Salam alaykoum,
Je me permets de vous contacter, car je me trouve actuellement face à un dilemme et ne sais pas trop comment réagir. Je suis une algérienne venue en France en 2007 pour finir mes études. hamdoullah, j'ai pu avoir un master ainsi que mon doctorat en informatique. Après les études le travail et c'est là où les vrais problèmes commencent. Etant voilée, j'ai du modifier mon foulard pour que ça passe mieux en enseignement car cela fait 3 ans que j'enseigne à l'université. Pour l'année prochaine, je souhaitais candidater pour un poste d'enseignant chercheur. Il s'avère que j'ai un premier entretien très important à une université où l'on m'a prévenu de manière implicite qu'il fallait que je réfléchisse à une solution pour l'entretien si j'ai envie d'avoir mes chances d'être prise. Ma question est simple, puis-je enlever mon foulard durant ces entretiens? Et après m'arranger à mettre une casquette ou autre pendant les enseignements? Sachant qu'en recherche la question est moins problématique. Je ne meurs pas de faim hamdoullah, mais la question du foulard n'arrêtera pas de se poser, et à un moment donné, je dois bien voir s'il y a une solution pour être tranquille avec ma conscience tout en continuant à faire ce qui m’intéresse le plus à savoir l’enseignement et la recherche. Je ne sais pas si j'ai été assez claire, mais n'hésitez surtout pas à me poser toutes les questions nécessaires pour mieux comprendre ma situation et ainsi mieux me guider.
Baraka allahou fikoum.
Wa ahleikoum salam, orti al 'aziza,
Vous êtes confrontée à un dilemme comme vous le dites si bien, et je pense que vous pouvez, seule, trouver la réponse à votre question, si vous revenez à la profondeur de la signification de votre attestation de foi et à la saine raison. Je vais vous aider, dans cette tâche, ne vous inquiétez pas…
Vous trouverez, je tiens à le préciser, si vous cherchez bien, des imams d’un islam de France, qui vous permettront, sans hésitation, d’enlever votre voile dans n’importe quelle situation comme ce Tariq Oubrou, qui pour plaire aux mécréants, est prêt à orienter son discours, qui n’a d’ailleurs plus rien à voir avec l’islam authentique, dans le sens de l’ego et des mécréants plutôt que dans celui du Coran !
Je te demande, ma sœur fillah, de fuir, par conséquent, tous ceux qui par leurs réponses t’ouvrent les portes à la « fausse facilité » car s’il est vrai qu’il faut faciliter les choses selon l’ordre prophétique suivant : « Facilitez les choses et ne les rendez pas compliquées aux gens, annoncez-leurs de bonnes nouvelles et ne les faites pas fuir ! »[1] Il faut comprendre que la facilité dont fait allusion ce récit est la facilité de la pratique et que, par déduction, toute facilité qui éloigne de la pratique n’est pas une facilité ordonnée par notre prophète dans cette tradition !
Ainsi, la vraie facilité consiste à donner les moyens à une personne de surmonter les éventuels obstacles qui peuvent survenir dans sa pratique religieuse, en lui donnant, par une éducation appropriée assurant une augmentation de la foi, la capacité de ne pas succomber et de faire ce qu’il faut faire. En effet, il fait partie de la sagesse que de ne pas condamner une personne en raison de l’une de ses failles tant qu’on ne lui a pas donné les moyens de ne pas faillir. Or, nous rencontrons des gens qui jugent et condamnent les pécheurs alors qu’ils ne se rendent même pas compte qu’ils participent indirectement à leur déchéance par une condamnation non précédée d’une action préservatrice ! C’est à ces gens là que fait allusion la partie suivante du récit : « Ne rendez pas compliquées les choses ! » En effet, c’est compliquer la religion à quelqu’un que de lui demander de réaliser un but sans lui donner les moyens ! Si par déduction compliquer, c’est enlever les moyens alors faciliter c’est les donner ! D’où la signification de la fausse facilité qui consiste, quant à elle, à annuler l’obstacle dont la maîtrise augmente la foi, de sorte que par cette annulation les gens s’éloignent plus de la pratique de l’islam, qu’ils ne s’en rapprochent.
Ainsi, les deux critères qui te permettront de savoir quand est-ce que tu as à faire avec une vraie ou une fausse facilité, c’est le but et la manière. Deux questions s’imposent, par déduction, ici, si l’on tient à déterminer la nature d’une facilité :
- Est-ce que par cette dernière je renforce ma pratique religieuse ?
- Est-ce que celle-ci est légiférée ?
Or, la facilité que tu demandes n’est pas légiférée comme l’est par exemple le regroupement des prières, et de plus, il y a un ordre dans les priorités quand nous sommes confrontés à une impasse nous contraignant à négliger un devoir religieux en vue d’un intérêt :
- le Tawhid
- la raison
- la vie
- la descendance
- la propriété
Or, le Tawhid consiste justement à faire de l’intérêt divin notre intérêt, en anéantissant notre volonté dans la volonté divine, par l’effort de donner la victoire à la parole d’Allah sur toutes les autres volontés, internes ou externes à notre être, qui lui sont rivales.
Comprends ma sœur fillah, que si tu abandonnes un ordre d’Allah pour satisfaire un autre que Lui, et ce par faiblesse, c’est comme si tu adorais cet autre par cet abandon, à l’exception toutefois, d’un délaissement légal puisque stratégique et temporaire, par lequel tu veux préserver quelque chose de plus essentielle que la chose que tu as abandonnée…
Me revient à l’instant ce Hadith divin :
« Ô fils d’Adam, tu veux et moi je veux,
Si tu te soumets à ce que je veux,
Je te donnerai ce que tu veux,
Mais si tu ne te soumets pas à ce que je veux,
Je te fatiguerai dans ce que tu voudras,
Et, au final, sache qu’il n’y aura que ce que je veux, qui sera ! »
Mahdy Ibn Salah