Un jour que je discutais avec un ami, sur un sujet complexe, j'avouais mon incapacité à lui faire comprendre une idée abstraite. Je lui ai donc donné une parabole et celle-ci, comme par magie, lui octroya la compréhension...
J'ai médité ensuite sur la figure de style qu'est l'allégorie et je suis arrivé à la conclusion suivante :
S'il y a effectivement de la ressemblance dans les choses, c'est parce qu'elles ont toutes une origine commune. En effet, un poète disait : « Et en toute chose, il y a un signe de son unicité. » Ainsi, toute créature possède une marque, une signature (aya) par laquelle nous pouvons faire des parallélismes et donc des paraboles.
Il y a, par conséquent, dans la rhétorique de la ressemblance avec la création. En effet, la langue retranscrit la pensée, si bien que l'éloquence révèle la clarté de celle-ci. Ainsi, par l'étude de la langue, on peut comprendre et atteindre toutes les idées ! La parabole est justement la figuration d'une abstraction qui nous permet d'atteindre, moyennant une image accessible, une idée plus complexe. Elle joue, en quelque sorte, le rôle de « prophète de l'idée», quand par son intermédiaire, elle nous fait accéder à « l'inaccessible », en l'occurrence ici le sens, par « l'accessible », c'est-à-dire les sens. La langue est donc l'intermédiaire entre la matière et l'esprit, si bien que par l'étude de la rhétorique et de la grammaire, on peut extraire les principes, et même régir notre vie temporelle et spirituelle !
C'est pourquoi, Allah use de nombreuses paraboles dans sa Parole : « Voici les paraboles que nous citons aux gens mais ne peuvent les comprendre que les savants. » Ce verset révèle à lui seul, le sens authentique de la science, puisque définissant le savant par son aptitude à comprendre les paraboles, ce qui implique que la science véritable se compose du noyau de « l'expression », soit le sens de celle-ci. N'est donc pas savant celui qui apprend sans comprendre, élargit sans approfondir, mais un simple pêcheur, qui soit apprend pour apprendre en divinisant la science, soit apprend pour autre chose comme la recherche d'un prestige... d'où l'importance capitale de l'intention en ce qui concerne cette question ! Par déduction, notre incompréhension témoigne, en quelque sorte, de notre hypocrisie !
C'est justement par « l'enseignement complet des noms » qu'Adam a démontré sa supériorité particulière sur les anges. Or, toute hiérarchisation ne peut s'opérer que par rapport à la proximité de Dieu. Ainsi, dans la quête du sens, il y a un chemin vers le Seigneur, d'où l'importance de l'enseignement qui élargit la vision du cœur. On a donc plus besoin d'apprendre à comprendre que d'emmagasiner des connaissances !
Or, apprendre à comprendre consiste justement à enseigner la globalité car pour comprendre la partie, il faut impérativement l'inclure dans sa totalité. Et, l'enseignement de la globalité se réalise par la démonstration de l'unité sémantique des mots ou physique de la création par l'entremise de l'unicité divine.
On revient finalement à la parabole ! Cette figure de style est donc un excellent moyen de réformer l'être par la pensée puisqu'elle permet à l'individu de mettre les choses en relation, et donc d'élargir et de parfaire la vision du cœur par la conscientisation à laquelle elle invite... C'est d'ailleurs en ce sens primordial qu'elle fut la pièce maîtresse de la prédication de Jésus.
Mahdy Ibn Salah