Salamu'alaykoum frère,
Je voudrais te poser une question en lien avec ton dernier article posté sur l'antisémitisme islamique. J'ai trouvé l'argumentaire très intéressant, la différence entre enfants d'Israël et juifs, le fait de ne pas laisser des industries aux juifs, que l'on doit rester méfiant aux regards de leurs caractères présentés dans le Coran, etc. Toutefois, est-ce nécessaire de commencer l'article en critiquant le travail de nos frères et sœurs ? En effet, j'ai eu ce retour là, y'a des gens qui ne veulent plus lire le reste car ils sont blessés par les critiques... Et ils parlent du hadith concernant le fait de manger la chair de son frère quand on le critique.
Pourrais avoir plus de précisions à ce sujet ?
Barak'Allahoufik
Wa Ahleikoum salam,
Il est vrai que beaucoup me censurent en raison de mon franc parler. Or, il existe une différence à opérer entre la critique constructive et la critique destructive. La première est animée par le désir et l’amour de la vérité tandis que la seconde est animée par le désir de nuire. La première vise l’idée tandis que la seconde vise la personne. La première est noble et c’est celle qui a poussé les grandes figures de notre religion à dire « j’aime tel savant mais j’aime la vérité davantage d’où mon opposition à ce dernier sur les points où il s’est trompé. » Tandis que la seconde est ignoble car elle a pour objectif le déshonneur et la jalousie à l’instar de ceux qui veulent briller en écrasant par la médisance tous les rivaux potentiels.
Ainsi, il ne faut pas tomber dans le piège de confondre les deux critiques : critiquer ne veut pas dire médire !
C’est par respect, à l’égard de la croyance et de l’identité musulmane authentique, que je critique Tariq Ramadan…
C’est par respect, à l’égard de la voie prophétique, que je critique les distributeurs de croissants ou les manifestants dans les rues de Paris…
C’est par respect, à l’égard du sang des musulmans là-bas, que je critique les donateurs de sang ici…
Ainsi, c’est toujours par rapport au respect de la vérité, de la voie ou de la communauté que je critique des personnes, des sites ou des actions, mais soulignons-le, le fait que je critique, directement ou indirectement, Tariq Ramadan, Merwan Mohammed ou Nabil Ennasri ne veut pas dire que je ne les aime pas ! Bien au contraire, je ressens sans que je ne fasse d’efforts, de l’amour pour ces trois personnes, en raison de la sincérité qui anime leur action et face à eux, je ne vois plus de divergence et d’opposition puisque :
La beauté de la sincérité
Doit effacer la laideur de l’erreur
Et l’amour doit toujours être préservé
Tant que celui qui se trompe a visé le « meilleur »
En final, ma sœur, saisis que lorsque la critique blesse, elle indique que la personne n’est pas totalement sincère et qu’elle a placé dans son cœur, ou les choses critiquées ou la renommée… D’ailleurs, les grandes figures de l’Islam ont toujours accepté la critique et nourri un grand respect mutuel malgré les oppositions juridiques ou doctrinales parfois farouches qu’elles pouvaient vivre comme le témoigne la relation d’Ibn Baz d’avec le Cheikh Ghazali, pourtant en opposition diamétrale sur la question de la possession par des djinns ou de la musique par exemple...
L’idéal serait de ne citer aucun nom, je le sais, mais le caractère publique de certaines personnes m’oblige à le faire, et ce, toujours par respect à l’égard des aptitudes intellectuelles des membres de notre communauté car si certains comprennent Tariq Ramadan, ce n’est pas le cas pour d’autres, qui en raison de ses dires se sont mis à aimer et à défendre des homosexuels par exemple !
En somme,
Être blessé
Par une critique constructive
Est aussi laid que de formuler
Une critique destructive
Mahdy Ibn Salah