Cet essai s’adresse à ceux et à celles qui se sentent musulmans et musulmanes et expose les croyances permettant de surmonter l’épreuve indubitable à laquelle les musulmans de France seront exposés dans les années à venir, à savoir, celle de la dépersonnalisation. Ce livre est un signal d’alarme qui appelle à l’éveil de la conscience musulmane et à la connaissance des implications de leur identité, au moment où la vague environnementale hostile à l’islam empêche les bonnes volontés d’aboutir à des actes bénéfiques et concrets pour la communauté. Combien de frères et de sœurs, ai-je croisé[1] durant mes soirées de prédication de proximité, et qui m’avouaient leur désir sincère de se mettre à la pratique mais aussi leur incapacité de vaincre l’influence néfaste de l’environnement.
Un défaitisme avant l’heure… Qu’en sera-t-il lorsqu’on leur demandera de renoncer à leur identité musulmane s’ils désirent rester en France ? J’ai donc, ci-après, exposé trois articles fondamentaux nécessaire à la constitution d’une personnalité musulmane entière. Le premier expose l’idéal à atteindre, le second traite la question de la réalité du contexte actuel et le troisième propose une attitude à adopter pour tendre vers l’idéal tout en tenant compte de la réalité du contexte.
ARTICLE I
Nous croyons qu’il est du devoir de tout musulman, de France ou d’ailleurs, de contribuer au projet de l’islam qui consiste à l’échelle individuelle à unifier Allah, en lui attribuant la perfection par la croyance et en lui vouant un culte pur de tout associationnisme et de faire renaître à l’échelle collective la société idéale, celle qui repose sur le Coran et la sunna et qui unira parfaitement, en son sein, les cœurs des croyants.
ARTICLE II
Nous croyons que la terre ne peut être constituée que d’une terre d’islam où les hommes vivent au sein de la cité idéale et une terre de mécréance où le système qui la gouverne ne repose pas sur les principes du coran et de la sunna. Nous croyons que les musulmans du monde ne doivent vivre que dans une terre d’islam.
ARTICLE III
Nous croyons puisque, à l’heure actuelle, aucun pays ne suit entièrement la voie prophétique, qu’il n’existe donc pas de terre d’islam au sens complet du terme et que tous les musulmans de la planète doivent participer localement au projet global de l’islam selon leur capacité et leur contexte en s’unissant derrière une autorité chargée d’harmoniser leur mouvement dans l’attente du retour califale.
ARTICLE I
Le premier article de la profession de foi du musulman de France expose de manière synthétique la doctrine du Tawhid sur laquelle repose l’édifice entier de l’islam et à laquelle tous les musulmans doivent se rattacher. La doctrine du Tawhid traduit la sens de l’attestation : « la ilaha illal lah » qui signifie en français : « Il n’y a pas de divinité en dehors de Dieu, » c’est-à-dire qu’il n’existe pas d’Être en dehors de Dieu qui mérite d’orienter nos agissements individuels et collectifs. Cette attestation possède, deux chantiers : l’individu et la société. Le musulman doit lutter contre tous les obstacles à l’échelle individuelle ou collective qui empêchent le triomphe de la cause divine et engendre la division de l’individu et de la communauté. Soutenir qu’il n’y a pas de divinité en dehors de Dieu implique la possibilité d’harmoniser nos mouvements par une volonté unique[2] car, par principe, c’est la divinité qui oriente.
A l’échelle individuelle, le Tawhid se réalise sur deux plans : celui de la connaissance et celui de l’action. Il s’agit, au niveau de la connaissance, de rétablir le sens réel des choses au moyen de l’instruction et de la méditation du coran afin d’opérer en nos esprits une distinction radicale entre la perfection du Créateur et la totale dépendance des créatures à son égard. Le premier plan de la réalisation du Tawhid concerne ainsi la connaissance de Dieu. La réalisation du Tawhid au niveau de ce plan consiste à connaître Dieu par tous les attributs parfaits par lesquels Il s’est décrit, tels que la suffisance, la bienfaisance, la domination, l’administration, l’élévation, la grandeur, la puissance, la richesse, le pouvoir de nuire et de profiter etc… Lorsqu'apparait pour le serviteur le spectacle de la seigneurie, c’est-à-dire, lorsqu’il verra que le royaume et l’administration appartiennent entièrement à Allah, il ne verra ni profit, ni nuisance, ni même un mouvement sans voir Allah être son Auteur et son Créateur. L’association au niveau de ce plan consiste à altérer la perfection de la croyance en Dieu en pensant par exemple que Dieu est un corps ou qu’une pierre puisse faire tomber la pluie car celui qui attribue une perfection à une créature dépouille forcément Dieu de cette dernière. Lorsque l’attribution d’une perfection à une créature dépasse en proportion celle de Dieu alors son auteur est mécréant et a quitté l’islam. Après la réalisation du Tawhid à l’échelle de la connaissance le fidèle ne peut que tendre vers son Créateur par l’action, en orientant tous ses actes, du cœur ou du corps, dans le sens de la volonté divine. En effet, c’est l’ignorance de la réalité divine qui cause l’insouciance des gens et l’association d’une fausse divinité à Dieu : le péché impardonnable qui consiste à adorer un autre que Dieu ou à partager l’une de ses qualités avec l’une ou plusieurs de ses créatures. Le second plan par lequel on réalise le Tawhid est celui de l’acte. Le Tawhid au niveau du second plan découle immédiatement du premier plan car celui qui connaît Dieu dans toute sa perfection ne peut que tendre vers Lui en se soumettant à ses directives ! Quand on sait que notre bonheur et notre malheur dépendent de quelque chose alors on se soumet naturellement à cette dernière. La réalisation du Tawhid au niveau de ce plan consiste à vider notre cœur de tout ce qui ne procure pas la satisfaction divine et à y introduire l’amour de Dieu, l’amour de ce que Dieu aime et la haine de ce qu’il déteste. Il consiste aussi à mouvoir exclusivement nos adorations corporelles comme la prière, le jeune et l’invocation, à Dieu. L’association au niveau du cœur consiste à octroyer les sentiments tels que l’amour et la crainte à un autre que Dieu supérieurement à Lui et l’association au niveau des actes corporels consiste à vouer un acte d’adoration réservé à Allah à un autre que Lui comme l’invocation, la prière ou la prosternation. Quiconque voue un acte du cœur supérieurement à Dieu ou destine un acte de culte corporel réservé à Dieu à un autre que Dieu est un mécréant. Lorsque l’association dans l’un de ces deux plans est inférieure à la moitié alors elle devient mineure et ne fait pas sortir de l’islam mais entache de nullité l’adoration associée. Satan et l’âme bestiale sont, à l’échelle individuelle, les deux ennemis du musulman. La lutte se localise, par conséquent, sur deux fronts ; celui des inspirations et celui des passions. C’est sur cette lutte que repose l’édifice entier de l’islam, c’est-à-dire l’adoration exclusive de Dieu par opposition à la poursuite des caprices de l’âme bestiale. En effet, un verset du coran énonce : « Je n’ai créé les djinns et les êtres humains que pour qu’ils m’adorent. »[3] Ainsi, l’attestation de foi « la ilaha illal lah » consiste à reconnaître par la croyance que seul Allah mérite d’être adoré, et ensuite à le prouver par des actes, en agissant dans le sens de cette connaissance. Une tradition mentionne à ce sujet : « Allah ne regarde ni vos corps, ni vos images mais Il regarde vos cœurs et vos actes. »[4] Voilà, le but de l’islam : Vérifier par nos actes la réalité de notre attestation de foi « la ilaha illal lah » La langue est un organe qui reflète élégamment la spécificité de l’homme, celle de pouvoir déformer la réalité des choses. Une langue sincère est une langue qui développe un discours qui concorde avec la réalité. A l’opposé, le menteur est celui qui fabrique un discours en opposition avec la réalité. Ainsi Allah, désire que nous confirmions notre nature qui consiste à l’adorer exclusivement. Par l’islam, Il va nous éprouver afin de voir qui d’entre nous ment ou dit la vérité sur la réalité de l’attestation de foi qu’il prononce par sa langue. C’est le sens de la parole divine : « Est-ce que les gens pensent qu’on les laissera dire : « Nous croyons ! » sans les éprouver ? Certes, nous avons éprouvé ceux qui ont vécu avant eux, Ainsi Allah connaît ceux qui disent la vérité et ceux qui mentent. »[5]L’adoration consiste, effectivement, à vouer un acte sacrificateur pour plaire à l’être qu’on adore. Adorer, signifie donc satisfaire par des actes du cœur et du corps, l’être adoré, ce qui implique que l’adorateur se doit de placer la volonté de l’être adoré avant sa satisfaction propre. En effet, par un acte de sacrifice, on témoigne de la primauté et de la supériorité de l’être pour qui l’on (se) sacrifie. Agir en fonction de : « La ilaha illal lah » consiste donc à mettre dans notre vie les désirs de Dieu avant ceux de notre ego ou (et) ceux d’une idole quelconque qui désire s’accaparer le droit de Dieu qu’est d’être adoré exclusivement. Mettre en pratique cette attestation consiste ainsi pour l’individu à reconnaître la Vérité par le savoir et ensuite à tendre vers cette dernière par la croyance et l’action. Or, la Vérité est ce qui est éternel et non pas illusoire comme la vie d’ici-bas qui ne procure qu’une jouissance passagère. Quand Allah dit : « Il en est ainsi parce que Allah est la Vérité et tout ce qu’ils invoquent en dehors de Lui est le faux ! »[6]Il faut comprendre par là que rien ne mérite d’être adoré en dehors de Dieu car si « adorer » une chose signifie « satisfaire » cette dernière alors l’adoration consiste à prendre pour but cette chose. Et par déduction quiconque adore un autre que Dieu prend pour destination finale un autre que Lui ce qui est une abomination car tout ce qu’est en dehors de Dieu va disparaître tôt ou tard ! C’est pourquoi Allah nous commande : « Et n’invoque nulle divinité avec Allah. Point de divinité en dehors de Lui. Tout doit périr sauf sa Face. A Lui appartient le jugement et vers Lui vous serez ramenés. »[7]L’acte de tendre vers un autre que Dieu témoigne du partage du culte que l’on doit exclusivement à Dieu car on tend naturellement vers ce que l’on considère comme la source première de notre béatitude. On s’oriente vers ce qui nous est utile et l’on s’éloigne de ce qui nous est nuisible, or Dieu étant le Créateur, il possède nécessairement toutes les perfections et par déduction toutes ses créatures ne profitent ni ne nuisent par elles-mêmes. Adorer un autre que Dieu c’est donc confondre le Créateur Parfait avec sa créature qui n’est que pur néant sans Dieu et c’est commettre ainsi une grande injustice à l’encontre de Dieu car par cet agissement on prive Dieu de son droit pour l’octroyer à un autre que Lui ! C’est pourquoi le péché de l’association d’une fausse divinité à Dieu est impardonnable si l’individu meurt dans un tel état car irréparable puisque l’infini sépare le Créateur de sa pauvre créature ! Comment récupérer le droit divin de l’adoration à ce qui n’est rien ? Jésus ne disait pas sans raison : « Quiconque associe à Allah une fausse divinité, Allah lui interdit le Paradis et son refuge sera le feu de l’Enfer, et pour les injustes pas de secoureur ! »[8] Et, Allah de poursuivre : « Mais ils ont adopté en dehors de Lui des divinités qui, étant elles-mêmes créées, ne créent rien et qui ne possèdent ni la faculté de nuire, ni celle de profiter pour elles-mêmes, et qui ne sont maîtresses ni de la mort, ni de la vie, ni de la résurrection. »[9]Ainsi, la parole « la ilaha illal lah » doit nous interdire de poursuivre un autre but que Dieu car comme l’indique un verset coranique : « Tout ce que vous possédez s’épuisera, tandis que ce qui est auprès de Dieu est éternel. »[10] Ainsi, celui qui prend pour finalité un autre que Dieu s’attristera, un jour viendra, de constater la totale indifférence de ce qu’il, auparavant, divinisait. C’est pourquoi Allah nous exhorte : « Et n’assigne pas à Allah une fausse divinité sinon tu te trouveras méprisé et abandonné. »[11] L’affaire consiste à vider notre cœur de ce qui n’est pas Dieu en fuyant vers Lui car c’est dans le cœur que se localise notre but, notre divinité par qui nous sommes tristes ou joyeux. Ainsi, l’accès au bonheur se situe dans l’accomplissement d’actes d’obéissance qui nous rapprochent de Lui, et dans l’abandon d’actes de désobéissance qui nous éloignent de Lui. Un passage du coran illustre notre propos : « Et récite-leur la nouvelle d'Abraham : Quand il dit à son père et à son peuple : « Qu'adorez-vous? » Ils dirent : « Nous adorons des idoles et nous leurs restons attachés. » Il dit : « Vous entendent-elles lorsque vous [les] appelez? Ou vous profitent-elles? Ou vous nuisent-elles? » Ils dirent : « Non! Mais nous avons trouvé nos ancêtres agissant ainsi. » Il dit : « Que dites-vous de ce que vous adorez...? Vous et vos vieux ancêtres? Ils sont tous pour moi des ennemis sauf le Seigneur de l'univers, qui m'a créé, et c'est Lui qui me guide; et c'est Lui qui me nourrit et me donne à boire; et quand je suis malade, c'est Lui qui me guérit, et qui me fera mourir, puis me redonnera la vie, et c'est de Lui que je convoite le pardon de mes fautes le Jour de la Rétribution. Seigneur, accorde-moi sagesse et fais-moi rejoindre les gens de bien; fais que j'aie une mention honorable sur les langues de la postérité; et fais de moi l'un des héritiers du Jardin des délices ! Et pardonne à mon père : car il a été du nombre des égarés; et ne me couvre pas d'ignominie, le jour où l'on sera ressuscité, le jour où ni les biens, ni les enfants ne seront d'aucune utilité, sauf celui qui vient à Allah avec un coeur sain. »»[12]A travers ce passage du coran, Dieu met en relief l’attitude à adopter par l’exemple de son prophète Abraham, qui reniait l’adoration des idolâtres, qui attribuaient par la croyance des qualités divines à des statues dépourvues de toute perfection, et qui s’orientait exclusivement vers son Seigneur, qu’il considérait comme l’origine première de tous les bienfaits. Ainsi, la voie de la réalisation de notre attestation de foi est une voie de sacrifice car elle consiste à sacrifier les idoles multiples qui désirent s’accaparer l’espace de notre cœur, qui doit quant à lui être exclusivement réservé à Dieu ! Comment ne pas citer ici le récit du sacrifice d’Abraham qui confirma la vision de son Seigneur par le souhait de donner en sacrifice son fils unique, témoignant ainsi que rien en sa poitrine ne rivalisait avec Dieu ! L’exemple du jeûne, à notre degré, illustre aussi mon propos, en effet, par le jeûne le musulman témoigne que la volonté divine passe avant celle de son ego car malgré que son corps réclame naturellement de la nourriture, de la boisson et des rapports charnels, le musulman doit s’en abstenir par obéissance à Dieu, de l’aurore jusqu’au crépuscule, révélant ainsi que les désirs de Dieu passent avant ceux de son âme bestiale. C’est pourquoi dans une tradition Dieu dit : « Tout ce que fait le fils d’Adam est pour lui-même sauf le jeûne, il est pour Moi et c’est Moi qui en donne la récompense. Le jeûne est un bouclier. Quand l’un de vous jeûne, qu’il s’abstienne de dire des choses obscènes et d’élever la voix. Si quelqu’un l’insulte ou le provoque au combat, qu’il se contente de dire : « Je suis en état de jeûne. » Par Celui qui tient l’âme de Mohammed dans Sa main, la mauvaise haleine du jeûneur a certainement pour Dieu une meilleure odeur que le musc. Le jeûneur connaît deux joies : quand il rompt son jeûne il se réjouit et, quand il rencontre son Seigneur, il se réjouira aussi. »[13]Dans une autre version Allah ajoute : « Mon serviteur renonce pour Moi à sa nourriture, à sa boisson et à ses désirs charnels. Le Jeûne est pour Moi et c’est Moi qui en donne la récompense. » Ainsi, l’Islam qui repose sur l’attestation de foi : « La ilaha illal lah » est une religion d’épreuves puisqu’il regorge d’actes d’adoration qui déplaisent à notre âme et par lesquels nous pouvons obtenir l’agrément divin. Un verset du coran énonce à ce sujet : « Comptez-vous entrer au Paradis sans qu’Allah ne distingue parmi vous ceux qui luttent et qui sont endurants ? »[14]Dans une tradition, il est dit que : « Lorsque Dieu créa le Paradis et l’Enfer, il ordonna à Gabriel de visiter le paradis en lui disant : « regarde ce que j’ai réservé aux gens qui y résideront. » Il y alla et regarda ce que Dieu avait réservé aux gens qui y résideront et retourna vers Dieu en ajoutant : « Par votre puissance, personne n’entendra ce que contient ce Paradis sans vouloir y entrer. » Et Dieu ordonna que le Paradis soit entouré de choses répréhensibles pour l’âme (c’est-à-dire les ordres de l’islam) et commanda à Gabriel : « Retourne et vois ce que j’ai réservé au gens du Paradis. » Il y retourna et constatant cet obstacle revint vers son Seigneur en soutenant : « Par votre puissance, je crains que personne n’y rentre après cela ! » Dieu lui commanda ensuite d’aller en Enfer et de voir ce qu’il réserve à ses partisans. Il alla et observa les uns dévorer les autres, il dit à son retour : « Par votre puissance personne n’entendra ce que contient l’Enfer sans craindre d’y entrer. » Puis Dieu ordonna d’entourer l’Enfer des passions et recommanda à Gabriel de revisiter l’Enfer une seconde fois. Après avoir constaté que les portes qui y mènent étaient les passions, il retourna vers son Seigneur en soutenant : « Par votre puissance je crains que personne n’en échappe. »[15] Cette tradition que le prophète a résumé en une phrase : « L’Enfer a été voilé par les passions et le Paradis a été voilé par les choses répréhensibles pour l’âme »[16] éclaire bien la signification de notre but ici-bas : Parfaire idéologiquement notre croyance en l’invisible afin de surmonter pragmatiquement les obstacles du visible qui nous empêchent de cheminer vers Dieu.
La personne de l’Antéchrist illustre pertinemment la finalité de notre engagement. Ce personnage qui viendra vers la fin des temps sera l’incarnation, la personnification par excellence de la tentation et de l’épreuve de la vie. Allah enverra, effectivement, vers la fin des temps une épreuve afin de tester la croyance des musulmans. Notre prophète nous a dit qu’aucun des messagers qui lui étaient antérieurs n’a omis de mettre sa communauté en garde contre la venue de cet imposteur. Selon une tradition, les Compagnons ont demandé : « Ô Messager d’Allah ! Combien de temps restera-t-il sur la terre ? » – « Quarante jours dont le premier sera aussi long qu’une année, le second aussi long qu’un mois et le troisième aussi long qu’une semaine et ses autres jours seront semblables à vos jours. » – « Quelle sera sa vitesse sur terre ? » – « Il sera aussi rapide qu’une pluie poussée par le vent. Il se présentera à des gens, les invitera à croire en lui, et ils le suivront. Il donnera au ciel l’ordre de pleuvoir et la pluie tombera immédiatement, et à la terre l’ordre de faire pousser sa végétation et elle obéira. Les troupeaux (de ses partisans) rentreront le soir si engraissés que leurs bosses seront les plus élevées, leurs mamelles les plus nourries, leurs côtes les plus étendues (c’est-à-dire que les partisans de l’Antéchrist seront bien rassasiés). Il se présentera par la suite à des gens et les invitera à croire en lui et ils rejèteront son appel. À peine les quittera-t-il qu’ils redeviendront si démunis qu’ils ne posséderont plus rien. Il traversera une terre dévastée et lui dira : fais sortir tes trésors et ceux-ci le suivront tel une colonne d’abeilles. Et puis, il appellera un homme dans sa tendre jeunesse et lui assènera un coup d’épée qui le tranchera en deux parties projetées loin des lieux. Puis il appellera l’exécuté et celui-ci avancera vers lui, vivant, en riant le visage radieux. »[17]Ainsi, l’Antéchrist viendra, avec plein de miracles, après une période de disette et intensifiera la famine de ceux qui le renieront et resteront croyants, et comblera les besoins de ceux qui renieront leur Seigneur pour croire en lui. Selon une autre tradition, un homme parmi les croyants défiera l’Antéchrist en lui disant : « J’atteste que tu es l’Antéchrist dont le Messager d’Allah nous avait parlé. » L’Antéchrist ripostera à la foule : « Que diriez-vous si je tuais cet homme et le ressuscitais ? Douteriez-vous de moi ? » – « Non » dira l’assistance. C’est alors qu’il l’exécutera puis le ressuscitera. Et la victime dira : « Au nom d’Allah ! Ma certitude à ton encontre n’a jamais été aussi ferme. »[18] Le prophète disait, en outre, au sujet de l’Antéchrist : « Quand l’Antéchrist apparaîtra, il aura avec lui de l’eau et du feu. Ce que les gens prendront pour de l’eau sera en réalité un feu ardent et ce que les gens prendront pour du feu sera en réalité de l’eau douce. Que celui d’entre vous qui le rencontre se doit de se précipiter dans ce qu’il croit être du feu car c’est une eau douce et agréable. »[19] Voilà, un sacrifice à l’échelle de la perception des choses ! Nous devrons, devant l’Antéchrist, si nous sommes croyants, nous jeter dans le feu, malgré la perception de nos yeux ! Quel sacrifice ! Et quel beau témoignage de la prééminence de Dieu sur notre ego à l’échelle de nos références ! Il y a dans ce dernier récit un enseignement fondamental ! La réalisation de notre but passe indubitablement par le sacrifice de nos fausses références et des convoitises instantanées de notre âme pour la croyance et l’obéissance à Dieu. Sommes-nous préparés, aujourd’hui, à la venue de cet imposteur ? Alors que nous privilégions 1000 affaires sur l’adoration que nous devons à Dieu, privilégiant le sommeil, le ventre, le regard de la masse ou le sexe sur la volonté divine, incapable de faire un petit sacrifice pour Dieu, habité par un complexe d’infériorité qui nous pousse à délaisser l’islam pour l’imitation aveugle de la mode environnementale ? « L’heure n’aura pas lieu, disait le prophète, avant que les hommes n’aient honte du Livre d’Allah et que l’islam ne soit redevenu étranger et que la haine ne soit apparue entre les hommes. »[20] Dans une autre tradition le prophète ajoute : « Viendra un temps où les hommes consacreront toute leur énergie à remplir leurs estomacs ; leurs biens constitueront la plus importante de leurs préoccupations. Ils prendront leurs femmes pour Qibla et le dinar et le dirham pour religion. Ceux-là seront les pires des créatures de Dieu et ils n’auront aucune part (à revendiquer) auprès d’Allah. »[21]Comment pourrions-nous par déduction résister à la tentation de l’Antéchrist si aujourd’hui nous ne résistons pas à des tentations de moindre intensité ? Beaucoup de croyants qui penseront solide leur croyance voudront affronter l’Antéchrist mais finiront par le suivre après sa vision, tellement séductrice sera sa personne ! Il est donc capital aujourd’hui de se préparer à sa venue par la consolidation de notre foi en la perfection divine au moyen du sacrifice à faire prévaloir la volonté de Dieu sur celle de notre ego et des fausses divinités qui en notre cœur veulent la rivaliser. Nous devrions, à fortiori, nous inquiéter de l’attitude qu’adopteront face à l’Antéchrist ceux qui aujourd’hui désirent adapter l’islam à leurs penchants…
Notre pratique actuelle de l’islam est un témoin éventuel de notre capacité future à résister à l’Antéchrist ! Il n’y a, effectivement, plus d’islam si nous choisissons notre propre manière d’adorer Dieu. Un verset pertinent du coran énonce : « Or, il se peut que vous avez de l’aversion pour une chose alors qu’elle est un bien pour vous et il se peut que vous aimiez une chose alors qu’elle est mauvaise pour vous. Et Allah sait et vous vous ne savez pas. »[22] La religion musulmane contient toutes les prescriptions assurant le bonheur véritable de l’homme même si ces dernières répugnent nos propres repères. N’est-ce pas là, le sommet de l’islam que de prendre pour repère exclusif Allah et d’abandonner les faux repères qui nous procurent un bonheur illusoire ? Prenons l’exemple de l’haleine du jeûneur, tout le monde ne la supporte et pourtant le prophète a bien dit : « Par celui qui détient l’âme de Mohammed entre ses Mains, l’haleine du jeûneur est plus agréable pour Dieu que lasenteur du musc. »[23] Réalisons que nous ne parviendrons à atteindre notre but que lorsque nous nous anéantirons dans la volonté divine ! Une tradition mentionne à ce sujet que Dieu a dit : « Mon serviteur ne se rapproche pas de Moi par quelque chose que J'aime plus que les oeuvres que Je lui ai prescrites. Et il ne cesse de s'approcher de Moi par les oeuvres surérogatoires jusqu'à ce que Je l'aime. Et lorsque Je l'aime, Je serais son ouïe par laquelle il entendra, sa vue par laquelle il verra, sa main par laquelle il saisira, son pied avec lequel il marchera. » Une autre tradition confirme : « Celui qui aime en Dieu, déteste en Dieu, donne en Dieu et prive en Dieu, a certes parfait sa foi. »[24]C’est pourquoi Aïcha disait du prophète qu’il était un « Coran ambulant » tellement son comportement reflétait ses principes. L’affaire consiste à prendre pour repère Dieu dans le sens que l’on doit donner aux éléments de la vie et ensuite à lui obéir par l’anéantissement dans sa volonté. Nous nous devons de devenir des réceptacles de sa volonté comme des verres transparents qui renferment de l’eau limpide.
Le second chantier de la réalisation du Tawhid concerne la société. En effet, le Tawhid ne se limite pas à l’individu par la purification de l’âme mais étend son application à la communauté par la fondation de la société idéale axée sur le respect de la volonté divine. La réalisation du Tawhid possède ainsi deux chantiers d’application : l’individu et la communauté. Ainsi, le musulman possède deux objectifs :
-
purifier son âme par la soumission à la volonté divine
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et ensuite participer à l’instauration de la société idéale
En effet, Allah énonce explicitement : « C’est Lui qui a envoyé Son messager avec la guidée et la Religion de Vérité, pour la placer au-dessus de toute autre religion, en dépit de l’aversion des associateurs. »[25] La société idéale ou la « religion de vérité » que prône le coran est le « califat » qui est un système qui se situe entre la théocratie et la démocratie. En effet, le régime islamique n’est pas entièrement théocratique dans la mesure où l’homme dans son humanité possède une part dans la gestion de l’Etat et n’est ni entièrement démocratique dans la mesure où seule une élite peut interagir sur le déroulement de la société et le choix du gouverneur. En fait, le régime islamique est un régime où l’Etat se porte garant de réaliser la volonté divine dans la gestion de ses affaires. On peut déterminer la nature de ce régime en élucidant la notion de « khalifat » présent dans le coran : « Lorsque Ton Seigneur confia aux Anges : « Je vais établir sur la terre un vicaire (Khalifat). » Ils dirent : « Vas-tu y désigner un qui y mettra le désordre et répandra le sang, quand nous sommes là à te sanctifier et à te glorifier ? » Il dit : « En vérité je sais ce que vous ne savez pas ! » »[26] Le terme « khalifat » a plusieurs signification : « gérant, successeur, ou remplaçant… » Ces trois notions possèdent en commun le sens de « la délégation d’une responsabilité. » L’homme a, en effet, la lourde responsabilité d’être pour le monde d’ici-bas ce que Dieu est pour l’univers ! Le but du régime islamique consiste à refléter le royaume de Dieu sur terre à travers l’homme en travaillant à remettre les choses à leur place après que la corruption et le désordre ne se soient répandus. C’est à ce projet que fait allusion l’Evangile selon St Matthieu, 13 : « Ce même jour, Jésus sortit de la maison, et s'assit au bord de la mer. Une grande foule s'étant assemblée auprès de lui, il monta dans une barque, et il s'assit. Toute la foule se tenait sur le rivage. Il leur parla en paraboles sur beaucoup de choses, et il dit: « Un semeur sortit pour semer. Comme il semait, une partie de la semence tomba le long du chemin: les oiseaux vinrent, et la mangèrent. Une autre partie tomba dans les endroits pierreux, où elle n'avait pas beaucoup de terre: elle leva aussitôt, parce qu'elle ne trouva pas un sol profond; mais, quand le soleil parut, elle fut brûlée et sécha, faute de racines. Une autre partie tomba parmi les épines: les épines montèrent, et l'étouffèrent. Une autre partie tomba dans la bonne terre: elle donna du fruit, un grain cent, un autre soixante, un autre trente. Que celui qui a des oreilles pour entendre entende. Les disciples s'approchèrent, et lui dirent: Pourquoi leur parles-tu en paraboles? Jésus leur répondit: Parce qu'il vous a été donné de connaître les mystères du royaume des cieux, et que cela ne leur a pas été donné. Car on donnera à celui qui a, et il sera dans l'abondance, mais à celui qui n'a pas on ôtera même ce qu'il a. C'est pourquoi je leur parle en paraboles, parce qu'en voyant ils ne voient point, et qu'en entendant ils n'entendent ni ne comprennent. Et pour eux s'accomplit cette prophétie d'Ésaïe: « Vous entendrez de vos oreilles, et vous ne comprendrez point; Vous regarderez de vos yeux, et vous ne verrez point. Car le coeur de ce peuple est devenu insensible; Ils ont endurci leurs oreilles, et ils ont fermé leurs yeux, De peur qu'ils ne voient de leurs yeux, qu'ils n'entendent de leurs oreilles, Qu'ils ne comprennent de leur coeur, Qu'ils ne se convertissent, et que je ne les guérisse. » Mais heureux sont vos yeux, parce qu'ils voient, et vos oreilles, parce qu'elles entendent! Je vous le dis en vérité, beaucoup de prophètes et de justes ont désiré voir ce que vous voyez, et ne l'ont pas vu, entendre ce que vous entendez, et ne l'ont pas entendu. Vous donc, écoutez ce que signifie la parabole du semeur. Lorsqu'un homme écoute la parole du royaume et ne la comprend pas, le malin vient et enlève ce qui a été semé dans son coeur: cet homme est celui qui a reçu la semence le long du chemin. Celui qui a reçu la semence dans les endroits pierreux, c'est celui qui entend la parole et la reçoit aussitôt avec joie; mais il n'a pas de racines en lui-même, il manque de persistance, et, dès que survient une tribulation ou une persécution à cause de la parole, il y trouve une occasion de chute. Celui qui a reçu la semence parmi les épines, c'est celui qui entend la parole, mais en qui les soucis du siècle et la séduction des richesses étouffent cette parole, et la rendent infructueuse. Celui qui a reçu la semence dans la bonne terre, c'est celui qui entend la parole et la comprend; il porte du fruit, et un grain en donne cent, un autre soixante, un autre trente. » Cette parole n’est autre que l’attestation de l’unicité divine et ce royaume n’est autre que la communauté musulmane. C’est pourquoi Jésus enseignait la prière suivante à ses disciples : « Notre Père qui est aux cieux ! Que ton nom soit sanctifié ; que ton règne vienne ; que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. »[27]Il disait aussi à ses disciples : « Allez, prêchez, et dites : le royaume des cieux est proche. »[28] Dans un autre verset des évangiles selon Saint Mathieu, Jésus dit en s’adressant au peuple juif : « C’est pourquoi, je vous le dis, le royaume de Dieu vous sera enlevé, et sera donné à une nation qui en rendra les fruits. Celui qui tombera sur cette pierre s’y brisera, et celui sur qui elle tombera sera écrasé. Après avoir entendu ses paraboles, les principaux sacrificateurs et les pharisiens comprirent que c’était d’eux que Jésus parlait, et ils craignaient la foule, parce qu’elle le tenait pour un prophète. »[29] Ainsi, l’annonce de la venue de notre prophète ne pouvait être omise dans les écritures bibliques, car fondamentale puisque par lui se réalisera le royaume de Dieu sur terre. Et, effectivement, un verset de la Genèse énonce : « Le sceptre ne s’éloignera point de Juda, Ni le bâton souverain d’entre ses pieds, Jusqu’à ce que vienne le Schilo. Et que les peuples lui obéissent. »[30]Le Schilo est l’ultime prophète non juif, en l’occurrence, Mohammed. Toute la démonstration précédente se résume par un verset sublime du coran : « Mohammed est le Messager d’Allah. Et ceux qui sont avec lui sont durs envers les mécréants et miséricordieux entre eux. Tu les vois inclinés, prosternés, recherchant d’Allah grâce et agrément. Leurs visages sont marqués par la trace laissée par la prosternation. Telle est leur image dans la Thora. Et l’image que l’on donne deux dans l’Evangile est celle d’une semence qui sort sa pousse, puis se raffermit, s’épaissit, et ensuite se dresse sur sa tige, à l’émerveillement des semeurs. (Allah) par eux, (les croyants) remplit de dépit les mécréants. Allah promet à ceux d’entre eux qui croient et font de bonnes œuvres, un pardon et une énorme récompense. »[31]
Ainsi, le projet de l’islam n’est que la continuation des messages prophétiques antérieurs, celui de l’instauration d’une société idéale. C’est donc un combat pour le triomphe de la justice ! La notion de responsabilité est liée à celle de la liberté, qui à son tour implique une lutte contre des obstacles. En effet, la liberté ne peut exister sans la diversité de buts rivaux. Ainsi, la lutte du musulman consiste à tendre vers le but vrai en l’occurrence la satisfaction de la volonté Divine par la lutte contre les buts faux qui obstruent le chemin de la réalisation du but vrai. Les buts faux sont à l’échelle de l’individu toutes les idoles et les passions qui peuvent le détourner de Dieu et à l’échelle collective, tous les principes et les systèmes sociétales[32] qui divisent la race humaine et dressent les uns contre les autres. La responsabilité de l’homme sur terre consiste à faire triompher le système islamique sur les autres systèmes qui orientent les nations de la terre dans la finalité de libérer les hommes des dictatures, des tyrannies et des régimes injustes fondés sur des idoles, telle que celle de la race, de la nation, du profit ou de l’argent. Le monde actuel est dirigé par une caste toute puissante qui tire sa puissance de l’argent qu’elle tend à monopoliser au moyen de la mondialisation. En effet, le capitalisme que l’on résume par le principe : « Si chacun est guidé par son intérêt personnel il contribue au bien être général » démontre effectivement l’existence de cette caste. En effet, le constat chaotique de la situation mondiale démontre non seulement l’absurdité d’un tel principe mais aussi ses conséquences désastreuses. Certains économistes avaient prédit que le capitalisme libéral créerait de grandes richesses mais qu’en même temps il créerait une grande misère des masses et une inégalité croissante. Les démographes estiment les dommages engendrés par la seconde guerre mondiale entre 16 à 18 millions d’hommes et de femmes morts au combat et des dizaines de millions de combattants et de combattantes ont été blessés, parfois mutilés. Entre 50 à 55 millions de civils tués. Et plusieurs centaines de millions de blessés ! La faim, les épidémies, la soif et les conflits locaux dus à la mondialisation comptent en une année plus de victimes que n’a causé la seconde guerre mondiale en 6 ans ! En effet, aujourd’hui, en Amérique 1% de la population possède 40 % de la richesse nationale. Dans le monde, 75% des ressources naturelles qui se trouvent dans le tiers Monde sont contrôlées et consommées par 25% de la population. Cette faillite du modèle de croissance qui a crée de telles inégalités que 45 millions d’êtres humains (dont 13 millions et demi d’enfants selon les statistiques de l’UNICEF) meurent chaque année de faim ou de malnutrition, c’est dire que le système actuel de croissance des pays occidentaux coûte au monde l’équivalent de morts de 1 Hiroshima tous les 2 jours et 40 fois chaque année ce qu’a coûté Auschwitz par an. En effet, le capitalisme engendre la polarisation des richesses. Si chacun ne pense qu’à son intérêt personnel et bien l’enrichissement des uns se fera nécessairement par la pauvreté des autres car les richesses sont limités et l’homme ne se rassasie jamais d’emmagasiner des richesses. Ainsi, les richesses vont se concentrer vers les mains d’une poignée d’homme qui ne cessera de se restreindre et qui exploitera au maximum la masse de plus en plus pauvre. La concurrence disparaîtra petit à petit car le plus fort achètera le plus faible qui perdra ainsi la propriété pour ne devenir qu’un simple prolétaire. Le pouvoir leur appartiendra et ils orienteront le monde à leur guise. Une sorte de gouvernement mondiale est en train de se tisser sous nos yeux. En effet, pour Bourdieu : « Le fatalisme des lois économiques masque en réalité une politique, mais tout à fait paradoxale, puisqu’il s’agit d’une politique de dépolitisation ; une politique qui vise à conférer une emprise fatale aux forces économiques en les libérant de tout contrôle et de toute contrainte en même temps qu’à obtenir la soumission des gouvernements et des citoyens aux forces économiques et sociales ainsi libérées ».[1] Il ajoute : « Tout ce que l’on décrit sous le nom à la fois descriptif et normatif de « mondialisation » est l’effet non d’une fatalité économique mais d’une politique consciente et délibérée, celle qui a conduit les gouvernements libéraux ou même sociaux démocrates d’un ensemble de pays économiquement avancés à se déposséder du pouvoir de contrôler les forces économiques. »[1] Ainsi, la mondialisation affaiblit la capacité normative des Etats. Au moyen du FMI et de la banque mondiale, les tenants du monde mettent sous tutelle les gouvernements. Cette mondialisation tue la loi, le droit et la dignité humaine. Le FMI est en effet au service direct de la politique extérieure des Etats-Unis et d’Israël. Lorsque Washington déclara la guerre au « terrorisme », un commentateur britannique écrit : « Le Fond monétaire international et la banque mondiale font partie de l’arsenal antiterroriste américain (…). Les Etats-Unis n’ont pas perdu le temps pour récompenser leurs alliés dans leur guerre contre le terrorisme. »[1]
Ainsi, sur ordre du département du trésor, le FMI a débloqué, fin septembre 2001, 135 millions de dollars en faveur du Pakistan. Pareillement, le FMI retourne en Ouzbékistan car Bush envisage d’aligner sur l’aéroport de Tachkent, en vue d’une intervention en Afghanistan, des avions de combat F-16 et F-18 et des appareils d’observation AWACQ alors que depuis 1995 le FMI n’avait pas mit les pieds dans ce pays ! Jean Ziegler souligne à juste titre : « Le dogme ultra libéral prôné par les dirigeants de Washington et de Wall Street est inspiré par un formidable égoïsme, un refus presque total de toute idée de solidarité internationale et une volonté absolue d’imposer leurs propres vues aux peuples de la planète. Les Etats-Unis ont ainsi choqué le monde en refusant de ratifier la convention internationale interdisant la production, la diffusion et la vente de mine anti-personnelle. Ils se sont également opposés au principe même d’une justice internationale. Pas de signature américaine sous la convention de Rome de 1998 prévoyant la sanction judiciaire des génocides, crimes contre l’humanité et crimes de guerre ! La cour pénale internationale ? Les Etats-Unis sont contre ! »[1] On ne compte même plus les bavures et les injustices, que ces gouvernements esclaves poursuivent aujourd’hui et que l’on prend soin de cacher à la télévision. Que ces dernières soient en Palestine, en Tchétchénie, en Afghanistan, en Iraq et j’en passe ! « En Palestine, le gouvernement Sharon pratique l’assassinat sélectif de dirigeants politiques arabes, la destruction massive de vergers, de puits et de maisons d’habitation, les arrestations arbitraires et les « disparitions », la torture systématique des détenus. Périodiquement, ce gouvernement fait attaquer et occuper par son armée des villes et des villages palestiniens situés dans les zones autonomes, pourtant protégées par les accords d’Oslo. Sous les maisons et les masures bombardées par les hélicoptères Apache ou écrasées par les canons des chars, des femmes, des hommes et des enfants blessés agonisent parfois pendant des jours. Or, la répression aveugle de Sharon, qui n’a rien à voir avec les principes d’humanité et de tolérance des fondateurs de l’Etat d’Israël bénéficie du consentement muer de Washington ».[1] Côté Tchétchénie : « En Janvier 2000 le président russe Vladimir Poutine installait sur tout le territoire de la Tchétchénie soumise à des bombardements indiscriminés, ses terrifiants « fosses aux ours ». Un large trou creusé dans la terre, profond d’environ 5 mètres, dans lequel étaient précipités des otages civils, des personnes arrêtés au hasard hommes, femmes et enfants confondus. Les prisonniers devaient se tenir debout, sous la neige et la pluie. Des Omo masqués, ces gardes spéciaux relevant du ministre de l’intérieur leur jetaient à intervalles réguliers un peu de nourriture, une gourde d’eau. Tout à côté des fosses étaient installés des camps dits de « filtrage », là, les tueurs de Poutine battaient à mort les suspects, torturaient à l’électricité des gens arrêtés aux barrages et mutilaient au couteau les récalcitrants. Poutine refusa à cette époque l’accès de la république martyre à tous les organismes de l’ONU, au comité internationale de la Croix-Rouge et à toutes les organisations non gouvernementale. C’est pourtant ce moment-là que choisirent les maîtres de Washington et de Wall Street pour annuler le tiers de la dette extérieure Russe. »[1] En Afghanistan : « à Khost, 150 musulmans en prière ont été tués ou enterrés vivants, sous les bombes américaines lancées sur la mosquée. Début octobre et par deux fois consécutives, le gigantesque dépôt central du comité international de la croix rouge de Kaboul marqué de la croix rouge sur fond blanc, a été bombardé par l’US Force. 12 millions de rations alimentaires individuelles ont été incendiées. Des responsables du CICR sont persuadés que cette destruction a été intentionnelle. Il s’agissait de priver la population de nourriture afin de l’inciter à se soulever contre le gouvernement des Talibans. Seul le fait que 25% des contributions au CICR proviennent du gouvernement de Washington empêcha l’organisation d’élever des protestations plus explicite. Même après l’effondrement du régime des talibans et l’introduction à Kaboul du nouveau gouvernement de Hamid Karzaï à la mi décembre 2001 les bombardements américains se sont poursuivis. Il s’agissait cette fois-ci de détruire les dépôts d’armes abandonnés par les talibans. Or, comme plusieurs de ces dépôts se trouvaient dans des bourgs et des villages, ce sont de nouveau les populations civiles qui ont été frappées. Dans la seule première semaine de l’année 2002, les bombardements B-52 à guidage satellitaire ont aussi massacré 32 civils dans un village de l’est du Pays. Peu auparavant les mêmes bombardiers avaient incendié un autre bourg tuant 52 personnes dont 25 enfants, 10 femmes et 17 paysans. Dans la grande presse américaine, aucun article critique n'a paru sur aucun de ces massacres ou bombardements de terreur. »[1] La situation chaotique de notre planète révèle bien le mal fondé du système dominant !
Si l’islam apparaît donc, aujourd’hui, dans les médias comme l’ennemi à abattre, c’est parce qu’il s’oppose à ce système injuste et donc met en péril les intérêts de cette caste cachée qui domine le monde et n’a que faire de la misère et de la souffrance des masses. L’islam apporte un message de paix et ne déclare la guerre que pour imposer cette paix. En effet, le plus apte à gérer les affaires des humains n’est-il pas leur Créateur ? Selon Fakhr dine Razi : « Dans le verset : « En vérité, Jésus, chez Allah est semblable à Adam. Il l’a crée de limon et lui dit en conséquence : « Sois, de sorte qu’il fut. » »[33]Il est évident qu’il faut entendre par : « Sois, de sorte qu’il fut », l’existenciation et l’innovation et par : « Il l’a déterminé de limon », ce qui est antérieur. Or, ce qui est antérieur à l’existenciation n’est autre que la détermination de principe ou la mesure assignée. »[34] Ainsi, la notion de création est associée à celle de donner la mesure et la norme et, par conséquent, seul le Créateur est apte à orienter ses créatures vers leur bonheur véritable, qui se trouve dans la réalisation de leur nature. Il est, par conséquent, le seul Juge que nous devons craindre de désobéir. Or, Dieu est inaccessible en soi, d’où l’envoie de messagers chargés de transmettre la volonté divine aux hommes. L’obéissance aux prophètes devient par conséquent primordiale à la mesure de l’obéissance de Dieu car c’est par le prophète que Dieu manifeste sa volonté et c’est par son obéissance exclusive que peut s’opérer l’unification de la communauté. Il est du devoir des croyants de s’attacher au Tawhid par l’obéissance au prophète afin de consolider leur lien : « Et cramponnez-vous tous ensemble au câble d’Allah et ne soyez pas divisés et rappelez-vous le bienfait d’Allah sur vous : lorsque vous étiez ennemis, c’est Lui qui réconcilia vos cœurs. Puis, par son bienfait vous êtes devenu des frères. Et alors que vous étiez au bord d’un abîme de feu, c’est Lui qui vous en a sauvés. Ainsi Allah vous montre Ses signes afin que vous soyez guidés. »[35]Tout ajout ou toute diminution à l’attitude prophétique dans le domaine du culte est frappé de nullité et de malédiction. Ibn Hazm soulignait à juste titre : « Allaha dit : « Aujourd’hui, j’ai parachevé pour vous votre religion et accompli sur vous mon bienfait et J’agrée l’Islam comme religion pour vous »[36] Et Il a aussi dit : « Et quiconque désire une religion autre que l’Islam, ne sera point agrée et il sera dans l’au-delà, parmi les perdants. »[37]Ainsi, quiconque revendique que quelque chose de l’époque du prophète n’est plus valable en ce qui concerne le jugement et que cela a changé après sa mort a déjà choisi une autre religion que l’islam. Cela est dû au fait que les actes d’adoration, de jugement, de choses légiférés comme illicite, de choses considérées comme licite et les décisions de la religion qui existait de son temps, constituent l’islam que Allah agrée pour nous. Et l’islam n’est rien d’autre que cela. Ainsi quiconque délaisse quoi que ce soit de cela a simplement quitté l’islam. Et quiconque parle d’autre chose que cela a simplement parlé d’autre chose que l’islam. Il n’y a pas de doute sur le fait que Allah nous a informé de tout et qu’Il a déjà parachevé. Et quiconque prétend que quelque chose du Coran ou des traditions auxquelles nous devons nous fier est abrogé et que cette personne ne présente pas de preuves ou un texte qui abroge le précédent, alors elle ment sur Allah et appelle au refus de la loi islamique et donc à Iblis et entrave le chemin d’Allah, nous en cherchons refuge auprès d’Allah. Allaha dit : « En vérité c’est nous qui avons fait descendre le Coran et c’est nous qui en sommes le gardien. »[38]Ainsi, quiconque prétend que le Coran a été abrogé a simplement dit un mensonge sur son Seigneur et a, en réalité, prétendu qu’Allah n’a pas préservé le Coran après l’avoir révélé. » Le prophète traça, un jour, un trait au sol et plusieurs traits perpendiculaires à ce dernier en commentant : « Ceci est la voie droite et ces traits sont les voies multiples qui ont à leur extrémité des diables qui y appellent ! » Ensuite, il récita le verset suivant: « Et voilà Mon chemin dans toute sa rectitude, suivez-le et ne suivez pas les sentiers qui vous écartent de Sa voie. » Voilà ce qu’Il vous enjoint. Ainsi atteindrez-vous la piété. »[39]Ce récit révèle que l’éloignement par rapport à la voie prophétique témoigne de l’adoption d’une divinité autre que celle de Dieu ! En effet, si l’on cherche à satisfaire un autre qu’Allah, on sera forcé de suivre une voie différente de celle qu’il a tracé pour l’obtention de Sa satisfaction. Et un verset du Coran énonce : « Ou bien auraient-il des associés (à Allah) qui auraient établi pour eux des lois religieuses qu’Allah n’a jamais permises ? »[40]C’est pour cela qu’une secte instituera des actes qu’elle élèvera au rang de culte. C’est donc notre rapport avec le texte qui est à l’origine de l’égarement et de la division. Ainsi, les plus proches de la vérité sont les plus proches du prophète, spirituellement et physiquement, et la lecture que nous devons avoir de nos sources doit confirmer celle des ses contemporains et de ses pieux prédécesseurs. Le prophète n’a pas dit sans raison : « Les meilleurs sont mes contemporains puis ceux qui les suivront puis ceux qui les suivront. »[41] Foudaïl ibn ‘Iyad disait en ce qui concerne le verset : « Afin d’éprouver qui de vous est le meilleur en œuvre »[42] : « Sincèrement et droitement. » On lui rétorqua : « Ô père d’Ali : qu’est-ce que sincèrement et droitement ? » Il répondit : « Si l’œuvre est sincère mais pas droite, elle n’est pas acceptée et de même, si elle est droite mais pas sincère, jusqu’à ce qu’elle soit sincère et droite et la sincérité : c’est de la vouer en exclusivité à Allah et la droiture : c’est qu’elle soit conforme à la tradition du prophète. » Ainsi, Zouhri disait : « Nos prédécesseurs disaient : le cramponnement à la tradition est un sauvetage.» Et l’imam Malik d’ajouter : « La tradition du prophète est comparable à l’arche de Noé, celui qui la monte sera sauvé et celui qui s’en éloigne : coulera ! » Réaliser le Tawhid, c’est suivre la voie prophétique et prendre pour référence cette dernière dans l’émission de tout jugement et dans l’accomplissement de tout acte car Allah dit : « Puis si vous vous disputez en quoi que ce soit, renvoyez-le à Allah et au messager, si vous croyez en Allah et au jour dernier. Ce sera bien mieux et de meilleure interprétation. »[43]Il est du devoir du musulman et de la musulmane de France, de se méfier et de ne pas prendre la science de ceux qui parlent sous l’emprise de la passion et ne se conforment pas à la voie prophétique, et ce quelque soit leur renommé ! Un verset du coran énonce : « Quiconque obéit au messager, obéit certainement à Allah. »[44] Or les messagers sont des humains qui meurent et l’obéissance à l’émir devient, par déduction, l’équivalente de l’obéissance au prophète. Le prophète disait, effectivement : « Celui qui m’obéit à certes obéit à Allah et celui qui obéit à mon émir m’a certes obéit. Celui qui me désobéit a certes désobéit à Allah et celui qui désobéit à mon émir m’a certes désobéit. »[45] Dans un verset Allah dit : « Ô les croyants ! Obéissez à Allah et obéissez au Messager et à ceux d’entre vous qui détiennent le commandement. Puis, si vous vous disputez en quoi que ce soit, renvoyez-là à Allah et au Messager, si vous croyez en Allah et au Jour dernier. Ce sera bien mieux et de meilleure interprétation. »[46] A travers ce verset nous avons une preuve que le musulman doit toujours obéir à une autorité supérieure et qu’il doit par conséquent toujours en avoir une. Dans le cas contraire, il doit travailler à l’instauration de cette dernière par un travail de réforme progressif. Cet émir, à l’échelle planétaire, est le calife chargé de faire respecter le coran et la sunna au sein de la communauté musulmane et de faire triompher la justice au sein de la planète. Le terme le plus approprié qui caractériserait le régime islamique serait : l’oligarchie. L’oligarchie est un régime où le pouvoir est détenue par un seul homme, entouré par une élite compétente chargée de l’aider à faire respecter la volonté divine. Nous vivons une époque de tyrannie où les musulmans de part la planète sont faibles, méprisés voire même massacrés… Le prophète a dit à ce sujet : « La prophétie restera parmi vous autant que Dieu le souhaitera, puis Dieu y mettra un terme quand il voudra. Il y aura alors le califat suivant la voie prophétique, qui restera parmi vous autant que Dieu le souhaitera, puis Dieu y mettra un terme quand il voudra. Puis viendra la royauté rude qui restera parmi vous autant que Dieu le souhaitera, puis Dieu y mettra un terme quand il voudra. Puis viendra la royauté tyrannique qui restera parmi vous autant que Dieu le souhaitera, puis Dieu y mettra un terme quand il voudra. Puis viendra alors le califat suivant la voie prophétique. »[47] Notre prophète a annoncé le retour du califat prophétique dans un grand nombre de traditions, notamment par la venue de l’imam al Mahdi. Cette croyance en l’imam al Mahdi, qui viendra à la fin des temps pour restaurer la foi pure et l’unité des musulmans, est l’une des composantes sur laquelle se fonde l’identité musulmane. Nous nous devons de donner, aujourd’hui, le meilleur de nous même pour le triomphe de la cause juste et de ne pas se confiner comme de stupides « fatalistes » à attendre que la victoire promise se réalise ! « Si vous secourez Allah, Allah vous secourra et raffermira vos pas » dit un verset du coran.
ARTICLE II
Le second article du credo du musulman invite ce dernier à définir l’espace dans lequel il vit afin de déterminer le rapport qu’il va nouer avec celui-ci. En effet, l’espace agit sur l’individu si ce dernier n’agit pas sur lui. Les musulmans du monde doivent vivre en terre d’islam où l’Etat leur garantit une pratique fidèle de leur religion. Les pieux prédécesseurs avaient partager le monde en deux blocs : « Dar al islam » et « Dar al koufr ». La demeure de l’islam ou « Dar al islam » est l’espace où la religion musulmane est dominante c’est-à-dire l’espace où le gouverneur est musulman et où les lois musulmanes puisées du coran et de la sunna sont en vigueur. La demeure de la mécréance ou « Dar al koufr » est par conséquent l’espace où la religion dominante n’est pas l’islam c’est-à-dire l’espace où le gouverneur n’est pas musulman et où les lois en vigueur ne repose pas sur le coran et la sunna. La différence entre « Dar al islam » et « Dar al koufr » repose sur un rapport antagoniste. « Dar al islam » est la demeure où les musulmans se sentent en sécurité et peuvent pratiquer leur culte en toute liberté tandis que « Dar al koufr » représente la demeure où les musulmans doivent batailler s’ils désirent préserver leur foi et leur religion car, par principe, les contraires doivent se faire la guerre s’ils désirent perdurer. Ainsi, « Dar al koufr » devient logiquement, dans tous les cas, « Dar al Djihad » c’est-à-dire la demeure « du combat. » Mais précisons que ce « combat » peut prendre différentes formes en fonction de la situation et du contexte dans lequel vivent les musulmans. Le combat peut être spirituel par la patience, intellectuel par la plume et par la parole, économique par le travail et le don, ou enfin corporel par « les armes » quand on nous inflige les pires sévices comme c’est le cas, actuellement, en Tchétchénie, en Palestine, en Irak, et au cachemire…
Le dénominateur commun de tous « ces combats » est qu’ils doivent viser le triomphe de la vérité à l’échelle individuelle et collective en s’opposant à toutes doctrines contraires à l’Unicité divine et à toute affiliation autre que celle de la communauté musulmane. En regardant autour de nous, on peut s’apercevoir que la « demeure de l’islam » est pratiquement absente de l’espace terrestre en raison de l’éloignement par rapport au message prophétique qui veut que : « l’islam domine et ne serait être dominé. » Un verset du coran stipule : « Vous êtes les supérieurs si vous êtes des croyants ! » On peut même soutenir que la France est une terre où les musulmans sont plus en sécurité en ce qui concerne leur pratique que certains pays arabe dit « musulmans ». Hassan al Basri apporte des éléments important concernant les caractéristiques de la demeure de l’islam. Al Ash’at raconte : « J’étais chez Hassan lorsqu’un homme qui avait l’air de provenir de Bahrayn rentra chez lui et dit : « Ô Abou Sa’id ! Je voudrais te questionner au sujet des dirigeants. » Hassan lui répondit : « Questionne sur le sujet que tu désires. » Il dit : « Que penses-tu de nos chefs d’Etat ? » Il se tut un moment et dit : « Et que puis-je te dire à leur sujet alors qu’ils se chargent de cinq choses qui nous concernent : la prière du vendredi, les prières en groupe, le butin, les frontières et les peines. Par Allah ! La religion ne peut être bien sans celles-ci, même s’ils tyrannisent et qu’ils sont injustes. Par Allah ! Allah corrige par leur intermédiaire plus qu’ils ne pervertissent. Par Allah ! Leur obéir est une joie et se séparer d’eux est une mécréance. » »[48]On sait le différent qui opposa Hassan al Basri et Sa’id Ibn Joubair, deux éminents salafs, concernant la posture à adopter vis-à-vis du gouverneur injuste. Hassan al Basri défendait : « La tyrannie des rois est un châtiment d’Allah et on ne fait pas face au châtiment d’Allah avec des sabres mais on se protège et le repousse avec des invocations, le repentir, le retour et le renoncement aux péchés. Certes, lorsque le peuple fait face au châtiment d’Allah avec les sabres, le châtiment d’Allah devient plus tranchant. »[49] En réalité Hassan défendait le principe célèbre selon lequel il existe une étroite corrélation entre le gouverneur et ses sujets de telle manière que le peuple a toujours le gouverneur qu’il mérite et que la destitution authentique et sage d’un tyran commence, avant tout, par la purification individuelle des membres de la société. Quoiqu’il en soit, retenons l’essentiel de la citation de Hassan, à savoir, que « la demeure de l’islam » se doit de protéger ses frontières, ce qui implique que la demeure de l’islam authentique doit veiller à récupérer ses terres perdues en lançant des expéditions jusqu’à la domination du monde. Il ne faut, effectivement, pas perdre en vue la finalité du croyant : « C’est lui qui a envoyé son prophète avec la guidé et la religion de vérité afin de la faire triompher sur tous les autres systèmes. » A partir de là, on peut conclure qu’il n’existe pas, aujourd’hui, sur la surface de la planète de « Dar al islam » entière qui vérifie toutes les caractéristiques authentiques de la société idéale mais que des demeures où l’islam est fragmentairement pratiqué et toléré par des dictatures républicaines ou monarchiques disparates souvent ennemies les unes des autres… Précisons que ces états ne sont pas mécréants pour autant. Ils ne sont pas véritablement des terres d’islam tout comme le prophète a dit au sujet de « celui qui n’aime pas pour son frère ce qu’il aime pour lui-même » qu’il n’est pas véritablement croyant sans pour autant l’exclure de la religion musulmane. Certains savants parlent de « Dar al ‘ahd » c’est-à-dire de « la demeure du traité », mais ce concept est inapproprié aujourd’hui en raison de l’absence d’une demeure sur terre où le gouverneur musulman aurait signé un traité de paix avec un pays non musulman puisque partout les gouverneurs musulmans suivent les orientations de l’occident et la résistance à l’oppression, en Tchétchénie, en Palestine ou au Cachemire indien, s’opère par des groupes indépendants sans l’assentiment d’un gouvernement quelconque.
L’islam a, aujourd’hui, perdu sa splendeur qui, jadis, rayonnait sur le monde. C’est par l’imam al Mahdi, un calife de la fin des temps, qui siégera près de Damas pour combattre les ennemis de Dieu, ceux qui répandent injustement le sang sur terre, que se re-réalisera la promesse de Dieu ici-bas : « Allah a promis à ceux d’entre vous qui ont cru et fait les bonnes œuvres qu’Il leur donnera la succession sur terre comme Il l’a donnée à ceux qui les ont précédés. Il donnerait force et suprématie à leur religion qu’Il a agréée pour eux. Il leur changera leur ancienne peur en sécurité. Ils M’adorent et ne m’associe rien et celui qui mécroit après cela, ce sont ceux-là les pervers. »[50] Et le prophète a mentionné au sujet de l’imam al Mahdi : « Il remplira la terre de justice et d’équité après qu’elle soit remplie d’injustice. »[51] C’est donc l’éloignement des musulmans par rapport à leur religion qui est à l’origine de ce chaos planétaire car ayant abdiqué et laissé la gouvernance de la planète à une caste toute puissante, cachée derrière des gouvernements injustes prêts à mentir pour justifier des guerres d’intérêts et des génocides ! Nous nous devons de croire et de contribuer au retour de la justice sur terre par la restauration de la « terre d’islam » sur l’ensemble de la planète. Nous nous devons d’être pour nos sociétés ce que l’anticorps est pour le corps à l’échelle individuelle.
ARTICLE III
Un musulman qui est inactif pour la cause de l’islam n’est pas un musulman complet. Un devoir de responsabilisation incombe à chaque musulman et à chaque musulmane à la mesure de ses capacités. Chacun doit donner le meilleur de lui-même et ce meilleur implique forcément l’adhésion à une association car l’effort collectif et de loin plus bénéfique que l’effort individuel. Que dis-je l’indépendance est même contraire au message de l’islam, qui veut, quand à lui, unir un peuple derrière une unique volonté ! C’est pour cela que Sayyed Qoutb soutenait que : « La société musulmane ne peut se constituer qu’avec la formation d’un groupe de gens qui décideraient de ne vouer l’adoration exclusive qu’à Allah Seul. Que ce soit dans leurs devoirs religieux, ou dans l’organisation de leur vie et dans leurs législations. Toute la vie de cette association doit reposer sur cette adoration loyale et fidèle. Alors, à ce stade seulement, ce groupe serait réellement musulman et la société qu’il aurait constituée serait musulmane aussi. Sans ce processus chronologique, aucun membre du dit groupe ne serait réellement musulman et leur société ne pourrait être considérée comme musulmane. Autrement, la première base sur laquelle repose l’islam et la société qui est la croyance en l’unicité divine et en la mission de Mohammed en tant qu’envoyé messager de Dieu, ne serait pas garantie. Il est donc nécessaire, avant de vouloir instaurer une société musulmane qui repose sur cette infrastructure organique, d’œuvrer pour libérer les individus de toute autre adoration, sous toutes les formes que ce soit, sauf de celle d’Allah. C’est par l’assemblement de ces individus libérés de la domination de leurs semblables, que se constituera la société musulmane. Autrement dit, une société qui symbolise la nation de « il n’y a pas de divinité si ce n’est Allah et Mohammed est son messager.»[52]A la différence des idolâtres qui divinisent aujourd’hui, l’argent, la race, la nation, le pouvoir ou la notoriété, les musulmans se doivent de s’unir véritablement en Dieu, l’Eternel, et derrière la cause juste qu’est le triomphe de la vérité, en mettant de côté cet ego qui désire constamment poursuivre ses passions et triompher des autres ! Ce n’est hélas pas le cas, à notre époque où notre communauté est éparpillée sur terre dans des espaces hostiles à l’épanouissement de leur foi, divisée par des querelles stériles de sectes qui s’excommunient entre elles. Chaque musulman doit développer et nourrir en lui, un sentiment d’appartenance à la « oumma », c’est-à-dire à la communauté musulmane au-delà des frontières terrestres, des différences linguistiques, des drapeaux, de la différence du sexe, des origines, des groupes, des mouvances et des degrés de pratique... Il faut briser toutes ses barrières qui empêchent le musulman d’aimer son frère ou sa sœur de foi et principalement la barrière de la pratique pour ce qui concerne la France. Un musulman ne jette pas l’anathème sur son frère à la légère. Le musulman est le frère du musulman, et il le demeure jusqu’à preuve du contraire c’est-à-dire jusqu’à ce que ce dernier commette, en toute conscience et en toute volonté, un acte qui fait sortir de l’islam. Un devoir d’échange, de partage et de dialogue avec les musulmans non pratiquants est plus qu’indispensable si nous tenons à solidifier notre lien par la croyance. Un passage des évangiles selon St Mathieu mentionne qu’on demanda à Jésus quelle était le plus grand commandement ? Jésus rétorqua : « Que tu aimes ton Seigneur de tout ton âme, de tout ton cœur et de toute ta raison puis que tu aimes ton prochain comme toi-même. C’est sur ces deux commandements que repose la Loi de tous les prophètes. » En effet, le prophète Jésus a pertinemment résumé la finalité de l’être humain. Aimer Dieu et manifester son amour pour Dieu à travers le service d’autrui. N’exister que pour Dieu et n’exister que pour les autres est un principe qui doit, par conséquent, habiter la conscience du musulman, sensé disparaître à lui-même pour s’anéantir dans la volonté de Dieu en se soumettant à ses ordres et en privilégiant la recherche du bonheur d’autrui sur ses intérêts mondains. Voilà la finalité du projet de l’islam, constituer une communauté unie par le dogme de l’unicité divine ! C’est l’un des plus grand commandement que de tendre vers l’union : « Et cramponnez-vous tous ensemble au câble d’Allah et ne soyez pas divisés et rappelez-vous le bienfait d’Allah sur vous : lorsque vous étiez ennemis, c’est Lui qui réconcilia vos cœurs. Puis, par son bienfait vous êtes devenu des frères. Et alors que vous étiez au bord d’un abîme de feu, c’est Lui qui en a sauvés. Ainsi Allah vous montre Ses signes afin que vous soyez guidés. »[53]Il appartiendra ensuite à cette communautémodèle, unie véritablement par un gouvernement juste, de transmettre ses nobles et véritables valeurs aux communautés avoisinantes afin que les injustices, les famines, et les guerres cessent de tacher le paysage de notre planète, et pour que règne enfin la justice et l’équité sur la terre entière. Un verset mentionne à ce sujet : « Vous êtes la meilleure communauté qu’on ait fait surgir pour les hommes. Vous ordonnez le convenable et interdisez le blâmable et croyez en Allah. »[54] Une tradition mentionne : « Vous ne serez jamais véritablement croyants tant que vous n’aimerez pas pour votre frère ce que vous aimez pour vous-mêmes. »[55] Dans une autre tradition le prophète met en évidence, par l’intermédiaire d’une parabole, qu’il en va de notre salut que de travailler pour le salut des autres : « Les gens qui respectent les interdits divins et ceux qui ne les respectent pas sont comparables aux passagers d’un bateau. Certains d’entre eux logent sur le pont et d’autres dans la soute. Ces derniers lorsqu’ils veulent puiser de l’eau sont obligés de monter sur le pont et de croiser ceux qui y logent. Ils se disent (au bout d’un certains temps) ; si nous faisions un trou dans la soute nous éviterions de déranger les passagers à l’étage. Si les passagers qui sont à l’étage les laissent exécuter leur projet, ils périront tous ensemble. Mais s’ils les en empêchent, ils auront tous la vie sauve. »[56]Dans une autre parabole le prophète a dit : « Les musulmans, dans l’amour, l’affection et la miséricorde qu’ils se portent, sont comparables à un seul corps. Lorsqu’un membre est affecté, c’est l’ensemble du corps qui ressent la douleur et s’enfièvre. »[57] En effet, l’individu a besoin d’appartenir à un groupe auquel il s’affilie, se réfugie et tire sa force et sa fierté. Le prophète disait : « Le croyant est pour son frère ce que les pierres d’un édifice sont les unes pour les autres. Elles se maintiennent les unes et les autres. (En disant ceci le prophète croisa ses doigts)»[58] Cette union est plus qu’indispensable si nous tenons à surmonter les obstacles à l’épanouissement de notre foi ! Ibn Badis affirmait à juste titre : « Il n’y a point de vie, ni de salut pour l’individu, en dehors de la vie et du salut de son groupe social ; que l’individu n’est rien pour ses semblables tant qu’il ne se sent pas comme étant une partie de leur ensemble. Mais un tel sentiment n’est possible que lorsque l’homme se dévoue pour les autres comme il se dévoue pour sa propre personne, et lorsque le souci qu’ils lui inspirent n’est pas moins fort que le souci de son propre être. »[59] En effet, le groupe est une sorte de protection. L’épanouissement de la foi se réalise par le groupe, le prophète disait à ce sujet : « Soyez en groupe et prenez garde à la division, celui qui désire obtenir une vie aisée au Paradis ; qu’il reste avec le groupe.»[60] En effet, l’attestation de foi : « la ilaha illal lah » est une parole libératrice qui risque de déclancher l’animosité de ceux qui gagnent à « asservir » comme c’est le cas de l’âme bestiale à l’échelle individuelle ou celui des dictatures à l’échelle collective. Il suffit de relire l’histoire pour constater le sort que réserve les tyrans à toute communauté émergente, unie par la foi en un Dieu unique et qui désire se libérer de l’assujettissement à un Etat qui les prive de leur droit et de leur liberté. Ce qui est advenu aux gens d’al Ukhdoud est illustratif.Ce peuple qui a décidé de croire en l’absolue toute puissance de Dieu malgré le châtiment certain que leur réservait leur roi s’il décidait de garder leur croyance ! Le roi ordonna, en effet, de faire creuser une fosse dans laquelle il y logea un gigantesque feu et où il y précipiterait tous les croyants qui refuseraient de renier leur foi et c’est ce qu’il fit… La fin du récit mentionne qu’une femme qui portait son enfant hésita à se jeter dans le feu et le nourrisson prit, par la permission de Dieu, la parole et dit : « fais preuve de patience car tu es dans la vérité ! » C’est pourquoi Waraqa ben Naoufel exhorta au début de la révélation le prophète de la manière suivante : « Nul n’est venu avec ce que tu es venu sans qu’il ne soit prit en animosité. »[61] Une sourate met en relief la nécessité de s’unir et de s’entraider afin de se protéger : « Par le temps ! Les hommes courent à leur perte, à l’exception de ceux qui croient et pratiquent, s’enjoignent mutuellement à la vérité et s’enjoignent mutuellement à la patience. »[62] La réunion des cœurs derrière la véritable cause constitue donc le parachèvement de la réalisation de notre but. Je m’étonne qu’aujourd’hui beaucoup de nos frères et sœurs faibles sont délaissés par leur coreligionnaire et souffrent dans une solitude qui intensifie leurs maux ! Le prophète a pourtant dit : « Dieu ne vous aidera pas tant que vous n’entretiendrez pas vos faibles ! »[63] Il y a dans ce dernier récit un message qui révèle que l’agrément de Dieu se localise derrière l’entretien des faibles, des pauvres, des malades et des démunis. Un récit divin n’énonce-t-il pas : « Ô fils d’Adam ! J’ai été malade et tu ne m’as pas visité ! » Le serviteur poursuivra : « Comment te visiterais-je alors que tu es le Seigneur de l’univers ! » Allah rétorquera : « Ne savais-tu que mon serviteur untel est tombé malade et tu ne l’as pas visité ! Ne Savais-tu que si tu l’aurais visité tu m’aurais trouvé à ses côtés ! »[64] C’est donc à la réunion des cœurs que doit aboutir l’application de la parole « la ilaha illal lah. » Il n’y a effectivement que cette dernière qui peut unir véritablement les hommes puisqu’en dehors de Dieu, il n’y a que des choses éphémères et limitées qui finiront tôt ou tard par disparaître. Un verset du coran confirme que seul Dieu peut unir véritablement les cœurs : « Il a uni leurs cœurs (par la foi). Aurais-tu dépensé tout ce qui est sur terre tu n’aurais pu unir leurs cœurs mais c’est Allah qui les a unis, car Il est Puissant et Sage. »[65] Ainsi, toute union qui ne trouve pas sa raison d’être en Dieu est une union qui se brisera quand disparaîtra sa cause. Je pense ici, que le lecteur ou la lectrice peut illustrer avec maints exemples que beaucoup de relations qu’il ou elle ont pu nouer n’étaient que des relations d’intérêts qui se sont brisées après la satisfaction de l’intérêt. C’est pourquoi Abraham disait : « En effet, c’est pour cimenter les liens entre vous-même dans la vie présente, que vous avez adopté des idoles, en dehors d’Allah. Ensuite, le jour de la résurrection, les uns rejetteront les autres et les uns maudiront les autres, tandis que vous aurez le Feu pour refuge et vous n’aurez pas de protecteurs. »[66] Ainsi, ceux qui n’ont pas Dieu pour divinité s’ils arrivent à s’unir ici-bas ne s’uniront que d’une éphémère union car leurs cœurs ne sont pas unis : « Tu les croirais unis alors que leurs cœurs sont divisés »[67] dit Allah à propos des idolâtres. Il n’y a que de l’animosité et de l’hypocrisie qui peut ressortir de gens qui n’adorent pas exclusivement Dieu ! C’est à cette rivalité que fait allusion ce verset où Dieu s’adresse à la postérité d’Adam qui refusera de l’adorer exclusivement : « Descendez (du Paradis) ennemis les uns des autres. »[68] On pourrait citer des milliers d’exemples de ces rivalités mondaines, de ces jalousies, et de ces haines qui dressent, autour de nous, les uns contre les autres… Prenons l’exemple d’Adolf Hitler qui fonda son empire sur la croyance en la prééminence de la race allemande, la race arienne et voulait vaincre, éliminer, ou réduire en esclavage ceux qui ne partageaient pas sa caractéristique génétique. Il en va de même de toutes ces unions qui reposent sur des considérations éphémères, physiques ou limitées. Nous nous devons, nous musulmans, de nous unir en Dieu pour réaliser le projet divin et de lutter convenablement contre nos ennemis c’est-à-dire les mécréants islamophobes qui manifestent leur haine de l’islam et lui livre ouvertement bataille. Nous devons les haïr justement en retour à leur haine injuste. Le musulman de France doit conserver la tête haute face aux pressions qui veulent nourrir en lui un complexe d’infériorité qui le pousserait à la dépersonnalisation, voire au silence, à la soumission ou à la discrétion. De la même manière que les mécréants ennemis luttent contre nous, nous devons lutter contrer eux dans la justice, sans excès. J’irai même jusqu’à soutenir que le musulman doit répondre au mal par le bien tant qu’il y a un profit à agir ainsi. Ne pas répondre à une provocation en répliquant par un sourire est parfois plus bénéfique que de crisper le visage. En France, les islamophobes livrent plus une guerre idéologique, une bataille sémantique contre l’islam au moyen des médias, des journaux, des films, qu’une bataille physique. Notre effort consiste donc à répondre par la pensée, la parole, la plume et la proposition d’une culture alternative. Une autre bataille à l’échelle de la politique nous impose de responsabiliser les musulmans de France au vote. C’est une bataille qui s’avère très difficile en raison de l’approche des élections présidentielles et de l’ignorance et de la non responsabilisation des masses musulmanes.
En ce qui concerne les mécréants amis qui ne partagent pas notre foi mais nous aide à la pratique de notre religion, nous leur devons respect et une attitude plus que bienveillante. Le prophète, en période de persécution, savait que le Négus, roi d’Abyssinie était un roi chrétien juste auprès de qui on ne ferait du tort à personne. Ainsi, il ordonna aux musulmans d’émigrer en terre chrétienne afin de préserver leur religion des épreuves que leur infligeaient les mecquois idolâtres. On sait l’attitude bienveillante et protectrice qu’a adopté Abou Talib, l’oncle du prophète, qui était mécréant, vis-à-vis de son neveu. Alors que les Quraychites voulaient abattre le prophète, Abou Talib refusa de livrer son neveu et réunit les Banou Hachim et les Banou Abdel Moutalib et leur demanda de protéger le prophète. Les croyants comme les mécréants répondirent favorablement à l’appel sur la base de la solidarité arabe et du bon voisinage. Ils signèrent un pacte et s’engagèrent à défendre le prophète à l’exception d’Abou Lahab qui boycotta le traité. Ce passage de la vie du prophète révèle qu’un partenariat est possible avec des non musulmans sur la base de principes et de luttes communes comme le combat pour la justice sociale, ou contre les discriminations de toutes sortes tant que ce partenariat n’engendre pas de confusion entre la véracité de l’islam et la fausseté des doctrines qui lui sont étranger.
Ainsi, les musulmans doivent s’unir localement en adhérant à une structure dont l’objectif serra d’appeler au Tawhid et à l’unité de la communauté et qui doit vérifier trois caractéristiques fondamentales afin d’éviter de tomber dans un sectarisme vil :
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Appeler à la réalisation du Tawhid et à l’union de la communauté
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Globaliser et ne pas focaliser
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Respecter les priorités et ne pas sauter les étapes
Ces structures devront agir localement en pensant globalement. L’objectif de l’aspiration au meilleur, qui doit habiter la conscience de tous les musulmans, doit pousser les associations musulmanes à la complémentarité et à l’union sous une autorité commune car la division est interdit puisque empêchant une maximisation des bénéfices. La soumission à une personne plus compétente révèle la sincérité de celui qui désire tendre vers Allah car celui qui n’aspire pas au meilleur démontre qu’il finalise un autre que Dieu. Nous devons donc développer au niveau individuel cette pensée de la complémentarité des dynamiques musulmanes de France dans l’esprit de chaque musulman français. En effet, cette dernière permettra de justifier la soumission à une autorité unique et d’expliquer la naturelle division de la communauté par spécialisation. Car, la divergence est une chose inévitable et nécessaire, cela dit il nous appartient de la gérer et cela par la recherche de l’atteinte de l’idéal commun, en harmonisant l’action des différentes associations. Le prophète disait dans un récit authentique : « Le croyant par rapport au croyant est comme la construction dont tous les éléments se soutiennent. » Ce récit révèle que nous devons nous unir dans l’intention d’élever l’édifice de l’islam afin que ce dernier dépasse toutes les autres constructions. Et Allah a dit : « C’est Lui qui a envoyé Son messager avec la guidée et la Religion de Vérité, pour la placer au-dessus de toute autre religion, en dépit de l’aversion des associateurs. »[69] Ainsi, à l’imitation d’un corps où la main ne doit pas s’acharner et s’opposer au pied parce que ce dernier est différent mais doit veiller à la santé du corps en étant complémentaire du mouvement du pied. Ceci n’est possible que si la main reconnaît par le cœur et pas uniquement par la langue que le pied appartient à un même corps, lorsque la main sentira que le pied appartient au corps dont elle fait partie, alors là, elle cessera toute hostilité. Ceci est contenu dans les trésors de ce récit authentique : « L’image des Croyants dans les liens d’amour, de miséricorde et de compassion qui les unissent les uns aux autres est celle du corps : dès que l’un de ses membres se plaint de quelque mal, tout le reste du corps accourt à son secours par la veille et la fièvre. » Ainsi, selon Abou Houraïra, le prophète a dit : « Allah est satisfait de vous pour trois choses : que vous l’adoriez et que vous ne lui associez rien, et que vous vous accrochez tous au câble d’Allah et que vous ne vous divisez pas et que vous soyez loyaux envers vos dirigeants. »[70] A partir de cela, il apparaît évident qu’il y a nécessité d’avoir un guide général chargé d’harmoniser le collectif associatif et de partager les tâches et les responsabilités des membres et des associations. La corruption sous toutes ses formes doit être formellement interdite et chacun devra occuper le poste qui contribue le plus à l’intérêt de l’ensemble. « Quiconque, a dit le prophète, ayant à exercer quelque autorité sur les musulmans, nomme à une fonction publique un homme alors qu’il peut trouver un autre qui serve mieux les intérêts des musulmans, trompe Allah et son prophète. »[71] Selon Ibn Taymiyya : « Le représentant de l’autorité devra donc ne jamais employer pour une fonction publique que l’homme le plus apte qu’il puisse trouver. S’il ne trouve point d’homme parfaitement apte à exercer une fonction déterminée, il choisira le moins inapte. S’il fait de son mieux pour y réussir, avec la seule préoccupation de l’intérêt supérieur de la fonction publique, on considérera qu’il a fait honneur à la confiance placée en lui et qu’il s’est acquitté de son devoir ; Dieu le mettra au nombre des hommes justes et droits, quand bien même y aurait-il quelque imperfection dans le fonctionnement des services publics, car cette imperfection ne saurait lui être imputée, puisque nulle autre façon d’agir n’était possible… Quiconque s’acquitte de son devoir dans la mesure du possible est sur le bon chemin. Le prophète a dit : « Quand je vous donne un ordre, exécutez-le dans la mesure du possible. »[72] Mais, quand on fait preuve d’une impuissance injustifiée ou que l’on agit avec déloyauté, on s’expose au châtiment d’Allah. »[73]Les membres de la structure doivent, ensuite, respecter leur engagement et tenir leur parole. Nombreux sont les cas où des buts extrêmement important échouent ou stagnent en raison de la négligence ou de l’oubli. Le coran fait l’éloge de ceux qui respectent leurs engagements : « Et qui veuillent à la sauvegarde des dépôts confiés à eux et honorent leurs engagements. »[74] « Et ceux qui remplissent leurs engagements lorsqu’ils se sont engagés. »[75] « Et remplissez l’engagement, car on sera interrogé au sujet de l’engagement. »[76] Ibn Badissoutenait que : « Chacun a le devoir d’assurer la garde de son poste et de ne pas laisser s’infiltrer de son côté le danger ou le trouble. Car, s’il fait preuve de négligence, s’il abandonne son poste, il ouvre une brèche par où son groupe, sa communauté, peuvent se trouver gravement menacés. En effet, la moindre pierre arrachée à un barrage peut entraîner la dislocation de tout l’ouvrage. La défection d’un seul homme de son poste, si modeste soit-il peut causer un dommage pour toute la collectivité. En revanche, la fermeté et la vigilance de chacun à son poste constituent des manifestations de discipline et de solidarité, lesquelles sont le fondement de la force. »[77] Il appuiera sa pensée par le récit de la fourmi[78] : « Voici une fourmi qui s’est acquittée avec dévouement de son devoir à l’égard de son peuple. Comment ne devrait-il pas en être de même de l’homme raisonnable, quant à l’accomplissement de son devoir envers son peuple ? C’est là une profonde leçon pour quiconque est indifférent aux affaires de son peuple, négligeant son devoir à l’égard de ses semblables, pour celui qui voyant quelque danger menacer sa nation, fait semblant de ne rien voir et plus encore pour celui qui volontairement cherche à attirer le danger sur sa communauté. Ah ! Combien avons-nous besoin, nous autres musulmans, d’êtres comme cette fourmi. »[79] Les musulmans de France doivent se sentir appartenir à la oumma islamique et doivent participer à l’épanouissement de leur communauté de foi en adhérant à une structure locale reposant sur le principe de l’aspiration au meilleur qui permettra, à long terme, l’union de la communauté sous une autorité unique, ainsi que la complémentarité des dynamiques musulmanes affiliées à cette autorité. C’est le non respect de ce principe qui empêche une union car, hélas, chaque secte se pense être la seule à détenir la vérité et se confine, par conséquent, à ce qu’elle détient même si une autre structure l’englobe ! Alors que le choix en toute volonté de l’inférieur sur le supérieur est interdit par le bon sens ! C’est l’ignorance et l’orgueil qui sont les deux facteurs à l’origine de l’égarement et de la division. L’ignorance quand on s’oriente par des connaissances fausses et l’orgueil quand on s’oriente par ces mêmes connaissances malgré la connaissance de la vérité supérieure ! C’est pourquoi la réalisation du but ne sera pas possible sans l’assemblement de musulmans savants et sincères ! Il faut impérativement bannir toutes ces divergences intolérables qui nous dressent les uns contre les autres ! La divergence fruit de l’ignorance, quant à elle, est tolérable puisque remédiable par l’étude du savoir et le débat tandis que la divergence fruit de l’orgueil est intolérable et c’est elle qui est nuisible pour la communauté ! C’est dans ce sens que l’on doit comprendre l’ordre et la menace d’Allah des versets suivants : « Et ne soyez pas parmi les associateurs, parmi ceux qui ont divisé leur religion et sont devenus des sectes, chaque parti exultant de ce qu'il détenait. »[80] « Et ne vous disputez pas, sinon vous fléchirez et perdrez votre force. »[81] « Et ne soyez pas comme ceux qui se sont divisés et se sont disputés après que les preuves leur furent venues, et ceux-là auront un énorme châtiment »[82]
Conclusion
Il apparaît après lecture de ce credo du musulman de France que la voie de la réalisation du but n’est pas une affaire aisée. Nul doute que ce chemin sera truffé d’embûches. A l’échelle individuelle par la lutte contre les caprices de l’âme bestiale et à l’échelle collective par la lutte contre les systèmes qui asservissent les êtres humains. Le musulman et la musulmane de France doivent inévitablement posséder les deux caractéristiques suivantes pour vérifier entièrement leur identité :
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Promouvoir l’unicité divine
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Promouvoir l’intérêt de leur communauté
Il ou elle doivent donc s’opposer sagement à ceux qui défendent des doctrines contraires au Tawhid et à ceux qui promeuvent leur secte ou leur organisation au détriment de l’intérêt de la communauté musulmane dans son ensemble ! Voilà, dans toute sa clarté, la voie droite ! Une tradition mentionne : « Viendra un temps où celui qui s’accroche à la religion musulmane sera comparable à celui qui saisit dans ses mains un tison ardent. »[83] Dans ce dernier récit, le prophète annonce aux musulmans la difficulté future de pratiquer leur attestation de foi. Comment ne pas citer ici le récit où il compare ceux qui s’accrocheront à la religion à des étrangers : « L’islam est venu étranger et il redeviendra étranger à la fin des temps. Que la félicité du Paradis soit pour ces étrangers là qui se réformeront pendant que les autres se détérioreront. »[84] Nous nous devons donc, mes frères et mes sœurs, de patienter dans la lutte pour la cause juste qui consiste à faire prévaloir la volonté divine sur l’individu puis ensuite sur la communauté et cela même si tous les regards se dresseraient haineusement contre nous. Un compagnon rapporte : « Nous nous plaignîmes de notre état au prophète tandis qu’il se reposait à l’ombre de la Ka’ba, la tête appuyée sur son manteau dont il avait fait un coussin. Nous lui dîmes : Pourquoi ne demandes-tu pas le soutien de Dieu ? Pourquoi ne l’invoques-tu pas en notre faveur ? Il leur répondit : « Dans les communautés qui vous ont précédé, on s’emparait des croyants pour les torturer, on les enterrait et on laissait dépasser la tête qu’on scier en deux, ou bien encore, on lacérait leur chair avec des peignes de fer et ils ne reniait pas pour autant leur foi ! Par Dieu, j’en fais le serment, Allah assurera la victoire de cette cause et il viendra un temps où tout cavalier pourra se déplacer de San’a à Hadramawt sans rien craindre si ce n’est Dieu et les loups pour ses troupeaux. Mais vous êtes trop impatients ! »[85]Il nous incombe, pour finir, le devoir de patienter dans cette lourde entreprise, de faire triompher la cause juste car les épreuves tomberont comme des gouttes de pluie sur les partisans de la vérité et ces derniers se doivent de tirer leur patience de leur certitude : « Qu’après la difficulté il y a, certes, la facilité » puisque Allah nous assure : « C’est Notre devoir de secourir nos serviteurs croyants.»[86]Seul l’islam peut, aujourd’hui, éveiller une force internationale susceptible de résister à l’impérialisme américano sioniste qui répand le sang sur notre terre. C’est pourquoi la mission de l’imam al Mahdi consistera à rétablir la direction véritable des hommes, celle d’adorer Dieu par l’exemple du dernier prophète en luttant contre les ennemis de Dieu. Une tradition mentionne à son sujet : « Cette personne distribuera le butin de la guerre après la bataille. Il dirigera le peuple conformément à la tradition prophétique et pendant son règne l'Islam s'étendra dans le monde entier. Il vivra sept ans (à partir de son apparition). Il décédera et les musulmans accompliront la prière mortuaire. »[87]Il ne reste plus qu’au musulman de France et d’ailleurs qu’à se préparer à la venue de cet imam car l’émigration en terre d’islam est obligatoire pour tout musulman. Il ne faut pas attendre comme les fatalistes que la destinée de la communauté musulmane, mentionnée dans nos sources scripturaires, se réalise sans que l’on y participe. Le musulman doit contribuer, sans attendre, du meilleur de lui-même, là où il se trouve, à l’instauration du califat même s’il sait que ce dernier verra le jour avec l’avènement de l’imam al Mahdi. Une tradition mentionne effectivement : « Un groupe de gens de ma communauté ne cessera de combattre pour le triomphe de la vérité et ce jusqu’au Jour du Jugement (dans une autre version jusqu’à ce que les derniers d’entre eux combattent contre l’Antéchrist). Lorsque Jésus, le fils de Marie, descendra, le leader (probablement l’imam al Mahdi) parmi eux lui demandera de diriger la prière, mais Jésus déclinera, en disant : « Non, vraiment, parmi vous, Allah a fait des guides pour les autres et leur a accordé son agrément. » »[88]
Oua billahi ta’ala taoufiq
Mahdy Ibn Salah
[1] Sur 100 personnes d’origine musulmane, pratiquement 95 acceptaient de bon cœur de discuter de religion.
[2] La volonté divine est certes unique mais peut apparaître pour l’homme multiple. En effet, on peut opposer deux volontés divines : « La volonté de créer le mal » et « La volonté de vouloir se faire obéir. » Ces deux volontés ne sont pas distinctes bien qu’elles puissent apparaître « contradictoires ». La raison est que la vie est une épreuve et c’est par les contraires que les choses se distinguent, ainsi Dieu a créé le mal et donc l’a voulu mais ne l’aime pas puisqu’il le condamne et invite ses serviteurs à agir dans son contraire qu’est le bien.
[32] La démocratie, qui est un système sociétal où la souveraineté est exercée par le peuple fait partie de ces systèmes qui risquent de ruiner une nation. En effet, un verset du coran affirme : « Et si tu obéis à la majorité de ceux qui sont sur la terre, ils t’égareront du sentier d’Allah. » Même Socrate confirme notre thèse :
SOCRATE : Voyons maintenant comment on a établi ce principe. Un homme qui s’exerce à la gymnastique et qui en fait son étude prête-t-il attention à l’éloge, à la critique, à l’opinion du premier venu, ou de celui-là seul qui est son médecin ou son pédotribe ?
CRITON : De celui-là seul.
SOCRATE : C’est donc de celui-là seul qu’il doit craindre la critique et apprécier l’éloge, sans s’inquiéter du grand nombre.
CRITON : Evidemment oui.
SOCRATE : Il devra donc agir, s’exercer, manger et boire comme en décidera l’homme unique qui le dirige et qui est compétent, plutôt que de suivre l’avis de tous les autres ensemble.
CRITON : C’est incontestable !
SOCRATE : Voilà qui est entendu. Mais s’il désobéit à cet homme unique, s’il dédaigne son opinion et ses éloges pour suivre les avis de la foule incompétente, n’en éprouvera-t-il aucun mal ?
CRITON : Certainement si.
SOCRATE : Mais quel mal ? Sur quoi se portera-t-il ? Sur quelle partie de l’individu désobéissant ?
CRITON : Sur son corps, évidemment ; car c’est son corps qu’il ruine.
SOCRATE : Bien dit, mais pour ne pas passer tout en revue, Criton, n’en est-il pas ainsi du reste ? Et, en particulier, quand il s’agit du juste et de l’injuste, du laid et du beau, du bien et du mal, dont nous délibérons à présent, est-ce l’opinion du grand nombre que nous devons suivre et craindre, ou celle du seul juge compétent, s’il en est un ? Et ce juge unique, ne devons-nous pas le respecter et le craindre plus que tous les autres ensemble ? Car si nous ne lui obéissons pas nous corromprons et gâterons ce qui, comme nous le disons, s’améliore par la justice et se perd par l’injustice. Ou faut-il croire que tout cela n’est rien ?
CRITON : Je suis de ton avis là-dessus Socrate.