As Salamû Aalaykoum akhy.
Je viens à vous cher frère pour vous demander aide et conseils concernant une situation que je vis et qui devient de plus en plus embarrassante. Je suis une sœur âgée de 22 ans, célibataire et vivant chez mes parents. Je suis voilée et porte l'habit légiféré, je suis curieuse envers la science et je porte en moi l'envie et la motivation de me parfaire religieusement tant sur mon comportement que sur mon mental. J'ai récemment abandonné mes études et fais le choix de ne pas travailler pour me consacrer à l'entretien de ma foi et à l'apprentissage de la langue arabe à la maison en attendant qu'Allah mette sur mon chemin un prétendant ou l'ange de la mort. Mais voilà depuis bien longtemps je suis en conflit permanent avec ma mère qui est "indignée" à l'idée de me voir rester à la maison "à ne rien faire" au lieu d'aller goûter au labeur, d'apporter un salaire à la maison et de partager ce dit salaire entre moi et eux. Entre nous ça part très vite en confrontation, elle ne cesse de me rabâcher que des femmes (de ma génération) travaillent à longueur de journée, que certaines parmi elles réussissent à allier travail et études, et que contrairement à moi, elles, "ont réussi leur vies". Mais à voir de plus près, ces femmes dont ma mère me parle, et que je connais personnellement, n'ont aucune attache avec la religion, ne sont pas voilées, ne prient pas ... mais je souhaite néanmoins de tout cœur qu'Allah les guident et en fassent des femmes pieuses et dévouées à Lui ... Je ne pense donc pas qu'une comparaison ait lieu d'être entre elles et moi, nos motivations sont totalement différentes. Pour ma part, je trouve juste impensable de troquer mon voile et les principes de ma religion en échange d'un misérable salaire. Louper mes prières, enlever mon voile, m'habiller de manière inappropriée aux yeux d'Allah, subir la mixité, travailler les vendredis après-midi, subir des baisses de foi ... cela me rends malade rien qu'à l'idée d'y penser. L'argent ne m'intéresse aucunement wa lillâhy lhamd ainsi que toute chose matérielle qui feraient briller les yeux de certaines filles, car j'ai pris conscience que cet élément constitue une énorme tentation pouvant m'être nuisible et que lorsque je serais rappelée et enterrée cet argent ne me seras d'aucun secours contrairement à mes bonnes œuvres pour lesquelles j'aurais travaillée. Mais comment aspirer à gagner des bonnes œuvres quand on me pousse à commettre ce qu'Allah à prohiber ? "Point d'obéissance à la créature dans la désobéissance au Créateur" disait notre Prophète (Salla Allahu aalayhi Wa Salam). J'essaie du mieux que je peux de lui expliquer mon choix mais elle ne le comprend pas, j'ai parfois l'impression de parler une langue qu'elle ne comprend pas. Aujourd'hui vouloir rester ferme sur sa religion est comparable à un chemin sinueux, on tente de le traverser mais ses obstacles font tout pour nous en empêcher. Aussi paradoxale que cela puisse paraître, ma mère est elle même pratiquante, voilée, bientôt sexagénaire, au foyer depuis son mariage, curieuse envers la science. Elle apprend justement à mémoriser le Coran mais n'étant pas arabophone elle ne comprend pas la signification de ce qu'elle lit, et comme la majorité des anciens ce sont des musulmans certes attachés à leur religion mais ils ne connaissent pas l'essence même de celle-ci c'est donc peut-être la raison principale pour laquelle elle ne peut pas me comprendre. Pour elle c'est simple "tant que tu as la foi dans ton cœur tu peux aller travailler il n'y a pas de mal à ce que tu enlève ton voile pour un boulot tant que tu ne perds pas le nord et que ta foi reste." "Tu ne veux pas travailler ? Alors maries toi !" Je partage parfaitement son point de vue mais je n'ai pas de crayon magique avec lequel je dessinerais sur ma feuille un beau et vaillant guerrier musulman, avant qu'il ne prenne forme devant moi ! Ma mère est de nature sévère, franche, directe, et parfois méprisable. Elle a tendance à s'emporter très vite, à faire des réflexions qui découragent, il faut dire qu'elle ne flatte jamais. On a l'impression qu'on ne pourra jamais la satisfaire. Il faut dire qu'elle a eut une enfance et un mariage difficile ... Son comportement actuel est à mon avis le fruit de son vécu. Mon père est du même avis que ma mère mais à moins tendance à l'exprimer. Ces conflits, son comportement et sa personnalité, m'affectent et ont généré entre elle et moi une distance considérable, nous échangeons que très rarement, la cohabitation est difficile et ça me gêne car ce n'est pas en adéquation avec notre religion. Elle m'a très souvent dit (et continue) des propos très blessant au sujet de mon inactivité mais j'encaisse toujours en silence en pensant que la patience est la meilleure solution. Étant moi même de nature très sensible, ces conflits commencent sérieusement à me peser et m'ont causé baisse de foi, démotivation dans ma pratique et quelques dépressions en espérant qu'Allah me facilite. Pour espérer que ça cesse j'ai commencé à me mettre à la recherche d'un travail, entretiens, tests ... Sans succès ! Oui j'ai obéi pour désobéir mais je vous cache pas être heureuse à chaque fois que je suis recalée d'un entretien sans oublier de remercier Allah. Je ne sais à qui me confier, c'est donc à vous cher frère que j'apprécie déjà pour votre travail en vous suivant sur facebook, à qui je demande une petite lumière pour m'éclairer. Dois-je persévérer dans ma pratique et rien d'autre ou puis-je satisfaire la demande de mes parents tout en tentant de rester ferme dans ma foi ? (Je m'excuse pour la taille du message et les fautes d'orthographe.) Qu'Allah vous récompense grandement ! Votre sœur Aicha.
Salam aleykoum.
Je me permets de vous contacter car je suis actuellement dans une situation très difficile. En effet je porte le voile depuis peu et mes parents ne sont pas du tout d'accord sachant que ce sont des musulmans. J'ai essayé de leur expliquer ce choix, de leur apporter tous les arguments possible mais la communication a été impossible. Ils ne veulent rien savoir et m'accuse même d'avoir intégré une secte. Je fais du mieux que je peux pour être bien avec eux malgré ce problème qui me ronge de l'intérieur. Maintenant ils me menacent de me mettre à la porte si je ne l'enlève pas (car je me cache pour le mettre une fois que je suis dehors), ils ne veulent même pas que je mette de robe ou jupe longue. Des sœurs m'ont conseillées de les écouter de mettre un foulard à l'arrière afin de calmer la situation d'autres au contraire me disent de pas les écouter et de partir de chez moi car tôt ou tard ils me mettront à la porte. Je ne veux pas couper les liens de parenté sachant que le voile est une obligation et que l'obéissance aux parents en est une autre. J’espère avoir été claire si non n'hésiter pas à me poser des questions pour avoir plus de précisions. Que Dieu vous récompense Amine
Wa alaykom salam mes sœurs,
Je me permets de vous répondre en même temps étant donné que le sujet de vos préoccupations est similaire. De nombreuses sœurs pourraient se reconnaître à travers vos témoignages. En effet nombreuses sont celles qui, n’étant pas mariées et donc contraintes de cohabiter avec leurs parents, ne peuvent vivre leurs choix religieux comme elles l’entendent et doivent constamment se justifier ou parfois même se cacher pour tout simplement obéir à leur Seigneur.
Le foulard fait l’objet de nombreux débats et ce, tant au sein de la société française qu’au sein de la communauté musulmane ! Et il ne suffit, pour s’en rendre compte, que de voir le nombre de propositions de lois relatives au foulard et le nombre de conflits dans les foyers à cause du voile !
Je m’étonne toujours de la virulence dans l’opposition des parents lorsqu’il s’agit d’un choix aussi noble, que celui de préserver sa pudeur à l’égard des cœurs malades. « La pudeur fait partie de la foi et la foi est au paradis (..) »[1] a dit notre Prophète (que la prière d'Allah et son salut soient sur lui).
Et pourtant des parents n’hésitent pas à menacer leur fille de les chasser du foyer familial si elles continuent de porter jupe et foulard. Ce constat montre bel et bien l’état de la Communauté, dépersonnalisée et assimilée, qui rejettent ce qui pourtant fait partie intégrante de son identité !
Nous vivons une époque où il est devenu honteux de faire passer le respect de sa pratique religieuse avant de s’assurer une intégration sociale réussie. En témoigne les incessantes comparaisons des parents à l’égard de leurs enfants avec ceux d’autrui, qui ont « réussi leur vie » en troquant leur dine !
Il est triste de constater que des parents ne se soucient guère de ce que peuvent ressentir leurs enfants qui, en plein cheminement spirituel, ont besoin de parfaire leur pratique par l’observance à l’endroit des prescriptions divines, qui ne sont d’ailleurs, pour bon nombre de parents, que de vieilles traditions… Et certains parmi eux, vont même jusqu’à faire culpabiliser leurs enfants dans leurs choix religieux en leur rappelant qu’ils ne contribuent pas aux dépenses du foyer et qu’ils deviennent de ce fait une charge…
Mes sœurs, vous êtes confrontées à une situation qui vous oblige à faire un choix entre votre souhait de vous voiler et votre volonté de garder une relation saine avec vos parents. Etant donné que l’exposition de vos motivations ne suffit pas à les convaincre, plusieurs solutions peuvent être proposées pour remédier à cette impasse dans laquelle vous vous trouvez :
- La reprise de vos études et/ou la création de votre propre projet
- L’intervention d’un médiateur
- Le mariage
Aïcha, l’abandon de tes études a peut-être été ce qui a déclenché l’hostilité de tes parents à l’égard de ton choix de vivre pleinement ta foi. Saisis qu’étudier et vivre sa foi n’est pas incompatible. Tu peux par exemple effectuer une formation à distance, dans le domaine qui te plaît. Ceci te permettra d’avoir une raison valable aux yeux de tes parents de rester chez toi, tout en continuant de pratiquer ton islam. Et par la suite, pourquoi ne pas monter ton propre projet et travailler à domicile. Ceci sera l’occasion pour toi de gérer ton emploi du temps à ta guise !
La seconde alternative serait de faire intervenir un tiers médiateur compétent qui saurait expliquer les choses sagement à vos parents et rétablir le lien détérioré par un débat de sourds sur la défense d’intérêts contraires.
Enfin la troisième solution serait de vous marier. Il est vrai qu’il n’est pas facile de nos jours de trouver son âme sœur mais il vous faut savoir invoquer Le Pourvoyeur tout en faisant les causes. Parlez-en à votre entourage, afin qu’il vous aide à trouver un homme qui correspondrait à vos attentes et avec lequel vous pourriez vivre votre foi pleinement et sans concessions.
Et ne perdez pas espoir en trouvant le temps long dans l’affrontement de toutes ces contradictions car Allah a dit : « Et quiconque craint Allah, Il Lui donnera une issue favorable, et lui accordera Ses dons par [des moyens] sur lesquels il ne comptait pas. Et quiconque place sa confiance en Allah, Il [Allah] lui suffit »[2].
Raja d’Aix-en-Provence
[1] Rapporté par Ahmed
[2] Sourate 65 verset 2 et 3