Introduction
Notre prophète a dit dans une tradition : « Le croyant génère ou participe de l’unité et il n’y a aucun bien chez une personne qui ne génère ou ne participe de l’unité. »[1] A partir de cette tradition, nous avons la preuve que le musulman authentique ne peut vivre sa foi en électron libre et qu’il doit impérativement soit générer, soit intégrer un groupe. A ce sujet, le prophète disait justement que les hypocrites se reconnaissaient au fait : « Qu’ils ne génèrent, ni ne participent de l’unité. »[2] Dans une autre tradition notre prophète a ajouté : « Les croyants dont la foi est la plus accomplie sont ceux qui ont le meilleur comportement, générateur d’environnements protecteurs de leur identité, qui unifient les gens et participent de leur unité, car en effet, ne fait pas partie de notre communauté, celui qui ne génère, ni ne participe de l’unité. »[3] A partir de là, nous devons, tous et toutes, arriver à la conclusion que la bonne pédagogie dans l’enseignement, et ce particulièrement en France, consiste à créer de petites familles spirituelles par lesquelles nous pourrons entretenir notre foi car effectivement nous risquons, si nous nous éloignons de la jama’a, de subir indubitablement soit le fléau de l’assimilation, soit celui de la superficialité. Ainsi, le but des cercles spirituels est de rendre son participant acteur de sa propre thérapie, en lui permettant de suivre une cadence collective susceptible de remédier aux maux liés à son isolement car le prophète disait : « Satan est avec celui qui est seul. »[4] Ainsi, les familles spirituelles constituent la voie prophétique par excellente dans la réalisation de l’objectif de purification des individualités, car elles permettent de ne pas tomber dans le piège satanique du gaspillage de l’énergie des leaders, par leur action d’œuvrer dans la bienfaisance à l’endroit de cas particuliers, et ce, au détriment de l’intérêt général d’une communauté.
Le challenge
Le challenge que nous nous sommes fixés consiste ainsi à créer une mutuelle spirituelle, c’est-à-dire une Oumma unifiée par le cœur, l’âme et les actes. En effet, en cette époque que nous traversons, malheureusement il n’existe pas de Oumma au sens complet du terme, dans la mesure où celle-ci ne couvre pas convenablement les victimes de l’engagement dans la voie de sa restauration et de sa vivification, ni ne protège les individualités qui la composent, vis-à-vis des agressions hostiles, comme elle le devrait ! C’est pourquoi, nous nous sommes donnés pour objectif de constituer une famille globale composée d’une multitude de familles locales, pas uniquement dans la croyance et l’action, mais aussi et surtout dans la spiritualité car effectivement ce qui fait cruellement défaut à notre communauté, à l’heure d’aujourd’hui, c’est justement la spiritualité par laquelle on peut se rapprocher de notre prochain jusqu’à ressentir sa douleur, sans qu’il ne l’exprime, et donc travailler à la résoudre car résoudre la douleur d’un croyant, c’est évidement résoudre notre propre douleur selon une image prophétique : « L’image des croyants dans leur lien d’amour, de miséricorde et de compassion et semblable à celle d’un corps ! Lorsque l’une de ses parties souffre, c’est tout le reste qui se responsabilise pour y remédier par la veille et la fièvre. »[5] Ainsi, le défi qui nous nous sommes fixés afin d’atteindre pleinement notre objectif est de structurer et de spiritualiser notre liaison car, de toute évidence, une Oumma sans organisation et sans spiritualité est une Oumma respectivement impuissante et virtuelle, à laquelle les appels au soutien ne pourront trouver écho !
Organisation
Le modèle que nous avons décidé d’emprunter dans la finalité de réaliser nos objectifs est celui de l’arbre de la foi : « N'as-tu pas vu comment Allah propose en parabole une bonne parole pareille à un bel arbre dont la racine est ferme et la ramure s'élançant dans le ciel? »[6] Le but est, par conséquent, d’harmoniser et de développer des cellules filles moyennant des directives, des programmes et des actions communes, instituées par la cellule mère, tout en laissant chacune des cellules filles indépendante dans le reste de ses mouvements ! Le développement de la structure globale s’opère par la scission d’une cellule fille, symbolisée par le fruit qui contient des graines susceptibles d’engendrer un autre arbre, qui lorsqu’elle atteint, par exemple, un certain nombre de membres doit s’amputer de trois de ces derniers afin que ceux-ci constituent une nouvelle cellule aspirant à son tour au développement et donc à une scission prochaine. De la sorte, l’enseignement s’opèrera par transmission et se propagera rapidement comme à l’époque du prophète, et la même sève alimentera tous les éléments du groupe, malgré les deux obstacles de la distance et du grand nombre.
Les 7 devoirs du membre d’une famille
Pour devenir membre d’une cellule, l’adhérent se porte garant d’apprendre et de respecter 7 devoirs :
- Je me dois de croire en l’objectif de la famille spirituelle.
- Je me dois de respecter l’autorité.
- Je me dois d’être constant dans ma participation.
- Je me dois d’être discipliné à l’endroit de mes tâches et de mes responsabilités.
- Je me dois d’entretenir mes liaisons par le partage du temps.
- Je me dois d’apporter au groupe.
- Je me dois de partager la difficulté de mon prochain.
Règlement
Afin de parfaire une organisation, il est impératif de toujours fixer un règlement pour chaque activité. Le règlement est l’ensemble des règles communes, claires, simples et précises, à respecter afin que rien ne soit laisser à Satan et de permettre, par conséquent, l’harmonie des mouvements de la dynamique et de contrecarrer les élans de l’ego susceptibles de nuire à l’intérêt général de la structure. Il contient, par conséquent, les objectifs et les méthodologies, les compositions et les déroulements, les fréquences et les échéanciers, ainsi que les différentes formes de sanction purificatrice à l’endroit de ceux qui ne respecteront pas les règles. Ainsi, le règlement peut évoluer en fonction du mouvement global.
Objectif
L’objectif des cercles spirituels est de constituer une famille spirituelle globale composée d’une multitude de familles locales, et ce, pas uniquement dans la croyance et l’action, mais aussi et surtout dans la spiritualité.
Méthodologie
Le moyen que nous userons afin de parvenir à notre fin est l’enseignement spirituel par transmission de proximité, et non par les voies modernes de communication, en partant du guide général vers les autorités cellulaires, puis les membres. Seul l’enseignement commun peut se dispenser autrement. C’est grâce aux actions globales et locales des familles spirituelles et au mécanisme de la scission d’une cellule, qui doit se faire, dès qu’elle est susceptible de posséder un second noyau capable de générer un autre groupe que nous pourrons atteindre notre objectif principal. L’enseignement commun est ouvert, quant à lui, au public, et il s’opérera sous forme de séminaires de formation, à fréquence d'une fois par mois, au même moment que la réunion régionale. Toute scission ne doit se faire que sous certaines conditions avec l’aval de la cellule mère.
Composition
Une cellule doit se composer impérativement de 5 éléments :
- Une autorité
- Des membres
- Des activités
- Un lieu de réunion
- Une consultation
L’autorité, fixée par la cellule mère, est la personne responsable de l’épanouissement de la cellule. Les membres, au nombre de trois minimum, sont les personnes qui doivent : obéir à l’autorité, respecter le règlement, et participer aux actions collectives. Il est important de vérifier la proportion de 70% de gens lumineux afin d’éviter la contre productivité du cercle car trop de gens ténébreux risque effectivement de rendre le cercle plus nuisible que profitable. Les activités sont les différentes actions collectives qui entretiennent l’adhésion des membres à la cellule. Le lieu de rencontre est celui du rassemblement des membres, et il doit varier entre toutes les personnes capables de réceptionner. La consultation est la séance permettant de statuer sur les directives susceptibles d’assurer la résolution des problèmes individuels et de développer la cellule. Elle doit s’attarder sur les bilans des activités passées, les tâches amélioratrices des actions présentes, et les projets futurs à mettre sur pieds, tout en étant précise à l’endroit des responsables, des quotas et des échéanciers !
Déroulement d’un cercle spirituel
Les cercles spirituels sont les assises sur lesquelles reposent une cellule et ils sont composés de 4 principales parties axées autour de la réalisation d’une station spirituelle, verticalement et horizontalement :
- Un rappel sur un nom ou un attribut divin
- La fixation d’un wird - programme -individuel et collectif
- Un exercice collectif de résolution d’une faille anonyme individuelle
- Un examen de conscience collectif
Le programme spirituel, fixé par la cellule mère, repose sur un enseignement cyclique axé autour de 7 stations spirituelles. Ainsi, quand la septième station est atteinte, il faut revenir à la première station tout en l’approfondissant et en la développant, et ce, par l’étude d’autres attributs et l’accomplissement d’autres exercices. Il est important de souligner que le programme se met en pratique à l’instar de « l’escalier », c’est-à-dire qu’il ne faut pas passer à une étape supérieure dans le programme, si l’on n’a pas acquis solidement l’étape précédente, et que par déduction, les wirds collectifs des stations précédentes sont à maintenir durant la progression.
Fréquence
Le cercle spirituel doit avoir lieu 1 fois par semaine de sorte que puissent s’alterner réunion globale et réunion locale, afin de maintenir justement le lien entre tous les membres liés au projet. Ainsi, il doit exister 4 types de réunion ;
- Local (1 fois par semaine)
- Régional (1 fois par mois)
- National (1 fois par trimestre)
- International (1 fois par an)
Les consultations ont la même fréquence que les réunions et auront lieu aux mêmes moments que ces dernières. Les membres se doivent de faire passer la difficulté, le coût et les dépenses du transport des participants aux cercles et aux réunions, à la charge du groupe, et ce, à la mesure des capacités.
Limites et sanctions purificatrices
Une absence injustifiée, répétée à trois reprises implique une non invitation aux cercles. Un retard doit se composer par une avance à la prochaine rencontre, et ce, à la hauteur de celui-ci. Le non accomplissement d’un wird individuel quotidien d’accomplissement implique un rattrapage le jour qui suit. Le membre ne peut pas participer au wird collectif suivant, s’il n’a pas rattrapé, en groupe, son wird collectif manqué.
Programme spirituel
Le but du programme spirituel est de purifier le cœur et d’éduquer l’âme. C’est pourquoi, il contient non seulement des actes à accomplir mais aussi des actes à délaisser. En effet, il existe deux principales purifications dans le Coran, celle du cœur et celle de l’âme. En effet, Allah a dit : « Le jour où ni les biens, ni les enfants ne seront d’aucune utilité, sauf celui qui vient à Allah avec un cœur sain », « Et par l’âme et Celui qui l’a harmonieusement façonnée, et lui a inspiré son immoralité, de même que sa piété ! A réussit, certes, celui qui la purifie. Et, est perdu, certes, celui qui la corrompt. »[7] Ainsi, il existe deux purifications, l’une liée à notre liaison verticale c’est-à-dire avec Allah, l’autre liée à notre liaison horizontale c’est-à-dire avec nos semblables, de sorte que le programme de spiritualité authentique est un combat contre Satan à l’endroit des idoles du cœur et des passions de l’âme, par lesquelles il veut nous soumettre respectivement au bas monde et aux pulsions de l’ego. A partir de là, nous comprenons que l’affaire consiste à réaliser deux anéantissements (fana) si nous tenons à atteindre nos deux objectifs :
- L’anéantissement dans la contemplation de l’Unique
- L’anéantissement dans la volonté divine
Soulignons que la volonté divine s’adresse principalement à la communauté dans le Coran mais nous ne pouvons pas nous concentrer sur la communauté sans passer au préalable par les individualités, d’où le sens du verset : « En vérité, Allah ne change pas l'état d'un peuple tant que celui-ci ne change pas ce qui est en lui-même. »[8] Ainsi, l’anéantissement dans la volonté divine se parachève par l’anéantissement dans l’islam, qui n’est possible sans l’anéantissement dans la communauté !
Si les deux nourritures du cœur sont la science et l’acte car Allah a dit : « Pas du tout, mais ce qu’ils ont accompli couvre leurs cœurs ! »[9] Et, s’il existe un acte individuel et un autre collectif par lequel l’âme se purifie puisque c’est justement par l’extinction du « moi » dans le « nous » qu’elle atteint la plénitude, la beauté et la perfection comme le souligne Allah dans le coran : « Quiconque se prémunit contre sa propre avarice, ceux-là sont ceux qui réussissent. »[10] Alors, le programme de spiritualité authentique doit impérativement posséder deux principales parties :
- Un nom divin à étudier
- Une adoration à pratiquer et un péché à délaisser, et ce, individuellement et collectivement
Le but du programme de spiritualité est, par déduction, de connaître Allah et de le refléter dans notre relationnel avec autrui jusqu’au triomphe de la vérité.
L’importance de la responsabilité
Il est important de savoir que le cœur se purifie par la connaissance, tandis que l’âme s’éduque par l’emprisonnement et le sacrifice, de telle sorte que c’est par la privation de sa liberté qu’elle pourra ainsi assurer sa véritable réforme. Ainsi, le respect de l’engagement, au-delà du wird, est déjà une adoration en soi, qu’il ne faut surtout pas négliger car c’est par ce dernier que s’opérera le filtrage entre ceux qui veulent sincèrement mettre en œuvre les objectifs du cercle spirituel et ceux dont la présence spirituelle n’est pas entière ! C’est à ce propos qu’Allah blâme dans le Coran, les chrétiens qui instituèrent un monachisme, qu’ils ne respectèrent pas selon le droit de l’observance, mettant en évidence le fait, qu’avant d’instituer une innovation, ne pas respecter un programme que l’on s’impose, est en soi, un péché pour la conscience bien plus grave! Et la preuve se trouve dans le Coran : « Le monachisme qu'ils inventèrent, Nous ne le leur avons nullement prescrit. [Ils devaient] seulement rechercher l'agrément d'Allah. Mais ils ne l'observèrent pas (ce monachisme) comme il se devait… »[11] Il est, par déduction, fondamentale de travailler à parfaire notre sens de la responsabilité, si nous tenons à atteindre nos objectifs dans la réforme intérieure. Il est vrai que la majeure partie des gens n’aiment pas les programmes extérieurs, et ce, même à l’intérieur de l’islam ! En effet, beaucoup choisissent hélas de la religion et de l’engagement que ce qui peut les arranger. C’est exactement cette manière de penser qu’il faut combattre absolument afin d’éviter de proposer ce que les autres proposent déjà à des musulmans plutôt consommateurs qu’acteurs. Le but est donc d’imposer une cadence collective à des individualités et non d’adapter cette cadence au rythme de vie de ces individualités ! Car dans ce cas de figure, c’est encore l’âme qui gouverne et quand l’âme gouverne, aucune purification de l’être n’est, en vérité, réellement possible. La thérapie par le groupe est donc une épreuve à l’endroit de ceux dont le principal malaise est dû à la solitude et à l’isolement. C’est, par conséquent, un excellent médicament, contre l’islam individualiste, qui consume le diable intérieur dont la nourriture se compose justement de solitude, de méfiance, et d’isolement !
Notation d’une cellule
Afin de pouvoir visualiser et de stimuler la tonicité d’une cellule par rapport à une autre, nous allons proposer ci-après un barème de notation de sa vitalité en fonction de la constance et de la performance des membres à l’endroit des wird individuel et collectif. Les absences et les présences permettront ainsi de noter le wird collectif, tandis que les manquements et les rigueurs permettront de noter le wird individuel, si bien que par la notation, se mettra en relief le principe qui veut que la démission des uns porte préjudice à l’avancement des autres.
|
Action |
Point |
|
A : absence |
-1 |
|
P : présence |
3 |
|
M : manquement |
-1 |
|
R : Rigueur |
3 |
Il est important aussi de noter les membres en fonction de leur degré d’adhésion et de leur nature afin d’opérer un sage remaniement des rôles et des cercles, en fonction de la compétence et de la performance de ses membres.
|
Nature |
Point |
Degré Adhésion |
Point |
|
Meneur inné |
5 |
Jérusalem |
5 |
|
Meneur acquis |
4 |
Projet Hijra |
4 |
|
Meneur suiveur |
3 |
L’association Hayat |
3 |
|
Suiveur acquis |
2 |
Cercles spirituels |
2 |
|
Suiveur inné |
1 |
Sympathisants |
1 |
Conclusion
Nous clôturons cette petite épître par la profession de foi de l’association Hayat afin que le membre puisse visualiser la finalité des cercles auxquels il a participé dans le but cette fois-ci de s’engager à faire triompher temporellement la Oumma après justement sa constitution spirituelle :
Nous croyons qu’un objectif aussi lointain soit-il peut être atteint, si nous nous donnons les moyens, en conviction et en patience, de respecter la discipline associée, permettant la constitution d’un pont entre la réalité et l’idéalité.
Nous croyons au devoir de mettre en pratique entièrement le Tawhid par la purification du cœur et l’éducation de l’âme, puis par la constitution d’un groupe structuré afin de réformer la société de résidence ou d’instaurer le khalifat en terre bénie, du meilleur que l’on peut, et ce, par le suivisme de la voie prophétique. Nous luttons, par conséquent, contre le fléau de la dépersonnalisation qui menace indubitablement celui qui réside au sein d’une société non musulmane, en s’attaquant aux systèmes qui sèment la corruption sur terre, d’une lutte toujours contextuellement adéquate.
Nous croyons au devoir de constituer ou de se greffer à des petites familles spirituelles, dans lesquelles tous seront responsables de chacun et chacun sera responsable de tous, et ce, afin de protéger notre identité musulmane vis-à-vis des influences néfastes du décor. Nous luttons, par conséquent, contre la faiblesse des musulmans face aux ruses diaboliques qui les mènent à l’isolement, à la rivalité, à l’indépendance et à l’indifférence vis-à-vis de l’importance du regroupement et de l’action collective.
Nous croyons, en cette époque de fin des temps, au devoir de se concentrer sur le Sham et d’y préparer une émigration dans la finalité de participer à la victoire de l’islam et de faire partie de l’élite des musulmans de la planète. Nous luttons, par conséquent, contre la division de la communauté en sectes rivales, de même que nous condamnons le gaspillage de ses énergies dans des actions disparates accessoires par rapport à l’essentialité de la constitution d’un Etat !
Wa bilahi ta’ala taoufiq
Mahdy Ibn Salah
[1] Ahmad, authentifié par Albani
[2] Ahmad
[3] Tabarani, authentifié par Albani
[4] Tirmidhi, authentifié par Albani
[5] Moslim
[6] C14/24
[7] C91/7-10
[8] C13/11
[9] C38/14
[10] C59/9
[11] C57/27