; et lui a inspiré son immoralité, de même que sa piété ! A réussi, certes, celui qui la purifié. Et est perdu, certes, celui qui la corrompt. »[5]



La prophétie et l’innovation



Puisque Allah est inaccessible en soi dans la demeure de la précarité car étant notre but et puisque tout but demande à son aspirant une totale soumission, il apparaît nécessaire qu’Allah nous envoie des messagers par lesquels nous allons exprimer notre docilité. Après avoir expulsé Adam et son épouse du Paradis, Allah leur dit effectivement : « Nous dîmes : « Descendez d’ici, vous tous ! Toutes les fois que Je vous enverrai un guide, ceux qui (le) suivront n’auront rien à craindre et ne seront point affligés. » Et ceux qui ne croient pas (à nos messagers) et traitent de mensonge Nos révélations, ceux-là sont les gens du feu où ils demeureront éternellement.»[1] En effet, le but ne s’atteint que par le moyen adéquat. Ainsi, l’attestation de foi : « Il n’y a pas de divinité en dehors de Dieu et Mohammed est son messager » signifie qu’il n’y a pas de but final si ce n’est Allah et le seul moyen d’y parvenir est l’obéissance à son ultime prophète Mohammed. C’est pourquoi Allah nous interpelle : « Ô les croyants ! Craignez Allah, cherchez le moyen de vous rapprocher de Lui et luttez pour Sa cause. Peut être serez-vous de ceux qui réussissent. »[2] De ce principe découle la nécessité d’obéir scrupuleusement aux prophètes. En effet, toute aspiration vers un but engendre la soumission naturelle à celui qui nous permettra d’atteindre ce dernier. Le prophète soutenait effectivement : « Celui qui obéit à mon Emir m’a certes obéit et celui qui m’obéit à certes obéit à Allah. Et celui qui désobéit à mon Emir m’a certes désobéit et celui qui me désobéit a certes désobéit à Allah. »[3] Et Allah a dit : « Quiconque obéit au Messager, obéit certainement à Allah. Et quiconque tourne le dos... Nous ne t’avons pas envoyé à eux comme gardien. »[4] C’est pourquoi, ceux qui n’ont pas suivit le prophète : « Le jour où leurs visages seront tournés dans le Feu, ils diront : « Hélas pour nous ! Si seulement nous avions obéi à Allah et obéi au Messager ! »[5] Ainsi, Allah nous a donné un témoin, permettant de mesurer la réalisation de notre unicité divine : c’est notre respect des directives prophétiques. En effet, un verset du coran énonce : « Dis : « Si vous aimez vraiment Allah, suivez-moi, Allah vous aimera alors et vous pardonnera vos péchés. Allah est Pardonneur et Miséricordieux. »[6]Ainsi, réaliser l’unicité divine consiste à se comporter avec les créatures de la manière qui plaît à Dieu, en prenant le prophète pour modèle. La religion repose donc sur deux principes essentiels : -Que l’on adore Dieu sans rien lui associer-Et qu’on L’adore par ce qu’Il a légiféré et pas par l’innovation. L’innovation (bid’a) consiste, en effet, à rajouter une voie autre que celle tracée par le prophète dans le domaine religieux, dans le but d'adorer Dieu. Ainsi toute acte d’adoration par lequel on prétend adorer Dieu et qui ne trouve pas de justification dans les sources scripturaires de l’islam est une innovation frappée de nullité et de malédiction. Puisque l’innovation est une notion étroitement liée à l’association d’une divinité à Dieu car celui qui innove dans le culte se standardise dans ce qui plait à Dieu. Dans la langue arabe le sens de bid’a (innovation) est d’instituer, de former, de créer sans modèle ou sans appui scripturaire. C’est pourquoi il est dit dans le coran : « Il est le Créateur (Badi’) des cieux et de la terre à partir du néant »[7], c’est-à-dire sans modèle. Et le prophète de s’exclamer : « Je ne suis pas une innovation parmi les messagers. »[8] Dans le sens où son message n’était point nouveau puisqu’il ne faisait que confirmer les révélations antérieures voire les parachever. Comme l’atteste cette prophétie de Jésus : « J’ai encore bien des choses à vous dire mais vous ne pouvez les porter maintenant, lorsque viendra l’Esprit de vérité, il vous fera accéder à la vérité toute entière. »[9] Il faut toutefois bien distinguer le sacré du profane. Le prophète a dit : « Quiconque fait quelque chose que nous n’avons pas ordonné, sa pratique est rejetée ».[10] L’innovation qui est blâmée ici est celle qui concerne l’institution d’une pratique religieuse régulière par laquelle on pense se rapprocher de Dieu et qui n’a été imposé ni par Dieu, ni par son prophète, ni par l’un de ses califes orthodoxes. Le prophète a explicitement dit : « Toute innovation est égarement »[11], ce qui nous impose de condamner de manière absolue l’innovation en général. Or les partisans d’une innovation louable s’appuie sur cette parole de Omar qui a dit au sujet de l’institution de la prière de Tarawhid : « Quelle belle innovation ! » Alors que le compagnon n’a rien fait d’autre que de revivifier une pratique abandonnée par le prophète. Il faut savoir que la sunna et la bid’a sont d’un point de vue linguistique deux synonymes alors que d’un point de vue légal : la sunna est la voie qu’ont empruntéé le prophète et ses compagnons et à l’opposé, la bid’a c’est ce qui contredit cette voie. Ainsi, Omar a utilisé le terme bid’a dans son sens linguistique et pas dans son sens légal. D’autres se fondent sur cette tradition afin de légitimer leur innovation : « Celui qui appelle à une bonne voie se voit attribuer l’égal du salaire de tous ceux qui la suivent sans pour autant rien diminuer de leurs propres salaires et celui qui appelle à une voie d’égarement se voit infliger l’égal des péchés de tous ceux qui la suivent, sans pour autant rien diminuer de leurs propres péchés. »[12] Alors que le sens de ce récit vise : « celui qui revivifie une pratique déjà instituée dans les sources », ce que le contexte de ce récit témoigne. En effet, c’est à la suite de l’invitation par un compagnon à faire une aumône et qui, d’ailleurs, fut suivi par un grand nombre de personnes, que le prophète a énoncé ces paroles. Toute différenciation par rapport à la voie tracée par notre prophète au niveau du culte est rejetée. Car l’innovation tire son origine de l’adoption d’une divinité autre que Dieu car l’adoration consiste à satisfaire Allah par l’obéissance à ses directives en calquant notre comportement sur celui de son ultime prophète. Nous concluons que celui qui se différencie en toute conscience de la voie tracée par notre prophète dans le culte que l’on doit vouer à Dieu n’est qu’un innovateur frappé de la malédiction divine.



Le Taghout



Tout but possède un obstacle car sans obstacle le but n’est plus un but. L’obstacle se localise, d’une manière générale, dans la distance qui nous sépare du but. La distance qui nous sépare de notre bien aimé n’est-elle pas un obstacle à la réalisation de l’amour ? La nature des obstacles est relative à leur aptitude à nous éloigner de notre but. Tout ce qui nous éloigne, par conséquent, de notre but sont des obstacles. L’obstacle par excellence à l’adoration de Dieu, qui est la finalité de l’homme, est de toute évidence : le diable : « Ne vous ai-Je pas engagés, enfants d’Adam à ne pas adorer le Diable ? Car Il est vraiment pour vous un ennemi déclaré, et (ne vous ai-Je pas engagés) à M’adorer ? Voilà, un chemin bien droit. »[1] Puisque tout but a un obstacle et que l’obstacle est ce qui nous empêche de réaliser notre but alors la réalisation du but consiste à joindre simultanément l’avancement vers le but et l’éloignement de l’obstacle. Un verset confirme cette assertion : « Nous avons envoyé dans chaque communauté un messager (pour leur dire) : « Adorez Allah et écartez-vous du Taghout. »[2] Il est inconcevable d’atteindre un objectif si l’on ne s’éloigne pas simultanément de tout ce qui nous empêche d’atteindre ce dernier.A partir des versets précités, nous pouvons mettre en relief qu’adorer Dieu implique l’affirmation exclusive de la divinité d’Allah et la négation simultanée de la divinité d’un autre que Lui. On ne peut pas aller dans deux endroits différents en même temps à moins qu’ils soient dans une même direction ! Ainsi, diviniser quelque chose, c’est aspirer à tendre vers cette chose, c’est faire de cette chose le centre de notre vie, celui qui donne un sens à nos mouvements et par qui nous sommes tristes ou joyeux. Le terme Taghout correspond à la fausse divinité prise pour référence en dehors de Dieu car le Taghout est celui qui est satisfait d’être pris pour une référence en matière de jugement en opposition aux directives de la révélation. C’est pourquoi Allah a dit au sujet des juifs et des chrétiens : « Ils ont pris leurs rabbins et leurs moines, ainsi que le Christ fils de Marie, comme Seigneurs en dehors d'Allah. »[3]Car ils les ont pris pour normes quand ils déclaraient licite ce qui était illicite et illicite ce qui était licite. En ce qui concerne Jésus l’adoration consista a le prendre pour une divinité par la croyance et à l’adorer, car lui n’a pas dépassé ses limites de prophète. Il n’était une divinité que par rapport à eux. Le Coran l’atteste : « (Rappelle-leur) le moment où Allah dira : « Ô Jésus fils de Marie, est-ce toi qui as dit aux gens : « Prenez-moi, ainsi que ma mère, pour des divinités en dehors d’Allah ? » Il dira : « Gloire et pureté à Toi ! Il ne m’appartient pas de déclarer ce que je n’ai pas le droit de dire ! Si je l’avais dit, Tu l’aurais su, certes, Tu sais ce qu’il y a en moi, et je ne sais pas ce qu’il y a en Toi. Tu es en vérité, le grand connaisseur de tout ce qui est inconnu. Je ne leur ai dit que ce que Tu m’avais commandé, (à savoir) : « Adorez Allah, mon Seigneur et votre Seigneur ». Et je fus témoin contre eux aussi longtemps que je fus parmi eux. Puis quand Tu m’as rappelé, c’est Toi qui fus leur observateur attentif. Et tu es témoin de toute chose. »[4] Ibn Al-Qayyim définit élégamment le terme Taghout par: « Toute chose qui a dépassé ses propres limites parmi les choses adorées, suivies ou obéies. Ainsi, le Taghout de la plupart des gens est celui qu'ils prennent pour juge en dehors d'Allah et de Son Prophète, ou l'adore en dehors d'Allah, ou le suivent sans prendre aucune considération des jugements divins, ou lui obéissent sur une question dont ils ne savent pas que c'est une obéissance (exclusive) à Allah ». Il ajoute : « Quiconque ne juge pas ou ne se tourne pas vers ce que les Messagers d'Allah ont apporté en matière de jugement, suit finalement une (fausse) divinité ».[5]Moudjahid additionne ceci : « Le Taghout est Satan qui a pris la forme d'un homme auprès duquel les gens se tournent afin qu'il juge et qu'ils le suivent ». Ainsi, à chaque instant de sa vie l’homme possède nécessairement une divinité qui donne un sens à son mouvement et par laquelle il s’oriente. Le but de l’islam consiste à affirmer l’exclusivité de la divinité de Dieu, en reniant le caractère directeur des fausses divinités qui désirent s’accaparer les mouvements des hommes. Le dessein d’une ligne droite qui mène à Dieu et qui contient de nombreuses intersections qui mènent vers des diables, résume pertinemment le principe qui soutient que l’éloignement volontaire, en toute conscience par rapport à la voie prophétique est la conséquence de la recherche de la satisfaction du Taghout. Conclus que si tu t’éloignes de la voie prophétique, tu empruntes forcément une voie qui te mène vers un diable !



La religion



Si toute œuvre a pour finalité de satisfaire la volonté de son Auteur alors le but de l’homme se localise dans la recherche de la satisfaction de Dieu car Il est le Créateur de toute chose. C’est, effectivement, le sens du terme adoration : « Je n’ai crée les djinns et les hommes que pour qu’ils M’adorent »[1], c’est-à-dire pour : « qu’ils recherchent à Me satisfaire. » Prenons l’exemple de la voiture qui est une fabrication de l’homme. Et bien, nul doute que sa finalité est de satisfaire son auteur, c’est-à-dire l’homme, par la satisfaction de sa volonté en le véhiculant là où ce dernier aspirera. Nous savons aussi que la subsistance de la créature est assurée par son Créateur ce qui implique que cette dernière doit se soumettre naturellement à la volonté de son Créateur. C’est pourquoi Allah a dit : « Ô vous les hommes ! Vous êtes les indigents ayant besoin d’Allah et c’est Allah, Lui qui se dispense de tout et Il est le digne de louange. »[2] L’homme a besoin de Dieu dans la mesure où il est une créature de Dieu. Et, c’est donc Allah qui subvient à ses besoins d’une manière exclusive : « Ô hommes ! Rappelez-vous le bienfait d’Allah sur vous : existe-t-il en dehors d’Allah, un créateur qui du ciel et de la terre vous attribue votre subsistance ? Point de divinité à part Lui ! Comment pouvez-vous vous détourner ? »[3] Effectivement, ce qui ne créé pas est forcément une créature et une créature ne subvient pas à ses besoins dans la mesure où elle est dépendante de son Créateur. Ainsi, il apparaît déraisonnable de se soumettre à ce qui ne peut s’octroyer les propres bienfaits qu’il octroie aux autres. Quand est-il de ce qui n’apporte aucun bienfait comme une statue par exemple ? Si une créature ne peut profiter soi-même du bienfait qu’elle octroie aux autres, c’est qu’elle a été créée à cet effet, c’est-à-dire qu’elle est un moyen et pas une fin. Il est donc absurde de se soumettre à ce qui est, par nature, à notre service au détriment de la servitude que l’on doit à celui qui nous a assujettit la création. Une tradition divine énonce à ce sujet : « Ô fils d’Adam ! J’ai tout créé pour toi et je t’ai créé pour Moi. J’ai donc un droit sur toi, celui de ne pas t’occuper de ce que J’ai créé pour toi au détriment de l’adoration que tu me dois. » A travers ce récit, nous pouvons encore mettre en évidence que l’homme s’il n’adore pas Dieu adore forcément un moyen. La fin de l’homme est l’adoration de son Créateur et le péché de l’homme se situe donc dans l’adoration des moyens que Dieu a mis à son service. Adorer Dieu, c’est utiliser les moyens qui nous permettent de tendre vers Dieu. Et ce moyen doit nécessairement avoir une preuve car les associateurs justifiaient leur culte de la manière suivante : « Nous ne les adorons que pour qu’ils nous rapprochent davantage d’Allah. »[4] Ainsi, l’argument des associateurs n’a aucun fondement rationnel car l’homme ne peut pas avoir deux finalités en même temps ! Si la fin de l’homme est d’adorer Dieu, on ne peut réaliser cette fin en adorant un autre que Lui. Est-il sensé celui qui se trouve entre Lyon et Marseille et qui affirme qu’il va à Marseille et à Lyon en même temps ? Reste à déterminer le moyen licite car, en effet, le moyen par lequel nous devons nous rapprocher de notre Seigneur doit être établi par notre Seigneur lui-même. D’où la nécessité de se soumettre à la volonté de Dieu par le respect de ses prescriptions au moyen de l’obéissance à ses messagers car Satan nous guette, à chaque instant, pour nous faire adorer ce qui ne le mérite pas. Selon Ibn Qayyoum: « L’adoration réunit deux principes essentiels : l’extrême amour avec le maximum d’humilité et de soumission. Du reste, les arabes disent d’une voie qu’elle est mu’abbada, c’est-à-dire aplatie et rendue praticable. Et le mot arabe al Ta’abbud signifie l’humilité et la soumission. Ainsi, lorsque tu aimes quelqu’un sans te soumettre à lui tu ne peux l’adorer, et si tu te soumets à lui sans amour tu ne l’adores pas non plus, puisque tu n’es pas un amant soumis. »[5] En effet, l’homme est un être besogneux par nature dans le mesure où il ne peut se suffire à lui même. Et l’amour consiste, exactement, à tendre vers ce dont on a besoin. Et, on aime naturellement celui ou celle que l’on juge capable de satisfaire notre besoin d’où, découleront les sentiments de la soumission et de l’humilité, puisque l’on s’incline toujours devant celui ou celle qui a le pouvoir de nous faire atteindre notre but. La religion est un terme qui rassemble en son sein l’ensemble des mouvements de l’homme imposés par sa divinité. C’est donc un mode de vie instituée par une idole qui peut s’imposer à un individu tout comme à une société. Elle comporte ainsi des obligations et des interdits. Ainsi, il ne faut pas croire que la religion regroupe uniquement des actes cultuels tels que la prière ou le jeûne. En effet, celui qui n’a pas l’islam pour religion a nécessairement une autre religion. C’est pourquoi Allah dit : « Il en est ainsi parce que ceux qui ont mécru ont suivi le Faux et que ceux qui ont cru ont suivi la vérité émanant de leur Seigneur. »[6] Ne considérant pas l’avenir, la religion du faux prône une poursuite des plaisirs ici-bas et s’oppose à toute orientation par des croyances transcendantes. Cette poursuite des plaisirs instantanés anesthésie l’intelligence et transforme l’homme en un animal qui n’a d’autre but que de satisfaire ses instincts bestiaux. C’est le retour à la maxime ancienne de la Grèce antique : « L’homme est le centre et la mesure de toute chose. » Le désordre qu’engendre, au niveau individuel, cette religion de la fausseté est notoire. Cette fausse religion prône, effectivement, la libération des désirs. Au nom d’une liberté illusoire, elle appelle à se détacher de tout interdit transcendant par une soumission au plaisir instantané. Elle est exactement l’opposé de l’islam. En effet, celui qui se libère de l’obéissance à Dieu ne fait rien d’autre que de se soumettre à des idoles que ces dernières soient : le Taghout, l’argent, le sexe ou le regard des gens. L’islam n’est autre que la religion de vérité en dehors de laquelle il n’y a pas de religion acceptée : « Et quiconque désire une religion autre que l’islam, ne sera point agrée, et il sera, dans l’au-delà, parmi les perdants. »[7]Et celui qui n’a pas l’islam pour religion a certes une religion fixée par sa divinité et cette dernière est son mode de vie qui contient de toute évidence des ordres et des interdits comme par exemple l’obligation de la jupe ou l’interdiction de la barbe pour ceux qui divinise le travail ou le regard des gens. La sourate 109 illustre pertinemment mon propos car dans cette sourate, il est mentionné que même les mécréants ont une religion : « Dis : « Ô vous les mécréants ! Je n’adore pas ce que vous adorez. Et vous n’êtes pas adorateurs de ce que j’adore. Je ne suis pas adorateur de ce que vous adorez. Et vous n’êtes pas adorateurs de ce que j’adore. A vous votre religion et à moi ma religion. » Cette sourate met bien en évidence l’opposition entre le « Je » et le « Vous », condamnant de ce fait le complexe d’infériorité qui résulte de la supériorisation des valeurs de la majorité sur nos propres valeurs. La quantité n’est, pour le musulman, pas un critère de puissance ou de véracité. En effet, celui qui délaisse la religion musulmane pour l’adoption de la mode environnementale témoigne par cet agissement de la supériorité en son cœur de la crainte de l’illusoire divinité qu’est le regard de la masse sur celle qu’il a d’Allah ! Le « Je ne suis pas adorateur de ce que vous adorez. Et vous n’êtes pas adorateurs de ce que j’adore » signifie : « je ne cherche pas par mes actes à satisfaire votre divinité tout comme vous ne cherchez pas par vos actes à satisfaire la Mienne. » Ainsi, l’essence de l’islam est de s’incliner devant les prescriptions divines. C’est pourquoi Ibn Abbas interprétait « le dépôt » de la sourate 33 par « l’obéissance ». En effet, toutes les destinations ont des itinéraires qui mènent vers elles. Et qu’est-ce qu’un itinéraire, si ce n’est un ensemble de chemins qu’il faut emprunté ou délaissé. Il est obligatoire à celui qui désire se rendre en un lieu, de respecter l’itinéraire qui mène vers ce dernier. Et puisque il est obligatoire de respecter l’itinéraire, il est par déduction interdit de le transgresser. Il existe donc une multitude de chemins qui mène vers l’unique divinité qui est fonction du lieu de ceux qui aspirent à Allah. Tous les chemins qui n’ont pas pour fin Allah et qui ne sont pas conformes à la voie prophétique ne sont que des fausses religions. Saisis, cher ami, que si tu n’as pas l’islam comme religion c’est que tu as nécessairement une autre religion.



La sincérité et la science



L’imam Ghazali nous apporte une image pertinente qui révèle que la restriction de la science est l’un des deux facteurs qui mènent à l’égarement. En effet, si plusieurs individus, ignorant ce qu’est un éléphant, se trouvant dans une pièce obscure où se trouve un éléphant et que chaque individu se doit de déterminer ce que c’est, et bien, chacun à cause de sa perception limitée donnera une description différente de son camarade. Le second facteur est le manque de sincérité car celui qui n’est pas sincère ne peut tendre vers le meilleur de ce qu’il sait. Ainsi, la science et la sincérité sont les deux facteurs qui mènent à la vérité car on peut être sincère mais d’une connaissance restreinte qui n’englobe pas la vérité et l’on peut connaître la vérité sans y aspirer à cause de l’absence de sincérité. Foudaïl Ibn ‘Iyad disait qu’une œuvre n’est acceptée par Dieu, que si elle est conforme à la sunna du prophète et réalisée en toute sincérité. En effet, à l’imitation d’une destination à atteindre, nous nous devons de respecter l’itinéraire et de tendre vers la destination. Il n’est pas suffisant d’être dans le bon itinéraire, de même qu’il n’est pas suffisant d’aspirer à la destination. Il faut joindre :-l’aspiration à la destination-et le respect de l’itinéraireRéaliser le Tawhid, c’est par conséquent tendre vers la satisfaction divine en calquant notre conduite sur celle du prophète. C’est pourquoi, le prophète traça un trait au sol et à la gauche et à la droite de ce même trait d’autres traits et ajouta : « Ce trait que voici est la voie d’Allah et les traits qui sont à sa gauche et à sa droite sont les multitudes de voie à l’extrémité desquelles se trouvent un diable qui y appelle ». Et, ensuite il récita le verset : « Et voilà Mon chemin dans toute sa rectitude, suivez-le et ne suivez pas les sentiers qui vous écartent de Sa voie. » Voilà ce qu’Il vous enjoint. Ainsi atteindrez-vous la piété. »[1] Ibn Qayyoum interprétait le verset suivant : « Qui donc professe une meilleure religion que celui qui se soumet à Dieu, celui qui fait le bien »[2], en soutenant que : « La soumission désigne ici la pureté du dessein et l’œuvre pour Dieu. Quant à faire le bien, cela signifie suivre le prophète et sa Sunna ». Il interprétait de même le verset suivant : « Nous avons considéré les œuvres qu’ils ont accomplies, Nous n’avons trouvé que de la poussière disséminée »[3], en affirmant : « Il s’agit des œuvres qui n’étaient pas conformes à la Sunna ou qui n’étaient pas exclusivement vouées à Dieu. »[4]Les savants ont divergé sur la définition de la sincérité. Certains ont soutenu que la sincérité consiste à purifier l’acte de toute considération pour les créatures. On a aussi dit que la sincérité c’est quand l’extérieur est égal à l’intérieur car la duplicité c’est avoir un extérieur supérieur à l’intérieur. On a demandé à Sahl : « Qu’est-ce qui est le plus dur pour l’âme ? » Il a rétorqué : « La sincérité car elle n’y prend aucune part ». En effet, la sincérité c’est de vouer le culte à Dieu en ne recherchant que sa satisfaction c’est-à-dire en se dépouillant de la recherche de tout intérêt mondain. C’est pourquoi Al Foudail Ibn ‘Iyad disait : « cesser d’agir pour plaire aux gens c’est de la duplicité et agir pour les gens c’est de l’associationnisme. Etre sincère c’est que Dieu te préserve de ces deux méfaits. » Mais la sincérité est insuffisante pour réaliser le but car l’action d’être sincère est assimilable à l’action d’orienter tel l’archer qui oriente sa flèche vers la cible. Sans la connaissance qu’est ici la vue, la sincérité ne pourra porter ses fruits. En effet, la restriction de la vue diminue à l’archer les chances d’atteindre la cible. C’est pourquoi l’étude de la science est une obligation selon l’énonciation d’une tradition célèbre : « La demande de la science est une obligation pour tout musulman et toute musulmane. » Reste à s’assurer de l’authenticité de la connaissance car j’ai rencontré beaucoup de gens sincères qui, hélas, appartenaient à des sectes égarées, faute d’avoir des références authentiques. Un verset du coran fait allusion à la perte de ceux qui étaient sincères malgré leur ignorance : « Dis : « Voulez-vous que Nous vous apprenions lesquels sont les plus grands perdants en œuvres ? Ceux dont l’effort, dans la vie présente, s’est égaré, alors qu’ils s’imaginaient faire le bien. »[5] En effet, beaucoup se contentent de croire aux informations du premier prédicateur et n’exercent pas leur raison par la confrontation avec les étalons véritables que sont : le coran et la sunna authentique. C’est pourquoi le désintéressement par rapport à la quête de la science authentique et à la réflexion est une forme de mécréance et que toutes les sectes égarées ont pour principe d’enfermer l’intelligence de leurs adeptes. L’on comprendra ainsi les brûlants regrets des gens de l’enfer qui diront : « Si nous avions écouté ou raisonné, nous ne serions pas parmi les gens de la fournaise. »[6] Ainsi la quête de la science est fondamentale dans l’Islam car par la science on cherche à connaître celui que l’on aime, celui en qui l’on place notre espoir. L’homme dans sa nature cherche toujours à connaître la voie qui le mènera vers l’idéal qui donne un sens à son existence. Il faut savoir que l’attestation de l’unicité divine est reliée à la connaissance puisqu’un verset énonce : « Sache qu’il n’y a pas de divinité en dehors d’Allah et demande pardon pour ton péché. »[7] Ibn Abbas disait : « Le faqih a auprès de Dieu plus de valeur que 1000 dévots » car Satan n’a d’emprise que sur un ignorant car il égare au moyen d’insufflations et l’esprit vide se remplit naturellement et standardise les inspirations qui le pénètrent et débouche ainsi sur des aspirations contraires à l’idéal islamique. Mais précisons que la science véritable n’est pas conciliable avec un cœur dépouillé de la parure de la foi car vous pouvez trouver des gens de science qui pensent « savoir » alors qu’ils sont par leur mauvais comportement de grands ignorants. « Si tu rétorques dit Ghazali : Que d’étudiants de mauvaise moralité ont accédé à la science ! Tu es loin de comprendre ce qu’est la vraie science religieuse qui entraîne vers le bonheur. Ce qu’un homme de mauvaise moralité peut acquérir, ce sont des mots agencés tantôt par sa langue, tantôt par son cœur. Ce n’est qu’une répétition de mots creux. Si la lumière de la science s’était manifestée dans son cœur, ses mœurs se seraient reformées. C’est que le plus bas degré de la science, c’est reconnaître que les péchés sont des poisons mortels qui détruisent la vie éternelle. Or, a-t-on vu quelqu’un prendre inconsciemment du poison en sachant ce que c’est ? »[8] En effet, selon Ibn Jaousy : « La science est la compréhension des principes de la croyance. » Pour l’imam Malik : « La science ne se localise pas dans l’abondance des connaissances des chaînes de transmission mais c’est une lumière que Dieu imprime dans le cœur. » C’est pourquoi l’on a aussi dit que : « Celui qui n’est pas sincère n’intensifie que sa vanité et son orgueil par l’élargissement de son savoir. » Ainsi, celui à qui Dieu joint la science et la sincérité a été gratifié d’une énorme faveur ! En effet, par sa sincérité il tendra vers le meilleur de ce qu’il sait et donc plus il augmentera son savoir plus il se rapprochera du but par la pratique de ce qu’il sait. C’est le manque de sincérité qui nous empêche de mettre en pratique notre savoir car le sincère est celui qui a placé son intérêt en Dieu. Sache donc, cher ami, que si tu ne progresses pas dans la voie qui mène vers Dieu c’est que tu régresses forcément car il n’y a pas de stagnation dans l’islam et celui qui régresse dans la religion révèle qu’en son cœur se trouve un autre que Dieu !



Les deux plans de la réalisation de l’unicité divine



Selon Jounayd Al Baghdadi : « le Tawhid consiste à faire l’absolue distinction entre le contingent et l’éternel ». Cette distinction indiquée par al Jounayd est, selon Ibn Qayyoum, de deux sortes : -Le premier : distinguer l’Eternel sur le plan de la croyance et de l’information. Ceci comporte deux aspects : d’une part affirmer la distinction du Seigneur par rapport aux créatures ainsi que sa prééminence sur son Trône au dessus des sept cieux, conformément à ce que rapportent les Livres divins et tous les messagers du premier au dernier ; d’autre part Lui réserver à Lui Seul les qualités de perfection et les affirmer en détail comme Il les a affirmées Lui-même sans aucune négation ou ressemblance ou altération.-Le deuxième : distinguer l’Eternel par rapport au contingent sur le plan du culte par rapport à l’adoration, l’amour, la crainte, l’espérance, la vénération,l’invocation, la conversion, la repentance, le Tawakkul, etc…[1]

Le Tawhid consiste donc à attribuer à Dieu la perfection par la croyance et à attribuer à Dieu la perfection de l’adoration par la soumission du cœur et du corps à Sa Volonté. Ainsi le Tawhid se réalise à deux niveaux :

 

-La croyance et l’information que l’on nomme seigneurie c’est-à-dire rouboubiyya

-L’action et l’intention que l’on nomme divinité c’est-à-dire oulouhiyya

 

Puisque le Tawhid se réalise sur deux plans alors l’association s’effectue également sur deux plans. L’association est le contraire du Tawhid et elle consiste à imperfectionner Dieu en reniant l’exclusivité de ses attributs de perfection ceci en partageant, par exemple, l’une d’elle avec l’une de Ses créatures en croyant par exemple qu’une pierre ou une amulette puissent porter bonheur ou tout simplement croire que le pouvoir de guérir est entre les mains du médecin ! En effet, comme le précise Ibn Taymiyya : « Se tourner entièrement vers les causes secondes (en pensant qu’elle sont les causes premières de leurs effets) est une forme d’association et renier que les causes secondes sont des causes est une déficience au niveau de la raison et se détourner des causes secondes dans la totalité est une opposition (Qadhoun) à sa Loi. Le serviteur doit placer sa confiance en Dieu, ne viser par ses invocations et ses demandes que Dieu, et n’aspirer qu’à Dieu le Très Haut (sans se détourner des causes secondes).»[2]L’association au niveau du culte consiste à finaliser autre chose que la satisfaction divine en vouant, par exemple, le culte telle que l’invocation ou la prosternation à un autre que Dieu. Il existe deux formes d’association : la grande association et la petite association. Lorsque l’association dans la Seigneurie atteint la moitié ou plus alors son auteur est mécréant et a quitté l’islam, quand, par exemple, l’individu pense que des statues administrent la terre en leur attribuant par la croyance l’attribut de l’Administrateur supérieurement à Dieu. Et, pareillement pour l’ensemble des attributs seigneuriaux, tels que : Le Pourvoyeur, Le Bienfaiteur, Le Créateur, Le Dominateur, Celui qui possède le pouvoir de nuire et de profiter, Le Protecteur etc.. Lorsque l’individu attribue par la croyance l’une de ces qualités parfaites exclusivement réservées à Dieu, à l’une de ses créatures, d’une proportion supérieure à Dieu alors ce dernier est un grand associateur qui s’éternisera en Enfer s’il meurt dans cet état. En ce qui concerne la grande association au niveau de la divinité, elle consiste à placer un égal ou un supérieur à Dieu dans le culte qu’on doit lui vouer en toute exclusivité. Et le culte se partage en deux plans : celui du cœur et du corps. Pour ce qui est du domaine du cœur : lorsque l’on aime, craint ou espère un autre que Dieu supérieurement ou égal à Lui alors on associe d’une grande association. C’est pourquoi Allah a dit : « Parmi les hommes, il en est qui prennent, en dehors d’Allah, des égaux à Lui, en les aimant comme on aime Allah. Or, les croyants sont les plus ardents en l’amour d’Allah. »[3] Ainsi lorsqu’un acte du cœur est supérieurement ou également voué à un autre que Dieu alors il s’agit d’une grande association qui fait sortir de l’islam. Pour ce qui est des actes corporels, la grande association consiste à vouer un acte d’adoration réservé à Allah à un autre que Lui comme la prière, le jeûne ou la prosternation. On peut aussi classer dans cette forme d’association le fait de se consacrer entièrement à la recherche de l’argent. C’est pourquoi Allah a dit : « Ceux qui veulent la vie présente avec sa parure, Nous les rétribuerons exactement selon leurs actions sur terre, sans que rien leur en soit diminué. Ceux-là qui n’ont rien, dans l’au-delà, que le Feu. Ce qu’ils auront fait ici-bas sera un échec, et sera vain ce qu’ils auront œuvré. »[4] Lorsque l’association dans l’un de ses deux aspects (Seigneurie ou Divinité) est inférieure à la moitié alors elle devient mineure et ne fait pas sortir de l’islam mais annule l’adoration associée. L’association discrète ou subtile consiste, effectivement, à ne pas parfaire sa réalisation de l’unicité divine. La nomination « discrète et subtile » se justifie par le fait que personne n’en échappe si ce n’est celui qu’Allah a préservé. En effet, lorsque s’imparfait l’amour du serviteur pour son Seigneur, c’est qu’il aime nécessairement un autre que Lui car l’amour est une disposition, et pareillement lorsque s’imparfait l’attribution de la qualité du Bienfaiteur a Dieu c’est que le serviteur octroie une partie de cette dernière à un autre que Lui et renie par conséquent l’exclusivité de cette dernière à Dieu. Il n’est pas fait allusion ici à l’amour et à la crainte, tremplins à l’amour et à la crainte de Dieu comme l’amour du prophète ou la crainte de l’Enfer car ce genre d’amour et de crainte fait partie de l’amour et de la crainte de Dieu. Par contre, agir ostentatoirement ou jurer par un autre que Dieu, sont considérés comme des petites associations. La petite association ne fait pas sortir de l’islam mais elle entache de nullité l’action associée comme celui qui embellit sa prière dans la seule intention de plaire aux orants qui l’environnent. Réalise, cher ami, que ta réalisation spirituelle dépend du franchissement de deux étapes. Si tu ne franchis pas la première, tu n’arriveras jamais à la seconde. Il faut effectivement connaître pour croire afin de pouvoir se soumettre.



La Rouboubiyya



Le premier plan de la réalisation du Tawhid concerne celui de la seigneurie. Cet aspect de l’adoration touche la croyance et la connaissance du but. En effet, la seigneurie de Dieu se compose de tous les attributs parfaits de Dieu par lesquels Il s’est décrit dans la révélation, tels que la suffisance, la bienfaisance, la domination, l’administration, l’élévation, la grandeur, la puissance, la richesse, le pouvoir de nuire et de profiter etc. Elle est le moyen de parvenir au but qu’est l’adoration car celui qui veut atteindre un but s’informe de la description de ce dernier. La seigneurie constitue, par conséquent, l’itinéraire qui nous permet d’atteindre la finalité c’est-à-dire la divinité. L’on se rapproche toujours d’une chose par la connaissance que l’on a de cette chose. En effet, la proximité est fonction de la précision de la description. Le Tawhid dans la Seigneurie consiste, par déduction, à connaître le Créateur dans toute Sa perfection et donc à affirmer simultanément l’entière pauvreté et la totale dépendance des créatures à son égard. La réalisation du Tawhid au niveau de la seigneurie engendrera un état spirituel parfait découlant du perfectionnement de la croyance comme la station de la confiance, en effet, Foudaïl Ibn ‘Iyad disait : « Celui qui connaît les hommes est serein. » Il visait leur inaptitude à nuire et à profiter. De ce spectacle de la contemplation de la perfection divine naîtra d’autres vertus toutes aussi sublimes : comme le courage, la délégation de l’affaire à Allah, le contentement, la patience, l’humilité, la modestie etc. La connaissance de Dieu s’opère par l’étude de ses noms, de ses attributs, de ses actes au moyen de la méditation de sa parole. Le Tawhid dans la seigneurie consiste ainsi à purifier l’idée que l’on a de Dieu. L’idée préside, en effet, souverainement le monde car la représentation que l’homme se donne de la vie détermine la relation qu’il noue avec elle. C’est parce que l’idée engendre un état d’âme qu’elle gouverne les actions du corps car les membres corporels sont orientés par des sensations tels que l’amour, la crainte et l’espoir. Aussi aucune société, ne peut se constituer et se conserver sans l'influence d'un système d'idées, capable de vaincre l'opposition des tendances individuelles, et de les faire concourir à un ordre constant. L’idée de Dieu apparaît comme l’idée maîtresse autour de laquelle gravitent toutes les autres idées. « Je serai pour mon serviteur ce qu’il croit que Je suis » dit Allah, dans un récit divin. Le monde extérieur est donc relatif à l’idée que l’on a de Dieu. Prenons l’exemple du nom divin : le Maître de l’autorité absolue. La réalisation de l’unicité au niveau de cet attribut peut engendrer des merveilles. En effet, aucune créature n’a une réelle autorité sur une autre créature si ce n’est pas l’ordre d’Allah puisque, de toute évidence, la créature ne s’est pas octroyée ses propres attributs. Ainsi, c’est par l’ordre de Dieu qu’une créature peut avoir un emprise sur une autre, ainsi un verset coranique mentionne : « Dis : Ô Allah, Maître de l’autorité absolue. Tu donnes l’autorité à qui tu veux et tu arraches l’autorité à qui tu veux, et Tu donnes la puissance à qui tu veux et tu humilies qui tu veux. Le bien est en ta main et Tu es Omnipotent. »[1] C’est pour cela que des oiseaux ont lapidé les abyssins qui voulait détruire la Ka’ba, que des moustiques ont détruit l’armée de Nemrod et que le vent a brisé les ‘Adites… « Nul ne connaît les armées de Ton Seigneur à part Lui. »[2] Ainsi, tout réside dans la représentation que l’on a de Dieu. Si Dieu est parfait dans notre cœur, Il le sera dans notre quotidien. C’est donc l’un des plus grands péchés que de penser du mal d’Allah ! Tout ce qui arrive de bien comme de mal, est le résultat de l’idée que nous avons du Créateur et simultanément de ses créatures. Ce qu'il faut combattre, afin que règne la justice et la paix sur terre : c’est donc les idées et les croyances fausses. Dans un verset il est dit : « Et c’est cette pensée que vous avez eue de votre Seigneur, qui vous a ruinés, de sorte que vous êtes devenus du nombre des perdants. »[3] Dans un autre verset Allah dit : « Et rappelez-vous le jour de Hunaïn quand vous étiez fiers de votre grand nombre et que cela ne vous a servi à rien. La terre, malgré son étendue vous devint bien étroite ; puis vous avez tourné le dos en fuyards. »[4] La purification de la croyance en Dieu est donc l’essence du Tawhid, c’est pourquoi le prophète a dit : « Que personne d’entre-vous ne meurt si ce n’est avec une bonne idée de Dieu. »[5]L’association dans la Seigneurie consiste donc à attribuer, par la croyance, à une créature quelconque, une perfection propre au Créateur. C’est donc avoir une mauvaise idée de Dieu par la déformation de la nature d’une créature. C’est donc une association au niveau de la croyance et c’est exactement cela que de confondre le Créateur avec sa créature. Cette forme d’association découle généralement de l’adoption d’un but différent de Dieu car dès que l’on divinise un autre que Dieu et bien nous octroyons nécessairement des perfections à cet autre en fonction de l’intensité de la finalisation. Lorsque apparaît pour le serviteur le spectacle de la seigneurie, c’est-à-dire, lorsqu’il verra que le royaume et l’administration appartiennent entièrement à Allah, il ne verra ni profit, ni nuisance, ni même un mouvement sans voir Allah être son Auteur et Créateur. C’est par une méditation de l’effet à la cause des phénomènes de l’univers que l’on peut réaliser ce Tawhid contemplatif. « Celui à qui s’est dévoilé, dira l’imam Ghazali, l’ordre des choses de ce monde sait que le vent n’est que de l’air, et qu’il n’a pas le pouvoir de se mouvoir seul mais nécessite un moteur lequel à son tour, a besoin d’un autre moteur et ainsi de suite jusqu’à arriver au Premier Moteur (al Moharrak al Awwal) qui ne dépend d’aucun autre et qui, en Soi, n’est pas en mouvement. Celui qui a attribué son salut au vent est semblable à celui qui fut capturé pour être décapité et à qui le roi accorda, par écrit, la grâce et la libération : il se mit alors à louer l’encre, le feuille et la plume et dit : « je n’aurai jamais pu avoir la vie sauve sans la plume ». Ainsi, croit-il devoir son salut à la plume et non pas à celui qui a écrit ; cette attitude constitue le comble de l’ignorance. Celui qui sait que la plume n’a aucun pouvoir en soi, mais qu’elle est soumise à la main de celui qui écrit, ne se tournera pas vers celle-ci mais remerciera le scribe. Peut-être même, qu’émerveillé par son salut inattendu, il remerciera le roi et le scribe et oubliera la plume, l’encre et l’encrier ».[6] Mais Satan veut nous égarer et nous mener à associer à Dieu une fausse divinité en attribuant à une créature le pouvoir d’être cause première de son effet. Il procédera en deux étapes ; d’abord les choses inanimées puis les choses animées. Ainsi, si Satan n’arrive pas à te faire croire que des choses inanimées peuvent être causes premières des effets qui te sont profitables ou nuisibles alors il va te convier à croire que des choses animées peuvent l’être. C’est ici que l’imam Ghazali nous invite à méditer le mouvement d’une plume et de remonter à la Cause des causes afin que nous disparaissions dans la contemplation de l’Unique. Un individu regarde la feuille et lui demande qui l’a noircit, cette dernière répond que c’est l’encre qui s’est déposé sur elle contre son gré. Questionné à son tour, l’encre riposte qu’elle n’a pas agit de son propre chef mais qu’elle a été manipulée par la plume. La plume rétorque, à la même question, en renvoyant à la main qui l’a mise en mouvement. La main accuse, à son tour, la force et le pouvoir. Le pouvoir soutient qu’il sommeillait en la main mais qu’il a été déclenché par la volonté. La volonté dénonce, de son côté, la science et l’intelligence. Reprochant à la science et à l’intelligence d’avoir suscité la volonté, laquelle a asservit le pouvoir : l’intelligence répondit : « Je suis un flambeau qui ne s’allume pas de son propre chef mais qui l’est par d’autres ». Le cœur dit quant à lui : « Je suis un tableau qui ne se déploie pas de son propre chef mais qui l’est par d’autres ». Et la science poursuivit : « Je suis une inscription que l’on a gravé sur la table blanche du cœur lorsque s’illumina le flambeau de l’intellect et je ne m’y suis certainement pas déposée toute seule. Par le passé, cette table resta longtemps sans moi. Interroge donc la plume sur mon compte car l’écriture ne s’accomplit que par elle ! » Ainsi, la réalisation du Tawhid dans la Seigneurie consiste à s’éteindre dans la contemplation de l’unicité divine c’est-à-dire à ne voir que Lui en concentrant notre attention sur le Muharrik al Aoual par l’observation du mouvement des créatures, impuissantes par elle-même. Ajoutons que la réalisation de l’unicité dans la seigneurie est insuffisante pour entrer au paradis car les polythéistes arabes savaient que les statues qu’ils adoraient n’administraient pas les cieux et la terre et pourtant ils les adoraient. Un verset précise à leur sujet : « Dis: « qui vous attribue de la nourriture du ciel et de la terre? Qui détient l'ouïe et la vue, et qui fait sortir le vivant du mort et fait sortir le mort du vivant et qui administre tout? » Ils diront: « Allah ». Dis alors: « Ne le craignez-vous donc pas? »[7] Leur association concernait la divinité de Dieu car ils aimaient ces statues plus que Dieu. L’association dans la Seigneurie n’est donc qu’un moyen pour parvenir à la réalisation du but qu’est la réalisation de l’unicité de la divinité de Dieu. C’est par Sa seigneurie que Dieu justifiera le châtiment éternel des associateurs car chacun d’entre nous possède au plus profond de soi cette présence de la transcendance divine car un verset énonce : « Et quand ton Seigneur tira une descendance des reins des fils d’Adam et les fils témoigner sur eux-mêmes : « Ne suis-je pas votre Seigneur ? » Ils répondirent : « Mais si, nous en témoignons… » Afin que vous ne disiez point, au jour de la résurrection : « Vraiment, nous n’y avons pas fait attention ou que vous auriez dit : « Nos ancêtres autrefois donnaient des associés à Allah, et nous sommes leurs descendants après eux. Vas-tu nous détruire pour ce qu’ont fait les imposteurs ? »[8]Conclus, cher ami, que si tu n’as pas une idée parfaite de Dieu, c’est que tu lui extirpes des perfections que tu attribues à ses créatures !



La Oulouhiyya



Le second plan par lequel on réalise le Tawhid est celui de la divinité. La divinité est par rapport à la seigneurie ce que la fin est au moyen. Ce qui implique que la divinité est contenue dans la seigneurie et que l’on ne peut pas réaliser le Tawhid dans la divinité si l’on n’a pas réalisé le Tawhid dans la seigneurie. La réalisation du Tawhid dans la divinité concerne les actes : qu’ils soient du cœur ou du corps. La divinité se compose de tous les attributs parfaits relatifs aux mouvements de l’homme que ces derniers soit matériels ou spirituels tels que le digne d’être adoré, le digne d’être aimé, le digne d’être espéré, le digne d’être craint, le digne d’attirer l’attention etc. L’unicité dans la divinité est le prolongement naturel de l’unicité dans la seigneurie. Le Tawhid dans la divinité consiste, ainsi, à vouer tous ses mouvements à Allah que ces derniers soient spirituels ou corporels car l’on est toujours orienté par notre but. La Rouboubiyya est pour la Oulouhiyya ce que la théorie et le moyen sont pour la pratique et le but. L’image de celui qui ne parachève pas la réalisation de son unicité divine ressemble à celui qui enfermé dans une pièce qui prend feu, et qui disposant d’eau, se laisse pourtant brûler sans user du moyen, à sa porter, susceptible de le sauver. En effet, il n’y a pas de divinité en dehors de Dieu c’est-à-dire qu’il n’y a pas de but en soi si ce n’est Lui, qui attend, avec un châtiment ceux qui ont finalisé un autre que Lui en l’insatisfaisant. C’est pourquoi, le messager nous invita à fuir vers Dieu : « Fuyez donc vers Allah ! Moi je suis pour vous de sa part un avertisseur explicite. »[1] Et, Allah nous recommande dans un autre verset : « Et n’invoque nulle autre divinité avec Allah. Point de divinité à part Lui. Tout doit périr sauf Son Visage. A Lui appartient le jugement et vers Lui vous serez ramenés. »[2] La réalisation du Tawhid au niveau de la Seigneurie est nécessaire à la réalisation du Tawhid au niveau de la divinité car il est proprement inconcevable de s’orienter par quelqu’un que l’on ne connaît pas. Reste à croire en la Rouboubiyya de Dieu pour pouvoir susciter la volonté de tendre vers la réalisation de la Oulouhiyya. En effet, si l’on croit que sans Dieu rien n’est par soi, alors on se doit de tendre naturellement vers Celui qui possède par Soi toutes les qualités et toutes les perfections pour s’éloigner de tout ce qui n’est sans Dieu que pures illusions. Ainsi, la croyance est indispensable pour assurer la transition entre la réalisation du Tawhid dans la Seigneurie et celui de la Divinité. De la contemplation de l’unicité divine naîtra une spiritualité associée au degré de la réalisation. « Lorsqu’il te sera clair, dira l’imam Ghazali, qu’il n’y a que Dieu comme Agent et que tout ce qui existe : créatures, nourritures, dons, interdis, vie, mort, richesse, pauvreté et tout ce qui possède un nom n’a pu être créé ex-nihilo et a été conçu que par Dieu et que nul n’est associé à ce qu’Il a crée et conçu ; lorsque tout cela te sera clair, alors tu ne regarderas plus ce qui est autre que Lui, de Lui seul tu prendras peur, vers Lui seul tu compteras. Il est l’Agent exclusif et nul autre que Lui ne l’est. Tout ce qui est autre que Lui est soumis et est incapable de déplacer ne fut-ce qu’un atome du royaume des cieux et de la terre sans son concours. Lorsque les portes de la contemplation te seront ouvertes, tu pourras alors contempler tout cela de façon bien plus claire que ce que ta vision sensible peut t’offrir. »[3] Ainsi se réformera les actes et les mouvements du cœur et du corps car l’esprit préside souverainement le cœur et le corps. La conséquence de la réalisation du Tawhid au niveau de l’âme est l’embellissement de cette dernière par des qualités sublimes. En effet, l’âme possède naturellement, du fait de son ignorance de la réalité divine, plusieurs défauts : la convoitise des plaisirs immédiats, l’égoïsme, l’orgueil, l’estime vaniteuse de soi, la jalousie etc. Tous ces défauts découlent de sa liberté et de son éloignement par rapport à sa saine nature et de l’apparente maîtrise qu’elle a du corps qu’elle habite. L’homme, par la réalisation de l’unicité dans la divinité, perfectionnera les stations spirituelles telles que : la crainte de Dieu, l’espérance de Dieu, l’amour de Dieu, la confiance en Dieu, la patience dans les épreuves de Dieu, le remerciement de Dieu, l’humilité, la repentance qui ont toutes pour apogée : la sincérité par le renoncement aux désirs blâmables de l’âme. La sincérité, en effet, somme toutes les demeures spirituelles car elle consiste à s’anéantir dans la volonté divine, en devenant le réceptacle des aspirations de Dieu. Elle traduit, en un mot, la transparence tel un verre et l’eau. C’est la station du « coran ambulant » dont faisait allusion ‘Aïcha lorsqu’elle qualifiait le prophète. C’est une station spirituelle délicate car elle demande une vue absolue qui ne peut être octroyée que par Dieu, elle consiste, en effet, à tendre vers ce qui plaît à Dieu à chacun de nos mouvements, c’est-à-dire à faire le meilleur à chaque instant. C’est d’ailleurs pourquoi un sage disait : « Soit sincère dans ta religion pour Dieu et le peu te suffira ». Il disait cela à cause de la grande difficulté à maintenir constante une telle station. De la réalisation du Tawhid contemplatif découlera ainsi une spiritualité parfaite. En effet, quand on connaît Dieu, on sait que c’est Lui seul qui possède tout : « À Allah appartient tout ce qui est dans les cieux et sur la terre. »[4] On s’incline ainsi devant sa majesté et on s’affranchit de tout autre que Lui. Lorsque l’on connaît l’ampleur de sa Majesté, on ne s’enorgueillit pas et l’on s’humiliera devant Lui par des prosternations et des invocations constantes. On ne méprisera pas les autres en se considérant comme une norme car on sait le peu de valeur que l’on possède face à cette Majesté Divine et que Lui seul mérite d’être pris pour référence dans la signification des choses. Lorsque l’on sait que seule l’action accomplie sincèrement est agréée alors on renoncera au désir de briller devant les gens, de dominer son semblable et l’on se fera petit dans les assemblés et surtout devant les gens de mérite. Lorsque l’on connaît la puissance de Dieu et la faiblesse des hommes, on ne craindra plus personne, on n’aura peur de rien et on n’espèrera en personne puisque c’est Dieu seul qui possède le pouvoir de faire le bien et le mal et on placera notre confiance en Lui : « Et si Allah fait qu’un mal te touche, nul ne peut l’écarter en dehors de Lui. Et s’Il veut un bien, nul ne peut repousser Sa grâce. Il en gratifie qui Il veut parmi ses serviteurs. »[5] Lorsque l’on saura qu’Il est celui qui subvient Seul au besoin de Ses créatures et qui se suffit à Lui-même alors on l’aimera et on se soumettra à Sa volonté en lui obéissant. Lorsque l’on connaîtra le terrible châtiment qu’il prépare aux associateurs et aux mécréants, on se débarrassera des différentes formes d’association et des péchés, jusqu’à craindre la plus subtile de ses formes. « Et craignez Allah. Et sachez qu’Allah est dur en punition. »[6] Lorsque l’on connaîtra l’ampleur de la récompense qu’il prépare à Ses serviteurs soumis alors on aspirera à tendre vers Lui en supportant la douleur de tous les obstacles dont regorge la voie qui mène à Lui. De la connaissance de la description de la récompense dans l’au-delà résultera la volonté d’adorer. Lorsque l’on comprendra que c’est Lui seul qui possède toutes les perfections, qui distribue toutes les faveurs et qui répand toutes les grâces, alors on l’aimera et on lui obéira avec joie : « Et tout ce que vous avez comme bienfait provient d’Allah. »[7] Et l’on réprimandera notre âme, de laquelle provient le mal. Ainsi, on restera dans une position d’équilibre entre le remerciement de Dieu pour le bien qu’il nous permet de faire et la demande de pardon pour le mal que l’on commet : « Tout le bien qui t’atteint vient d’Allah, et tout le mal qui t’atteint vient de toi-même. »[8] Quand on connaît la multitude des bienfaits que Dieu répand sur les hommes, on voit, en effet, que les œuvres pieuses des hommes n’ont que peu de valeur, comparées à ces bienfaits divins. Alors, on s’efforce de témoigner régulièrement sa gratitude à Dieu et on se détourne des péchés qu’Il abhorre. Et quand on connaît la grande félicité que Dieu réserve à ceux qui font des sacrifices pour Lui alors on s’attache à Lui et on renonce aux biens fugitifs et aux passions de ce monde : « Quiconque désire (la vie) immédiate, Nous nous hâtons de donner ce que Nous voulons à qui Nous voulons. Puis, Nous lui assignons l’Enfer où il brûlera méprisé et repoussé. Et ceux qui recherchent l’au-delà et fournissent les efforts qui y mènent tout en étant croyants, alors l’effort de ceux-là sera reconnu. »[9] Lorsque l’on sait que c’est Lui qui a commencé à répandre ses faveurs parmi les créatures et que, bien qu’Il ait su qu’elles allaient lui désobéir, Il n’a jamais renoncé à leur donner tant de biens ; quand on sait que Dieu considère comme les meilleurs parmi les hommes ceux qui sont généreux et compatissants à l’égard de leurs semblables, ceux qui les conduisent dans la bonne voie par leurs bons conseils et qui persistent à prêcher le bien malgré l’ingratitude qu’ils recevront en échange et les dommages qu’ils subiront de ce fait, quand on sait cela, alors on aura de la compassion pour les autres et notre seul souci sera de résoudre les soucis d’autrui et aussitôt l’on s’investira pour le triomphe de la cause juste : « Et il y a parmi les gens celui qui se sacrifie pour la recherche de l’agrément d’Allah ! Et Allah est compatissant envers ses serviteurs. »[10] On empruntera la voie qui mène à Dieu et qui consiste à appeler à la réalisation de Son Unicité.Et on patienteradevantles épreuves que l’on rencontrera dans cette voie car la douleur résultante n’est que néant devant l’ampleur de la joie future : « Et sois patient, Car Allah ne laisse pas perdre la récompense des gens bienfaisants. »[11] On aimera, parmi ses semblables, ceux qui font le bien, ceux qui s'attristent sur le sort de ceux qui font le mal ; on incitera à revenir sur la voie de Dieu ceux qui s’en détournent et on fera des sacrifices de toutes sortes pour le succès de la religion, pour les pauvres et les opprimés. On pardonnera à celui qui nous a fait du mal d’un pardon sans regrets. On considérera tous les hommes comme des parents : celui qui est âgé, comme un père, le plus jeune, comme un fils et celui qui sera égal en âge comme un frère. En un mot : lorsque l’on connaît bien Dieu, on prend soin de faire ce qu’il aime, on renonce à ce qu’il réprouve, et on se consacre définitivement à la recherche de Sa satisfaction. Les conséquences de la réalisation du Tawhid sont des actes conformes à la volonté divine. Le fidèle n’agira que pour plaire à Dieu en privilégiant les désirs de Dieu sur ceux de son âme bestiale. Ainsi, il privera son âme de passions illicites et multipliera les œuvres surérogatoires jusqu’au perfectionnement de sa croyance. Son action sera conforme à la volonté divine et il calquera pour cela les faits et gestes prophétiques. L’on rapporte dans un récit divin qu’Allah a dit : « Mon esclave n’a fait pour se rapprocher de Moi aucune action plus aimable à Moi que ce que je lui ai imposé comme obligations. Mon esclave ne cesse de se rapprocher de Moi par des actes surérogatoires jusqu’à ce que je l’aime. Et une fois que je l’ai aimé, Je deviens son ouïe avec lequel il entend, sa main avec laquelle il frappe et son pied avec lequel il marche. »[12]La conséquence finale de la réalisation individuelle de l’unicité divine consiste à investir la totalité de sa personne pour le salut de l’islam. En effet, car il n’y a pas de chose qui plaît plus à Dieu que le don de soi pour le triomphe de sa religion. C’est pourquoi vous trouverez que les plus réalisés en matière de Tawhid sont les réformateurs authentiques qui se dépensent entièrement pour le salut des autres : « Dis : « Voici ma voie, j’appelle les gens (à la religion) d’Allah, moi et ceux qui me suivent, nous basant sur une preuve évidente. Gloire à Allah ! Et, je ne suis point du nombre des associateurs. »[13] Car on appelle toujours à ce que l’on aime puisque l’éloignement des autres par rapport à ce que l’on aime nous plonge dans une souffrance. Et lorsque ce que l’on aime, est infini en bonheur et qu’en dehors de ce que l’on aime, il n’y a que des flammes éternelles alors naîtra un souci sincère pour le genre humain, à la différence de ceux qui appellent à des plaisirs limités, et qui se soucient hypocritement du bien-être des autres car on rivalise toujours déloyalement avec ceux qui nous concurrencent dans l’atteinte de notre fausse divinité. Comprends, cher ami, que si les mouvements de ton cœur et de ton corps n’ont pas pour fin Dieu c’est que tu te meus forcément pour un autre que Lui.



Les deux chantiers de la réalisation du Tawhid



La réalisation du Tawhid possède deux chantiers. Le premier se situe au niveau de l’individu et le second au niveau de la communauté. En effet, un verset du coran met en évidence ces deux chantiers : « Allah ne modifie point l’état d’un peuple tant que (les individus qui le composent) ne modifient pas ce qui est en eux-mêmes. »[1] Une parabole illustre élégamment cette transition du premier chantier vers le second : « N'as-tu pas vu comment Allah propose une bonne parole pareille à un bel arbre dont la racine est ferme et la ramure s'élancent dans le ciel. Il donne à tout instant ses fruits, par la grâce de son Seigneur. Allah propose des paraboles à l’intention des gens afin qu’ils s’exhortent. Et une mauvaise parole est pareille à un mauvais arbre, déraciné de la surface de la terre et qui n’a point de stabilité. Allah affermit les croyants par une parole ferme, dans la vie présente et dans l’au-delà. Tandis qu’Il égare les injustes. Et Allah fait ce qu’il veut.»[2] On peut dire que l’homme est une microsociété composée de cinq éléments : l’esprit, le cœur, l’âme, le corps et les biens et pareillement une société se compose de cinq éléments : la constitution, le gouvernement, l’armée, le peuple et les richesses. Ibn Khaldoun rapporte une parole intéressante du roi perse Anushirvan pour ce qui concerne notre sujet : « Le roi existe par l’armée, l’armée par l’argent, l’argent par l’impôt, l’impôt par la culture, la culture par la justice, la justice par le perfectionnement des fonctionnaires, le perfectionnement des fonctionnaires par la rectitude des ministres. Le tout tient d’abord au contrôle personnel qu’exerce le souverain sur la condition de ses sujets et à son aptitude à faire leur éducation, de sorte que ce soit bien lui qui gouverne et non pas eux. »[3]On peut faire une étroite corrélation entre l’individu et la communauté dans la mesure où l’esprit est assimilable à la constitution, le cœur au gouvernement, l’âme à l’armée, le corps au peuple et les biens personnels à la richesse d’une nation. Et Aristote aura raison de soutenir que la véritable politique est étroitement associée à la spiritualité individuelle. Réaliser le Tawhid, au niveau individuel, c’est donc privilégier la volonté divine dans chacune de ces cinq dimensions qui composent l’homme, à savoir ; avoir de bonnes croyances par la connaissance de la définition authentique des choses et par l’étude régulière de la parole divine. Avoir de bonnes dispositions par la purification du coeur et avoir de bons agissements par l’éducation de l’âme au moyen du respect physique des prescriptions divines. La réalisation du Tawhid au niveau de la cinquième dimension consiste à dépenser la plus grande partie de ses biens dans le sentier d’Allah. Après la réalisation individuelle de l’unicité divine l’individu doit travailler à la réalisation de cette unicité au niveau collectif puisqu’il y a une influence réciproque entre ces deux entités tels deux miroirs. L’individu est pour la communauté ce que la cellule est pour le corps. Briser le contact, le lien qui soude les membres d’une communauté, c’est simultanément isoler, affaiblir et ensuite faire disparaître l’individu qui tirait son identité, sa force et sa valeur d’un ensemble pour lui imposer l’identité environnementale car l’homme appartient nécessairement à un groupe idéologique qu’il renforce par son adhérence. Soigner la maladie de l’individu, c’est donc conjointement soigner celle de la communauté et soigner la maladie de la communauté c’est préserver la santé de l’individu. Ainsi, il appartient à celui qui a soigné son âme par la réalisation du Tawhid de travailler, ensuite, à remédier aux maux de sa communauté. C’est le parachèvement de la réalisation individuelle. Le Tawhid est pour l’homme ce que le code de la route est pour l’automobiliste. Il a, par conséquent, deux chantiers d’application : l’âme et ses semblables. Puisque l’harmonie de la circulation s’assure par la concentration individuelle et la surveillance simultanée de la bonne concentration des autres automobilistes. Le prophète a élégamment illustré le danger de la non responsabilisation des gens de bien vis-à-vis de ceux qui font le mal : « L’image de ceux qui font le bien et qui s’insensibilisent de ceux qui font le mal est pareille à un bateau qui contient deux groupes. Le premier se situe sur le pont et le second dans la cale. Ceux qui logeaient dans la cale étaient obligés de passer par le pont pour puiser de l’eau de la rivière. Ils se dirent un jour : « Si nous faisions un trou dans la partie qui nous revient, nous cesserions de déranger ceux qui sont au-dessus de nous. » Si les gens qui se trouvent sur le pont les laissent réaliser leur désir, c’est la perte à tous et s’ils les empêchent, c’est leur salut à eux et à tous. »[4] Ainsi le passage entre la réalisation individuelle et la réalisation collective de l’unicité divine s’opère par la prédication. Et, Jounayd al Baghdadi de nous exhorter : « Sache que conseiller loyalement les hommes et t’attacher à ce qui est le plus convenable pour eux est pour toi la meilleure des œuvres durant ta vie, et celle qui te rapproche le plus de ceux qui sont tes contemporains et tes amis. Sache aussi que la meilleure des créatures dans l’estime de Dieu, et celle qui a le rang le plus grand en tout temps et à toute époque, en tout lieu et en toute région, est celle qui accomplit le plus parfaitement l’obligation qui lui incombe envers elle-même et qui met le plus d’empressement à exécuter ce qu’Il aime, et qui, après cela, est la plus utile à Ses serviteurs. Remplis donc en priorité la tâche qui t’est impartie, et (ensuite seulement) tourne-toi vers ce qui pourra être profitable à autrui. Sache également qu’il ne te sera pas possible de te comporter convenablement envers les autres, tant qu’il te restera à accomplir une obligation qui te concerne. Sache encore que ceux qui ont été rendus aptes à la charge de guider dans la bonne voie, dont le destin est d’être utiles aux créatures, et qui ont été préposés pour avertir les hommes (de l’Enfer) et leur annoncer la bonne nouvelle (du Paradis) sont fortifiés par « l’affermissement spirituel » (tamkin) et secondés par l’enracinement solide de la « science de la certitude ». Les difficultés qui jalonnent le parcours de la religion leur sont dévoilées et la compréhension du « Livre qui cherche à éclairer » (Kitab al moustabin) leur est ouverte. Les faveurs qu’Il leur accorde et les dons grandioses dont Il les gratifie leur permettent d’accomplir parfaitement ce qui leur a été confiée et de répandre l’appel à Dieu en vertu des pouvoirs dont ils ont été invertis. Telle est la règle pour les prophètes, à l’égard des nations auxquelles ils ont été envoyés et en ce qui concerne la communication des sagesses dont ils ont été instruits. Et telle est également la règle pour les saints et les justes qui suivent leurs traces, ainsi que pour tous les croyants vertueux qui appellent à Dieu. »[5] Ainsi, le parachèvement du Tawhid consiste à régir une communauté par la volonté divine tout comme l’homme se soumet à Dieu en lui obéissant. C’est ce qui distingue l’islam de l’ensemble des autres religions qui fait le mérite de notre prophète ! En effet, un verset du coran énonce : « Vous êtes la meilleure communauté qu’on ait fait surgir pour les hommes. Vous ordonnez le convenable, interdisez le blâmable et croyez en Allah. »[6]C’est pourquoi les textes bibliques ont annoncé l’arrivée de ce royaume qu’est la constitution de cette communauté régit par la volonté divine et le prophète disait en effet : « Je suis par rapport aux messagers antérieurs telle la dernière brique d’un édifice. » La parabole du semeur, présente dans les évangiles selon Saint Luc fait allusion à cet édifice qu’il faut planter dans les cœurs : « Un semeur sortit pour semer sa semence. Comme il semait, une partie de la semence tomba le long du chemin : elle fut foulée aux pieds, et les oiseaux du ciel la mangèrent. Une autre partie tomba sur le roc : quand elle fut levée elle sécha, parce qu’elle n’avait point d’humidité. Une autre partie tomba au milieu des épines : les épines crûrent avec elle, et l’étouffèrent. Une autre partie tomba dans la bonne terre : quand elle fut levée, elle donna du fruit au centuple. Après avoir ainsi parlé, Jésus dit à haute voix : Que celui qui a des oreilles pour entendre entende. Ses disciples lui demandèrent ce que signifiait cette parabole. Il répondit : Il vous a été donné de connaître le royaume de Dieu ; mais pour les autres, cela leur est dit en paraboles, afin qu’en voyant ils ne voient point, et qu’en entendant ils ne comprennent point. Voici ce que signifie cette parabole : La semence, c’est la parole de Dieu. Ceux qui sont le long du chemin, ce sont ceux qui entendent : puis le diable vient, et enlève de leur cœur la parole, de peur qu’ils ne croient et soient sauvés. Ceux qui sont sur le roc, ce sont ceux qui, lorsqu’ils entendent la parole la reçoivent avec joie ; mais ils n’ont point de racine, ils croient pour un temps et ils succombent au moment de la tentation. Ce qui est tombé parmi les épines, ce sont ceux qui, ayant entendu la parole, s’en vont, et la laissent étouffer par les soucis, les richesses et les plaisirs de la vie, et ils ne portent point de fruit qui vienne à maturité. Ce qui est tombé dans la bonne terre, ce sont ceux qui, ayant entendu la parole avec un cœur honnête et bon, la retiennent, et portent des fruits avec persévérance. »[7] Cette parole n’est autre que l’attestation de l’unicité divine et ce royaume n’est autre que la communauté musulmane. C’est pourquoi Jésus enseignait la prière suivante à ses disciples : « Notre Père qui est aux cieux ! Que ton nom soit sanctifié ; que ton règne vienne ; que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. »[8]Il disait aussi à ses disciples : « Allez, prêchez, et dites : le royaume des cieux est proche. »[9] Dans un autre verset des évangiles selon Saint Mathieu, Jésus dit en s’adressant au peuple juif : « C’est pourquoi, je vous le dis, le royaume de Dieu vous sera enlevé, et sera donné à une nation qui en rendra les fruits. Celui qui tombera sur cette pierre s’y brisera, et celui sur qui elle tombera sera écrasé. Après avoir entendu ses paraboles, les principaux sacrificateurs et les pharisiens comprirent que c’était d’eux que Jésus parlait, et ils craignaient la foule, parce qu’elle le tenait pour un prophète. »[10]Ainsi, l’annonce de la venue de notre prophète ne pouvait être omise dans les écritures bibliques, car fondamentale puisque par lui se réalisera le royaume de Dieu sur terre. Et, effectivement, un verset de la Genèse énonce : « Le sceptre ne s’éloignera point de Juda, Ni le bâton souverain d’entre ses pieds, Jusqu’à ce que vienne le Schilo. Et que les peuples lui obéissent ».[11] Le Schilo est l’ultime prophète non juif, en l’occurrence, Mohammed. Toute la démonstration précédente se résume par un verset sublime du coran : « Mohammed est le Messager d’Allah. Et ceux qui sont avec lui sont durs envers les mécréants et miséricordieux entre eux. Tu les vois inclinés, prosternés, recherchant d’Allah grâce et agrément. Leurs visages sont marqués par la trace laissée par la prosternation. Telle est leur image dans la Thora. Et l’image que l’on donne deux dans l’Evangile est celle d’une semence qui sort sa pousse, puis se raffermit, s’épaissit, et ensuite se dresse sur sa tige, à l’émerveillement des semeurs. (Allah) par eux, (les croyants) remplit de dépit les mécréants. Allah promet à ceux d’entre eux qui croient et font de bonnes œuvres, un pardon et une énorme récompense. »[12] En somme, la conséquence de la réalisation de l’unicité divine à l’échelle individuelle est la constitution d’un individu équilibré en paix avec lui-même. Au niveau collectif, c’est la constitution d’un état harmonique où règne la justice et la paix qui manque tellement à notre époque pleines de guerres et de conflits. En effet, si toutes les créatures, qui par essence, tendent vers la jouissance et fuient la souffrance alors devient évident le principe de l’adversité naturelle, si elles ne tendent point vers Dieu. Les jouissances sont effectivement communes et limitées à l’ensemble des créatures, le bonheur des uns fait donc nécessairement le malheur des autres. La volonté naturelle de croissance de chacune des créatures explique ces guerres perpétuelles d’intérêts mondains. La souffrance est la conséquence de l’opposition des volontés à l’intérieur d’une unité. Au niveau individuel on souffre quand un tyran habite notre cœur et exploite notre corps par la poursuite de l’illusoire au moyen de l’emprise de l’âme bestiale. A l’échelle collective, une nation souffre quand le peuple est exploité par son gouvernement au moyen de l’exploitation de ses sujets par l’armée. C’est pourquoi Allah a dit : « Descendez (du Paradis), ennemis les uns des autres. »[13] Ce verset vise la postérité d’Adam et fait allusion à ces rivalités déloyales des hommes qui finalisant des choses limitées et qui sont les causes des haines, des égoïsmes et par conséquent de toutes ces injustices. Le Tawhid est le remède par excellence à ce désordre causé par l’homme égoïste et avide de plaisirs et de pouvoirs. Puisque Allah est le Créateur de l’homme, alors, à l’instar du reste de la création, Il a fixé une norme de conduite permettant d’assurer l’équilibre dans la spiritualité de l’homme et dans ses relations avec les autres. En effet, l’attribut Al Khaliq est lié à celui de « donner la norme ou la mesure. » On dit en arabe, de celui qui ment : « qu’il fabrique » : « Ce ne sont que des inventions d’ancien. »[14] Et celui qui ment, se normalise en considérant vraie sa parole au détriment de la connaissance qu’il a de la vérité. Ainsi, seul Allah peut donner la mesure d’une chose car étant le Créateur Unique, en dehors de qui il n’y a pas de créateur. Ainsi, l’être humain possède nécessairement une norme de conduite fixée par son Créateur, mais ce dernier est libre de l’adopter ou de s’y opposer. Cette norme est constituée par l’ensemble des actes qui plaisent à Allah et révélé dans le coran car par principe une créature a pour finalité de satisfaire son Auteur. Le non-respect de cette norme est à l’origine de toutes ces dépressions et de ces suicides à l’échelle individuelle et de toutes ces guerres à l’échelle planétaire puisqu’il prend source dans l’adoption de divinités illusoires. Chacun ne cherchant qu’à satisfaire son intérêt mondain jusqu’à combattre son semblable qui par sa présence nuit à la satisfaction de l’intérêt. Seul l’islam peut effectivement engendrer la paix individuelle et collective en harmonisant les dimensions de l’individu et de la communauté. La législation divine contient, en effet, tous les remèdes aux maux qui s’abattent sur notre communauté de foi, en passant par la solitude et les divorces pour aboutir sur les divergences des sectes et des partis. L’islam appelle au bonheur individuel et collectif au moyen de l’obéissance à celui qui a fixé la norme dans le coran, permettant l’harmonisation des relations humaines. Ainsi, nous ne devons pas succomber aux pressions médiatiques et à l’environnement majoritairement hostile à l’islam car entrer dans l’islam, c’est prendre Allah comme Seul et Unique divinité et c’est donc entrer dans la paix intérieure et extérieure, c’est-à-dire celle qui est relative à nous même et celle qui est relative à nos relations avec les autres : « Et, rappelez-vous le bienfait d’Allah sur vous : lorsque vous étiez ennemis, c’est Lui qui réconcilia vos cœurs. Puis, par son bienfait, vous êtes devenus des frères. »[15] L’union authentique perpétuelle sans Dieu est impossible, c’est forcément une union éphémère qui disparaîtra ou sera trahie tôt ou tard, que cette trahison soit ici-bas ou dans l’au-delà. C’est pourquoi Abraham disait : « En effet, c’est pour cimenter les liens entre vous-mêmes dans la vie présente, que vous avez adopté des idoles, en dehors d’Allah. Ensuite, le jour de la Résurrection, les uns rejetteront les autres et les uns maudiront les autres, tandis que vous aurez le Feu pour refuge et vous n’aurez pas de protecteurs, »[16] et qu’un autre verset mentionne : « N’assigne point à Allah d’autre divinité, sinon tu te trouveras méprisé et abandonné. »[17]Ainsi, la caractéristique de la réalisation de l’unicité divine au niveau communautaire est la consolidation des liens entre les individus. En effet, une communauté n’est véritablement unie que si ses membres partagent le vrai idéal. Un verset du coran souligne : « Il a uni leurs cœurs (par la foi). Aurais-tu dépensé tout ce qui est sur terre tu n’aurais pu unir leurs cœurs ; mais c’est Allah qui les a unis, car Il est Puissant et Sage. »[18] Beaucoup s’illusionnent en pensant que le simple regroupement corporel témoigne de l’unification des cœurs. Un simple voyage ou un simple partenariat en vue d’un projet économique suffit pour dévoiler l’illusoire union. Nous avons besoin, à l’heure d’aujourd’hui, d’une véritable union sous la bannière d’un idéal commun qu’est la réalisation de l’unicité divine. Cet objectif n’est envisageable que par la soumission à une autorité unique. En effet, c’est par la personnalité du prophète que l’unité s’est réalisée au sein de la communauté musulmane. C’est donc ici que le récit suivant trouve toute sa pertinence : « Celui qui meurt sans s’être jamais lié par un pacte d’allégeance meurt d’une mort de la période d’ignorance. »[19] De ce qui précède, nous devons retenir que l’éclosion de la bonne parole c’est-à-dire la réalisation de l’unicité divine consiste à régir une communauté par la volonté divine tout comme on régit un individu par cette dernière. Conçois, cher ami, que si tu ne contribues pas à la consolidation de ta communauté de foi, tu contribues nécessairement à celle d’un autre groupe idéologique !



L’épreuve et la patience



Ibn Qayyoum disait que l’affaire entière se résume par le franchissement de quatre étapes :

  • la connaissance de la vérité

  • la pratique de cette vérité

  • le prêche de cette vérité

  • la patience dans l’épreuve suite à l’appel à cette vérité

Effectivement, les épreuves tomberont comme la pluie sur ceux qui lutteront dans le sentier de Dieu. Le chrétien Waraqa Ibn Naoufel n’exhorta pas sans cause le prophète au début de sa révélation par ces termes : « Nul n’est venu avec ce qui t’a été révélé sans qu’il ne soit pris en animosité. »[1] En effet, puisque le Tawhid est un appel libérateur sur tous les niveaux alors les gens qui gagnent à exploiter leur semblable ne vont pas apprécier l’émergence d’un tel appel. Les insensibilités, les hostilités, les calomnies et les épreuves consécutives à l’engagement dans cette voie forgeront la personnalité du réformateur qui puisera sa force même dans sa souffrance : « Et quand à ceux qui luttent pour notre cause ; nous les guiderons certes sur nos sentiers. »[2] Le prophète disait : « L’islam est apparu étranger aux yeux des gens et il réapparaîtra étranger (vers la fin des temps). Que la félicité soit pour ces étrangers-là qui se réformeront pendant que les gens se détérioreront. »[3] Les réformateurs aimeront d’un amour authentique le prophète et s’inclineront devant son mérite car ils partageront avec lui la difficulté de cette noble entreprise qu’est la construction de la société idéale. La vie s’écourtera à leurs yeux et ils se diront au plus profond d’eux-mêmes que plusieurs vies ne suffiront pas à construire ce que le prophète a réalisé en 23 années ! Hassan al Banna disait à ses disciples : « Je voudrais vous dire franchement que notre message est encore inconnu de la plupart des gens et que lorsqu’ils auront pris connaissance de ses buts et de ses intentions, s’ils les adoptent, ils se heurteront à la plus vive opposition, à l’inimitié la plus cruelle. Vous serez alors obligés d’affronter un nombre important de difficultés et d’obstacles. C’est alors seulement que vous commencerez à marcher sur la voie des véritables prédicateurs. L’ignorance de la majorité du peuple concernant la réalité de l’islam se dressera sur votre chemin. Vous découvrirez que les hommes de religion et les oulémas officiels considéreront votre compréhension de l’islam comme une étrangeté, et ils dénonceront au nom de l’islam votre combat. Vos chefs, comme les membres des rangs de votre association, vous envieront. Un gouvernement après l’autre s’opposera à vous, chacun d’entre eux s’efforçant d’empêcher votre activité et de bloquer votre progression. Les oppresseurs exerceront tous les efforts possibles pour cantonner et éteindre la lumière de votre message. Ils seront aidés par des gouvernements faibles d’une moralité décadente, et cela suscitera la suspicion à votre endroit et inspirera des accusations injustes contre votre message. Ils essaieront, en effet, de donner au peuple une image défigurée et souillée de ce message. Cela vous conduira à l’étape de l’épreuve. Vous serez alors emprisonnés, détenus, exilés, vos propriétés confisquées, vos activités propres arrêtées, vos maisons soumises à perquisition, etc. De fait, la période de votre épreuve durera longtemps. Mais Dieu a promis qu’il assisterait ceux qui combattront pour le bien ».[4] Ainsi, l’épreuve est une étape inévitable dans la voie de la réalisation de l’unicité divine. Les choses naissent de leurs contraires. La nuit du jour et le bonheur de la souffrance. Ainsi, le paradis dans l’au-delà s'acquiert indubitablement par la souffrance à réaliser, ici-bas, l’unicité divine : « Pensez-vous entrer au paradis alors que vous n’avez pas encore subi d’épreuves semblables à celles que subirent ceux qui vécurent avant vous ? Misère et maladie les avaient touchés, et ils furent secoués jusqu’à ce que le Messager, et avec lui, ceux qui avaient cru, se fussent écriés : « Quand viendra le secours d’Allah ? » Quoi ! Le secours d’Allah est sûrement proche. »[5] Un autre verset du coran énonce : « Ô vous qui croyez ! Vous indiquerai-je un commerce qui vous sauvera d’un châtiment douloureux ? Vous croyez en Allah et en son messager et vous combattez avec vos biens et vos personnes dans le sentier d’Allah, et cela vous est bien meilleur, si vous saviez ! Il vous pardonnera vos péchés et vous fera entrer dans des jardins sous lesquels coulent les ruisseaux, et dans des demeures agréables dans les jardins d’Eden. Voilà l’énorme succès ! Et Il vous accordera d’autres choses encore que vous aimez bien : un secours (venant) d’Allah et une victoire prochaine. Et annonce la bonne nouvelle aux croyants. »[6] Dans les versets précités, Allah compare la lutte dans le sentier d’Allah à un commerce. En effet, par l’effort et la patience à réaliser l’unicité divine, on achète notre demeure future. Ce qui explique pourquoi Allah décrit les gens du feu par les caractéristiques suivantes : « Voilà ceux qui achètent la vie présente contre la vie future »[7] dans le sens où ils troquent le paradis contre une jouissance passagère. C’est pourquoi, la patience est primordiale dans la mesure où sans cette dernière on ne pourrait surmonter l’épreuve et l’imam Ali de soutenir : « Pas de foi pour celui qui n’a pas de patience. » La patience consiste à consentir à la perte de l’âme pour plaire à Celui que l’on aime. Mais sans une compensation spirituelle, on ne pourrait surmonter l’épreuve. C’est pourquoi un paradis est accessible ici-bas par la lutte sincère à faire prédominer la volonté divine. Un verset coranique fait, effectivement, allusion à l’existence de deux paradis : « Et pour celui qui aura craint de comparaître devant son Seigneur, il y aura deux jardins. »[8] D’après Abou Sa’id al Khoudri, le prophète a dit : « Dieu interpellera les gens du paradis : « Ô gens du paradis ! » Ils répondront : « Nous voilà à Toi Seigneur, à ta disposition, et le bien est entre tes mains. » Il leur demanda : « Êtes-vous satisfaits ? » Ils diront : « Et comment ne pas être satisfaits, Seigneur, alors que Tu nous as gratifiés de Tes faveurs comme Tu n’as jamais gratifié ? » Il leur demanda encore : « Ne voulez-vous pas que je vous donne mieux que tout cela ? » Il répondront : « Mais qui y a-t-il de mieux que cela ? » Dieu répondra: « Je vous accorde mon agrément et plus jamais vous ne risquerez mon courroux ! »[9] A partir de ce récit, on peut déduire que l’agrément divin est la jouissance suprême du croyant. Or ce paradis est accessible ici-bas par la recherche de la satisfaction divine dans les actes obligatoires et surérogatoires jusqu’à l’obtention de l’amour divin par le dévouement total de sa personne dans la réalisation des actions intérieures et extérieures qu’Il aime. Ibn Taymiyya disait : « Il y a ici-bas un paradis et celui qui ne l’a pas pénétré ne rentrera pas dans le paradis de l’au-delà. »[10] Une tradition divine énonce : « Ô fils d’Adam ! Consacre toi à mon adoration et je remplirai ton cœur de richesse et je te suffirai contre la pauvreté. Par contre, si tu agis autrement, je te condamnerai à des occupations incessantes et je ne te préserverai pas de la pauvreté. » Ce paradis terrestre est intérieur et consiste à se libérer de toutes les attaches terrestres pour savourer le plaisir de souffrir pour Dieu, car la souffrance n’est au fond que la force qui nous pousse vers notre divinité. Le meilleur moment qu’a passé le Muezzin du prophète n’était-il pas sous la torture quand il refusait de renier sa religion ? Ce paradis n’est donc point embelli de rires et de plaisanteries mais c’est un paradis où règne le souci pour la guidée du genre humain, un paradis de tristesse où la larme a plus de valeur que la somme des plaisirs terrestres. « Si vous saviez ce que je sais vous ririez peu et pleureriez beaucoup » disait le prophète dans une tradition authentique. L’on rapporte ces paroles d’Ibn Taymiyya : « Quoi que m’infligent mes ennemis, mon paradis et mon jardin se trouvent dans ma poitrine ! Où que je vais, ils m’accompagnent et ne se séparent jamais de moi. Mon enfermement est un ermitage, mon assassinat est un martyr, et mon exil un voyage. »[11] C’est pour cela que al Nahrajuri disait : « Lorsque le serviteur parachève de parcourir les réalités de la certitude, les épreuves deviennent pour lui un bienfait et l’aisance un malheur. »[12] C’est pourquoi Omar Ibn al Khatab disait : « La meilleure vie que nous avons eue nous l’avons obtenue grâce à la patience. » Le prophète disait : « Quelle est étonnante l’affaire du croyant ! Toute son affaire c’est du bien pour lui. Et ceci n’est pour personne d’autre que le croyant. S’il passe par des moments agréables, il rend grâce à Dieu et c’est un bien pour lui ; s’il traverse des moments durs, il endure et c’est encore un bien pour lui. »[13] Un verset du coran énonce : « Nous vous éprouverons par un peu de crainte, de faim, par des pertes légères de biens, d’honneurs ou de récoltes. Annonce la bonne nouvelle à ceux qui sont patients. »[14] Un autre verset énonce : « Oui, Nous vous mettrons sûrement à l’épreuve afin de connaître ceux d’entre vous qui combattent et qui se montrent patients et afin d’éprouver vos nouvelles. »[15] Ainsi, l’effort consiste à patienter dans la construction de l’édifice idéal par la compagnie des gens pieux : « Impose à ton âme la compagnie de ceux qui, matin et soir, invoquent leur seigneur en désirant sa Face. Et que tes yeux ne se détachent point d’eux, en cherchant (le faux) brillant de la vie sur terre. Et n’obéis pas à celui dont Nous avons rendu le cœur inattentif à Notre Rappel, qui poursuit sa passion et dont le comportement est outrancier. »[16] Ainsi, nous nous devons de patienter dans notre effort à réaliser l’unicité divine, car Allah a dit : « Fais preuve de patience, car la promesse d’Allah est vérité et que ceux qui ne croient pas ne t’ébranlent pas. »[17] Nul doute que la renaissance de notre communauté musulmane risque de déclencher l’animosité des gouvernements influents qui gagnent de l’exploitation de la masse et qui n’hésiteront pas à déclarer une guerre sans merci contre l’islam sur tous les fronts. Il nous incombe de méditer le récit des gens d’al Ukhdoud qui ont préféré brûler que de renier leur croyance. Sayyed Qoutb souligne à juste titre que cet incident : « fut l’événement qui a permis aux croyants de se relever de toutes les contingences de la vie et d’avoir un honneur unique dans tous les temps et à travers les générations. D’après les gens du commun, l’injustice ici paraît l’emporter sur la foi…Les récits relatant cet événement, ainsi que les textes coraniques, n’ont pas signalé si Allah a puni les auteurs de cette atrocité, comme ce fut le cas avec le peuple de Noé, celui de Houd, de Salah et de Chou’ayb ou de celui de Loth, ou bien comme ce fut le cas avec Pharaon et son armée. Pour les gens du commun, la conclusion de cet événement est regrettable. Un tel aboutissement est-il équitable ? Est-il juste, que le groupe qui a atteint un niveau supérieur dans la spiritualité puisse subir un tel sort ? Alors que les malfaiteurs injustes échappent à toute punition ? Mais le coran enseigne aux croyants d’autres principes et les éclaire sur la nature des valeurs avec lesquelles ils doivent mesurer les choses et sur la lutte qu’ils doivent entreprendre. La vie et tout ce qu’elle comporte de plaisirs et de souffrances, de biens et de privations n’est pas le seul élément dans l’échelle des valeurs. Elle n’est pas non plus la référence qui décide du gain ou de la perte. La victoire n’est pas toujours le salaire de celui qui gagne apparemment la bataille, il n’y a là qu’une des différentes formes de la victoire. La plus grande des valeurs chez notre Seigneur est la victoire de l’âme sur la matière, la victoire de la croyance sur la passion. Dans le récit des gens d’al Ukhdoud, les âmes des croyants ont vaincu les attirances de la vie sur terre. Elles ont remporté une victoire qui honore l’humanité toute entière, à chaque époque et c’est cela : la réelle victoire ! (…) Les croyants pouvaient avoir la vie sauve en contrepartie de leur apostasie. Mais s’ils avaient agi ainsi, auraient-ils gagné ? Et l’humanité aurait-elle gagné ? S’ils avaient renié la foi, que serait la vie ? Une atrocité sans liberté ? Et à quel niveau se serait-elle abaissé, lorsque les tyrans auraient dominé les âmes après les corps. Il y a là une station très profonde et très élevée qu’ont gagné les croyants alors qu’ils étaient encore ici-bas, lorsque leurs corps avaient touché les brasiers et s’étaient consumés. »[18] Comprends, mon frère ou ma sœur dans la foi, que l’islam te propose un challenge grandiose, celui de faire triompher la volonté divine à l’intérieur puis à l’extérieur de toi-même. Sache que ta victoire dépend de l’atteinte du meilleur de ta personne et que tu as gagné même si ce meilleur est un échec pour ceux qui n’observent qu’avec leur yeux de chair.

 

Conclusion



La compréhension de la notion du Tawhid est la base d’une adoration éclairée et donc plus solide. Beaucoup ne se soucient guère de l’importance d’une bonne assimilation de cette notion capitale et adhèrent à des courants uniquement par émotion, ressentant le besoin naturel d’appartenir à un groupe. Notre communauté de foi a besoin, aujourd’hui, d’une reconstruction de sa pensée. Les idées gouvernent souverainement les actes d’où la nécessité de leur bonne organisation afin d’assurer la réalisation de nos desseins. En effet, la clarification du but est à l’origine de la consolidation de la volonté et donc de la perfection de l’action. La réussite dépend, par déduction, de la bonne gérance des ressources intellectuelles et matérielles, ce qui demande de s’affilier nécessairement à une organisation et à une autorité commune. L’efficacité d’un groupe réside dans son homogénéité, dans la vitalité de son imaginaire et dans la dureté de son noyau fondateur. L’objectif de ce manuel est de fournir à l’étudiant les ingrédients de la bonne assimilation de cette notion phare de l’islam pour que se réforment sa vision et son action. Transmettre la flamme et non pas uniquement se contenter d’éclairer passagèrement autrui est la fin de cet écrit. La véritable prédication consiste, en effet, à éduquer les gens en transposant leurs plaisirs et leurs peines en Dieu. Ce petit manuel doit, par conséquent, être, je l’espère, le départ de la construction réfléchie en France d’un édifice qu’il faut commencer à bâtir dans la poitrine des gens pour aboutir à la constitution d’une communauté de foi unie dans son mouvement tels les membres d’un seul et même corps. Le prophète disait : « L’image des croyants dans les liens d’amour, de miséricorde et de compassion qui les unissent les uns aux autres est celle du corps : dès que l’un de ses membres se plaint de quelque mal, tout le reste du corps accourt à son secours par la veille et la fièvre. »[1] La tâche est, certes, ardue et demande un investissement infini ! La compensation dans l’au-delà vaut la peine de se sacrifier ici-bas. Ne perdons pas notre temps, mes frères et mes sœurs de foi ! L’islam n’est pas un passe temps ou une affaire secondaire ! Il te propose un challenge considérable qu’est la fondation d’un empire qui régnera sur les cœurs et ensuite sur la terre entière. Ibn Qayyoum avait raison de soutenir que : « La perte de temps est pire que la mort, car la mort te sépare de ce bas monde et de ses habitants tandis que la perte de temps te sépare de Dieu et de son paradis ! » Combien de personnes ont déjà quitté ce bas monde en l’espace de ta lecture ? Ô Mon Seigneur recouvre de ta miséricorde celui qui achèvera l’étude de cet ouvrage… Que la Louange Te revient dans son entièreté et que Tes bénédictions recouvrent Ton ultime messager ainsi que l’ensemble de ses compagnons et ceux qui les suivront dans leur croyance et leur action malgré la succession des époques et des générations.



Mahdy Ibn Salah

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Glossaire

 

La spécificité de l’homme

 

[1] C33/72
[2] C17/44
[3] Authentique
[4] C4/48
[5] C2/57
[6] C6/27-28
[7] C35/36-38
[8] Tirmidhi
[9] Moslim
[10] C54/49
[11] Tirmidhi
[12] Shihab, avril 1934, p. 189
 

La vérité et la fausseté

 

[1] « Les affinités de l’amour », (Le collier de la colombe), Ibn Hazm, p. 27
[2] C25/3
[3] C10.35
[4] Tirmidhi
[5] C24/39

 

La repentance

 

[1] Moslim
[2] C49/11
[3] C24/31
[4] Authentique
[5] Moslim
[6] Tirmidhi
[7] C11/15-16
[8] C57/20
[9] C14/22
[10] Moslim

 

La raison contre la passion

 

[1] C16/81
[2] C7/172
[3] Boukhari
[4] Authentique
[5] C89/27-30
[6] Tirmidhi
[7] Boukhari, Moslim
[8] C79/40-41
[9] C38/26

 

Le sacrifice de l’âme

 

[1] Moslim
[2] Authentique
[3] C10.22-23
[4] C37/102
[5] C91/7-10

 

La prophétie et l’innovation

 

[1] C2/38-39
[2] C5/35
[3] Boukhari
[4] C4.80
[5] C33.66
[6] C3.31
[7] C2/117
[8] C46/29
[9] St Jean 16/12-13
[10] Moslim
[11] Tirmidhi, Abou Daoud
[12] Moslim

 

Le Taghout

 

[1] C36/60-61
[2] C16/36
[3] C9.31
[4] C5/116-117
[5] « I'lam Al- Mouwaqi'ine », Ibn Qayyoum, 1/50

 

La religion



[1] C51/56
[2] C35/15
[3] C35/3
[4] C39/3
[5] « Les sentiers des itinérants », p. 26
[6] C47/3
[7] C3/85



La sincérité et la science

 

[1] C6/153
[2] C4/125
[3] C25/23
[4] « Les sentiers des itinérants », Ibn Qayyoum, p. 350
[5] C17/103-104
[6] C67/11
[7] C47/19
[8] « La mesure de l’acte », Ghazali, p. 151

 

Les deux plans de la réalisation de l’unicité divine

 

[1] « Le sentier des itinérants », Ibn Qayyoum, p. 608
[2] « Majmouh al Fatawa », Ibn Taymiyya, t. 1, l. 1, p. 100
[3] C2/165
[4] C11/15-16

 

La Rouboubiyya

 

[1] C3/26
[2] C74/31
[3] C41.23
[4] C9/25
[5] Ahmed
[6] « Le livre de l’unicité divine et de la remise confiante en Dieu », L’imam Ghazali, p. 42
[7] C10/31
[8] C7/172-173

 

La Oulouhiyya

 

[1] C51/50
[2] C28/88
[3] « Le livre de l’unicité divine et de la remise confiante en Dieu », L’imam Ghazali, p. 41
[4] C3.109
[5] C10.107
[6] C2/196
[7] C16/53
[8] C4/79
[9] C17/18-19
[10] C2.207
[11] C11.115
[12] Boukhari
[13] C12/108
 

Les deux chantiers de la réalisation de l’unicité divine



[1] C13/11
[2] C14/24
[3] « Discours sur l’histoire universelle », Ibn Khaldoun, p. 62
[4] Boukhari
[5] « Enseignement spirituel », Jounayd, p. 60-61
[6] C3.110
[7] St Luc 8/1-15. Précisons la règle suivante : « Les textes bibliques ne nous servent d’appuis que lorsqu’ils sont confirmés par la révélation coranique. »
[8] St Mathieu 6/10
[9] St Mathieu 10/7
[10] St Mathieu 21/43-46
[11] Genèse 49/10
[12] C48/29
[13] C2/36
[14] C26/137
[15] C3/103
[16] C29/25
[17] C17/22
[18] C8/63
[19] Moslim

 

Un challenge continuel

 

Chapitre manquant ici mais présent dans la version livre

 

L’épreuve et la patience

 

[1] Boukhari
[2] C29/69
[3] Authentique
[4] « Les frères musulmans », Olivier Carré, p. 40
[5] C2/214
[6] C61/10-13
[7] C2/86
[8] C55/46
[9] Boukhari, Moslim
[10] Cheikh Ibn Taymiyya, Dar al Qalam, Damas, p. 148
[11] Cheikh Ibn Taymiyya, Dar al Qalam, Damas, p. 148
[12] « Le sentiers des itinérants », Ibn Qayyim, p. 440
[13] Authentique
[14] C2/155
[15] C47/31
[16] C18/28
[17] C30/60
[18] « Jalons sur la route de l’islam », Sayyed Qoutb, p. 253-256

 

 

 

Glossaire

 

La spécificité de l’homme

 

[1] C33/72
[2] C17/44
[3] Authentique
[4] C4/48
[5] C2/57
[6] C6/27-28
[7] C35/36-38
[8] Tirmidhi
[9] Moslim
[10] C54/49
[11] Tirmidhi
[12] Shihab, avril 1934, p. 189
 

La vérité et la fausseté

 

[1] « Les affinités de l’amour », (Le collier de la colombe), Ibn Hazm, p. 27
[2] C25/3
[3] C10.35
[4] Tirmidhi
[5] C24/39

 

La repentance

 

[1] Moslim
[2] C49/11
[3] C24/31
[4] Authentique
[5] Moslim
[6] Tirmidhi
[7] C11/15-16
[8] C57/20
[9] C14/22
[10] Moslim

 

La raison contre la passion

 

[1] C16/81
[2] C7/172
[3] Boukhari
[4] Authentique
[5] C89/27-30
[6] Tirmidhi
[7] Boukhari, Moslim
[8] C79/40-41
[9] C38/26

 

Le sacrifice de l’âme

 

[1] Moslim
[2] Authentique
[3] C10.22-23
[4] C37/102
[5] C91/7-10

 

La prophétie et l’innovation

 

[1] C2/38-39
[2] C5/35
[3] Boukhari
[4] C4.80
[5] C33.66
[6] C3.31
[7] C2/117
[8] C46/29
[9] St Jean 16/12-13
[10] Moslim
[11] Tirmidhi, Abou Daoud
[12] Moslim

 

Le Taghout

 

[1] C36/60-61
[2] C16/36
[3] C9.31
[4] C5/116-117
[5] « I'lam Al- Mouwaqi'ine », Ibn Qayyoum, 1/50

 

La religion



[1] C51/56
[2] C35/15
[3] C35/3
[4] C39/3
[5] « Les sentiers des itinérants », p. 26
[6] C47/3
[7] C3/85



La sincérité et la science

 

[1] C6/153
[2] C4/125
[3] C25/23
[4] « Les sentiers des itinérants », Ibn Qayyoum, p. 350
[5] C17/103-104
[6] C67/11
[7] C47/19
[8] « La mesure de l’acte », Ghazali, p. 151

 

Les deux plans de la réalisation de l’unicité divine

 

[1] « Le sentier des itinérants », Ibn Qayyoum, p. 608
[2] « Majmouh al Fatawa », Ibn Taymiyya, t. 1, l. 1, p. 100
[3] C2/165
[4] C11/15-16

 

La Rouboubiyya

 

[1] C3/26
[2] C74/31
[3] C41.23
[4] C9/25
[5] Ahmed
[6] « Le livre de l’unicité divine et de la remise confiante en Dieu », L’imam Ghazali, p. 42
[7] C10/31
[8] C7/172-173

 

La Oulouhiyya

 

[1] C51/50
[2] C28/88
[3] « Le livre de l’unicité divine et de la remise confiante en Dieu », L’imam Ghazali, p. 41
[4] C3.109
[5] C10.107
[6] C2/196
[7] C16/53
[8] C4/79
[9] C17/18-19
[10] C2.207
[11] C11.115
[12] Boukhari
[13] C12/108
 

Les deux chantiers de la réalisation de l’unicité divine



[1] C13/11
[2] C14/24
[3] « Discours sur l’histoire universelle », Ibn Khaldoun, p. 62
[4] Boukhari
[5] « Enseignement spirituel », Jounayd, p. 60-61
[6] C3.110
[7] St Luc 8/1-15. Précisons la règle suivante : « Les textes bibliques ne nous servent d’appuis que lorsqu’ils sont confirmés par la révélation coranique. »
[8] St Mathieu 6/10
[9] St Mathieu 10/7
[10] St Mathieu 21/43-46
[11] Genèse 49/10
[12] C48/29
[13] C2/36
[14] C26/137
[15] C3/103
[16] C29/25
[17] C17/22
[18] C8/63
[19] Moslim

 

Un challenge continuel

 

Chapitre manquant ici mais présent dans la version livre

 

L’épreuve et la patience

 

[1] Boukhari
[2] C29/69
[3] Authentique
[4] « Les frères musulmans », Olivier Carré, p. 40
[5] C2/214
[6] C61/10-13
[7] C2/86
[8] C55/46
[9] Boukhari, Moslim
[10] Cheikh Ibn Taymiyya, Dar al Qalam, Damas, p. 148
[11] Cheikh Ibn Taymiyya, Dar al Qalam, Damas, p. 148
[12] « Le sentiers des itinérants », Ibn Qayyim, p. 440
[13] Authentique
[14] C2/155
[15] C47/31
[16] C18/28
[17] C30/60
[18] « Jalons sur la route de l’islam », Sayyed Qoutb, p. 253-256

 

 

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