Un jour que je dormais, juste avant l'aube comme cela m'arrive souvent, entre la veille et le sommeil, je sentis mon corps paralysé et angoissé. Je me battais péniblement afin de reconquérir les mouvements de ce dernier.
J'ai médité cet incident et je suis arrivé à la conclusion suivante :
L'être humain est composé principalement de deux parties : l'esprit (al rouh) et le corps (al jism), tandis que l'âme (al nafs) vogue entre les deux. C'est justement cette élévation de l'âme auprès du Seigneur qui provoque le sommeil de notre corps, qui d'ailleurs vit toujours grâce à l'esprit. Ainsi, l'âme permet la jonction entre l'esprit et le corps, c'est donc par elle que notre volonté se traduit en mouvements.
Cela explique pourquoi en son absence, nous perdons conscience. La question qui se présente ici et comment expliquer ma paralysie de l'aurore, c'est-à-dire la présence de ma conscience en l'absence de mon âme ? Car logiquement en l'absence de l'âme, il ne peut y avoir de conscience. Et bien, la réponse est que l'âme commence à réintégrer lentement le corps, provoquant un éveil prématuré de la conscience, nous permettant d'accéder, durant une courte durée, au monde intermédiaire dans lequel vivent d'autres créatures...
C'est pourquoi beaucoup de personnes qui ont vécu un incident similaire ont ressenti durant cette période de paralysie une sensation de peur, de présence, d'étouffement, ou de danger...
Ainsi, dans la réalité, notre conscience ne s'éteint jamais, le sommeil n'est qu'une petite mort dans le sens où certaines fonctions du corps sont inactivées comme celles des muscles, à l'exception toutefois des muscles respiratoires, de la circulation sanguine et des mouvements oculaires rapides. Cette petite mort nous empêche heureusement de vivre physiquement nos rêves. C'est pourquoi notre Prophète sws disait : « Mes yeux dorment tandis que mon cœur ne dort pas. »[1]
A partir de là, nous pouvons comprendre en partie la nature du rêve : celui-ci résulte d'une association de notre conscience avec une âme étrangère, qui vit en nous dès que notre âme s'enfuit, expliquant pourquoi nous vivons très souvent durant nos rêves dans la contradiction, c'est-à-dire dans un état d'opposition entre la volonté et l'émotion...
Mahdy Ibn Salah
[1]Boukhari