Selem aleykoum Mahdy,
J'espère que vous allez bien ? Merci encore pour ce magnifique séjour en Auvergne ! Voilà nous avions une question Myriam et moi qui nous trottent dans la tête, nous avons lu votre article sur le fait que vous n'étiez pas "salafiste". Vous ne mentionnez pas appartenir à une école juridique également.
J'avais exactement la même pensée que vous auparavant et je ne voyais absolument pas la nécessité d'adhérer à une école juridique et ce sans être "salafiste". Cependant Allah m'a fait rencontrer des personnes sages qui m'ont permis de comprendre que le suivi d'une école était important.
Les quatre grands savants des écoles sont des pionniers, ils ont pour source le Coran et la Sunna. Ce sont la troisième génération qui ont eu l'éloge du Prophète saws. À l'époque il y avait déjà des opinions propres à Aicha r.a, des opinions propres à Abou Houreira etc, il y avait déjà en quelque sorte cette notion de madhab, d'avis divergent. Cependant leur différence avec les quatre écoles réside dans le fait qu'ils n'ont pas eu le temps de retranscrire tout ce savoir qu'ils ont eu du Prophète sws.
J'aimerais savoir de qui puisez-vous la science si vous ne suivez pas d'école ? N'est-il pas "dangereux" de prendre la science de plusieurs savants et de se faire sa propre opinion étant donné que nous ne sommes pas mujtahid ? Mon message n'a aucunement l'intention de vous convaincre d'adhérer à une école mais simplement comprendre plus en profondeur votre opinion sur ce sujet. Qu'Allah vous récompense pour tout, Signé Leyla qui ne connaît pas le repos :)
Wa 3aleikoum salam, okhty al karima,
Alors, si je condamne le salafisme, ce n’est pas de manière absolue car j’adhère entièrement au principe de rejeter les écoles, pour suivre la vérité où est-ce qu’elle se trouve.
En réalité, je condamne plus une conception faussée du salafisme que le salafisme à proprement parler car la meilleure des voies reste à n’en pas douter la voie du prophète !
Donc, les gens qui se rapprocheront le plus de la vérité seront ceux qui parviendront à adhérer à l’école qui réussira à placer le croyant, et ce, quel que soit l’époque à laquelle il appartient, dans le contexte prophétique c’est-à-dire comme s’il vivait à l’époque des compagnons, et ce, grâce à la révélation que sont le Coran et la Sunna !
En effet, la vérité réside dans l’attitude prophétique or cette attitude n’est pas accessible de manière absolue car la compagnie constante du prophète ne fut pas possible d’où les inévitables divergences des compagnons ou des savants !
Parfois la divergence pouvait même découler d’une mauvaise compréhension de la parole prophétique au sein de la même génération comme à l’exemple du récit des banou Qourayza, indiquant que la proximité nécessaire n’est pas que spatiale, elle doit aussi être de conscience, et là encore, il est impossible de partager l’intimité de conscience du prophète ou de n’importe quel individu d’ailleurs !
A partir de là, la divergence est inévitable et la meilleure des écoles sera inévitablement celle qui s’en éloignera le plus ! Or, une école est une manière de lire et de comprendre les textes scripturaires d’où le fait que l’être humain peut entacher sa lecture des textes d’une compréhension personnelle à même de nous éloigner du véritable sens, ce sens sensé nous unifier en actes car la vérité unit et ne peut diviser !
Or, les écoles de droit ont divisé comme le démontre l’histoire. A la base, le « Fiqh » est une science spirituelle comme l’affirme l’auteur du « Moughni » alors qu’aujourd’hui elle est devenue une science technique, et la technicité, rappelons-le, ne fait pas partie de la voie prophétique dans la transmission !
En effet, il existe des savants rationnels qui nous apportent un savoir profond qui élargit notre conscience, nous grandit, et ce, en touchant nos cœurs, comme il existe des savants émotionnels qui nous sensibilisent en nous apportant un savoir narratif touchant… La vraie science doit être profonde, sensible, simple, concrète comme celle du prophète !
Or, il existe des savants, de nos jours, qui n’existaient pas à l’époque du prophète, donc qui sont venus après lui, et qui ont apporté un savoir qui n’est ni profond, ni émotif : c’est le savoir technique du droit !
Aussi, quand on étudie le droit sans le cœur et l’âme alors on innove dans la manière jusqu’à se perdre par de la vérité car à vrai dire le fait de poser des questions hypothétiques ne fut pas une tradition prophétique aussi !
Il est important de souligner que le vrai savant est celui qui par son savoir parvient à s’effacer jusqu’à nous mettre par son savoir face au prophète, c’est-à-dire face aux textes. Or, beaucoup de savants d’aujourd’hui font écrans à la voie prophétique en nous éloignant par leur interprétation et leur négation !
C’est pourquoi, je me suis penché sur la Zahiriya d’Ibn Hazm qui a travaillé à construire une école qui met le croyant face aux textes, en essayant de l’éloigner le plus possible d’une lecture entachée de partialité, de subjectivité, voire tout simplement d’humanité !
Je te renvoie à cette étude que j’ai réalisée sur la Zahiriya : https://www.mahdyibnsalah.fr/enseignement/principologie/63-essai-sur-la-zahiriya
En somme, je n’appartiens à aucune école définie, mon école est une école simple, accessible à tous et à toutes, c’est celle d’un bédouin qui s’efforcerait de suivre le Coran et la Sunna, à défaut d’être en face du prophète !
Ceci ne signifie pas que je condamne les suiveurs des écoles car suivre un savant, c’est évidemment toujours mieux que de se suivre soi-même surtout quand notre être est dominé par un démon à l’exemple de ces coranistes ou de ces libéraux qui suivent le diable à travers leur volonté d’écarter le prophète pour prendre sa place, jusqu’à la divinisation de leur égo par l’action de légiférer à la place d’Allah !
Qu’Allah nous préserve moi et toi et qui nous rapproche le plus de la voie droite
Mahdy Ibn Salah